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Pour réfléchir après le 13 novembre

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C'était la journée de la gentillesse. Eh oui, une telle coïncidence ne s'invente pas.

Ce fut un "putain" de vendredi 13. Ceux qui se souviennent de la mort de Coluche se rappelleront de l'expression chantée par Renaud, bouleversé par la disparition de son ami après un face à face brutal avec un camion.

Nous sommes sous le choc mais il faut continuer de vivre ... Je ne savais pas comment en trouver l'énergie. Sophia Aram le clame avec force et détermination. Ecoutez la. Ça fait du bien !


L'Histoire du Soldat mise en scène par Omar Porras

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Première représentation ce soir d'une longue série de l'Histoire du Soldat, sur la scène nationale de Malakoff (92).

Première, façon de parler puisque c'est la reprise d'une mise en scène de 2003 et que le public suisse en a eu la primeur au mois d'octobre. En toute logique puisque le metteur en scène Omar Porras a initié l'aventure collective du Teatro Malandro à Genève.

Pour fêter ses 25 ans d'existence il a décidé de recréer ses plus grands succès, la Visite de la Vieille dame, que nous verrons en janvier 2016, et l'Histoire du Soldat.

Cadeau magnifique en cette période trouble où plus que jamais (il faudrait pouvoir ne plus jamais dire jamais ...) le théâtre et la culture dans toutes ses disciplines peuvent constituer un rempart à l'obscurantisme.

C'est un directeur ému, Pierre-François Roussillon, qui a accueilli personnellement le public pour exprimer au nom de son équipe combien il s'associait à tous ceux qui ont été touchés par les attentats. Heureux de voir que nous avions été nombreux à faire acte de résistance pour partager cette soirée (il y avait eu 150 annulations au cours de la journée. On peut comprendre mais on peut aussi largement regretter).

En temps "ordinaire" on préserve le suspense mais il a bien fait de prévenir les spectateurs. La représentation est ponctuée de coups de tonnerre et de pétarades qui auraient de quoi effrayer dans le contexte actuel. Les effets spéciaux sont effectivement saisissants, mais de toute beauté et totalement justifiés. Ils ont presque une vertu cathartique face aux évènement qu'on vient de vivre.

Igor Stravinsky avait déjà composé l'Oiseau de feu et le Sacre du printemps quand il fait la connaissance de Charles-Ferdinand Ramuz, en Suisse, en 1915. Nous sommes en pleine Première guerre mondiale. De l'amitié entre les deux hommes nait l'Histoire du Soldat qui sera jouée en 1919.

Ramuz s'est inspiré d'un conte populaire russe "le déserteur et le diable" et on pourra aussi trouver des analogies avec le mythe de Faust.

Beaucoup de versions ont été imaginées depuis. Notamment une chorégraphie de Maurice Béjart avec le danseur Yann le Gac en 1983 au Théâtre du Châtelet. On y découvrait un héros, blessé, qui revivait les fragments brisés de sa vie sur un lit d'hôpital.

L'intention d'Omar Porras est très différente. Il embarque le public dans l'univers du conte en lui donnant la dimension universelle de la quête du bonheur et du pari que tout un chacun fait constamment entre ce qu'il accepte de mettre en jeu pour tenter d'obtenir plus de la vie. Au risque de tout perdre ...
La magie opère tout de suite. Un jeu d'ombres chinoises détache des silhouettes qui s'approchent ou s'éloignent comme si nous étions armés de jumelles pour guetter le retour du soldat. Sur le chemin qui le ramène chez lui, son violon sur le dos, Joseph rencontrera un mystérieux chasseur de papillons qui va lui proposer un étrange troc : son instrument contre un livre magique prédisant l’avenir. Joseph succombera à la tentation et le public sera lui aussi sous le charme ...
Omar Porras s'est glissé dans le costume du diable, parmi les comédiens qui portent tous un masque (superbe travail de Fredy Porras). La maitrise du jeu est sans faille. On ne cesse d'être émerveillé. Et c'est une idée juste que de saluer aussi avec le masque à la main.
Les musiciens, à jardin, laissent le champ libre à l'action. Leur présence est discrète mais vous constaterez qu'ils répondent souvent aux comédiens. L'ensemble 2e2m, fondé en 1972 par Paul Mefano, est dirigé par Benoît Willmann. Une version concert sera donnée les 10, 11 et 12 décembre aux 3 Pierrots à Saint-Cloud. 
L'Histoire du Soldat
texte Charles-Ferdinand Ramuz
musique Igor Stravinsky
mise en scène Omar Porras
avec Alexandre Ethève, Philippe Gouin, Joan Mompart, Omar Porras, Maëlla Jan et l’Ensemble 2e2m avec Véronique Fèvre Clarinette, Mehdi El Hammami Basson, Laurent Bômont Cornet, Patrice Hic Trombone, Alain Huteau Percussions, Pablo Schatzman violon, Tanguy Menez Contrebasse
sous la direction de Benoît Willmann
scénographie Fredy et Omar Porras
masques Fredy Porras
Du 17 au 27 novembre 2015
mardi, vendredi à 20h30
mercredi, jeudi, samedi à 19h30
dimanche à 16h
Théâtre 71 Scène Nationale de Malakoff
3 place du 11 Novembre 92240 Malakoff
01 55 48 91 00 billetterie@theatre71.com
Et ensuite les 2 et 3 décembre à la Comédie de Caen, puis du 15 au 22 décembre au Théâtre du Nord, de Lille.

Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Elisabeth Carecchio

Le salon du Chocolat édition 2015 (suite)

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J'y suis allée le soir de l'inauguration le 28 octobre, mais je n'avais évidemment vu qu'une partie du Salon.

J'ai partagé quelques coups de coeur mais il y en a eu d'autres depuis. Certains ne pourront pas être satisfaits avant l'an prochain au Salon du Chocolat où les fidèles ont leurs habitudes ... à moins d'aller faire un saut au Japon, mais cela fait cher la bouchée, même si elles sont très bonnes.
...et très esthétiques comme celles de Chocolate Shop, installée depuis 1942 à Hakata. Leur originalité est de proposer des chocolat sans sucre au miso, une pâte de soja fermentée. Avec un goût très proche du caramel au beurre salé.

J'ai été très surprise par les plaquettes de Naïve, une marque lituanienne créée par Domantas Užpalis en 2010 que l'on commence à trouver en région parisienne dans des épiceries fines.

Ils présentaient une collection "retour aux origines" qui suggère un voyage de saveurs depuis les montagnes du Nicaragua jusqu’aux forêts profondes de la Lituanie. Un chapitre particulier concerne l'Europe de l'Est célébrant les traditions culinaires locales. Dans cet esprit ils associent leurs chocolats uniquement avec des ingrédients que l'on peut trouver aux alentours de leur usine (comme des baies, du miel, des champignons, du lait, du houblon, etc.). 
Les emballages sont représentatifs de leur vision de la vie quotidienne. Ils sont minimalistes, affirmant simplement que c’est du chocolat. Le logo est un monocycle, un moyen de locomation naïf comme les responsables aiment le souligner, en ajoutant avec humour que leur projet de produire du chocolat dans un pays qui n’a aucune tradition en la matière est tout autant naïf.
Les tablettes de ChocoMe sont à l'opposé, ultra colorées et enrichies de fruits et de fleurs lyophilisées.  L'étendue de la gamme est large et tout est parfumé, très équilibré. J'ai fait une sélection de trois emballages, un blanc, un noir et un chocolat au lait, témoignant qu'il y en a pour tous les goûts.

Ce chocolatier promet être capable de produire plus de 60.000.000 de variétés de tablettes de chocolat en répondant aux demandes individuelles mais ce sont près de 80 qui sont actuellement commercialisées. La maison, fondée en 2010, appartient en totalité à M. Gabor Mészaros et est hongroise.

Ci-dessus on remarque, de haut en bas une plaquette de chocolat au lait 40% avec des Pétales de violette cristallisés, des Copeaux de noix de coco et un Or alimentaire 23 carats. En dessous on aperçoit le chocoMe chocolat noir 65% avec des Feuilles de menthe, des Pastilles de chocolat au goût de citron et des Morceaux de zeste de citron cristallisé. Enfin un chocolat blanc, Cœur en chocolat blanc, Pétales de violette cristallisés, Morceaux de framboise lyophilisée, Mûre lyophilisée.
De création française, mais de réalisation belge, les truffes de Jeff de Bruges. Cette année la nouveauté est une truffe citron crumble très équilibrée, chocolat noir au praliné avec éclats de citron et émietté de biscuits crumble.
Très connue en Suisse, la maison Ragusa est toujours sur le haut du podium. La marque culte revendique une proposition de chocolat blond et ce n'est pas fréquent. J'avais remarqué cette spécialité créée par Valrhona il y a trois ans et j'avais beaucoup aimé. Mais les goûts ne se révolutionnent pas très vite; on reste très attaché à la trilogie noir-lait et blanc.

Les parallélépipèdes Ragusa existent depuis 1942. Ils ont été imaginés par l'entreprise Camille Bloch, installée dans le Jura bernois.

Ils sont maintenant en petit format pour être partagés avec les amis, d'où le nom de Friends.
J'ai découvert un cocktail très facile à reproduire, le Shakerato. Je n'ai eu aucun mal à en retenir la recette : 75 ml de Baileys Original versés dans un shaker avec 25 ml d'expresso, associés à des glaçons. On secoue vigoureusement. On verse dans un verse cette texture mousseuse et on saupoudre de chocolat en poudre.

Mais rappelez-vous combien l'abus d'alcool est dangereux pour la santé et qu'il convient de consommer avec modération.
Je vous donnerai dans quelques jours la recette de pain d'épices de Christophe Felder parce qu'elle mérite un billet à part entière.
Je garde pour la fin une très belle surprise avec la gamme Mendoáà laquelle je consacrerai un article spécifique et détaillé.
Leurs chocolats sont conçus de façon raffinée au sein de la forêt Atlantique brésilienne. Toutes les étapes – depuis la culture du cacao jusqu'à l'emballage – sont réalisées à l’aide de technologies de pointe, avec des fèves soigneusement sélectionnées, à la propriété agricole Riachuelo, sise à Ilhéus, une ville de l’état de Bahia, au Nordeste du Brésil.
Mendoá était pour la première fois au Salon du chocolat. Le logo évoque la marque qu'on appose sur la cuisse d'une bonne viande. Les produits sont raffinés et extrêmement aromatiques. Qu'il s'agisse de tablettes comme de bouchées.

Toujours un ailleurs d'Anggun

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Anggun est une chanteuse franco-indonésienne, de son nom complet Anggun Cipta Sasmi, qui signifie en javanais "la grâce créée dans un rêve" est née le 29 avril 1974 à Jakarta, capitale de l’Indonésie.

Celle qui représentait en 2012 la France à l’Eurovision sortait l'année suivante son premier best-of, Design of a Decade (2013) compilant ses principaux succès avec une nouvelle version de  l'immense succès qui l'avait fait connaitre internationalement en 1997 La Neige au Sahara.

Au fil des années, Anggun est devenue une de nos principales chanteuses francophones. Avec seulement 4 albums, elle a vendu près d’un million de disques en France et plus de 5 millions dans le monde. Elle est Chevalier des Arts et des Lettres en France, oeuvre en tant qu’Ambassadrice de bonne volonté à l’ONU et elle est depuis un an marraine de l'association de la Voix de l'enfant. C'est surtout une maman et c'est donc en toute légitimité que le premier titre du nouvel album Toujours un ailleurs qui sort aujourd'hui dans le registre pop-world soit intitulé A nos enfants.

On court après des choses, c'est du vent. Rien n'a d'importance tant qu'il n'arrive rien à nos enfants. Cette petite main qui sert fort ma main vaut tous les trésors... On oublie l'essentiel souvent.

Les paroles méritent d'être écoutées avec attention, surtout après les évènements qui ont marqué l'actualité depuis le 13 novembre. La chanson est ponctuée de jolis la la la d'un choeur d'enfants.

L'engagement d'Anggun en faveur de la jeunesse n'est pas nouveau et on remarque aussi des enfants dans le clip du second tire Nos vies parallèles, interprété en duo avec Florent Pagny qui a été un des premiers à lui tendre la main à son arrivée dans notre pays, mais elle n'avait jamais chanté avec lui. Ecrite par Frédéric Chateau et enregistrée avec la participation de Yuri Buenaventura, cette chanson, avec le petit train dans la plaine, c’est exactement ma vie en Patagonie, et quand j’ai lu pour la première fois les paroles, je me suis vu chez moi, commente Florent Pagny.

Si je rencontre une âme belle c'est le destin (...)

Frédéric Chateau est parolier du chanteur comme d'Hélène Ségara. Il a su trouver les mots justes pour exprimer ce qui tient à cœur de la chanteuse : les enfants, le voyage et des valeurs humanistes. Car si Anggun a appris le français à l'âge de 21 ans et le maitrise pourtant parfaitement elle se refuse d'écrire ses chansons.

David Foenkinos (auteur de La délicatesse, prix des Dunes 2010, Charlotte, prix Renaudot 2014) est également présent avec le titre éponyme de l'album Toujours un ailleurs.

On a droit aussi à une reprise très réussie d'une chanson de Maxime le Forestier, Née quelque part.

Anggun est une artiste singulière. Elle se dit "déracinée, dans le sens où je suis partie d’ailleurs, l’Indonésie, pour planter mes racines dans un autre ailleurs, la France." Son dernier disque est une invitation à la rencontre de l’autre, à la découverte du monde. Elle pose son regard sur un monde qui s’égare parfois, qui s’éloigne des vraies valeurs. Femme engagée et authentique, elle délivre un message universel et profond. On a régulièrement besoin d'entendre qu'il faut tendre la main. Son album est empreint de bienveillance. C'est  un voyage qui nous recentre sur l'essentiel et c'est réconfortant.

Toujours un ailleurs de Anggun, TF1 Musique. Déjà disponible.

J'ai testé le parfum sur mesure

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On croit que nos préférences olfactives sont volatiles. La créatrice de Parfumoi démontre qu'en réalité nos orientations suivraient un schéma décryptable en fonction de notre mode de vie, de nos préférences et de nos souvenirs d'enfance. Je l'avais rencontrée lors d'une présentation de produits et j'avais été un peu dubitative.

J'ai accepté cependant de jouer le cobaye en répondant à un questionnaire qui propose une alternative entre trois réponses.

Je ne vais pas recopier les interrogations et vous donner mes réponses mais je peux vous révéler quelques pistes d'analyse. Si vous ne parvenez pas à vous détendre après une journée harassante et qu'au lieu de plonger dans un bain aux huiles essentielles vous préférez consacrer (encore) du temps à régler les problèmes en suspens on ne vous orientera pas vers la même fragrance. J'ignore si on compensera en vous suggérant de vous inonder d'eau de fleur d'oranger ou si au contraire on boostera encore votre énergie avec un agrume...

Etes vous plutôt dans l'être ou le paraitre, avez-vous le sens du second degré, préférez-vous l'agitation  citadine ou le calme désertique, êtes-vous plutôt gourmand ou gourmet, quelle est votre définition de la sensualité, opterez-vous pour la soie ou le cuir ? Voilà quelques indicateurs qui vont servir au nez pour créer un parfum qui soit en accord avec votre moi profond.

Sylvie Jourdet, la créatrice, ira plus loin en demandant à quel héros on s'identifierait. Etes-vous plutôt Tintin ou Lagaffe ? Elle cherchera à percer en vous des tendances conformistes ou rebelles.

On dit que souvent femme varie. Il faudrait sans doute un parfum par état d'esprit. J'ai reçu celui dans lequel je me trouvais quand j'ai répondu au questionnaire dans une pochette soyeuse (je me suis demandé si la pochette était assortie à l'humeur de la cliente ...) accompagnée d'un commentaire qui insiste sur deux traits essentiels de mon caractère : la douceur et le romantisme.

On me promet que je serai sensible aux fleurs printanières et fraiches-fleur d'oranger et gardénia- qui entrent dans la composition du parfum, et séduite par l'association rose -jasmin-ylang choisis pour créer un coeur délicat et chic. On m'annonce un jus typiquement féminin, avec un sillage poudré-lacté opulent en raison de la présence de tubéreuse et de lys, soutenu par un accord ambré.

J'ai apprécié l'originalité et la justesse des accords. Je l'ai vaporisé "par sécurité" sur un foulard qui embaumait encore 24 heures plus tard, ce qui est un point extrêmement positif.

C'est une idée de cadeau très personnel que l'on peut oser de deux manières sur le site Parfumoi. Soit en formule bon d'achat, en laissant le (je pense que la version masculine est possible aussi) ou la destinataire remplir le questionnaire. Soit en se risquant à répondre à sa place pour lui faire une surprise totale.

On peut tester la formule avec un vaporisateur de 12 ml avant d'opter pour un flacon plus conséquent. Une référence permet de recommander sans devoir noter ses réponses.

Attention cependant si vous envisagez un tel cadeau pour Noël car le délai est de trois bonnes semaines. Cela peut sembler long mais c'est aussi le signe d'un travail tout à fait sur mesure.

Quelques instants du 8ème Salon du Blog Culinaire de Soissons

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De retour de Soissons je suis partagée entre le désir de relater l'ensemble des animations auxquelles j'ai pu participer et la crainte de lasser à raconter des séquences somme toutes assez semblables d'une édition à l'autre.

La solution serait peut-être de retracer le week-end en plusieurs épisodes, sachant que je ne prétendrai pas à l'exhaustivité.

Il y a de plus en plus de propositions faites aux bloggeurs comme au grand public et leur répartition s'effectue désormais sur trois sites, le Lycée hôtelier, l'Abbaye Saint-Léger transformée en cuisine géante et cette année le Mail Centre culturel.

Le  programme compte plus de 50 démonstrations de cuisine, des ateliers enfants participatifs, des master class, le tout animés par des professionnels de la région et/ou animés par des blogueurs culinaires, un marché gourmand autour de producteurs régionaux, un espace Cake Design et un nouvel espace Show Chef.

Cette profusion complique rudement la constitution d'un emploi du temps, surtout quand la navette  entre le lycée et le centre ville arrive en retard ou oublie un horaire.

Il faut faire des choix, ou se limiter à un pôle. On revient toujours du week-end en ayant perfectionné nos savoir-faire, en ayant fait des découvertes, mais avec aussi la frustration de plus en plus vive de n'avoir pas eu assez de temps pour discuter et lier connaissance avec d'autres bloggeurs. C'est parfois au petit déjeuner du dimanche que l'on peut tailler la bavette, encore faut-il avoir la chance d'être au même hôtel.

Nous sommes presque 450. C'est impossible de connaitre chacun et on finit par "tourner" en circuit fermé. Beaucoup d'entre nous ont quitté Soissons ce soir en le regrettant.

Peut-être que les deux fondateurs, Chef Christophe et Chef Damien en prendront conscience. Ils avaient annoncé un Salon totalement réformé pour davantage de participation. L'intention était bonne mais au final ce n'est pas vraiment ce que nous avons constaté. Le Salon devient compliqué à suivre à force de s'étendre.

Il y a des moments auxquels j'aurais voulu assister mais on ne peut se dédoubler ... et c'est avec décalage qu'on salue les copines pour leur succès comme Hélène et Pupuce (ci-dessous).
Les battles (entendez par là défis créatifs pour improviser un plat à partir d'un article vedette, fourni par un sponsor du Salon et les produits d'un panier surprise) ont été multipliées. J'aime ces moments parce qu'ils sont l'occasion de travailler avec quelqu'un que je ne connais pas (mais on peut constituer  un duo avec un(e) camarade) et de se secouer réellement les méninges. Par contre je n'apprécie pas que ce soit dans un esprit de compétition inspiré des concours que l'on peut suivre à la télévision. Et en terme d'emploi du temps cela mobilise presque deux heures. C'est beaucoup.
J'ai participé à deux d'entre elles. La première autour des produits Père Magloire pour imaginer un cocktail et ses amuse-bouches. Sans oublier que rappelez-vous l'abus d'alcool est dangereux pour la santé et qu'il convient de consommer avec modération.
J'ai à cette occasion découvert qu'il existait un excellent foie gras au Calvados et même une moutarde de Normandie au Calvados. De retour à la maison j'ai eu envie de l'associer à un kipper, ce poisson entier, fendu en deux de la tête à la queue, aplati, débarrassé de ses arêtes, salé et à peine fumé, qui a une étrange couleur rouge. Les anglais raffolent de cette spécialité de la ville de Boulogne-sur-Mer qu'ils consomment surtout au petit déjeuner. On le sert en général avec une sauce aigre doux et des pommes de terre. J'ai adoré sur un pain tartiné de cette moutarde normande et avec un peu de salade.
La seconde battle consistait à créer un plat mettant en valeur les huiles d'olive et la fourme d'Ambert.
Il y en a eu beaucoup d'autres mais je devais respecter mon engagement d'animation d'une master-class sur les épicesà l'Abbaye Saint-Léger le samedi après-midi avec Lucie d'Ethic Valley.

Il faut souligner la gentillesse et la bonne volonté des étudiants du lycée hôtelier sans qui on ne pourrait pas réaliser les démonstrations dans cette abbaye, qui n'est habituellement pas une cuisine.

La compétence d'Anne-Charlotte est tout aussi essentielle (et pardon pour ceux que je ne cite pas, Vincent et toute l'équipe ...)
J'ai malgré tout pu suivre un atelier photo, et mettre en pratique les conseils en réalisant un éclair autour de la fourme d'Ambert.
J'ai aussi gouté quelques boissons végétales Alpro et apprécié l'étendue des vins de Fronton.
J'ai pu suivre un court moment une recette de tarte au citron par la très souriante Annelyse Chardon, finaliste Masterchef 2012, chef à domicile et consultante culinaire, sur le stand des huiles d’olive de nos terroirs. 
La gamme Sainte Lucie a mérité qu'on s'y arrête même si je me suis sentie un peu en conflit de loyauté avec la créatrice d'Ethic Valley.
Un petit détour par l'espace troc m'a permis d'échanger des livres de recettes contre notamment un shaker Boston (je vous en reparlerai) et un jeu de Dîner presque parfait. De quoi passer une bonne soirée sans engranger des calories.
Il y eut aussi les rituels moments de partage du déjeuner des bloggeurs le samedi, le dîner "de gala" du soir (que certains bloggeurs ont boudé on n'a pas compris pourquoi ...), et le pique-nique du dimanche midi.
La coutume veut qu'on apporte une spécialité à faire découvrir. Je n'avais pas eu le temps de cuisiner spécialement pour le déjeuner parce que j'avais préparé un pain spécial et diverses autres choses pour la master-class. J'avais donc acheté un gâteau creusois, moelleux aux noisettes, qui avait été "livré" dans le self du lycée dans son emballage d'origine car je n'avais pas l'intention de tricher. J'avais tout de même choisi un produit dont je connaissais la qualité.

Quelle ne fut donc pas ma surprise d'être interrogée par plusieurs personnes sur la date de parution de la recette sur le blog. J'ai bien entendu expliqué sa provenance et promis de mettre la photo de l'emballage. On le trouve en grande surface et l'étiquette révèle qu'il est fabriqué en Limousin par la Pâtisserie les Comtes de la Marche sur la RN 145 à la celle-Sous-Gouzon 23230.

En conclusion un week-end intense, apprécié pour la qualité des propositions et pour la convivialité qui a régné tout au long de ces deux jours, bien réconfortante après les évènements tragiques supportés il y a une semaine.

Plusieurs sujets et recettes seront développées dans les jours qui viendront. J'ajouterai les liens à ce billet au fur et à mesure. Je précise enfin que les photos logotypées 750g sont de Sylvain Bertrand.

Réparer les vivants dans la mise en scène de Sylvain Maurice

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J'ai vu Réparer les vivants en avant-première au Théâtre de Sartrouville (78). J'ai été éblouie. Comme tous les spectateurs. Même si le dispositif scénique est un peu froid, un peu raide ... il fonctionne si parfaitement qu'on ne peut que plébisciter le spectacle.

J'avais lu le livre après avoir rencontré son auteure, Maylis de Kerangal, il y a quasiment un an, à Antony (92). L'adaptation théâtrale me semblait impossible. J'avais d'ailleurs été surprise de voir que Emmanuel Noblet s'en était déjà saisi et avait présenté sa création en Avignon l'été dernier. Je n'y étais pas et je ne ferai donc pas de comparaison. avec la version de Sylvain Maurice qui, je l'ai appris depuis, a fait d'autres choix artistiques.

Le directeur du théâtre de Sartrouville (depuis janvier 2013) n'a pas monté l'oeuvre in extenso et a fait des coupes mais j'ai retrouvé l'essentiel des propos de Maylis de Kerangal. J'ai eu le sentiment d'entendre le livre en revivant, en plus fort, les émotions qu'il avait provoqué en moi. J'aurais été curieuse d'entendre l'avis de l'auteure mais elle n'était pas parmi nous pour cette avant-première, étant en voyage en Scandinavie.
De retour d'une session de surf dans le pays de Caux, trois lycéens sont victimes d'un accident sur la route qui les ramène au Havre. Simon, 19 ans, blessé à la tête, est déclaré en état de mort cérébrale. Ses parents ayant autorisé le don d'organes, le récit suit le parcours de son coeur et les étapes d'une transplantation qui bouleverse de nombreuses existences.
Pour que vous ne vous sentiez pas frustrés je vous laisse visionner un courte présentation qui donne bien le ton.


Sylvain Maurice a sollicité les spectateurs avec beaucoup d'humilité en demandant qu'on lui donne nos avis, critiques et suggestions : le spectacle se finalisera grâce à vous. Il était aussi touché que nous ayons été si nombreux à faire le déplacement alors que le plan Vigipirate renforcé stresse tout le monde. Il faut continuer à vivre, merci, a-t-il ajouté.
Cette petite phrase est touchante à plus d'un titre car c'est aussi le sujet de la pièce.

Ce sont majoritairement des compliments qu'on avait envie d'adresser à toute l'équipe.

J'ai eu le sentiment de voir un spectacle abouti. beaucoup de lycéens étaient dans la salle et leur qualité d'écoute est si rare que c'est bien là le signe d'un travail scénique et d'un jeu d'acteur très justes.

Le public comme vous l'avez constaté dans la video, a une vue plongeante sur ce qui semble être un tapis de course.
S'il faut émettre une opinion je dirais que les lumières sont parfois peut-être un peu aveuglantes. le spectacle commence plein feux. Les spectateurs n'ont pas l'habitude de se trouver ainsi exposés. C'est quand le texte annonce que soudain tout s'est emballé, nous sommes plongés dans le noir, comme si nous avions basculé dans une autre temporalité.

La musique et les bruitages accompagnent le comédien. Des claquements de langues retentissent et on croit percevoir le fracas des vagues. Plus tard la musique électronique évoquera les pulsations cardiaques. La guitare électrique grince et le pire est à craindre. Nous vivons désormais au rythme de la transplantation.
Et au moment de l'accident tout s'assombrit; le tapis devenant la métaphore d'une boite rectangulaire comme un cercueil.

L'idée du tapis est judicieuse. C'est bien à une course pour la vie que nous assistons. Si au début de la pièce on voit Simon danser sur cet espace, à la toute fin on aura l'impression de le voir surfer sur l'océan, de nouveau pleinement vivant.

Tout est clair : depuis que Maurice Goulon a publié en 1959, un article sur les signes avérés du coma dépassé chez une série de patients sans activité cérébrale et incapables de respirer seuls, l'arrêt du coeur n'est plus le signe de la mort mais l'abolition des fonctions du cerveau, ce qui a initié l'essor des greffes d'organes.

La question du don est délicate. Les parents n'ont pas beaucoup de temps pour se prononcer et invoquer la générosité est "trop facile" comme dit le père avec colère. A-t-on le droit de refuser ? le corps de Simon n'est pas un stock d'organes sur lequel faire main basse !

La question de la culpabilité aussi. Du père à l'égard du fils à qui il a enseigné la folie dangereuse du surf. La question du pardon aussi : c'est ce que tu lui as donné de plus beau répondra la mère.
L'oralité qui est si importante dans l'oeuvre de Maylis de Kerangal sert la pièce. On entend chaque mot et chaque mot dégage tout son sens. Vincent Dissez donne vie à tous les protagonistes retenus par Sylvain Maurice, effectuant un travail remarquable.

On pourra regretter que l'ellipse soit faite sur l'infirmière, la petite amie de Simon et laisse peu de place aux parents. Mais il fallait faire des choix et l'ensemble est cohérent. Et le parti pris de faire résonner plusieurs voix dans un même corps est pleinement réussi.

Eric Soyer (qui travaille aussi pour Joêl Pommerat) a conçu un décor qu'il modèle avec des lumières qui découpent des lieux différents, jusqu'au plus intime de Simon au moment où le clampage remet son coeur en route dans une autre poitrine. Le plateau est alors comme irradié de rouge.

Et la lumière monte quand il est question du rituel funéraire du héros grec pour lui garantir une place dans la mémoire des hommes.
Joachim Latarjet accompagne les vingt-quatre heures de cette vie en suspens et sa présence au-dessus de la scène l'intègre au dispositif.

Je recommande vraiment ce spectacle tout autant que la lecture du livre. Avant, après, cela ne me semble pas déterminant pour apprécier. Il se pourrait qu'ensuite vous souhaitiez prolonger en (re)lisant Platonov d’Anton Tchekhov car c'est à lui que Maylis fait référence avec son titre tiré d’un dialogue entre Voïnitzev et Triletzki, dans lequel le premier demande : "Que faire Nicolas ?" au second qui répond : "Enterrer les morts et réparer les vivants."

Réparer les vivants d'après le roman de Maylis de Kerangal
adaptation et mise en scène Sylvain Maurice
avec Vincent Dissez et Joachim Latarjet (qui signe aussi la composition musicale)
assistanat à la mise en scène Nicolas Laurent
scénographie et lumières Éric Soyer
costumes Marie La Rocca
production Théâtre de Sartrouville et des Yvelines-CDN

Après les avant-premières des 23 et 24 novembre  2015 au Théâtre de Sartrouville et des Yvelines-CDN, la création proprement dite aura lieu au Théâtre Firmin-Gémier - La Piscine–Châtenay-Malabry (92) le 19 janvier prochain. La pièce y sera jouée aussi le 20 janvier 2016
Ensuite ce sera Théâtre de Saint- Quentin-en-Yvelines-Scène nationale les 26 et 27 janvier.
Elle reviendra à Sartrouville du 4 au 19 février.
Du 12 au 17 avril sera au Théâtre Paris-Villette
Du 27 au 29 avril à La Comédie de Béthune-CDN Nord-Pas-de-Calais

Réparer les vivants éd. Gallimard publié par Verticales, récompensé par de nombreux prix, parmi lesquels le Grand prix RTL-Lire, 2014, le Prix des Lecteurs L'Express - BFMTV, 2014, le Prix littéraire Charles-Brisset, 2014, le Prix Orange du livre, 2014, le Prix Paris Diderot - Esprits libres, 2014 et le Prix Relay des Voyageurs.

La photo qui n'est pas logotypée A bride abattue est de © E. Carecchio

Les 21ème trophées de la Nuit annoncés au Lido avant une nouvelle revue éblouissante

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Depuis la naissance de Paris Nuit il y a déjà 21 ans, la Nuit s'est transformée, devenant une véritable industrie regroupant 13000 établissements en France, 2500 discothèques et concernant 75 000 emplois.

Nous n'en avons peut-être pas conscience mais les professionnels de la Nuit sont innovants. Ils apportent chaque année de nouveaux concepts pour répondre à l'évolution des goûts et des habitudes des consommateurs.

Une manifestation réunissant des patrons d'établissements français et les 20 principaux fournisseurs prestataires fournissant spiritueux, soft drinks, décor, technique, tout ce qui permet de faire la Nuit, avait été pensée autour d'une succession de visites pour trouver de nouveaux lieux et permettre aux prestataires de présenter de nouveaux produits. Elle avait été appelée G20, ce qui témoigne de l'humour et de la répartie que l'on peut avoir dans ces professions qui tiennent à tenir bon face aux anti-tout.

Je n'ai pas suivi ce périple de 48 heures, au cours duquel 100 dirigeants venant de toute la France et 20 fournisseurs se sont rencontrés au cours d’un "Innovation tour" d’établissements parisiens de référence, passant par l'Hôtel du Collectionneur, et poursuivant par une tournée des lieux tendances avec les Bains, la Mezcaleria, le Comptoir général, Bermuda Onion, la Brasserie Barbès, Très Honoré, le restaurant de l'Opéra, la VIP Room, le Mojito Habana.

Par contre j'ai assisté à la remise d'une série de trophées (dont vous trouverez la liste en fin d'article) récompensant les plus belles créations ou innovations, au cours d'une soirée qui s'est déroulée au Lido. Parce que s'arrêter c'est mourir, continuer c'est innover.
Il ne faut pas y venir pour faire un repas hautement gastronomique, même si ce qui a été servi était fort élégamment présenté et excellent.
C'est surtout le spectacle qui est éblouissant et je me suis dit que la nouvelle revue menée de main de "maitre" par la mezzo-soprano Manon Trinquier est un beau cadeau à faire, ou à "se" faire. Elle mérite bien son titre de Paris Merveilles.
Voilà pourquoi j'ai décidé de vous la présenter après avoir fait un peu le point sur ce qu'est devenu le monde de la Nuit.
La soirée s'est poursuivie à l'Arc, un établissement qui siège sous ... l'Arc de Triomphe et dont je vous dirai aussi quelques mots.

La Nuit a complètement changé depuis 1987. S’il n’y avait guère qu’une quarantaine d’endroits où "sortir" il y a 28 ans, ils sont aujourd’hui un millier.

La fin des années 80 a été incarnée par des figures qu’on pourrait qualifier de mythiques, comme Régine ou Castel, même s'il y avait quelques établissements plus démocratiques, comme le Palace, pour élargir la cible.

Les peoples de l’époque s’appelaient Gainsbourg, Bardot, Sagan et autres célébrités. On ne pouvait entrer que si on était membre du club. La plupart de ces lieux branchés exigeait une carte. A moins de montrer patte blanche au "physio" qui filtrait les entrées, un peu à la tête du client et selon la beauté de la femme, pouvant dire oui un soir, et non le lendemain. C’était un temps de folie à rire, boire et danser aux côtés des stars jusqu’au petit matin. On va dire que je caricature mais c'était vraiment cela. Il suffit de lire Eva pour en retrouver la trace.

Dans les années 90, le paysage se diversifie avec les BAM et les RAM. En effet, les Bar à ambiance musicale et les Restaurants à ambiance musicale offrent à leur clientèle un cadre plus festif. Les habitudes de consommation se modifient en même temps que l’offre de patrons français et innovants. Les DJ montent sur les podiums. Le plaisir de se rencontrer dans un cadre choisi prime sur le désir de picoler dans une ambiance glauque. L’alcool n’est plus la première motivation de la Nuit.

Le champagne a perdu un peu en magie alors que surgissaient des produits de plus en plus premium. Le cocktail est devenu un art et dès le début des années 2000, les mixologues ont rejoint les DJ parmi les personnalités de la Nuit.
Les fournisseurs se sont donc eux aussi adaptés. Avec le déploiement de l’offre il a fallu se singulariser. Voilà pourquoi la Nuit se métamorphose en permanence et il est probable que je ferai encore un autre bilan dans quelques années.

La Nuit est devenue de plus en plus conceptuelle. Des établissements surgissent. D'autres meurent. Quelques-uns parviennent à passer le cap et à renaitre de leurs cendres.
La Nuit s’est aussi étendue. Avant on ne commençait pas la fête avant 23 heures pour s’arrêter vers 5-6 heures et prolonger parfois par un after. Aujourd’hui on démarre dès 19 heures avec l’afterwork à la sortie du bureau. Le moment de l’apéritif prend de plus en plus d’importance en France. C’est devenu un moment typique, peut-être pas spécifique (on peut penser qu’à Berlin ou Londres il soit aussi important). Vous avez tous noté la montée en puissance des bars à tapas. On ne commande plus non plus la même boisson. A titre d'exemple la boisson anisée qu’on sirotait au bar est désormais servie à table dans un verre piscine.

Le premium s’impose dès l’apéritif avec un produit transformé à forte valeur ajoutée, positionné haut de gamme (dont le prix est de ce fait généralement plus élevé que celui de ses concurrents). Il est souvent associé avec quelque chose à grignoter, à la fois pour satisfaire un objectif de santé publique mais aussi pour le plaisir. En résumé, on consomme l’alcool moins et mieux.

Sont apparus parallèlement les superpremium qui qualifient les alcools plus forts et plus vieux.

Une autre caractéristique est le changement qui a affecté les patrons qui sont devenus des gestionnaires et des chefs d’entreprise à part entière, avec souvent plusieurs établissements, quitte à être moins charismatiques. On connait peu leur nom aujourd'hui. Il n’y a guère que Jean Roch, qui a monté sa propre chaîne baptisée VIP Roomà continuer incarner une référence des nuits parisiennes et tropéziennes.

D'une manière générale, le public a d’autres besoins. On venait voir des personnalités qui, comme jean Castel, accueillaient personnellement "chez eux" les fêtards. On vient maintenant plus simplement boire un verre entre amis,  dans une ambiance sécurisante, glamour et audacieuse, comme me l'a expliqué Jean-Paul Viart, le rédacteur en chef de Paris Nuit.

Forcément, ces patrons ont pris conscience de l’attente de distraction et de qualité que leur clientèle manifeste à leur égard. C’est pourquoi, chaque année depuis 21 ans, on récompense les établissements qui se distinguent par leur innovation.
Le vote est fait par le public via l’application Paris Nuit. 14300 votes ont été enregistrés cette année. Ce sont donc des récompenses qui ne tombent pas du ciel ou qui seraient le résultat de copinage. Les vainqueurs 2015 des Trophées de la nuit ont été annoncés en début de soirée :
Trophée Moment de l’Apéritif : Le Wood– Rudy Archinard – Aix-en-Provence

Trophée du Jeune Entrepreneur : Sylvain Chérubin– Lyon

Trophée de la Terrasse : Le Milk– Gaby Sune – Montpellier

Trophée de l’Insolite : Le quai des Bananes– Rémy Dauchy – Lille

Trophée de la Création et de l’Innovation : Le Road House Café– Stéphane de Coster – Doussard

Trophée Qualité & Service : L'Arc– Félix Wu – Paris

Trophée de la Prévention : Le Duplex Club– Cédric Cappadoro – Biarritz

Trophée de l’Evénement Hors les Murs : La Folie Douce by Majectic– Luc Reversade – Cannes

Trophées d’Honneur 2015 : La Ville de Lyon pour sa gestion dynamique et festive de la nuit - et Marie Garreau pour l’organisation de ses soirées "Chérie Chéri"
Après ce palmarès, le rideau s'est levé sur la très réussie nouvelle revue du Lido.
C'est le danseur Mansour, que l'on avait pu remarquer à coté de Madonna, qui a ouvert la boite de Pandore du spectacle. Son style particulier, que l'on peut qualifier de danse urbaine a motivé le cabaret à lui demander d'exécuter un numéro de hip-hop.
Le spectacle célèbre Paris et les parisiennes. Les costumes sont abondamment sertis de paillettes et de plumes mais on voit aussi des tenues plus modernes, que l'on pourrait "presque" porter dans la rue.
Les musiques jouent elles aussi sur une très large palette, osant l'accordéon, revisitant le tango, et ne craignant pas de flirter avec le rock.
Les décors sont eux aussi inventifs, montrant une place et ses réverbères aux allures de jeu de quilles. Franco Dragonne, auteur et metteur en scène a travaillé au Cirque du Soleil et avec Céline Dion. Cela se sent. Il a su créer la surprise avec des numéro époustouflants qui s'intercalent entre les ballets. 

L'avaleuse de sabre Lucky Hell, qui s'est produite sur d'autres scènes avec Dita Von Teese, a fait sensation avec ses tatouages et ses armes blanches. Elle est arrivée sur un sofa rouge, dans une ambiance orageuse et ses talons ont claqué sur le sol en provoquant des gerbes de gouttelettes argentées.

Igor et Lulia, deux acrobates équilibristes et contorsionnistes, venus de l'Est, nous ont sidérés avec leur duo You and me, créé pour le festival du Cirque de demain en 2010, savant équilibre de force et de sensualité.

Nous avons aussi été bluffés par la maitrise des patineurs Solenne Bachelet et Maxime Combès qui forment sur la glace depuis 4 ans le couple adagio du Lido. J'étais si près d'eux que j'ai tremblé en constatant les risques qu'ils prenaient sur cette piste carré de seulement 7 mètres de coté. On croit avoir vu le clou du numéro et ce n'est rien comparativement à l'enchaînement suivant.

Le clown Housch Ma Housch, primés à de multiples occasions, nous a enchanté avec son accent ukrainien, sa drôlerie et sa poésie.
Entre ces moments exceptionnels la machinerie donne vie à des décors époustouflants. C’est toute une ville qui se métamorphose sous nos yeux, bousculant les frontières de l’espace et du temps. Une évasion fantastique où les emblèmes de la capitale sont égrainés au fil des tableaux.

Les chorégraphies cadencées menées par les célèbres Bluebell Girls et Lido Boys s’enchaînent à un rythme effréné. Les chapeaux extravagants et les costumes majestueux sont ornés des plus belles plumes et scintillent de mille feux. On se laisse porter à poser un autre regard sur l’Art Nouveau,  à faire escale au pied de notre célèbre Dame de fer, ou encore à admirer les défilés haute couture...
Les chorégraphies sont elles aussi inventives, qu'il s'agisse d'un ballet d'inspiration classsique comme une séquence du Lac des Cygnes, avec la présence sur scène de vrais oiseaux, ou d'un French Cancan pour lequel les costumes ont été fluidifiés.
Je peux vous dire que les plumes des boas voletaient jusque sur les tables du premier rang.
La piste centrale est devenue tour à tour piscine ou patinoire et les plus jolies filles ont scintillé, accrochées comme des pampilles à un lustre géant.
Tout fut parfait et je salue encore une fois la performance de la chanteuse Manon Trinquier qui a fait un beau chemin depuis sa révélation par l'émission The Voice. Non seulement elle a une vraie présence sur scène, mais elle danse également très bien et il est agréable de voir qu'il n'est pas absolument nécessaire de satisfaire les mensurations habituelles des danseuses de revue pour mener une troupe.
Nous avons poursuivi la soirée à l'Arc dont la décoration est signée par Lenny Kravitz et qui a l'art de rassembler les personnalités les plus opposées comme des footballeurs, une ex-première dame, des présentateurs ou des personnes "ordinaires" comme vous et moi.
Les artistes du Splendid sont arrivés pour dynamiser une ambiance un peu délirante, avec un boa d'un autre genre que ceux qui s'étaient agité sur la piste du Lido quelques heures auparavant.
Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Paris Nuit ou d'Olivia que je remercie.
Et, n'oubliez jamais que l'abus d'alcool est dangereux et qu'il convient de consommer avec modération.

Un sacré numéro de Sarah Clain aux éditions City

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Il y a des jours, des semaines, sans doute davantage, où la lecture peut apaiser le quotidien pourvu qu'on ait sous la main un livre dont l'écriture soit soit légère, facile, mais intelligente. Ce n'est pas si facile à trouver. Un sacré numéro est de ceux là.
Aurore évolue entre des personnes qui accumulent les succès. Entre sa mère, fondatrice d’une célèbre maison de macarons et son frère, horloger au rayonnement international, elle se fait l’effet d’être une vraie ratée. Sa vie ? Un concentré d’échecs amoureux et un emploi de bureau obtenu par piston … Pas vraiment brillant, surtout quand on vient de dépasser la trentaine. Et en plus, Aurore est maladroite ! Un jour, elle envoie un SMS… et se trompe de numéro. Commence alors un échange avec un mystérieux inconnu.
Mystérieux, cela reste à prouver et le lecteur est vite mis sur une (fausse) piste. Sarah Clain, dont c'est je crois le premier roman, a une imagination qui fuse et qui m'a permis d'oublier le contexte angoissant que nous vivons depuis plusieurs jours, surtout quand on doit se rendre régulièrement à Paris.

Elle nous entraine sur la plus belle avenue du monde, ces Champs-Elysées que le monde entier nous envie et où j'ai pourtant eu du mal à remettre les pieds hier. le spectacle valait pourtant le coup. En attendant d'aller au Lido, vous pouvez toujours avoir un aperçu de la vie parisienne avec ce livre.

On se surprend aussi à considérer d'un nouvel oeil les biens matériels que l'on croit indispensables et avoir envie de dénombrer ses vrais amis. Comme le constate Aurore en consultant son répertoire les gens, comme les objets, s'accumulent. (p.8)

Elle nous donne une jolie définition du bonheur à deux sans pour autant le nommer : parler de son travail à quelqu'un qui ne le connait pas mais le trouve passionnant, et apprécier réciproquement celui de l'autre, ne pas lire dans ses yeux qu'on est étrange, construire l'avenir au fur et à mesure, un peu comme on poserait ensemble les pièces d'un puzzle qui s'emboiteraient parfaitement et dont on découvrirait peu à peu l'image. (p. 65)

Aurore est distraite, donc surprenante. Ses confidences sont distrayantes, plus amusantes que celle de Bridget Jones à laquelle on ne manquera pas de la comparer. A ceci près qu'elle est parisienne, et donc plus proche de nous.

L'analyse psychologique de l'auteur est loin d'être superficielle comme on pourrait s'y attendre s'agissant d'une comédie romantique. Comme beaucoup de jeunes femmes, son héroïne a construit sa vision du monde à travers le prisme de sa mère, que ce soit dans son sens ou à contre-courant. (p. 109)

Il peut arriver à tout un chacun de se sentir prisonnier(e) dans une histoire qui est un paysage couvert d'un épais brouillard dont on arrive à peine à distinguer les contours. (...) A être contraint de devenir une tortue, avec son lit pour plastron et sa couette pour carapace. (p. 195)

L'auteur écrit joliment bien, avec des métaphores très justes et pourtant inédites. Elle fouille la question du pardon et de la manipulation. Les éditions City ne se sont pas trompés en classant l'ouvrage dans le domaine de la littérature plutôt que celui des "romans féminins" qui est une de leurs spécialités. C'est une lecture de divertissement, mais qui ne manque pas de profondeur.

D'abord auteur d’œuvres calligraphiques sur les murs de l’appartement familial, Sarah Clain a décidé un jour, au grand soulagement de ses parents, de remplir des cahiers avec des histoires en tout genre. Depuis, elle n’arrête plus d’écrire... et on espère une suite aux aventures d'Aurore.

Un sacré numéro de Sarah Clain aux éditions City ou en numérique, disponible depuis le 25 novembre 2015

Le pain d'épices de Christophe Felder

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J'ai assisté à la réalisation de la recette de Pain d’épices de Mutzig au Salon du chocolat. Ce fut un moment passionnant comme toujours avec Christophe Felder que j'avais déjà rencontré au salon Omnivore.

La recette a été publiée dans le nouveau livre de Gâteaux paru aux éditions de La Martinière. Christophe Felder y délivre 150 recettes réunies en 7 chapitres et dont certaines d’entres elles font honneur à plusieurs régions de France. Comme par exemple, ce fameux pain d’épice traditionnel alsacien, dit de Mutzig, une petite ville où il a ouvert la Pâtisserie Oppé avec son associé le pâtissier Camille Lesecq,

Elle a été exécutée avec le Chef Takahiro Komai assisté de Takashi Tamura. Christophe Felder avait projeté de nous donner une recette de cake mais on lui a demandé de changer au dernier moment.

Avant de commencer je veux vous mettre en garde sur le fait qu’il faut préparer la pâte deux à trois jours avant le jour J. Par contre, le fourrage peut se conserver plusieurs mois. Le chef promet que ses recettes ne sont pas difficiles mais vous constaterez qu’il emploie certains produits inhabituels. Voilà pourquoi je vous donnerai ma version simplifiée dans quelques jours, et avec laquelle je n’ai jamais eu de reproches.

Les fêtes de fin d'année se profilent à l'horizon et il est temps de s'organiser ...



Mais tout d’abord celle de Christophe Felder, avec ses conseils :

Le Pain d’épices :
On prépare d’abord la pâte à pains d’épices.
On monte les sept premiers ingrédients en mousse à l’aide du fouet, et au batteur.
On mélange séparément les 4 ingrédients suivants, que l’on incorpore ensuite au premier mélange avant d’ajouter le reste des ingrédients.
Il est préférable de laisser reposer 4 à 5 jours. Le conseil de Christophe Felder est de congeler la pâte car elle est très molle pour donc l'étaler congelée, comme pour une tarte sur 3-4 mm.
215 grammes de sucre roux
170 grammes d’œufs
5 grammes de bicarbonate d’ammoniac
5 grammes de potasse (il emploie toujours deux levures, qu’il dilue dans un peu de jaune d’œuf. Il les travaille seules et fait une pâte pour éviter qu’elle ne pigmente le pain d’épices en noir)
15 grammes d’épices pain d’épices (cette poudre comporte une dizaine d’ingrédients)
2 grammes de cannelle
50 grammes de trimoline (ou de miel)
85 grammes de miel non cristallisé tiède (la température est importante à respecter)
85 grammes de farine de blé
35 grammes de pâte de miel (25 g. de farine et 20 g. de miel chauffé)
50 grammes de pâte d’amande

165 grammes de farine de blé + 30 grammes
95 grammes de farine de seigle
120 grammes d’orange et citron confit
130 grammes d’amandes et noisettes brutes concassées
35 grammes d’huile d’arachide
35 grammes de brisures de pains d’épices (pain d’épices séché)

Fourrage de base aux fruits confits :
140 grammes d’oranges confites
25 grammes de citron confit
50 grammes de noix hachées
90 grammes de raisins sultanines au rhum
60 grammes de rhum (La quantité de rhum peut étonner mais c’est ce qui permet au gâteau de se conserver. Il ne faut donc pas la diminuer.)
2 grammes d’épices pain d’épices
160 grammes de confiture d’orange haute qualité (aujourd’hui il a pris les confitures du château de Vincennes de Maurent Duchêne)

On peut préparer une variante avec un fourrage au gingembre. On en ajoute alors 205 grammes mixés, aux figues (500 grammes mixés), aux pruneaux (1 kg). Pour le fourrage aux fruits confits on coupe oranges et citrons confits en cubes. On les mélange avec les noix et les raisins, avant de mixer dans un robot. On ajoute rhum et épices, puis la confiture d’oranges. On peut conserver 2 à 3 mois au frais.
Ganache :
85 grammes de lait
85 grammes de crème liquide
145 grammes de chocolat extra bitter, celui-là même que préférait feu Robert Linxe, le créateur de la Maison du Chocolat.
Le fait d’employer moitié lait, moitié crème permet de se passer d’œufs.

La ganache est préparée selon un procédé habituel en portant le lait et la crème à ébullition, avant d'ajouter le chocolat, puis de mélanger jusqu’à homogénéité. Réserver
Montage et finition :
Etaler la pâte sur 3 millimètres comme mentionné plus haut.
Pocher un peu de fourrage au milieu et poser un second carré de pâte dessus.
Badigeonner de lait entier à l’aide d’un pinceau.
Cuire à feu doux, 160° environ 25 minutes.
Laisser refroidir, découper et pocher la ganache.
Nous avons eu la chance de le déguster car, très gentiment, Christophe Felder avait prévu suffisamment pour touts les spectateurs de ce Pastry Show.

Autres billets sur le salon du chocolat 2015, le premier sur la soirée inaugurale, le second sur quelques découvertes les jours suivants.

Quelques conseils en photographie glanés au Salon du blog culinaire

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Le dernier Salon du blog culinaire a été l'occasion cette année d'apprendre quelques astuces pour mieux réussir les photos culinaires.

Amandine Honegger, photographe de Atelier chez Elles, était la bonne personne pour délivrer des conseils adaptés récapitulés sur une carte avec laquelle chaque participant est reparti à la fin du week-end.

Elle a développé chacun d'entre eux et, en bonne élève, enfin j'espère ne pas usurper le qualificatif, j'ai tenté de mettre en oeuvre ses conseils au long du week-end puisque j'ai eu la chance de pouvoir participer à son atelier le samedi matin.

Elle recommande de se servir de la lumière du jour, d'éteindre toutes les ampoules et de se rapprocher d'une fenêtre. Je l'ai souvent fait intuitivement, comme pour photographier cette salade composée.

Les ampoules électriques des plafonniers diffusent une couleur jaune qui se heurte à la lumière naturelle qui est bleutée. Le résultat peut alors virer au vert.
Amandine emploie systématiquement un réflecteur pour dit-elle "déboucher"à l'avant.

Nous n'avons pas les moyens d'avoir chez nous du matériel aussi imposant mais on peut pallier cette carence en plaçant des cartons blancs, ou un morceau de polystyrène, dans les zones d'ombre pour réveiller les couleurs.

J'ai mon "truc" personnel en photographiant à l'intérieur d'un sac blanc quand je manque de lumière naturelle.
Trop de stylisme tue le stylisme. Amandine nous a mis en garde contre la surcharge. La simplicité est le secret d'une composition réussie. Il faut se restreindre à un ou deux éléments, pas plus. Mais pour y parvenir il faut malgré tout une large palette d'objets de tous ordres, de couleurs et de formes variées pour servir d'élément de décor. Ne pas hésiter à prendre un objet à contre-emploi comme la grosse ficelle qui réunit quelques tranches de pain d'épices (voir plus bas) et à la photographier en gros plan.
Il me semble que j'étais sur cette voie en resserrant les clichés sur une assiette et un torchon. Mais c'est un conseil que je vais mettre en oeuvre avec plus de conscience et en combinant avec le suivant concernant l'emploi du zoom. Amandine recommande en effet de zoomer plutôt que de s'approcher du sujet, de manière à ne pas déformer le premier plan comme on le constate sur le cliché ci-dessus à gauche.
Ce n'est pas totalement concluant sur l'exemple ci-dessous, tenté dans son mini-studio soissonnais, parce que j'ai rencontré un problème de mise au point avec mon appareil. Si on met cet aspect de coté on remarque quand même que la tranche de pain d'épices est anormalement large sur le premier cliché.
Il est préférable d'ouvrir le diaphragme, donc de le régler sur un petit chiffre, 5-6 par exemple, pour obtenir le joli flou que nous recherchons tous.
Parfois j'y parviens sans comprendre par quel mystère. Mais je reste loin du compte. Car il faut tout de même un appareil haut de gamme pour faire un tel réglage. Le Reflex s'impose.
Si le temps de pose dépasse 1/60 seconde le risque de "bougé" est trop fort et il faut alors utiliser un trépied. C'est un investissement à faire.
Ce moment d'échange avec Amandine a été très riche mais frustrant aussi parce que plus on en apprend plus on se rend compte du chemin qui resterait à faire. Je suis quand même plutôt satisfaite de celle-ci ...

Rencontre autour de la résistance entre Valentine Goby et Marie-José Chombart de Lauwe

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Valentine Goby et Marie-José Chombart de Lauwe sont deux personnalités exceptionnelles. Elles ne sont pas de la même génération mais elles ont une sensibilité commune et les rencontrer nous fait faire des pas de géants dans la résilience d'événements tragiques, à commencer par ceux qui ont tristement illustrés la Seconde Guerre Mondiale et plus près de nous les attentats de janvier et de novembre.

Des entretiens qu'elle a mené pendant deux ans avec la Résistante, Valentine Goby a pensé qu'un roman pouvait donner une portée universelle à ces évènement terribles qui ont été vécu par les femmes emprisonnées dans le camp de concentration de Ravensbrück, la vocation de l'art étant de construire des utopies.

Ainsi est né Kinderzimmer, paru chez Actes Sud en août 2013, du nom de la pire image que la prisonnière a gardé de son internement. Je m'appelle Sabine dans le livre et je suis très heureuse de son succès.

Marie-Jo (c'est comme cela que Valentine la désigne) prend le micro pour expliquer ...  : j'ai été arrêtée le 22 mai 1942. J'étais NN au bloc 32, je n'étais plus que deux lettres à coudre sur mon vêtement.

C'est la vérité, mais la manière de le comprendre est une autre réalité, précise Valentine qui s'est attachée à défaire l'empreinte du temps a posteriori parce qu'un peu de fiction aide à faire passer l'innommable. Elle a beaucoup craint de n'être pas à la hauteur du témoignage. On verra lui avait dit Marie-Jo. Sa confiance et sa "permission" ont en quelque sorte armé l'écrivain.

Elle voulait penser un projet littéraire qui ne soit pas redondant avec un témoignage, et qui soit aussi plus accessible. Marie-Jo avait parlé à son retour d'Allemagne. Elle a 21 ans et ces trois années d'horreur ne l'ont pas rendue muette. Elle raconte, un peu, des choses que son entourage juge si horrible que l'on pense qu'elle doit exagérer un peu. Alors, de colère, elle a pris la plume pour dit-elle "poser les choses historiques".

Marie-José Chombart de Lauwe appartenait à un réseau de renseignements en Bretagne. Elle a été envoyée au terrassement jusqu'à ce qu'elle apprenne ce qui se passe pour les nouveaux-nés. Après l'accouchement le bébé est noyé dans un seau ou fracassé contre un mur, et ceci de 1939 à 1944. Mais sentant probablement l'avancée des Alliés et ne voulant pas être accusés d'infanticide, les nazis ne tuent plus les nourrissons. Leur situation n'est guère meilleure puisqu'il n'y a rien de prévu pour les accueillir et ils meurent très vite.

C'est alors que l'on donne à une petite pièce le nom de Kinderzimmer. Il n'y avait que deux châlits et une table sur laquelle on pouvait les langer. Son père avait été pédiatre, sa mère sage-femme et elle avait commencé des études de médecine. Marie-Jo deviendra une des jeunes filles chargées de s'en occuper. Et c'est à sa connaissance le seul endroit où il y aura des naissances massives.

Elle découvre horrifiée des enfants qui ont des allures de vieillards. Avec pour trousseau une couche, une chemise, un rechange et un carré. La jeune femme est choquée. Décidée à les faire survivre coûte que coûte elle fait appel à la solidarité des 20 000 femmes du camp pour trouver des chiffons et surtout pour les nourrir.

Les mères n'étaient pas faméliques mais elles étaient très maigres et avaient peu de lait. Marie-Jo obtiendra de l'infirmière SS la permission d'aller chercher tous les jours un pot de lait en poudre.  Il fallait maintenant des biberons. Elle trouve 10 petites bouteilles. Reste le problème des tétines. Ce seront les dix doigts d'une paire de gant de caoutchouc volée à un médecin.
Bien entendu il n'y avait quasiment pas d'hygiène. Ils mourraient généralement avant l'âge de trois mois. Chaque petit cadavre devait être déposé à l'infirmerie. Il reste malgré tout à aujourd'hui trois survivants, Guy, Sylvie et Jean-Claude qui pour survivre auront tété les mères qui avaient perdu leur bébé.

C'est avec émotion et rage que Marie-Jo extirpe de son sac les preuves de ce qu'elle avance. Car toutes les naissances ont été consignées sur des registres qu'elle peut produire. La bureaucratie ne s'était jamais arrêtée. J'ai les documents objectifs dit-elle, 580 naissances et environ 40 survivants, qui ont permis de témoigner à charge contre ce crime contre l'humanité perpétré par les nazis. Actuellement je suis contre la peine de mort mais à l'époque je n'ai pas protesté contre la vague de pendaisons qui a été infligée aux nazis.

Marie-Jo ne ralentit pas. Ses paroles sont rythmées par le souvenir de la haine de l'autre, par le mépris total qu'elle a vu fonctionner. Elle évoque la castration des petites filles tsiganes pour les faire travailler sans risquer qu'elles se reproduisent.

Elle souligne dans quel chaos les camps se trouvaient à la fin de la guerre, avec des règles qui changeaient du jour au lendemain ou qui étaient inapplicables. Il fut par exemple prohibé de marcher avec des chaussures sans lacet, mais si on avait des lacets c'est parce qu'on les avait volé, ce qui était tout autant interdit. la confusion qui régnait suspendait la survie à une forme de loterie.

Valentine Goby reprend le fil de la conversation pour nous dire combien elle s'est sentie concernée par ces propos. La mémoire collective fait très peu état de nos histoires individuelles. Et si l'homme est capable du pire il est aussi capable du meilleur. A Ravensbrück des femmes ont risqué leur vie pour permettre à d'autres de survivre. Elles n'avaient plus de lien de possession directe avec leur enfant. Chacun était devenu l'affaire de toutes. La vie est une oeuvre collective.

Ces femmes ne sont pas arrivées au camp en héroïnes, mais elles le sont devenues. Des gens ordinaires qui en unissant leurs forces ont pu composer cette humanité "anormale agissante". L'une d'elles restait la nuit dans la Kinderzimmer pour chasser les rats qui les auraient dévorés.

Traverser le noir parfois permet de percevoir le merveilleux au sens strict du terme.

Valentine Goby fait le lien avec les derniers évènements. L'idéologie de haine se répète et l'endoctrinement de la jeunesse allemande fait penser à d'autres dangers qui sont là. La violence revient par cycle. C'est la part la plus noire de l'humanité et elle n'est malheureusement pas éradicable. Mais il est fondamental de vivre dans un état de vigilance permanente avec l'injonction de l'engagement.

Elle souligne sur une phrase prononcée par le Président Hollande aux Invalides, en mémoire aux victimes des attentats de novembre : la liberté ne doit pas être vengée; elle doit être servie.

Il existe toujours des groupes extrémistes, heureusement mineurs, dans les états démocratiques. Marie-Jo est amie avec les mères de la place de Mai et milite dans de nombreuses associations.

On pense bien entendu à Charlotte Delbo qui est revenue d'Auschwitz et qui tient des propos comparables sur la difficulté à être entendue. J'avais vu au théâtre de l'Epée de bois le spectacle "Mesure de nos jours"qui en rendait parfaitement compte. Elle a écrit une exhortation à vivre (in Une connaissance inutile, éditions de Minuit) que Valentine Goby nous a offerte partiellement pour conclure et que je vous redonne in extenso :
"Je vous en supplie
faites quelques chose
apprenez un pas une danse
quelque chose qui vous justifie
qui vous donne le droit
d’être habillés de votre peau et de votre poil
apprenez à marcher et à rire
parce que ce serait trop bête à la fin
que tant soient morts
et que vous viviez
sans rien faire de votre vie "

Quand Christian Etchebest rêve d'un couteau ...

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Jean Dubost est une des entreprises de coutellerie françaises les plus renommées. Et ceci depuis 1920. On y fait des produits de tradition mais on est capable d'innover.

Et pas que dans le secteur de la coutellerie puisque j'ai présenté sur le blog un nombre imposant de recettes réalisées dans leurs microcakes. Elles ont d'ailleurs, pour quelques-unes, déjà fait l'objet d'un petit film qu'il faudrait que je songe à publier ...

Ce soir c'est de couteau qu'il va s'agir. De celui qu'un grand spécialiste de la bistronomie, Christian Etchebest, a souhaité poser sur les tables de ses Troquets, puisque tel est le nom de ses restaurants. J'y ai dîné et déjeuné plusieurs fois, (lire compte-rendu) bien avant que ces outils n'y soient présents mais j'imagine aisément tout le chic que les Cantines vont gagner.
Le chef est venu au 3ème étage d'un grand magasin parisien, le BHV, pour faire la démonstration de l'objet. Il était accompagné par le designer Jérôme Pouey qui travaille depuis très longtemps avec l'équipe de Jean Dubost.

Derrière le sérieux, qui est réel, il y a toute la convivialité associée à ces objets d'exception. Ces outils peuvent être contemplés mais leur finalité est de trancher, et de couper net.









Christian ne s'est pas fait prier pour en faire la démonstration avec Claire de la Villemarqué (à droite sur la photo). Le Cantal et le saucisson de Christian Fournet-Fayard, le Brave Auvergnat, ont vite été débités et appréciés. Le Chef a l'habitude de travailler et s'il ne devait employer qu'un seul couteau ce serait le tout simple "couteau d'office".
Il aime malgré tout ce qui est beau et c'est en découvrant les couteaux avec lesquels les américains coupent leur viande qu'il a eu un choc : "En France on se néglige !" 

Jean Dubost lui a offert en quelque sorte l'occasion d'avoir quelque chose de semblable, massif, à la lame large, mais qui ait une jolie ligne voire chic, et qui soit d'emploi universel.
Il me montre en quoi la courbe est définitivement dédiée à la viande mais que sa tenue et sa nervosité le rend capable de résister à n'importe quel chou. Car en effet il est plus difficile de couper des légumes que de la viande (laquelle est censée être tendre). La lame est lisse pleine soie, acier inox satiné de 2 millimètres d'épaisseur. Il est fait main, 100% made in France. Le travail avec le designer a été fluide, sans aucune concession à l'esthétique, même si l'objet est au final très beau.

Il n'était pas possible de faire des manches en bois pour des raisons pratiques, ne serait-ce que pour permettre le passage en lave-vaisselle. Ce couteau existe en micarta, qui est un matériau composite à base de papier ou de coton mélangé avec de la résine phénolique. On le trouve en deux versions, veiné façon bois clair ou bois foncé, inspiré du stamina wood qui est si tendance aux Etats-Unis.
Jérôme Pouey est petit-fils et fils de boucher et est passionné par la cuisine. Il travaille pour Jean Dubost depuis quatre ans. Il a l'inspiration pour dessiner une lame et il avoue que faire la synthèse entre les exigences de Christian et les réalités techniques n'a pas été très difficile.

C'est lui qui a (aussi) dessiné couteau, fourchette, cuillère, cuillère à café de la nouvelle ligne Styl'up tout inox (ci-dessous). On lui avait demandé quelque chose de nerveux, fluide, élégant forcément et le résultat est à la hauteur. Et la ménagère 16 pièces constitue un cadeau très abordable à 39, 90 €. Le couteau Christian Etchebest par Jean Dubost est vendu par quatre dans un coffret de bois huilé avec pastille métal gravée Jean Dubost pour Christian Etchebest au prix de 189 € ... en boutique ou en ligne sur Jean Dubost.com.
J'ai photographié le couteau sur des tissus et une housse pour Ipad conçus par Les Oies Sauvages.

Les voeux du coeur au Théâtre La Bruyère

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Je regrette d'avoir vu les Voeux du coeur seulement ce soir, dans ses derniers jours d'exploitation car elle mérite qu'on la porte haut.  On doit espérer qu'elle pourra partir en tournée et aller très loin, très longtemps.

C'est à Marguerite Gourgue, qui assure la direction du théâtre depuis 2008 que l'on doit la chance de cette programmation. Elle a découvert la pièce devant un feu de cheminée, auprès d'amis avec qui elle séjournait dans le Connecticut, tout simplement parce qu'ils avaient invité un auteur de théâtre. C'est dire combien les méandres de la création sont étonnants.

La pièce est un équilibre très réussi de sensibilité. Elle est très emblématique des questions qui agitent l'air du temps, qu'il s'agisse de sentiments, du droit à la différence, de l'évolution que la religion peut consentir ... ou pas.
Brian et Tom s’aiment. Très croyants, ils désirent que le Père Raymond les unissent par les liens sacrés du mariage pour vivre pleinement leur amour au sein de l’église dans laquelle ils se reconnaissent et s’épanouissent depuis de longues années. Mais ils se heurtent à son refus : comment pourrait-il les unir alors que l’Eglise catholique dénie l’homosexualité ? Lorsqu’Irène, la sœur de Brian, cherche à le convaincre, le prêtre se trouve à son tour confronté à un choix qui bouleversera ses propres convictions. Quatre vies, quatre dilemmes : amour, conscience, sexualité, foi. En sortiront-ils tous indemnes ?
Le thème central concerne l'acceptation du mariage homosexuel par l'Eglise, avec au second plan une remise en question du célibat du prêtre. Il y a le pour, le contre, selon que l'on se place du point de vue de l'homme ou de la lecture qu'il peut faire de la parole soit disant divine.

Comme l'avait préconisé Jean de la Bruyère dans ses Caractères en 1688, on ne doit pas juger du mérité d'un homme par ses grandes qualités mais par l'usage qu'il peut en faire.
La citation nous avait mis en condition ... et le rideau pouvait se lever faisant apparaitre un décor d'église au-delà des trois prie-dieux posés à jardin comme à cour.

Les deux garçons ont décidé de soumettre leur projet au prêtre (formidable Bruno Madinier). Le premier prend le risque, le second a la certitude ... d'être rejeté. Le père Raymond sourit, reste silencieux, parait ne pas comprendre, avant d'opposer fermement l'obéissance au dogme.
Ils vont passer par divers états, l'abattement, la rébellion, le renoncement à la bénédiction de leur union, prétendant pouvoir se satisfaire d'une coexistence tranquille : notre vie n'est pas en danger, estiment-ils.

Après tout donner aux gens ce qu'ils demandent n'est pas une preuve d'amour chez les flamands roses.

Vous devinerez que l'auteur a tenu à distiller de l'humour pour entretenir l'attention des spectateurs. Je me suis demandé ce qu'il serait advenu si on nous avait demandé de voter à la fin. Car chaque protagoniste a de (bons) arguments.

La mise en scène d’Anne Bourgeois est un équilibre de douceur et de fermeté. Les décors de Sophie Jacob, éclairés de main de maitre par Jean-Luc Chanonat fonctionnent à la perfection. Les comédiens, Julie Debazac, Julien Alluguette, Bruno Madinier et Davy Sardou sont sur un pied d'égalité, ayant chacun des dialogues  ciselés. Il faut les saluer d'avoir sacrifié pour nous leur jour de relâche. On passe un très bon moment de théâtre.
Un des grands intérêts de cette pièce est d'aller bien plus loin que la simple question de la reconnaissance du mariage homosexuel, que ce soit par l'Eglise ou par la société civile (car même s'il a été légalisé il soulève encore des désapprobations). L'auteur nous interroge sur la nature du sentiment. Le vrai sujet n'est pas de savoir si l'on peut ou non se marier mais si l'amour, qu'il appelle les voeux, mérite réellement un engagement total. Autrement dit y-a-t-il un amour à qui se fier ? l'amour qui dire est-il possible ?

Si la réponse est oui alors les voeux deviennent la constante à laquelle tout doit s'adapter, aussi bien la religion que la vie civile. Cette pièce amène donc chacun de nous à réfléchir sur la valeur des sentiments qu'il éprouve et sur celle de ceux que son conjoint(e) prétend lui témoigner. Quitte à retomber sur terre un peu brutalement.

Même si l'auteur, Bill C. Davis, qui a aussi écrit la célèbre pièce l’Affrontement, apporte sa réponse à la fin, le public n'est donc pas dispensé de réfléchir et pour l'aider dans cette tâche, Marguerite Gourgue avait convié ce soir de belles personnalités de diverses religions pour débattre autour du sujet : "Amours et Religions aujourd'hui", avec un pluriel qui prenait tout son sens.
Le but était de partager de manière ouverte et transversale les enjeux et défis posés à nos sociétés modernes à partir de sujets évoqués par la pièce : Homosexualité et Eglises – Chasteté et mariage des prêtres – Engagement et force du vœu ... grâce aux interventions de Madame le Rabbin Pauline Bebe (CJL - Centre Maayan) – le Père Cédric Burgun (maître de conférences à l’Institut Catholique de Paris) - Vincent Cespedes (philosophe et essayiste) - Cynthia Fleury (philosophe et psychanalyste) - Christophe Girard (Maire du IVe arrondissement de Paris) et Marc Tourtelier (Association David et Jonathan).
Nous avons tous apprécié l'évolution du personnage du prêtre qui grandit en humanité.
La psychanalyste n'a pas manqué de pointer le conflit entre le désir, la jouissance et l'amour face au souhait de "faire famille".

Face à ce qu'il convient de nommer les vicissitudes du coeur la promesse devient une idée folle mais qui permet de se maintenir. C'est toute la question de l'identité de soi et elle méritait d'être débattue.
Les voeux du coeur, pièce de Bill C. Davis adaptation française de Dominique Hollier mise en scène de Anne Bourgeois
avec Julien Alluguette, Julie Debazac, Bruno Madinier, Davy Sardou
au Théâtre La Bruyère, 5 rue La Bruyère, 75009 Paris
du mardi au samedi à 21h - matinée samedi à 15h30
jusqu'au 5 décembre 2015

Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Lot

Master-class sur les épices

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Master class est un terme bien pompeux. Notre objectif à Lucie (la responsable d'Ethic Valley) et moi-même était d'encourager les participants à employer les épices au quotidien. D'avoir en quelque sorte le bon réflexe pour oser des associations originales mais réussies et surtout gourmandes.
Nous profitions du cadre plutôt grandiose de l'Abbaye Saint Léger, transformée en cuisine géante dans le cadre du Salon du blog culinaire de Soissons, ouverte au grand public le week-end du 21-22 novembre 2015.

L'atelier était complet mais nous avons réussi à répondre aux questions de tous ceux qui s'intéressaient au sujet et à fair goûter nos tapas à bien plus de 15 personnes. Grâce à l'aide des étudiants du lycée hôtelier dont il faut saluer la bonne volonté, en particulier Mélanie qui fut notre commis.
 

Noix de cajou aux épices :
Pour commencer une astuce ultra simple et rapide pour améliorer ces fruits secs que vous servez traditionnellement à l'heure de l'apéritif. Nous avons pris des noix de cajou mais on peut le faire avec des amandes, des noisettes, des noix, des graines de courge ou encore un mélange de tout cela.
On saupoudre les noix avec du sucre glace. On ajoute du gingembre moulu et du curcuma (en quantité raisonnable) et on porte à feu vif pour faire caraméliser. La finesse du sucre glace accélère le processus. On ajoute quelques gouttes d'huile d'olive avant d'arrêter pour éviter que les amandes ne collent entre elles. On choisira de préférence une huile de type subtile, assez douce, aux arômes de fruits (secs, mûrs), de fleurs accompagnés de notes végétales comme l’AOP Nyons, l’AOP Nice, l’AOP Corse, ou une huile monovariétale de Lucques. On sert tiède sans attendre. On peut aussi les consommer les noix froides les jours suivants.

Fromage blanc pour dynamiser un saumon :
C'est encore meilleur avec un fromage blanc crémeux comme la piquette de la ferme des Sourcins installée dans le Cotentin à Portbail (50580), face aux îles anglo-normandes. C'est un fromage blanc non lissé, comme le mangeaient les anciens. On saupoudre de sumac. On ajoute des baies roses écrasées et on tartine un pain au curcuma.
J'avais réalisé ce pain dans ma machine avec un sachet d'une préparation Mon Fournil pain de campagne au levain et au seigle, que j'avais enrichie avec une cuillère à soupe de curcuma et deux de graines de courge.
Ne reste plus qu'à déposer une lichette de saumon et un brin de ciboulette.

Toasts de fromage frais de chèvre :
On écrase le fromage (de type petit Billy) avec du zaatar, un peu d'huile d'olive. Cette fois on prendra une huile au goût à l’ancienne (fruité noir) issue d’olives qui sont stockées et maturées pendant 4 à 8 jours, dans des conditions appropriées et maîtrisées, avant extraction. Elles délivrent des notes de cacao, de champignon, de vanille, de fruits confits, sans amertume. C'est le cas de l’AOP Vallée des Baux-de-Provence, l’AOP Aix-en-Provence ou l’AOC Provence. On tartine et on pose un morceau de tomate confite pour mettre une touche de couleur.

La fourme au Grué de cacao
Il s'agit là d'une vraie révolution : consommer un fromage à pâte persillée avec du chocolat ! C'est une alliance qui fonctionne parfaitement et que l'on peut servir avec un alcool fort comme un Calvados, avec modération évidemment. Le grué est l'éclat de fèves de cacao torréfiées puis concassées. On appuie les éclats dans une belle tranche de fourme d'Ambert et on découpe en carrés.

Passons au sucré avec
une compote au Poivre Voatsiperifery de Madagascar
Le truc en plus consiste à prendre des pommes de variétés différentes et à les faire compoter ensemble, sans sucre ajouté, pour avoir en bouche des textures différentes, parfois le fruit sera fondu, parfois encore en morceau, et des goûts différents, plus ou moins sucré ou acidulés. C'est meilleur tiède. Nous avons donc fait réchauffer la préparation que j'avais apportée.
Chacun prend la quantité de compote qui lui fait plaisir puis donne un tour de moulin. C'est ludique et personnalisé.

Nougatine
En écrasant des noisettes avec des amandes et en ajoutant de la mélasse de raisin on obtient un résultat incroyablement proche d'une nougatine. Un délice sur un fromage blanc.

S'il y a une boisson chaude idéale pour se maintenir en bonne santé en fin de repas, c'est bien le café libanais, dit encore café blanc. Une eau bouillante avec une cuillère à café d'eau de fleur d'oranger par tasse.
J'ai vraiment eu de la chance parce que j'ai suivi ensuite une master-class complémentaire avec le papa de Lucie qui m'a donné des conseils gourmands supplémentaires.

Il mélange le grué à de la fleur de sel, et il le saupoudre sur une belle entrecôte grillée au moment de servir.

Il l'associe aussi à des noix de coquille Saint Jacques après les avoir flambées avec un rhum brun arrangé vanillé, puis déglacées avec une crème fraiche d'Isigny.

Enfin il le saupoudre aussi sur une salade de mâche, enrichie de mangue, de crevettes à l'ail et de gingembre.
Il fait le foie gras au micro-ondes avec une recette très facile à mettre en oeuvre. Il dépose le foie gras  macéré dans un rhum arrangé vanille, puis salé comme il convient, dans une terrine dont il a tapissé le fond avec du grué. Sur le foie il mouline du poivre à longue queue.

C'est parti pour deux fois 1 minute 30 à 800 watts (pour un foie de 600 grammes). Il laisse ensuite reposer trois jours au réfrigérateur.

La coupe révèle une jolie présentation. Il sert avec un fruit de la passion tranché en deux, encore dans sa coque.
Vous trouverez les épices d'Ethic Valley sur leur site ou, pour les parisiens, dans les très bonnes épiceries suivantes :
- Fine l'Epicerie 30 rue de Belleville, 75020 Paris 
- Papa Sapiens, 32 rue de Bourgogne 75007 et 7 rue Bayen 75017 Paris
- La maison Plisson, 93 boulevard Beaumarchais, 75003
- Macis, 46 rue de Lévis, 75017 

Celles de la rivière de Valerie Geary aux éditions Mosaic

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Voilà un premier roman magnifique sur l'adieu à l'enfance au travers d'une très captivante quête de la vérité. Il est rare de trouver un thriller psychologique qui soit aussi extrêmement poétique.
La rivière Crooked emporte une femme qui flotte entre deux eaux. Sur la rive, deux fillettes jouent dans l’après-midi ensoleillé. Elles sont les premières à découvrir le corps et, soudain, leurs jeux cessent. Leur enfance est désarçonnée par la dureté du monde des adultes. La veille, leur père les a laissées seules suffisamment longtemps pour qu’elles puissent le croire coupable de meurtre. Pour ne pas le perdre, comme elles ont perdu leur mère quelques semaines auparavant, elles décident de mentir sur son emploi du temps… et resserrent bien malgré elles les mailles du soupçon autour de lui, le livrant en pâture à une petite ville dont les préjugés et les rancunes lui laissent peu de chances…
Le lecteur est tiraillé, au début du roman, entre les suppositions de Sam et les hallucinations d'Ollie. Après avoir subi le décès de leur mère, les deux soeurs doivent affronter l'accusation d'homicide de leur père et elles se rendent vite compte que la vérité n'est pas toujours salvatrice, mais que les mensonges (par omission) ne le sont pas davantage.

Celles de la rivière s'inscrit dans la veine de la littérature anglo-saxonne où la nature joue un rôle de premier plan. L'auteur a grandi dans l’Oregon où elle vit toujours. Elle a gardé de son enfance le goût de l’écriture et un rapport très proche à la nature qui transparaît dans son livre. La logique narrative intègre cette composante, de même que plusieurs éléments spirituels antagonistes, comme la religion et la croyance en des esprits surnaturels.

Valerie Geary réussit à nous captiver en faisant alterner les voix des deux soeurs. La grande, Samantha, quinze ans, cherche à résoudre l'énigme de manière rationnelle, même si elle commet de nombreuses erreurs par maladresse. Une fois qu'on est mort, on est mort, point. On ne revient pas de ce voyage-là (p. 74). Celle d'Ollivia, sa petite soeur de dix ans, est comme empêchée de parler, mais pas d'agir, à cause sans doute de ce truc terrible, le pire que la petite fille ait fait de toute sa vie (p. 46), que l'auteur nous cache en vraie maitre du suspense, même si on peut regretter que les cent premières pages soient moins intenses que les suivantes.

Alice au pays des merveilles s'impose entre elles et fournir des pistes qui s'entrecroisent au travers des extraits qui ponctuent le récit. Les adultes, censés arranger les choses, pas les rendre encore pire (p. 43) sont les maitres du jeu mais ils se révèlent bien entendu défaillants.

Valerie Geary fouille les sentiments d'attachement filial, et amoureux pour finalement conclure ( p. 366) que l'amour, c'est quelqu'un de pur et d'innocent qui croit à l'impossible.

On lit de très belles pages sur la prairie où s'est installé leur père, surnommé Ours, sans doute en raison de son tempérament mais aussi parce qu'il y est apiculteur. La version optimiste du livre aurait pu s'intituler l'Homme qui murmurait aux abeilles.

Finalement laquelle des deux filles trouvera la piste qui libérera leur père ? Est-ce en suivant une abeille ou un fantôme ? L'univers retrouvera-t-il un semblant d'équilibre ? Sera-t-il possible de rétablir les choses ?

Celles de la rivière de Valerie Geary aux éditions Mosaïc, en librairie depuis le le 4 novembre 2015

La tarte au citron d'Annelyse Chardon pour les huiles d'olive

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Annelyse Chardon, finaliste Masterchef 2012, chef à domicile et consultante culinaire, était une des invités du huitième Salon du blog culinaire. Elle a proposé d'originales alliances culinaires autour des huiles d’olive de nos terroirs.

Pétillante, et ultra souriante, d'une simplicité incroyable, on pourrait croire une étudiante (surdouée) si on ne connaissait pas son cursus. Sa recette de tarte au citron meringuée relève de la magie. C'est d'ailleurs avec une tarte au citron qu'elle a présenté le CAP de pâtisserie.

C'est son dessert préféré (et celui de ma fille). Je ne peux donc pas résister au plaisir de la partager ici.

Comme le dit Annelyse, la crème au citron acidulée avec le craquant de la pâte et le moelleux sucré de la meringue, c’est un trio gagnant à tous les coups.
Traditionnellement on emploie du beurre en quantité pour la réussir. L'originalité de la revisite de la jeune chef est de recourir à une huile d'olive, ce qui va en premier lieu assurer davantage de craquant à la pâte (même le lendemain, et sans avoir ramolli au contact de la crème au citron). Et quand on sait que citron et olives sont de la même région on se doute que l'accord sera parfait.

Il faut tout de même choisir son huile. Comme je l'ai évoqué dans le billet retraçant la master-class sur les épices il y a plusieurs catégories d'huiles d'olive, selon le type d'olive, leur maturité et leur provenance. Ici l'idéale est une huile de goût subtil (obtenue à partir de la pression des olives noires), typiquement l’huile de Nyons ou de Nice.

Proportions  pour un petit plat à tarte 22cm diamètre (6 parts)

Pour la pâte à l’huile d’olive
200g de farine
4cs (60ml) d’huile d’olive
1 petit oeuf
30g de sucre
1 pincée de sel
2cs ou 3cs d’eau froide si besoin

Pour la crème au citron
le jus de 4 citrons (150ml environ)
125g de sucre
3 jaunes d’oeufs
1 oeuf
15g de Maïzena
4cs d’huile d’olive

Pour la meringue italienne
3 blancs d’oeufs (90g environ)
180g de sucre
50g d’eau

Préparer la pâte : mélanger la farine, le sel et le sucre, faire une fontaine et mettre l’huile d’olive et l’oeuf au centre. Mélanger rapidement en rajoutant l’eau, juste assez pour obtenir une boule de pâte. Etaler la pâte assez finement (c'est important pour qu'elle ne soit pas trop dure sous la dent) et garnir un plat à tarte. Laisser reposer au frais au moins 30 minutes.

Faire cuire la pâte à blanc : préchauffer le four à 200°C. Garnir la pâte de papier cuisson et recouvrir de billes de cuisson, enfourner pour 10 à 15 minutes (pas plus, elle doit à peine colorer). Laisser refroidir.

Préparer la crème : faire chauffer le jus de citron avec la moitié du sucre. Pendant ce temps, fouetter les jaunes d’oeufs et l’oeuf entier avec l’autre moitié du sucre et la Maïzena. Quand le jus de citron bout, en verser la moitié sur le mélange aux oeufs, mélanger et reverser dans la casserole. Fouetter sans cesse jusqu’aux premiers bouillons, la crème doit être prise. Hors du feu rajouter l’huile d’olive, fouetter et verser sur le fond de pâte cuit. Laisser refroidir. Le résultat sera très gourmand, tout en étant plus frais, vif et moins lourd qu’une crème citron au beurre.

Préparer la meringue : faire chauffer l’eau et le sucre dans une petite casserole. Compter 3 minutes à partir de l’ébullition complète ou utiliser une sonde pour vérifier la température. Au bout d’une minute (ou quand le sirop est à 110°C), commencer à fouetter les blancs à faible vitesse pour qu’ils commencent à mousser, mais sans les monter complètement. Quand le minuteur sonne ou que le sirop est aux alentours de 118°C, verser le sirop en filet sur les blancs. Augmenter la vitesse du fouet et laisser tourner jusqu’à avoir une meringue bien brillante et ferme. L’étaler sur le dessus de la tarte en couvrant généreusement la crème au citron en faisant comme un dôme. Passer de préférence au chalumeau pour obtenir un résultat plus élégant que ce qu'on obtient après quelques minutes sous le grill du four.
Je précise que les photos logotypées 750g sont de Sylvain Bertrand.

Table de fête (s)

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C'est pas demain la veille mais il est tout de même préférable d'y réfléchir avec un peu d'avance. Alors j'ai pensé que je pourrais faire quelques suggestions en prévision des fêtes de fin d'année.

Ce billet est d'ailleurs susceptible d'être enrichi par quelques nouvelles photos ou de bonnes adresses si d'ici là je glane des information qui méritent d'être partagées.

Une belle table commence par une nappe élégante.

J'ai eu un vrai coup de coeur pour un tête à tête de Moutet (48 sur 120 cm) parce qu'il est vraiment emblématique des deux axes du blog, le culinaire et le culturel.

C'est la devise de la Comédie Française qui a inspiré cette création, Simul et Simulis, Etre ensemble et soi-même. Semblables et singuliers.

Cette collection jacquard est renouvelée au gré des programmations et comprend aussi des nappes grand format et des torchons (qui peuvent être des idées de cadeaux).

Sur cette nappe si blanche j'ai posé des assiettes transparentes, de manière à laisser apparaitre le motif. Et j'ose le contraste avec des couverts très colorés Jean Dubost. Là encore on reste dans une fabrication française, en l'occurence auvergnate, alors que Moutet tisse dans le Pays Basque.

Impossible d'éviter les incontournables de la saison, foie gras et champagne.
En matière de foie, j'hésite entre Lafitte et Père Magloire. Le premier est très équilibré, une valeur sûre qui plaira à tout le monde. Cette maison du Sud-Ouest, presque centenaire, a imaginé trois nouvelles variétés de foie gras de canard entier des Landes. Un millésimé 2015, façon grand cru, un Mi-Cuit Fumé et un Poivré. Comme j'ai un faible pour cet épice c'est vers celui-ci que mon palais balance et le poivre noir concassé m'a beaucoup plu. Mais celui qui et fumé au bois de hêtre pourrait en séduire plus d'un.
Le second est nettement moins conventionnel, mais superbement réussi, surtout si on l'accompagne d'un chutney enrichi lui aussi de calvados, et de fruits secs aux épices dont je donne la recette ici.
Le chic s'impose avec le champagne. Par exemple le champagne Tour d'Argent, grand cru, en carton couleur dragée, dont la bouteille. C'est un vin élaboré sur la Cote des Blancs, exclusivement avec le cépage Chardonnay. Sa couleur inhabituelle évoque la tuile du sud.
Les arômes de fruits rouges sont bien présents, en particulier de framboise fraîche et de mûre sauvage. Le final est minéral et frais. J'estime qu'on peut le consommer (avec modération) du début à la fin du repas, y compris avec un dessert particulièrement sucré.
J'aime le champagne rosé mais on peut ne pas me suivre et préférer une version plus classique  comme celle que propose Jullion Rigaut, propriétaire récoltant dont la famille est installée dans la montagne de Reims, à Chamery depuis quatre générations.

Je vous invite à lire le billet que j'ai consacré spécialement au champagne l'an dernier, de retour d'une master-class passionnante. Vous y comprendrez pourquoi l'assemblage de Pinot noir, Pinot Meunier et Chardonnay annoncé par Jullion Rigaut peut laisser augurer des parfums intéressants. La bouteille n'est pas siglée d'un grand nom mais le prix est attractif. La récolte est manuelle et les vignobles ne reçoivent pas d'insecticides.
Pour ceux qui auront envie de surprendre leurs convives on peut s'amuser à remplacer le verre à eau par une verrine siglée la Belle-Iloise et proposer à chacun une préparation à tartiner différente. La conserverie quiberonnaise dispose d'un choix très large. En boite bleue une rillette de lieu aux baies de Sichuan. En rouge une crème de sardine au whisky. Pour peu que vous choisissiez un excellent pain croustillant au levain, vous êtes assurés de faire de l'effet. On peut aussi multiplier les pains.
Cette fois ce sont les Opinels que je retiens, fabriqués en Savoie. En les assortissant à la couleur de la boite. Soit bouleau lamellé Tangerine et bois clair (rouge orangé), soit le couteau anniversaire du concours créatif remporté par Mathieu Gazaix pour les 125 ans de la marque (bleu). Et si voulez faire très chic vous copierez Alain Passard qui offre un Opinel à chacun de ses convives.

Les chevaux du Cirque Pagnozoo nous emmènent à l'Espace Cirque d'Antony (92)

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On croit connaitre le cirque et on est malgré tout extrêmement surpris par ces cavaliers du Cirque Pagnozoo mené par Jacques Pagnot avec trois de ses enfants, Pascal dit Calou, Caroline et Alice, la voltigeuse.

Leur nom a inspiré celui de la troupe, car ils fonctionnent ainsi, à l'instar du théâtre équestre Zingaro ou du Cirque Plume, mais de manière disons plus familiale, plus accessible en quelque sorte. Ils font partie de ceux qui ont modifié radicalement la tradition circassienne en suivant le courant du "Nouveau Cirque" depuis tout de même plus de trente ans.

Leur spectacle est en tournée depuis décembre 2009, après deux ans de travail et de recherche, dans un chapiteau conçu spécialement pour l'accueillir. La piste circulaire reste le centre où convergent les regards, un rond de sciure de 12 m de diamètre, bordé de voiles qui claquent au vent, porté par quatre mâts qui deviennent ceux d'un bateau.

Les numéros ont la prouesse et le niveau de difficulté que l'on connait dans le monde du cirque mais ils sont nimbés d'un esprit poétique qui les place dans une sorte de contexte magique. Le public frissonne, s'émerveille et se laisse emmener dans ce voyage exaltant.

Emmène-moi souffle des émotions délicates sur un public qui se laisse transporter en douceur. Au tout début nous sommes dans la pénombre, derrière de grandes voiles éclairées par des lumignons. Une flute envoutante met le public en condition. Les sabots claquent au pas sur les planches. Une forte odeur animale et musquée flotte dans l'atmosphère.

La compagnie possède une quinzaine de chevaux. Neuf d'entre eux participent au spectacle, tour à tour lents et majestueux, fougueux et fulgurants.
Arrivent le cheval noir, le pur-sang blanc et l'orchestre succède tranquillement au soliste. Hommes et animaux semblent danser. Les voiles sont hissées et les chevaux peuvent tourner dans la sciure épaisse comme un manteau de neige. Les voltigeurs sautent sur le dos de leurs montures lancées au grand galop, agitent leurs drapeaux. Les rubans se déploient et tournoient dans une ambiance carnavalesque.

Nous sommes à Venise, sur un canal, à bord d'un bateau juste avant un naufrage. Nous somme ici et ailleurs, prêts à rêver. Avec une jeune femme qui enfile des gants de boxe, prête à en découdre avec l'animal qui semble faire des claquettes avec ses sabots, avec cette autre qui monte à cru, caresse l'encolure de son étalon couleur de sable, l'invitant à s'étendre sur la piste le temps d'un câlin très doux, joue contre joue.
L'énergie surgit entretemps avec des cavalcades debout sur les croupes, menées tambour battant au rythme imposé par les musiciens. Les acrobaties sont multiples et l'agilité ne doit pas occulter la prouesse (le public n'est pas dupe, ses applaudissements le prouvent).

Le dispositif scénique imaginé par Clair Arthur fonctionne parfaitement. Sans doute parce que c'est un artiste complet. Peintre, auteur de pièces de théâtre et de livres pour enfants, metteur en scène, scénographe et imagier à l'Imagerie d'Epinal, il multiplie les expériences et s'est impliqué tout entier dans cette aventure «Emmène-moi».
Le duo entre la femme et l'oiseau vont bientôt nous étonner. L'univers s'installe dans le registre du conte, revisitant plus tard le mythe de Cendrillon en faisant le ménage d'une table en altitude. La poussière vole, quand ce ne sont pas des poignées de copeaux qui évoquent un tourbillon de neige.
Ou le déluge. On comprend que les cavaliers se munissent d'un parapluie ! C'est que l'humour est présent aussi par petites touches. L'ambiance est à la joie et on trinque de diverses manières, à pied, à cheval, la tête en bas. Tout est bon pour provoquer l'ivresse. Celle de la vitesse ...

On tremble mais on sourit aussi. Les Pagnozoo osent tout, jusqu'à un numéro de strip-tease à cheval. ces saltimbanques savent tout faire.

La musique à chaque fois s'accorde avec la scène qui se joue sous nos yeux. Les accords peuvent être classiques, fantaisistes, yiddish, évoquer l'Amérique du sud ou le New-York cher à Gershwin, quand ce n'est pas carrément rock. L'orchestre méritait amplement qu'on les salue comme les autres artistes.

Onze chevaux, six voltigeurs et trois musiciens : le rêve de cirque est accompli. Il nous invite à nous laisser sauver par l'imaginaire quand la réalité a besoin de couleurs et d'ivresse. C'est d'actualité et les derniers mots de Jacques Pagnot sont un baume supplémentaire : merci à ceux qui permettent à ce petit moment d'avoir lieu entre vous et nous. Traversez jours et nuits, éclairs et tonnerres en vous portant bien !

Emmène-moi, du Cirque Pagnozoo
Avec Calou (Pascal Pagnot), Jacques Pagnot, Caroline Pagnot, Alice Pagnot, Nolwen Gehlker, Nina Couillerot, et la participation exceptionnelle de Johan
Les musiciens Olivier Tuaillon, trompette, Marc Goujot, guitare et flute et Thibaut Chipot aux percussions.
Les chevaux : Kala, Oman, Néomio, Pompon, Charleston, Vicking, Andalusio, Papito et Thimoté
Scénographie et mise en scène de Clair Arthur
Costumes de Stéphane Thomas
Lumières de Jean-Luc Malaves
Jusqu'au 21 décembre 2015, à 15-16-18 ou 20 heures
A l'Espace Cirque d'Antony, rue Georges Suant, 92160 Antony
Tel : 01 41 87 20 84
Renseignements et réservations sur www.theatrefirmingemier-lapiscine.fr
Rencontre avec les artistes à l'issue de la représentation du 11 décembre
Carte Blanche à la compagnie à l'issue de la représentation le 19

DR pour les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue.

Quand la fourme d'Ambert se marie avec les huiles d'olive

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Comme je l'écrivais le 22 novembre dernier, le Salon du blog culinaire de Soissons a été l'occasion de relever un défi associant fourme d'Ambert et huiles d'olive avec des produits d'un panier-surprise.

Que vas tu faire ? m'a-t-on demandé.
Je ne sais pas mais je te le dirai quand j'aurai fini le plat...

On a cru que je voulais demeurer mystérieuse. Mais pas du tout. C'est simplement que je réfléchis au fur et à mesure.

L’AOP Fourme d’Ambert a une saveur délicate, des notes parfumées aux arômes de sous-bois et surtout un goût tout doux qui l'a démarque de tous les fromages bleus.

L'envie de la déguster accompagnée une baguette d’artisan boulanger, d'un pain de campagne, de seigle ou même d’épices légèrement toasté a été le point de départ. Comme nous avions une demi-baguette dans notre panier j'ai choisi de conserver la longueur du pain, de le découper en quatre et de le roussir à la poêle quelques lamelles d'oignon, dans une huile d'olive de goût subtil (obtenue à partir de la pression des olives noires), typiquement l’huile de Nyons ou de Nice, pour ne pas bouleverser le goût du fromage. Les "mouillettes" ont ensuite été réservées au four sur une feuille de papier sulfurisée.
Nous disposions dans le panier de carottes, de céleri branche, d'oeufs, d'un oignon, des lentilles, d'un filet de cabillaud, de moules, de 6 oeufs et d'une généreuse tranche de fourme et d'une demi-baguette (je l'ai déjà mentionné).
Nous avions à disposition quelques produits d'épicerie et surtout des flacons d'épices Sainte Lucie, partenaire du Salon et je me souvenais de l'originalité de la moutarde au calvados Père Magloire. Bien entendu on pouvait choisir parmi les huiles celle(s) qui avait notre préférence, entre les différentes catégories d'huiles d'olive, subtile, intense ou à l'ancienne. Car comme je l'ai évoqué dans le billet retraçant la master-class sur les épices il y en a de plusieurs types, très différents.
Hormis les moules nous avons employé tous les produits du panier-surprise. Dans ce genre de compétition, battle en langage initié, on n'a guère le temps de noter sa recette et de photographier chaque étape. La recette que je donne aujourd'hui est donc un peu approximative mais l'esprit y est.
L'urgence nous a semblé être de lancer la cuisson des lentilles, parce qu'elle réclame du temps. Avec l'idée de surprendre parce que ce plat peut vraiment être gouteux et velouté si on s'y prend différemment de la cuisson typique "accompagnement d'un petit salé".

J'ai ajouté des graines de moutarde, du cumin et un demi-bâton de cannelle dans l'eau de cuisson qui a été salée et enrichie d'un morceau de carotte et d'un bâton de céleri, avec un demi-oignon (nous n'avions q'un seul bulbe en tout). Il faut bien vingt minutes à petits bouillons.

Ultérieurement nous avons égoutté, en retirant l'oignon et la cannelle, mais en laissant carotte et céleri (je n'en suis plus très certaine). Nous avons réservé une cuillère à soupe de graines pour la décoration. Nous avons mixé en ajoutant deux briquettes de lait de coco. Nous voulions éviter la crème fraiche ou liquide qui aurait apporté trop de calories et de matières grasses sans fluidifier suffisamment le velouté. Nous avions en effet ajouté la moitié du fromage. Nous souhaitions une consistance proche d'une purée.

Le reste du fromage allait fondre doucement sur les mouillettes. Pour le moment nous avons découpé des morceaux de la longueur souhaitée (correspondant à la moitié de chaque mouillette) et nous avons saupoudré de baies roses écrasées.
Quand on dispose d'autant d'huiles et de beaux légumes on ne peut pas résister à l'envie de s'inspirer de l'aioli. Les légumes ont été coupés en bâtonnets par Stéphanie, la soeur de Christelle, du blog Cuisine de tous les jours, alors que j'attaquais la mayonnaise, avec la moutarde au calvados et une huile au goût à l’ancienne (fruité noir) issue d’olives qui sont stockées et maturées pendant 4 à 8 jours, dans des conditions appropriées et maîtrisées, avant extraction. Elles délivrent des notes de cacao, de champignon, de vanille, de fruits confits, sans amertume. C'est le cas de l’AOP Vallée des Baux-de-Provence, l’AOP Aix-en-Provence ou l’AOC Provence.
Il était temps de s'intéresser au poisson. Il fut cuit en papillote au four avec le peu de légumes qui nous restait. Nous avons utilisé les fanes de céleri et un filet d'huile d'olive intense. Par contre, nous avons oublié (mea culpa) de désarêter le filet, ce qui aurait été impardonnable dans un concours.
Restait à dresser et surtout à servir chaud, ce qui a été possible parce qu'on sortait les assiettes du four au fur et à mesure. Le fromage était juste fondant, pas encore coulant.
Il suffit de regarder les sourires du jury pour remarquer que le pari de l'originalité et des saveurs était gagné. Les félicitations de Chef Christophe nous ont touché bien davantage que la satisfaction d'avoir remporté cette battle.
Voici, achevé, le Cabillaud sur velouté de lentilles, mouillette de Fourme d'Ambert, bâtonnets de légumes et mayonnaise au Calvados.

Je précise que les photos logotypées 750g sont de Sylvain Bertrand
Et je salue Stéphanie avec qui j'ai passé un excellent moment.
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