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Pommes de terre en feuilleté

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Voilà un plat pour 4 personnes qui a été englouti par 2 tellement c'était bon. Une vraie tuerie comme disent les ados.

Ingrédients : des pommes de terre à chair ferme, deux oignons, deux pâtes feuilletées, de la crème fraiche, du sel et du poivre.

J'ai employé un plat carré Appolia très joli. J'aurais pu servir dans ce plat mais comme on a conservé la feuille de papier sulfurisé de la pâte feuilletée ce pâté a été facile à démouler.

Une pâte feuilletée ronde est assez idéale pour tapisser le plat en débordant un peu au-dessus. Il faut la piqueter avec une fourchette pour éviter qu'elle ne gonfle à la cuisson.

Première étape : remplir de minces couches de pommes de terre en les faisant se chevaucher et en alternant de temps en temps avec des rondelles d'oignons. Salez et poivrez régulièrement mais modérément. On peut si on aime ajouter du persil haché.
Terminer avec quelques cuillerées de crème fraiche.

Recouvrir avec la seconde pâte dans laquelle vous aurez découpé un carré à l'exacte mesure du plat. 

A l'aide d'un pinceau, mouiller la bordure de pâte avant de recouvrir par la bordure du premier disque afin d'enfermer complètement les pommes de terre.

Pincer régulièrement les deux épaisseurs de pâte pour bien souder les bords.

Passer un peu de crème au pinceau pour faciliter la dorure de la pâte.

Fare un trou central et chemiser d'un petit cylindre de papier en guise de cheminée.

Cuire une bonne heure à 180° ou 200° (th 7) selon votre four en faisant attention à ce que le dessus ne brûle pas. Poser le cas échéant une feuille d'aluminium.

Dégustez chaud avec une salade et surtout régalez vous ! Cette recette est typique de la Creuse mais bien des régions françaises ont leur propre version.


François Hollande rétablit l'ancien calendrier dans les écoles françaises

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Vous savez peut-être que l'Education Nationale réfléchit sur les moyens de faire respecter les valeurs de la République et en particulier tout ce qui relève à l'exercice de la laïcité.

Le cabinet de la Ministre a tellement reçu de courriers de protestation à propos des fêtes organisées dans les écoles juste avant les vacances de fin d'année qu'il a fallu prendre des mesures. On se plaint beaucoup en effet de la façon dont les enseignants parlent de Noël aux enfants.

S'ils se contentaient de décorer un sapin en faisant boire la fameuse boisson gazeuse qui popularisa la coutume ce ne serait pas très grave. Mais ils ont trop tendance à se lancer dans des chorales au cours desquelles on chante des cantiques où il est question de la naissance d'un bébé extraordinaire.

Inversement, la présidence de la République a été alertée sur les difficultés de certains français à faire accepter la pratique de leur jeûne dans les cantines scolaires au motif qu'il est religieux.

François Hollande, conseillé par sa nouvelle petite amie, a décidé de mettre tout le monde d'accord en revenant au calendrier qui était en vigueur jusqu'en 1564. Avant qu'un roi farfelu, Charles IX, choisit d'avancer le premier jour de l'année au 1er janvier. Jusque là, et selon le calendrier Julien, le Jour de l'an était le 25 mars, ce qui est logique puisqu'on entre alors dans le Printemps et tout le monde était heureux d'échanger des cadeaux ce jour-là.

Désormais la rentrée des classes aura lieu le premier avril. Les enfants ne seront donc plus perturbés ni par le changement d'heure, ni par ces absurdes fêtes de Noël qui seront interdites.

Les cantines scolaires devront composer durant tout le mois d'avril des menus à base uniquement de poisson ou de crustacés. Ainsi toutes les convictions seront respectées, à ceci près que certaines confessions devront abandonner leur calendrier variable et se satisfaire de pratiquer le jeûne au début de l'année. Un projet de loi devrait être voté ces jours-ci à l'Assemblée pour entrer en application d'ici douze mois.

Autre bonne nouvelle en cette période de crise, la nouvelle réglementation mettra fin également à la coutume des étrennes de janvier, ce qui permettra des économies substantielles.

La porte du secret de Christel Noir

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La lecture de La Porte du secret a provoqué étonnement  sur  étonnement. Marie se déplace à vélo dans Paris, comme je le faisais quotidiennement quand je travaillais dans la capitale. Elle vit à Montmartre et chaque rue citée évoque pour moi un souvenir même si je ne connais pas particulièrement de librairie au 10 place Goudeau.

Un peu plus loin Christel Noir fait débarquer Josh à Los Angeles et je le retrouve évidemment au Farmer's Market où j'ai moi aussi acheté des légumes. Pour le moment nous restons près de Marie qui est invitée en week-end en Normandie, dans cette jolie bourgade de Beuvron-en-Auge que j'aime tant. Bien entendu elle achète du pain brié chez le boulanger, lequel n'est pas nommément mentionné mais je suis sûre que c'est la maison Au bon Coin, tenue par la famille Ruquier dont j’adore le pain au cidre et aux pommes et qui m’avait consolée d’une expérience de chambre d’hôtes nettement désagréable.
L’auteure construit avec Marie un personnage attachant. La jeune femme est surdouée. Pourvue d'une mémoire eidétique ( Page 10) dite mémoire absolue, et qui est la faculté hypothétique de se souvenir d'une grande quantité d'images, de sons, ou d'objets dans leurs moindres détails. Comme Bonaparte et Gary Kasparov, Monet et Mozart, Amélie Nothomb et Marcel Pagnol... Tout dans sa vie est farfelu, c'est ainsi qu'elle reconnaît elle-même les choses. Mais tout est extrêmement vivant aussi. Jusqu'à ce qu'une sorte de grain de sable vienne chambouler l'ordre de son existence.

Je reprends mot pour mot l'explication de Marie à son amie Noémie: je te la fais courte. C'est un ange gardien débutant qui n'a pas le droit d'être ici et qui peut te faire voyager dans le temps.

L'ange a un nom. Elle surgit page 59 pour commencer un stage en compréhension humaine. Elle s’appelle Eloïse et c'est son sixième sens. Elle va faire prendre conscience à la jeune femme de bien des choses. Marie croyait jusque-là vivre son rêve alors qu'elle subissait une mémoire familiale invisible (page 102). Elle découvre que ce n'est peut-être qu'un palliatif pour échapper à la discorde entre ses parents. Pourtant elle aime ce qu'elle fait. Tenir cette librairie montmartroise ne semble pas relever de la corvée ni de l'abnégation.

J'ai pensé tout au long de cette lecture à d’autres ouvrages qui offrent des points de convergence. Frédérique Deghelt, avec les Brumes de l’apparence, Hugues Royer, avec Est-ce que tu m’entends, et même à Virginie Langlois, et son Anna des miracles sur le chemin de Saint Jacques. Bref à tous ces livres qui font état de forces différentes que certains estiment divines.

Le roman est facile à lire, très riche de références cinématographiques, historiques et  musicales (rien que la page 180 nous en fournit trois). On aimerait d’ailleurs  disposer d'un CD ou du moins de la liste récapitulative.

Le livre révèle néanmoins des faiblesses au fil des pages et je regrette de n’avoir pas eu l’opportunité d’en discuter avec Christel Noir. Le sujet des stations de métro fantômes aurait pu être traité de manière plus approfondie. Je n’ai pas très bien compris l’intérêt de la présence du cacochyme Crespin crachant par la fenêtre. Peut-être est-il là en contrepoint du très joli personnage d'Emile, muet mais qui "dit" tant de choses, par le regard, ses actions et au travers d'une lettre magnifique (page 279).

Il m'a semblé que le fil de l'histoire devenait plus ténu. Je l'ai parfois perdu malgré mon intérêt de départ. Sans doute mon côté trop cartésien. Pourtant l'auteur déjoue ce travers avec le personnage de Noémie plus difficile encore à convaincre que nous. L’adolescente fait en quelque sorte la leçon à la jeune femme  en lui ordonnant : Offre-toi le droit de vivre ce dont tu as envie !

Marie trouvera-t-elle le bonheur auprès de Josh ? Ce garçon est en état de gangrène affective (Page 124) et lui aussi vivra des synchronismes. Par exemple avec George, un chauffeur de taxi qui lui apprendra à lâcher prise en jouant au base ball. (page 182)

La vie possède deux portes, une pour entrer, une pour sortir (page 132). L'image est juste mais elle brouille un peu la compréhension du message. De quelle porte s'agit-il ? De la réserve d'objets ayant appartenu à son grand père Samuel et qu'elle n'ose pas ouvrir ? D'une autre issue ? De la porte qui sera décrite un peu plus loin page 143 ?

Je retiens (page  85) la définition du bonheur de Christel Noir, exprimée par la voix d’Eloise : le bonheur se trouve au bout de nos rêves ! Et les tout petits riens de ta vie, faits avec un infini amour, sont le bonheur.

Le sujet mérite qu'on s'y attarde. Je vais même vous faire demain une proposition concrète dans ce domaine.

La porte du secret de Christel Noir, Editions Heloise d'ormession, sortie en librairie le 2 avril 2015

Choisir le bonheur avec Gayelord Hauser

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Le bonheur devrait-il être cantonné à la sphère privée ? Jusqu'à récemment c'était une affaire personnelle. Mais après tout si une marque me propose de m'aider sur ce plan je suis capable d'adhérer et d'aller au delà de mes limites.

Gayelord Hauser a décidé de mettre à profit la compétence de Florence Servan Schreiber dans ce domaine pour concocter un programme cible et dont bénéficieront les consommatrices. Il n'a pas été question des hommes le soir de sa présentation mais je ne pense pas qu'ils en soient exclus, cela va de soi.

La bonne parole est aussi une bonne nouvelle. Il n'empêche qu'un cocktail de fruits et légumes rafraîchira les idées. J'hésite entre détoxication et bonne mine, peut être les deux ... Le bar à jus n'est pas alcoolisé et restera ouvert toute la soirée.

Mais là où je ne réfléchis pas longtemps c'est à l'invitation de Delphine Bourdet de suivre son atelier yoga version assise. Elle nous montre des postures très simples et tout à fait accessibles à des néophytes. On étire, on assouplit, on muscle en faisant attention de coller au maximum le nombril à la colonne vertébrale.
On poursuit avec des torsions main sur la hanche avant d'observer un profonde relâchement. Le plus important est d'intégrer la philosophie de vie du yoga qui consiste à préserver son énergie. Le concept de non violence s'applique en premier lieu à soi même. Dans le domaine culinaire cela consiste à se poser par exemple la question de savoir ce que je vais, en terme d'énergie, gagner ou perdre à manger un plat en sauce, à répondre à quelqu'un qui m'énerve.

On vise une harmonie du corps et de l'esprit. Delphine maîtrise de nombreuses techniques :qu'elle a acquises successivement : sophrologie, yoga, hypnose, méditation. 

La méditation est un état de dissociation très agréable. Quant à l'hypnose on n'imagine pas combien on peut être en état d'auto hypnose naturelle plusieurs fois par jour. Dès qu'on a l'esprit "ailleurs" en vérité.
Le yoga ne signifie pas qu'il faille rester dans le calme en permanence. Lorsqu'on est submergé par le stress il faut en premier lieu chasser la colère. Il est crucial de libérer l'énergie. Delphine fait d'ailleurs remarquer que la colère est une bonne énergie à l'inverse de la violence. Elle nous donne un truc pour faire relâcher la pression avec les enfants en les faisant crier dans l'eau d'une bassine. Rien de tel pour débrancher de la colère.

Certaines personnes compensent le stress par la gourmandise. Ce n'est pas recommandé mais les mini pizzas de Cécile, aliasBetty Nu Food sont tout simplement des concentrés de bonheur. La jeune femme, adepte de la Raw Food accorde une place majeure aux légumes. Elle cuisine sainement en évitant le gluten et le lactose.
Ses verrines avec les spaghettis de Konjac une vraie révélation. Bientôt je testerai ce produit moi-même, à la maison.

Son cheesecake était lui aussi ultra réussi.
Autre atelier-bonheur, le coloriage de mandalas qui seront accrochés sur un fil en alternance avec des matras très personnels.
Une mise en beauté des ongles s'impose car le bonheur doit se voir sur le bout des doigts. Sylvie a la patience requise et officie dans un espace particulièrement zen.
Le temps de fixer l'instant pour l'éternité devant un objectif photographique et nous sommes fin prêts pour écouter Florence. Je la connais mais c'est toujours avec un grand plaisir que je la retrouve. Son livre, 3 kifs par jour, avait vraiment modifié mon regard sur les choses. Il comporte des idées simples à mettre en oeuvre et réellement efficaces. J'ai donc entièrement confiance en elle.

Il se trouve qu'en 1954, la marque Gayelord Hauser a commencé à s'engager pour la beauté et le bien-être des femmes. Son credo a toujours été : "La diététique embellit le visage et le corps, mais aussi et surtout la vie".

Elle s’est appuyée sur les travaux du diététicien personnel des plus belles femmes du monde : Greta Garbo, Grace Kelly et plus tard Jeanne Moreau, et Ingrid Bergmann. Cet homme a mis en valeur très tôt le lien entre alimentation et santé. Il a révélé les bienfaits des vitamines contenues dans les aliments naturels, notamment les vitamines B de la levure de bière et les vitamines A du jus de carotte. Et au risque de me répéter ce qui est bon pour les femmes est naturellement bon aussi pour les hommes.
Accompagner les femmes vers le bonheur pour les années à venir est un programme qui s'inscrit dans la logique de la marque. C'est Florence qui a été choisie pour l'accomplir, ce qui est totalement légitime puisqu'elle se définit elle-même comme "professeur de bonheur". Invitée à traiter le sujet à l'intérieur de l'entreprise il est vite apparu que ce serait une évolution extraordinaire que d'en faire profiter les consommatrices de la marque.

Il ne s'agit pas d'un vœu pieux mais bien d'une démarche scientifique. On a commencé par faire évoluer les emballages en y imprimant des petits exercices qui sont censés mettre sur la voie du bonheur. C'est tout de même une révolution que d'amener la psychologie positive dans les rayons d'un supermarché !
Ainsi par exemple sur la boite des Petit Nature saveur Spéculoos on lit la recommandation de penser à un moment positif de la journée avant de s'endormir. Et sur celui des Galettes cacao coeur de lait (excellents à tel point qu'on déculpabilise en se disant qu'ils sont bons pour notre santé) la suggestion de les savourer dans un par en regardant ce qui nous entoure.
Le plus important reste à venir. Il consiste en un programme de 4 mois d'apprentissage  conçu comme un véritable voyage vers soi-même. Après cela notre cerveau aura appris à penser différemment, en l'occurrence progresser vers ce qui nous fait du bien. Car il est désormais prouvé qu'on peut modifier la façon dont le cerveau fonctionne, même à un âge dit avancé.

Le credo de la marque s’exprime dans la maxime suivante  Le bonheur est en nous, nourrissons-le, en s’appuyant sur l’idée que chaque femme détient les clés de son propre bonheur, grâce à son corps, son esprit et ses choix dans la vie de tous les jours. Le bonheur allie le plaisir, l’engagement et le sens.  Le plaisir de manger, l’engagement de prendre soin de soi et des siens, et le sens que nous procure le chemin vers notre potentiel.

Mieux nous nous sentons, plus nous percevons les merveilles qui nous entourent et plus nous rayonnons. Ce n’est pas le succès qui provoque le bonheur, mais le bonheur qui attire le succès.

Florence le formule un peu différemment : le bonheur ne s'apprend pas mais il se travaille. En gagnant en plaisir là où est le plaisir.

Elle s'engage à nous apprendre des choses au terme de missions qu'elle nous préconisera de faire. On pourrait tenter de se débrouiller tout seul (comme Freud qui a découvert la psychanalyse et qui s'est auto-analysé) mais on est beaucoup plus efficace en s'appuyant sur les expériences de ses voisins. Il est très utile en effet de voir comment les autres s'y prennent.

L'objectif est de devenir de plus en plus agile à percevoir le meilleur dans ce qui nous arrive. Apprendre à s'étonner, à savourer, à respirer, à se faire du bien et à faire du bien. Nous verrons qu'on a tous de la chance si on sait l'attraper.

Florence promet d'organiser notre système de soutien entre mai et septembre. Au travers d'un programme qui s'intitule "Choisir le bonheur".

La première séquence sera une web-conférence au cours de laquelle elle répondra aux questions qui lui auront été posées au préalable et aucune n'est stupide. Dès maintenant vous pouvez recenser les interrogations que vous avez envie de lui soumettre. Si je dis "vous" c'est que je vous propose moi aussi de vous inclure dans ce programme.

Envoyez les moi sur abrideabattue@orange.fr et je les transmettrai. Et je vous garantis une réponse personnelle si bien entendu vous n'oubliez pas de m'indiquer vos coordonnées. ceux qui voudraient demeurer anonymes peuvent écrire un commentaire qui sera publié sous cet article avec juste une mention de prénom.

L'inattendu de Claudie Pernusch chez Belfond

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Viviane rêve une famille qu’elle n’a pas ou pas su bâtir.

Elle est maintenant installée dans le chalet de son enfance, aux Mélèzes, en bordure d’une Lande qu’elle gratifie d’un L majuscule, ce qui donne l'occasion à Claudie Pernusch de nous offrir de jolis tableaux. On devine un environnement magique. Rien d’étonnant alors que le vœu de Viviane, un prénom de fée, soit exhaussé. Arrive Cosi, l'enfant qu'elle a toujours souhaité avoir.

J'ai lu ce nouveau roman de Claudie Pernusch aussi vite que le précédent, Une visite surprise, en mai 2013.

Il y avait déjà de l'impromptu, déjà un enfant tombé du ciel, déjà du suspense, déjà l'interrogation sur la parentalité. Nait-on père ou mère, ou le devient-on ? L’interrogation sur la filiation, qu’elle concerne le père ou la mère est une problématique centrale pour Claudie Pernusch, depuis très longtemps.

Dans chaque roman de cet auteur la nature occupe toujours une place de choix. Après la mer, voici la montagne. L'écriture d'un écrivain est un cocktail de sa propre vie. Je ne m’étonne pas de savoir qu’elle s’est inspiré de paysages qui existent près de Manchester où elle se rend souvent, chez des amis qui vivent réellement dans un cottage entourés de chevaux.

La description de la tourbière, page 233, est une de ses plus belles pages. J’aime moi aussi les pompons de la linaigrette et il est peu fréquent de la voir célébrée dans un roman. Et si je connais la plupart des espèces citées il y a tout de même l’andromède qui est une découverte.

C’est une jardinière qui a la plume verte. Son jardin est minuscule mais elle y fait pousser en plein Paris des azalées et des hortensias, une grosse boule de buis et de grands bambous, un oranger du Mexique et même un sapin.

S'agissant des oiseaux j'ai moi aussi été éblouie par l'activité des courlis cendrés dans le Bassin d'Arcachon lors de mes dernières vacances d'Automne.
Claudie Pernusch installe progressivement une sorte de climat insécure qui finit par gagner le lecteur. On pense à Paul Sheldon, l’écrivain reclus « pour son bien » dans un chalet de montagne par Stephen King, dans Misery. Et quand Viviane explique à Cosi le fonctionnement de la plante carnivore on se dit que ce n’est que la métaphore d’une relation malsaine.

L’inattendu, c’est d’abord le surgissement de cette jeune fille au prénom étrange, peut-être inspiré par le titre d’un opéra de Mozart. Mais si ce n’était que cela le mot aurait été orthographié au féminin. Ce sera une autre dimension.

La découverte du carnet intime de Cosi (cette découverte n’est sans doute pas fortuite car la jeune fille contrôle tout) suscite une sorte de diaporama, comme des arrêts sur images, souvent ponctués de haikus qui s’infiltrent avec légèreté dans le texte.

Tic. Tac. Tic. Tac. Les quatre mots deviennent une ritournelle inquiétante, sorte de compte à rebours d’un détonateur.

Si Viviane est en manque d’enfant, Cosi n’est pas en manque de mère. On pourrait presque affirmer le contraire. Une chose est sure cependant elle est inquiète sur la maternité. Et je pense, mais ce n’est qu’un avis personnel, la jeune fille est certainement effrayée à l’idée de reproduire avec son enfant la relation malsaine qu’elle a eue avec sa mère.

L’amour de Viviane est en ce sens salvateur pour Cosi qui apparaitra aux yeux d’entre vous comme une simple opportuniste.

Viviane comprend que la force de ses sentiments à l’égard de la jeune fille est démesurée mais elle décide de courir le risque, en assumant le prix à payer. Elle ne peut endiguer le trop-plein d’amour. Jusqu’à ce que, et la formule de Claudie Pernusch est très jolie (page 273), la réalité de la situation provoque le désamour : passage de la cécité à la loupe grossissante. Et nous approuvons l’auteur qui qualifie cet état d’effrayant.

Cosi veut rester libre. Pour rien au monde elle n’accepterait d’être mise sous cloche, même de verre, comme celle qui se trouve sur la couverture (l’auteur aurait volontiers ajouté un flocon de neige, à l’instar des boules où elle tournoie autour d’un monument). La fin va étonner, mais je ne dirais pas pour autant que Viviane a échoué dans son entreprise.

Claudie Pernusch a déjà commencé l’écriture du prochain roman C’est encore une femme seule, dans un paysage grandiose. Cette fois ce sont des collines méditerranéennes situées dans un cadre qui n’est pas précisé mais qui pourrait être dans les Alpes de haute Provence.

Arrivée à l’heure de la retraite, elle reste marquée par un chagrin d’amour dont elle ne s’est pas remise. C’est une femme de caractère prête à en découdre dès lors qu’une opinion heurte ses convictions. Le point de départ sera une affirmation dans le corps d’une petite annonce laissant entendre que les enseignants manquent parfois d’éducation.

Ce coup de sang la mettra face à une petite fille pulmonaire, privée de défenses immunitaires, ayant besoin d’une attention particulière et qui rompra une lourde solitude  … 

L'inattendu de Claudie Pernusch chez Belfond, en librairie le 2 avril 2015

Si je vous dis Edelweiss ... pensez-vous Bière ?

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Si je vous dis Edelweiss penserez vous que je vous parle d'une bière ? Sans doute non et vous aurez raison puisque derrière ce nom se cachent en fait trois variétés.

Heineken vient de les mettre dans son panier et a voulu les faire découvrir au cours d'une soirée. Rien de plus logique que d'avoir choisi la Terrass Kardinal, située sur le toit d'un immeuble.

On avait de là-haut une vue imprenable sur Notre Dame, au premier plan, sur le Sacré Cœur dans le lointain.

Il faisait frisquet mais des châles étaient disposés dans les fauteuils pour qu'on puisse garder les épaules au chaud si on avait laissé le manteau au vestiaire.

D'appétissantes odeurs de bagel grillé s'échappaient d'un chalet alors qu'un second offrait la possibilité de se régénérer en inspirant une bouffée de pur oxygène parfumé aux herbes des montagnes.
Edelweiss est une bière blanche. La gamme s'enrichit de deux nouvelles références qui seront disponibles à partir d'avril. L’Originale, douce et rafraîchissante est une bière à part. Elle est née au cœur des Alpes autrichiennes, dans un environnement préservé.

Bière blanche brassée avec du malt et de l'orge selon un savoir-faire datant de 1646, elle révèle un goût unique lié à la fermentation de ses levures et à l’ajout de notes d’herbes des montagnes qui rend son goût frais et équilibré reconnaissable dès la première gorgée.

À la différence de la technique brassicole belge, le procédé écarte tout ajout d’épices dans le brassin. Il privilégie les saveurs naturelles issues des fermentations des levures.

Non filtrée, sa robe d’un délicat blond pâle est légèrement troublée par des sédiments de blé en suspension. Fraîche, acidulée et équilibrée, elle est douce avec sa mousse blanche qui est d’une tenue exceptionnelle. Au nez, sa pointe d’acidité est contrebalancée par une fraîcheur fruitée. Elle révèle en fin de bouche un subtil goût de pomme.
A l'intérieur le groupe Evergreen a été fort applaudi.
Des chaises longues de toile rouge nous invitaient à faire une pause sous un plaid d'une blancheur immaculée, devant un écran vidéo. On se serait cru à la montagne. Chacun voyait alors la vie en rose. A la couleur de Edelweiss Fruits des Bois et Fleur de Sureau, une alliance savoureuse et réussie.

La subtilité des arômes de fruits des bois et les notes de la fleur de sureau subliment le malt de blé et d’orge brassé. La dégustation prend de la rondeur et gagne en gourmandise. La mousse est légèrement rosée... et attise la soif dès le premier regard. À la dégustation elle se révèle tout aussi raffinée associant la douceur aux arômes de blé et à une délicate acidité.
Le parfum fruits rouges et baies aura été prétexte à se régaler de cubes de fromages, enrobés d'une confiture de cerises noires agrémentés d'une fleur de bourrache.
Ceux qui ont expérimenté le dispositif Oculus ne doutaient plus d'être en haute montagne. J'ai apprécié de me prendre pour un oiseau volant au dessus des grands espaces. Et ce n'était pas une impression provoquée par l'emprise de l'alcool !
Des trois références ma préférence va à Edelweiss Zestes d’Agrumes et Touche de Miel. L’association entre la fraîcheur acidulée des zestes d’agrumes et la douceur du miel est une véritable surprise, très réussie. Le miel contrebalance parfaitement l'amertume du zeste. La mousse prend une teinte dorée, la bière est d’un beau jaune pâle, les arômes frais flattent le nez... On ressent, à la dégustation, une pointe d’acidité équilibrée par la douceur du miel.
Edelweiss crée l’événement en proposant à Inès Longevial de créer la box Edelweiss qui sera proposée en édition limitée au Drugstore Publicis à Paris à partir de mi-avril. Reconnue pour son talent, cette directrice artistique a déjà été remarquée pour son travail avec Nike, Man Woman, Amélie Pichard, Cheeky Boom, les Filles Et Les Garçons… Guidée par la passion de la peinture, Inès Longevial a étudié le graphisme à Toulouse et a très rapidement été repérée par le monde de la mode et de la presse pour son style propre.
L'objet qu'elle a imaginé est un coffret fleuri contenant les trois bières Edelweiss ainsi qu’une bougie également designée par elle, évoquant l’univers de la montagne.
Les graphistes du magazine Pauline n'ont pas démérité pour nous permettre de repartir avec un souvenir impérissable, ou quasiment, un sweat shirt calligraphié de la mention de notre choix. Parmi toutes les suggestions j'ai choisi Fleur rare ... Comme l'edelweiss ... cette délicate fleur blanche des montagnes pourtant particulièrement robuste.
Heineken est un brasseur qui a maintenant une proposition très large. Avec d’abord, sa bière internationale Heineken. Puis Desperados, une bière aromatisée à la tequila, inventée en Alsace par la brasserie Fischer, rachetée par Heineken en 1996, la marque a contribué à développer le segment des bières tendances prisées des jeunes. Vient ensuite, la bière d’abbaye Affligem. Et, enfin, Pelforth qui s’est développée sous une forme aromatisée et allégée en alcool, qualifiée de Radler.
Les trois bières blanches Edelweissétoffent la gamme. Elles ont tout ce qu'il faut pour séduire les consommateurs français au printemps avec le retour des beaux jours et des pique-niques.

Je rappelle que le concours de biérologie aborde bientôt les finales. J'invite les candidats à lire le compte-rendu que j'avais fait des épreuves l'année dernière.

Cendrillon de Joël Pommerat s'installe à la Piscine de Chatenay-Malabry (92)

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Si vous connaissez Joël Pommerat vous savez à quoi vous attendre et le spectacle ne vous décevra pas. Si vous n'avez encore rien vu de lui il suffira de quelques minutes de patience pour entrer dans son univers.

J'ai vu Cendrillon à sa création et je suis heureuse que les habitants de la banlieue Sud puissent, même avec plusieurs années de retard, le découvrir à leur tour.

Vous quitterez la salle à regret en vous promettant de ne pas louper le prochain opus. Vous pourrez toujours entretenir votre passion en visionnant une des captations de la COPAT puisque, depuis le 5 mars 2013, la Chambre froide est en effet disponible en DVD. La pièce avait reçu deux Molières en 2011, celui des Compagnies et celui du Meilleur auteur francophone vivant.

Son dernier spectacle, la réunification des deux Corées a été couronné au Palmarès du théâtre en recevant en 2013 le Prix du meilleur spectacle de théâtre public. Après Pinocchio et Le Petit Chaperon rouge il a revu et corrigé le mythe de Cendrillon il y a quatre ans.

En matière de conte, tout est affaire d'interprétation. Ainsi, avec une première partie semblable, Perrault et Grimm  nous donnait deux versions radicalement opposées du Petit chaperon rouge. Soit l'enfant meurt, soit elle recouvre la vie.

Joël Pommerat nous invite à considérer différemment le point de départ de l'histoire de Cendrillon, à savoir la mort de la mère. Pas de beaucoup, mais juste assez pour que la suite des évènements prenne une autre tournure. C'est comme s'il nous invitait à considérer les choses en les regardant à travers une loupe grossissant un détail, ce qui nous est littéralement donné à voir sur scène.
Je vais vous raconter une histoire d'il y a très longtemps... Tellement longtemps que je ne me rap- pelle plus si dans cette histoire c'est de moi qu'il s'agit ou bien de quelqu'un d'autre. J'ai eu une vie très longue. J'ai habité dans des pays tellement lointains qu'un jour j'ai même oublié la langue que ma mère m'avait apprise. Ma vie a été tellement longue et je suis devenue tellement âgée que mon corps est devenu aussi léger et transparent qu'une plume. Je peux encore parler mais uni- quement avec des gestes. Si vous avez assez d'imagination, je sais que vous pourrez m'entendre. Et peut-être même me comprendre. Alors je commence. Dans l'histoire que je vais raconter, les mots ont failli avoir des conséquences catastrophiques sur la vie d'une très jeune fille. Les mots sont très utiles, mais ils peuvent être aussi très dangereux.
La voix du narrateur (Marcella Carrara) nous met dans l'ambiance avec une tonalité particulière, un phrasé légèrement en décalage, et un accent italien presque ensorcelant qui nous mettent en condition de comprendre qu'un grain de sable, ou disons un malentendu, sera à l'origine de biens des problèmes.
La très jeune fille, autrement dit, Sandra, alias Cendrillon, (sensationnelle Deborah Rouach tout en énergie farouche et en naïve détermination) a tant d'imagination qu'elle s'invente la promesse, faite sur le lit de mort de sa mère, de penser à elle à chaque instant toute sa vie. Elle est persuadée que sa mère est quelque part, dans un ailleurs où elle se maintient en vie par cette pensée, et que si elle l'oublie trop longtemps ou trop souvent elle l'a fera mourir vraiment.

Joël Pommerat connait le poids du "souvenir de mémoire" dans notre inconscient. Il a imaginé que, chez un enfant, ce fantasme là est plus accentué encore et il a voulu bâtir une histoire qui mettrait en scène cela, loin de la vision romantique de Walt Disney.

Le metteur en scène a beaucoup d'intérêt pour les choses les plus difficiles à exprimer dans la vie de tous les jours. Il éprouve une fascination pour le conte, l'épure, les réflexions métaphysiques qui passent par une extrême simplicité. Avec lui les choses n'ont pas à être justifiées mais juste racontées, dans une forme qui relie innocence et profondeur des choses.

Je pourrais vous raconter l'histoire. Vous pourriez la lire tout seul (le texte est publié chez Actes Sud-Papiers). Ce serait vous priver de la magie de la mise en scène. La langue de Pommerat est faite pour être entendue et vécue.

L'espace est un huis clos cerné par les images projetées par Renaud Rubiano comme un papier peint évolutif sur les trois cotés de la scène, plaçant le spectateur en pleine illusion. Fantasmes et réalités s'entrechoquent jusqu'au dénouement final, lui aussi décalé.
Entre-temps la très jeune fille aura traversé les épreuves qu'elle-même s'est infligée, avec un masochisme obstiné qui en devient presque comique. Elle aura reçu l'aide maladroite d'une fée. Aveuglé en ce qui la concerne elle sera par contre clairvoyante sur la situation d'un autre orphelin, ce qui lui rendra possible la compréhension de ses propres erreurs.
Chaque détail compte. tout est indice, y compris la distribution des rôles. Il n'est pas certain que l'on comprenne la même chose à 8 ans et à 88 mais ce qui est sûr c'est que cette Cendrillon parlera à chacun.

Cendrillon de Joël Pommerat
A voir du 8 jusqu'au 12 avril au Théâtre La Piscine
254, avenue de la Division Leclerc – 92290 Châtenay-Malabry
Mercredi 8  avril à 20h
Jeudi 9 et vendredi 10 avril à 19h30
Samedi 11 à 20 heures
et Dimanche 12 à 17 heures
Garde d'enfants gratuite, le dimanche 12, sur réservation (48h à l'avance) : 01 41 87 20 84

A lire Cendrillon de Joël Pommerat, Actes Sud-Papiers, coll. Heyoka Jeunesse, 2012.

A SAVOIR : POUR DES RAISONS TECHNIQUES LES RETARDATAIRES NE POURRONT EN AUCUN CAS ÊTRE ADMIS.

Selma, premier film consacré à Martin Luther King, magistral !

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Selma ! Le nom n'évoque pas grand chose pour moi, et sans doute pas davantage pour vous. J'espère qu'aux États Unis il est associé à Martin Luther Kinger comme le sel à Gandhi.

Cet homme est de la veine des Mandela, Aung San Suu Kyi et autres non violents qui sont restés dans leur ligne d'action malgré les violences subies sur leur peuple.

Le film retrace un épisode de la lutte du peuple noir pour l'obtention du droit de vote. Plus précisément pour l'application de la loi accordant ce droit aux noirs.

Cette lutte historique a été menée par le Dr Martin Luther King pour garantir le droit de vote à tous les citoyens. Au prix d'une dangereuse et terrifiante campagne qui s’est achevée par une longue marche, depuis la ville de Selma jusqu’à celle de Montgomery, en Alabama, et au terme de laquelle le président Jonhson a signé la loi sur le droit de vote en 1965.

Selma démarre quatre mois après l'assassinat de Kennedy. Johnson venait d'être élu à une majorité écrasante. Le droit de vote avait été voté mais il subsistait des bastions où les blancs n'avaient pas digéré le progrès.

Pendant plus de deux heures (mais on ne relâche notre tension à aucun moment) nous partageons la colère de ces gens qui n'avaient pour arme que leur propre corps. On prend cette leçon d'humanité en pleine conscience.

Je savais combien Rosa Park avait été déterminante dans la capitulation de la ségrégation. Je connais les exactions commises le Ku Klux Klan. La lecture de la Couleur des sentiments nous en avait appris beaucoup sur ce que fut le quotidien des familles de couleur dans le Sud américain.

Tout n'avait pas été dit. Et, on a beau dire, nous sommes de l'autre côté de l'Atlantique. Au pays des droits de l'homme, et même s'il n'est pas parfait, on ne peut pas imaginer qu'un tel degré d'humiliation ait pu paraître "normal" jusqu'à ce que mort s'ensuive en toute impunité.

Le réalisateur pointe la psychologie aussi bien de la communauté noire que des politiques (blancs). Sans doute le film est-il encore plus percutant maintenant qu'Obama est arrivé au pouvoir suprême.

N'empêche que c'est un uppercut et je comprends qu'un jour férié ait été ajouté au calendrier américain, le troisième lundi du mois de janvier, pour que jamais on n'oublie ce que l'on doit à Martin Luther King. Cet homme au nom magnifique, résonnant comme un cri de guerre, cumulait les compétences. En particulier celle de pouvoir discuter et argumenter d'égal à égal directement avec le président.

J'ignore si les conversations qui sont mises en scène dans le film sont rigoureusement exactes mais elles sont exemplaires de la détermination de l'un et de la couardise de l'autre. La non violence seule n'aurait pas suffit.

Il faut retenir de l'histoire que cet homme n'aurait pas non plus réussi s'il n'y avait pas eu un groupe autour de lui, soudé à l'extrême, même s'il y a des tensions et des mésententes momentanées. L'appui de sa femme fut lui aussi déterminant. Comme derrière chaque grand homme.

Les acteurs sont fabuleux. Le cadre est d'une maîtrise exceptionnelle. On est au coeur de l'action. Secoué par la bombe qui pulvérise un escalier. Tremblant d'effroi sous les coups des policiers. Ne sachant où fuir quand les chevaux foncent sur la foule.

Ce qui est touchant c'est que l'on sent davantage la détermination que la révolte. La volonté plus que la revanche. C'est sans doute ce qui a permis au mouvement de réussir en ralliant d'une part l'ensemble de l'opinion publique et un aussi grand nombre de blancs. Car à partir du moment où les marches ont associé des blancs il devenait difficile à la police d'employer les mêmes méthodes de dispersion.

L'appui de personnalités comme Joan Baez, Peter Paul and Mary ou Pete Seeger ( dont on aperçoit le visage sur des images d'archives) a du compter énormément.

Je recommande de voir le film en version originale, évidemment. Pour percevoir les différences d'accent, et de manière de s'exprimer selon la condition sociale et géopolitique. Pour entendre aussi qu'on ne dit pas "black" mais "negro". On sait que le peuple noir chantait des negros spirituals mais on ne faisait pas nécessairement le rapprochement avec la racine étymologique. Et Dieu sait comme le mot nègre à une connotation raciste.

Voir qu'il fallait indiquer sa race sur le formulaire d'inscription aux listes électorales (alors qu'en France on supplie presque les citoyens de devenir électeurs) semble relever d'un autre monde. Le réalisateur commence astucieusement par la cérémonie de remise du Prix Nobel de la Paix et on mesure l'écrit de traitement entre cet instant et les méthodes policières.

Les acteurs sont simplement magnifiques. On éprouve une très forte empathie pour les uns et on a envie de gifler les autres, en particulier Tim Roth qui a le difficile rôle du Gouverneur George Wallace.

La musique occupe une place de choix. La chanson originale Glory orchestrée par le chanteur et pianiste américain John Legend et le rappeur Common, a remporté l'Oscar de la Meilleure chanson le 22 février 2015. Elle est très moderne, avec son rythme hip-hop sur lequel le rappeur parle de liberté et de justice.

Le pianiste de jazz américain Jason Moran est aux commandes de la musique sur trois titres : "Cager Lee", "Final Speech" et "Bloody Sunday Parts 1-3". Dans la bande originale, on retrouve aussi un florilège de titres de légende signés Otis Redding et The Impressions (avec Keep on Pushing de 1964), ou encore de Fink, Sister Gertrude Morgan, Ledisi, Martha Bass.

On  entend aussi "Take My Hand, Precious Lord"qui est un gospel qui était la chanson préférée de Martin Luther King. Il a souvent sollicité Mahalia Jackson pour l'interpréter au cours des marches. Ce sont ces paroles là qu'il a demandé juste avant de mourir pour accompagner ses funérailles.

J'espère que vous serez nombreux à voir le film qui est le premier consacré à cette immense personnalité.

Esprit des Sens s'installe un soir au Purgatoire

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Information ou communication ? On peut se sentir parfois le clavier entre deux extrêmes, en particulier quand nous sommes invités à la présentation de nouveautés.

Chacun fait en son âme et conscience, selon l'expression consacrée.

J'ai pour règle en tout cas de ne parler que de ce qui me plait.

Et ce soir j'ai apprécié la faconde joviale du cuisinier italien nous vantant les meilleures pâtes du monde, les Garofaloforcément italiennes, napolitaines de surcroît, parce que l'air y était très favorable pour sécher doucement les pâtes.

Il avait investi la cuisine d'Alain Cirelli, dans l'espace du Purgatoire, rue de Paradis à Paris.
C'était sans doute encore vrai au siècle dernier mais aujourd'hui personne ne croira qu'on les étend encore sous des hangars fraîchement ventilés par l'air marin comme il y a 250 ans, quand la marque a vu le jour.
Par contre je veux bien comprendre que l'emploi de filières en bronze permette, de par la porosité du métal, des imperfections sur lesquels la sauce accrochera mieux qu'avec des pâtes parfaitement lisses. Il est utile de rappeler d'arrêter la cuisson deux minutes plus tôt parce que l'ajout de la sauce finira de cuire l'ensemble.
J'ai appris un truc goûteux pour servir le plat : le saupoudrer d'une chapelure toastée et enrichie de zestes d'orange et de romarin haché. Ne reste qu'à ajouter quelques câpres, des filets d'anchois déliés à l'huile d'olive, et un mélange de sauge et de menthe hachées pour avoir un nid de Linguines et en prime le soleil dans son assiette.
J'ai goûté des Fusillone au potimarron et provola, très gourmandes en raison d'abord de leur taille. Et puis, comme toutes les pâtes Garofalo, une fermeté due à la sélection de semoule de blé. J'ajouterai qu'il y a une recherche de design toujours amusante, en particulier avec les radiatori géométriques que j'ai hâte d'expérimenter.
Peut-être avec des tranches de Tendre bœuf séché d'Aoste parce que cette viande est franchement très très bonne. Alors que sa voisine des Grisons, fort comparable, est plutôt poivrée, on a ici un léger goût citronné fort agréable.
Je ne dirai pas grand chose des autres nouveautés de cette marque, mon estomac ayant vite atteint ses limites.
Par contre c'est avec amusement que j'ai croqué dans les krisprolls en me rappelant de ce qu'Anna avait dit de la cuisine suédoise.
La dérision était au programme, nous permettant de nous croire reine de la fête ou "ham sensible".
Les travaux manuels eurent leur place, et pourquoi pas. J'ai customisé une planchette en suivant les conseils d'Emilie du blog Atelier Griottes. Je me suis exercée à la calligraphie avec Bruno Gigarelle qui nous a prêté ses outils professionnels. Décidément cet art est tendance puisque la veille les graphistes de Paulette avaient sans relâche écrit sur des sweat-shirts pour les invités de la soirée Edelweiss.
La grande découverte fut Bonneterre dont j'ignorais l'existence jusque là. J'ai du pain sur ma planchette si n'ambitionne de connaître chacune de leurs 500 références, toutes bio comme il en doit. Leur chocolat au caramel beurre salé et leur mendiant sont à se damner.
Leurs jus de fruits sont à la hauteur de ceux d'Alain Millat qui pour moi est la référence haut de gamme incontestée.
Et j'ai gouté aussi avec surprise l'eau des Abatilles qui m'a rappelé mes  dernières vacances à Arcachon, à quelques centaines de mètres de la source.


Cuisinart présentait une nouvelle plancha, idéale parce qu'elle sert conçue pour cuire des aliments selon deux températures différentes, une sur la moitié gauche de l'appareil, une autre sur la partie droite.

La soirée est certes moins ambitieuse qu'une Journée Marmiton mais nettement plus conviviale et au final absolument pas déceptive. Je n'ai pas lu les commentaires accrochés au bouquet d'or mais je suis sûre qu'ils furent positifs et élogieux pour les organisateurs.

Une belle fin de Uberto Pasolini arrive en salle le 15 avril

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Les spectateurs du dernier Festival Paysages de cinéastes avaient vu en avant-première Une belle fin, un film anglais tourné par le petit fils de Visconti.

Ce n'est pas parce qu'on s'appelle Pasolini que l'on est prédestiné à faire du cinéma. Ni que l'on appartient à la même famille que Pier Paolo ... Uberto est, cependant, le petit-neveu de Visconti, ce qui n'aide pas davantage, fait remarquer le réalisateur au cours des interviews qu'il a consenties.

Le titre anglais, Still life, qui aurait pu être traduit littéralement "nature morte" est sans doute plus juste que l'intitulé français. On sent dans ce film l'humour très particulier que l'on dit anglais, même si le réalisateur tient à souligner son coté "italien". C'est d'ailleurs dans ce pays que le tournage a eu lieu.

Modeste fonctionnaire dans une banlieue de Londres, John May se passionne pour son travail. Quand une personne décède sans famille connue, c’est à lui de retrouver des proches. Malgré sa bonne volonté, il est toujours seul aux funérailles, à rédiger méticuleusement les éloges des disparus… Jusqu'au jour où atterrit sur son bureau un dossier qui va bouleverser sa vie : celui de Billy Stoke, son propre voisin.

J'avais remarqué qu'en guise de musique nous avions entendu les titres choisis pour accompagner les différents rites funéraires. La fin a dérouté nombre d'entre nous, déçus que le film ne se "termine pas bien", faisant mentir la promesse du titre. Question de point de vue. En tout cas la métamorphose du personnage qui s'ouvre au monde est une prouesse du comédien Eddie Marsan. Il a été couronné meilleur acteur au Festival d'Edimbourg.

C'est un long-métrage singulier, poétique, qui aborde des sujets graves (la solitude, la mort) avec un souffle d'espoir inspirant. Il avait obtenu le Prix du public au festival de Chatenay.

Timbuktu de Abderrahmane Sissako

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Le film avait été présenté en avant-première au Festival Paysages de Cinéastes en septembre 2014, trois mois avant sa sortie officielle le10 décembre.

Le drame filmé par parAbderrahmane Sissako est à comprendre comme un conte même si le scénario fait écho à des évènements hélas plausibles. 
Non loin de Tombouctou tombée sous le joug des extrémistes religieux, Kidane  mène une vie simple et paisible dans les dunes, entouré de sa femme Satima, sa fille Toya et de Issan, son petit berger âgé de 12 ans.En ville, les habitants subissent, impuissants, le régime de terreur des djihadistes qui ont pris leur foi en otage. Musique et football sont interdits… Les femmes sont devenues des ombres qui tentent de résister avec dignité. Des tribunaux improvisés rendent chaque jour leurs sentences absurdes et tragiques.Kidane et les siens semblent un temps épargnés par le chaos de Tombouctou. Mais leur destin bascule le jour où Kidane tue accidentellement Amadou le pêcheur. Il doit alors faire face aux nouvelles lois de ces occupants venus d’ailleurs…
La salle du Rex était très remplie pour voir ou revoir le film... malgré le soleil éblouissant de cet après midi. Il faut dire que son couronnement par 7 César avait de quoi motiver.

Abderrahmane Sissako a parfaitement associé les images que nous avons tous en tête avec des éléments réalistes inspirés d'évènements réels. Sa caméra filme l'horreur avec beaucoup d'humanité, ce qui a pour effet qu'on demeure extrêmement attentif, même face à l'insoutenable comme une punition de 40 coups de fouet en public ou l'esquisse d'une scène de lapidation.

On comprend que l'on est face à une oeuvre de fiction qui n'a pas pour ambition de se faire passer pour un documentaire. C'est important à souligner. Certaines personnes ont dû l'oublier parce que le débat qui a suivi dans la salle autour du vivre ensemble a failli plusieurs fois déraper sur ce terrain.

Les images sont saisissantes. Sous couvert d'une très belle aventure humaine, qui est une histoire d'amour entre Kidane et Satima, le réalisateur met en lumières une situation politique très compliquée  en transmettant le message qu'il faut continuer à vivre.

Je retiens plusieurs moments très forts. La scène où l'iman interroge avec douceur deux fanatiques, leur demandant si faire le djihad dispense de retirer ses chaussures pour marcher sur le tapis de la mosquée et en quoi cela permettrait le port d'armes à l'intérieur d'un lieu de prières.

Les personnages expriment leur colère, leur indignation, mais aussi la fatalité inhérente à leurs convictions religieuses : ce qui doit arriver arrivera / Advienne que pourra / Je ne peux pas empêcher le destin.

Ils demeurent toujours dignes et déterminés. C'est Satima qui repousse les avances d'un intégriste. C'est Kidane affirmant que l'humiliation doit cesser. Ce sont les jeunes qui jouent au football sans ballon. C'est une marchande de poissons qui n'imagine pas travailler en portant des gants et qui tend ses mains prête à se les faire trancher plutôt que céder. C'est encore Zabou, ancienne danseuse du crazy-horse qui peut se promener sans se couvrir la tête, chanter, danser, fumer, cajoler son coq sans  avoir rien à craindre, sans doute parce que sa folie la protège.

Par opposition les "justiciers" sont ridicules avec leur gilet brodé "police islamique" dans le dos, leurs rondes à moto, toujours précédés d'un âne, symbole d'ignorance et de bêtise. La métaphore ne peut être fortuite. Ce serait grotesque si ce n'était pas si proche du réel. Et comme la transe du djihadiste envouté par Zabou est elle aussi lourde de sens.

Tout est interdit mais l'amour est plus fort que tout. Satima rejoindra Kidane et Abdelkrim ne parviendra pas à lui voler sa femme.

Le débat qui a suivi le film a davantage été l'expression de paroles personnelles que le fruit d'un véritable échange. On sent combien le sujet est lourd et porteur d'angoisses. On n'osa pas dénoncer le manque de convictions religieuses des djihadistes qui fument, mentent, trichent en brandissant leur pseudo légalité qui n'est que celle de la terreur. On sait combien ils sont capables, dans la vraie vie de détruire par ignorance, fanatisme, parfois par barbarie.

Le réalisateur s'est bien entendu appuyé sur des faits réels. En juillet 2012, dans la petite ville d’Aguelhok au Mali, un couple d’une trentaine d’années a été placé dans deux trous creusés dans le sol en place publique, puis lapidé. Dans ce village contrôlé par des hommes, leur unique faute a été d’avoir eu des enfants hors mariage. Ce n'est pas tout, puisque l'histoire de Kidane est inspirée de l'exécution d'un Touareg sur la Place de Tombouctou.

Le film dénonce tout cela mais il est porteur d'espoir. J'en veux pour preuve le jeune homme embrigadé qui ne peut s'affranchir de ses convictions pour enregistrer un clip de propagande  ou encore la gazelle que l'on cherche à épuiser mais qui à la fin continue à vivre.

On aurait pu craindre que le metteur en scène ait eu des ennuis depuis le film, qui a sans doute aussi été vu par les extrémistes. Il semblerait que non. Il joue en ce moment un rôle de conseiller du président de Mauritanie.

J'ai déjeuné chez Pierre Sang Boyer

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A force d'en rêver je l'ai fait ... profitant d'un passage pas très loin de ses restaurants, à l'heure du déjeuner. Parce que, et c'est le conseil que je donne souvent, le prix d'un repas va du simple au double selon qu'on le prend le midi ou le soir, et l'écart est d'autant plus sensible que l'établissement est haut de gamme.

J'avais été bluffée par la gentillesse de Pierre Sangà l'occasion d'un festival Omnivore. J'avais gouté sa cuisine en mini-portions et je m'étais jurée d'aller m'asseoir au bar pour vivre l'expérience "en live".

N'allez pas croire que j'ai oublié de mentionner le nom du restaurant.

Il n'y a pas d'enseigne comme vous pouvez le constater sur les photos des extérieurs. Inutile que j'associe le lien vers le site du cuisinier. Vous n'y trouverez pas davantage une indication de menu. Et pour cause : il n'y en pas. Le menu est imposé et change selon le marché.

Que ce soit dans l'un ou l'autre, "free style" est le credo de la brigade. Pas d’inquiétude si vous avez des allergies ou des intolérances, la question vous sera posée avant même de vous demander à quelle formule vous avez optez : 2 plats (entrée-plat ou plat-dessert) pour 20 €, 3 plats (entrée-plat-dessert) pour 25 € ou 5 plats pour 35 €.

Les plats ne sont pas les mêmes d'un jour à l'autre, ni même entre le déjeuner et le dîner de la journée, voire même au cours d'un service. Ce n'est donc pas forcément ce qui est cuisiné sous vos yeux qui sera disposé tout à l'heure dans votre assiette. La surprise est reine. Mais ce sera bon, quelle que soit l'association.
C'est un réflexe logique : le français commence par grignoter du pain. Chez Pierre Sang le geste n'est est quasi sacré. Il a choisi le pain bio du Comptoir Gana, qui officie au 54 de la même rue Oberkampf. Coupé en tranches épaisses, et tartiné de beurre demi-sel c'est ... une expérience à faire. La famille Ganachaud mérite une médaille et je vous recommande d'aller acheter de quoi continuer à vous régaler à la maison.

Le dimanche Gana étant fermé c'est le pain de Landemaine (encore un boulanger que je plébiscite) qui sera posé sur le comptoir.

J'ai lu quelque part que le jeune chef talentueux (finaliste de Top Chef 2011, il fallait aller jusque là !) s'était entouré d'une équipe jeune, compétente et motivée, qui partage sa "philosophie culinaire". ce n'est pas tout à fait exact. Ils sont 4 à se connaitre depuis plus de dix ans. L'histoire a commencé à Londres. Elles est jolie : ils avaient fait un soir le voeu de travailler ensemble, se disant que ce serait "cool" ... Pierre sang fut le premier à avoir l'opportunité de créer son restaurant. Il a fait venir les autres mousquetaires au fur et à mesure de leurs disponibilités.

Aucune jalousie ne filtre de la brigade, bien au contraire. Ils sont même prêts à accueillir de nouveaux collègues avec impatience. Florent, désormais directeur de la salle, est heureux que Pierre ait réussi à concrétiser leur projet en leur permettant de "s'éclater ensemble". Je souligne cet état d'esprit parce qu'il transpire des fourneaux en découplant le plaisir du client à se régaler.
Maxime m'avait fait découvrir un superbe vin à Omnivore. Cette fois c'est avec un verre d'Alsace 2012 de Marcel Deiss que le repas démarre. La robe révèle une belle couleur miel. L'assemblage de 13 cépages, tous récoltés sur les terres du vigneron alsacien, est à mon avis très équilibré et très parfumé, sans trop, ce qui permet de le conserver tout au long du déjeuner.

Nous sommes cote à cote au comptoir, savourant vin et pain ... Voici la première assiette déposée devant nous sans commentaire, car c'est au convive de se faire son opinion d'abord. On vous donnera la composition plus tard.
Vous ne pouvez pas piocher alors je vous dis de quoi il s'agit : saumon confit, brocolis, chou-fleur, grenade, salicorne, minuscules petites boules vertes de topico et une feuille d'huitre très iodée.
On mange quasi religieusement tout en suivant les gestes de Pierre Sang, ultra concentré, qui cuisine lui-même (comme quoi cela existe des "grands" chefs présents dans leur restaurant), sortant des betteraves cuites au four sur un lit de gros sel.
Deuxième assiette. ce sera de l'agneau, après une cuisson parfaite, posé sur une purée détendue au bouillon et allongé de polenta. Avec un oignon rôti éclaté.
La salle est en constante communication avec les chefs qui préviennent du changement de plat. Le rapport habituel des restaurants est inversé.

Si vous avez choisi la formule complète vous pourrez comprendre combien l'association pamplemousse-yuzu-pointe de miel va bien avec le fromage de Cantal. Cela change de la confiture de  fruits rouges. Quant au fondant du Cantal on peut faire confiance à Pierre Sang qui, bien que d'origine coréenne, se revendique auvergnat, à juste titre puisqu'il a grandi en Haute Loire. Toujours souriant, il s'enquiert régulièrement de ce que l'on pense, manifestement soucieux de faire plaisir.

Les clins d'oeil aux deux cultures sont discrets, mais bien présents. Toilettes est écrit aussi en coréen sur le mur noir. Et dans celles-ci vous trouverez un panier de livres aussi différents que la cuisine de l'amour ou le traité de cuisine moléculaire d'Hervé This.
Le dessert est frais. C'est une mousse de citron vert et noix de coco pour arrondir l'acidité du sorbet yuzu. Le goût d'orange amère est discret, contrebalancé par celui de la fraise et de l'abricot en tuile caramélisée. La feuille d'estragon surprend très intelligemment.

Le soleil entre dans la salle en fin de service. Chacun est heureux du moment passé. L'équipe commence doucement la mise en place pour le dîner avec toujours la même contrainte, celle de la créativité. C'est ce qui assure le succès ici depuis l'ouverture, en 2012.
C'est presque la même recette à quelques mètres, en s'enfonçant dans la rue Gambey, dans un espace tout autant anonyme. S'il n'y avait pas une table avec les ardoises sur le trottoir on ne songerait pas à pousser la porte.
Le décor est semblable, peut-être un peu plus raffiné pour un dîner, mais on peut s'y régaler aussi pour moins de 10 euros le midi avec un plat unique coréen.
On y trouve aussi bien entendu le même pain, le même beurre, le même fromage.
C'est là que le samedi Pierre Sang donne un cours de cuisine ... Mais ceci est une autre histoire ...

Pierre Sang Boyer
Du mardi au samedi : 12h - 14h30 / 19h - 22h30
Sans réservation sauf pour les groupes de 6 personnes ou plus
55 rue Oberkampf - 75011 Paris 
Midi & Soir, 7 jours sur 7
et à moins de 50 mètres, 6 rue Gambey - 75011 Paris
Midi & Soir du Mardi au Samedi

Felice Varini expose à La Villette en suites jusqu'au 13 septembre 2015

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Je ne sais pas si on peut parler de "rencontre"à propos d'une oeuvre ... Sans doute. Surtout lorsque la confrontation est la résultante d'un déplacement. Ce fut le cas lors de ma première visite du Silo de Marines face aux Trois carrés évidés, rouge, jaune, bleu, pièce créés pour cet espace en 2011.


Felice Varini y est revenu deux ans plus tard pour exécuter, toujours pour les propriétaires de cet endroit d'exception, Françoise et Jean-Pierre Billarant, ce Pentagone dans le pentagone dans le pentagone.

Il me semble que depuis je pourrais reconnaitre une de ces oeuvres où qu'elle soit.

J'ai donc été alertée par l'activité qui se tramait dans le Pavillon Paul Delouvrier du Parc de la Villette il y a quelques jours alors que je m'y baladais. J'ai fait quelques clichés, à peine "volés" depuis l'extérieur.
Une oeuvre de Felice Varini doit se traverser, pour rejoindre l'exact point de vue à partir duquel elle a été composée, avant de s'en éloigner pour faire varier le regard, puis y revenir ensuite. Un peu comme on opérerait une mise au point avec un appareil photo.
Le tableau n'est complet que lorsqu'il est regardé. Car aucune oeuvre ne peut vivre sans spectateur. Je dirais même sans "acteur" parce que notre regard ne doit pas demeurer passif. Je me souviens  de la parole de Madame Billarant expliquant que face à une oeuvre il n'était pas question d'aimer mais de comprendre.

C'est tout à fait juste et l'idéal est de plonger dans l'exercice avec l'artiste lui-même.

C'est ce que j'ai eu la chance de faire ce soir, et en sa compagnie. Il a accepté de répondre à quelques questions. Ses réponses éclairent son travail et je vous invite ardemment à le découvrir à votre tour, d'autant que l'accès est gratuit.


Visitez vous les lieux avant de commencer ?
Oui bien sûr. J'étais venu ici il y a deux ans et je suis revenu plusieurs fois. J'hésitais sur les espaces. La Cité de la Musique à finalement été écartée. Le grand passage le long de la Grande Halle s'est affirmé comme une évidence. C'est un lieu magnifique, très fort, et pourtant pas si invitant que ça au départ même s'il est aujourd'hui très séduisant. Et j'avoue que pour ce pavillon j'ai beaucoup trainé. Il me plait de prendre les décisions le plus tard possible.
Comment la photo de l'affiche a-t-elle été choisie ?
C'est celle d'une œuvre précédente, et pour cause car rien n'est jamais répété à l'identique. Quand une œuvre ( mais l'artiste emploie exclusivement le terme de pièce) doit être re-produite ailleurs alors moi même je deviens l'interprète de ma première pièce dans la deuxième actualisation.

Vous faites souvent des références au monde musical ... 
Chaque pièce suit un protocole qui est comparable effectivement à la musique. Moi même je deviens l'interprète de ma première pièce dans la seconde actualisation. Un peu comme la musique. La pièce peut continuer sa vie ailleurs. Le même morceau de musique aura un rendu différent selon qu'il sera chanté a capella ou avec un orchestre.

Comment travaillez-vous ? Et y-a-t-il un endroit où vous rêveriez d'intervenir ?
Felice Varini répond en éludant : je prends des bains ; je ferme les yeux... Ce qui m'intéresse c'est l'artefact. Je ne remplis pas mon tiroir de projets. C'est à chaque fois des lieux que je ne désirais pas nécessairement mais auxquels je me suis confronté. Un jour dans doute j'irai jusqu'à pétiller.
Plus sérieusement je parcours le lieu en relevant son architecture, ses matériaux, son histoire et sa fonction. A partir de ses différentes données spatiales et en référence à la dernière pièce que j'ai réalisée, je définis un point de vue autour duquel mon intervention prend forme.

On append qu'il utilise des photos, qu'il fait de moins en moins de dessins. Qu'un tel projet requiert une quinzaine de personnes.

J'appelle point de vue un point de l'espace que je choisis avec précision : il est généralement situé à hauteur de mes yeux et localisé de préférence sur un passage obligé, par exemple une ouverture entre une pièce et une autre, un palier, etc. Je n'en fais cependant pas une règle car tous les espaces n'ont pas systématiquement un parcours évident. Le choix est souvent arbitraire.

Y a t-il des endroits que vous n'avez pas voulu investir ?
Mon refus serait davantage motivé par des personnes que par des lieux. Disons qu'il arrive que je n'ai pas le temps d'aller là ou là. Mais a priori tout m'intéresse. J'ai quitté mon atelier pour aller travailler dans l'espace. Et ce travail évolue d'un projet à l'autre.
S'agissant des couleurs ?
Je n'emploie que les couleurs primaires. Parce qu'elles s'affirment par leur justesse. Elles servent la pièce comme le marbre sert la sculpture. Elles doivent "faire la pièce" et identifier le lieu. A la fin je suis presque devenu décorateur du lieu.
On remarque que ces couleurs, jaune, rouge et bleu, sont très présentes dans le Parc de la Villette, comme on peut le constater sur ce cliché.

Comment vous êtes vous senti ici dans le pavillon ?
C'est un drôle d'espace mais j'ai fini par y trouver des qualités et finalement je m'y trouve très bien. C'est pas le White Cube rassurant (une galerie londonienne d'art contemporain aux proportions idéales) . Les lumières changent tout au long de la journée. En ce moment l'éclairage n'est pas actif mais après la tombée de la nuit il faudra revenir et l'atmosphère sera sans doute très différente. Et puis il y a une quantité de colonnes inimaginable. Tous les défauts, je les ai finalement utilisés.
Avez vous suivi un ordre ?
J'ai terminé avec cet espace où j'ai choisi 7 colonnes. La hauteur d'une colonne donne la longueur du carré.

De fait la pièce s'intitule Sept carrés pour sept colonnes, La Villette - Paris, 2015

J'ai commencé par ce panoramique rouge à partir d'un point de vue à 90°. La pièce se compose de 14 triangles évidés par des disques qui épousent tout l'intérieur du bâtiment, s'élèvent en direction du sommet du plafond vers des points comme les déclencheurs des systèmes de sécurité ou les éclairages de service.
Un cartel minuscule, placé face à l'entrée et qui pourrait passer inaperçu, mentionne Quatorze triangles percés/penchés, La Villette - Paris, 2015
Ensuite avec cet angle de 30° de quatre couleurs. Chaque forme s'installe sur une ligne du plafond, une poutre ... Après j'évide pour suivre le trapèze que j'évide à son tour ... C'est un dispositif organisé. Dès qu'on le quitte tout peut arriver et apparaître ...
Le cartel fixé à coté du précédent mentionne sobrement : Rouge jaune noir bleu entre les disques et les trapèzes, La Villette - Paris, 2015
La photographie ne rend pas complètement compte des dimensions plutôt considérables. Le couple de visiteurs que l'on aperçoit au lointain semble avoir la taille de fourmis.
Avez vous le sentiment de vous répéter ?
Pas du tout. Je fais toujours la même chose mais de manière différente. Il y a des pièces que j'ai réactivées 5-6 fois, et en tenant toujours compte du cadre.
L'artiste nous entraine ensuite à l'extérieur, pour longer l'installation photographique en vitrophanie le long de l'espace de billetterie de la Grande Halle.
On y découvre une sélection de points de vue d'autres oeuvres réalisées dans le monde entier. On remarque que plusieurs ont été exécutées en extérieur  comme par exemple à Martigny, Castillon du Gars, Saint-Nazaire, Salon-de-Provence, Cardiff et Londres.
J'en ai choisi deux au hasard, mais y-a-t-il un hasard quand je découvre que la première appartient à la Collection Sophie et Serge Billarant ? Il s'agit de Cercles et ondes de cercle pour le trapèze, Montrouge 2014 (photographie André Morin).
La seconde est un Trapèze désaxé autour du rectangle, Ecole d'architecture de Nancy, 1996, collection de l'Ecole d'architecture de Nancy, photographie André Morin.

A l'intérieur, un écran vidéo plongera le visiteur dans le travail de l'artiste. Nous poursuivons, toujours en sa compagnie en direction de la Galerie Est de la Grande Halle, aux arcs métalliques caractéristiques de l'architecture du XIX° siècle.

Il s'affirme très heureux de cet espace longeant la prairie. Il y a peint Arcs de cercle sur diagonale dont la lecture aboutit sur le mur du café adjacent à la Cité de la Musique.
On le voit effectivement apprécier le double effet retrojour et contrejour, donnant presque un orange bordelais sur la voute et une couleur très claire au lointain alors que c'est bien entendu le même ton qui a été employé partout.
Felice Varini nous invite à rentrer dedans, à y déambuler pour voir autre chose : J'ai mis en place les choses pour que la peinture puisse s'affranchir de moi-même dans la suite de surprises qui va apparaitre.
La technique est différente. Ce n'est plus de la peinture mais des feuilles d'alu anodisé qui ont été collées, et qui sont donc amovibles, comme il le fait pour tous les monuments historiques.
La déambulation révèle la fragmentation. C'est un processus complexe qui a intéressé l'artiste dès le début mais qu'il a mis du temps à comprendre.
De retour dans le Pavillon Delouvrier on se surprend à voir de nouvelles figures. Ici la ligne est ondulée parce que le sol n'est pas plat. On a fait comme des lignes de niveau, m'explique-t-il.
Le point de vue que j'ai décidé est un alibi pour éclater la peinture dans l'espace. Il devient alors tableau.
De fait les jeux de lumières sont très beaux, même si on commence à regretter les empreintes grises laissées par les pas des premiers visiteurs.
A force d'exercer notre regard on verrait partout des pièces particulières mais il ne faudrait pas croire que ces trois points ont été peints par Felice ...
Il faut profiter de votre venue pour aller à la Géode, qui fête son trentième anniversaire. Les jardins méritent aussi qu'on s'y attarde. Notamment ceux qu'on désigne sous le terme de "jardins passagers".
Des ateliers sont proposés aux petits comme aux adultes. Bientôt le Street Festival sera une occasion supplémentaire de découvertes. J'aurai l'occasion d'en reparler.

La Villette en suites, oeuvres peintes de Felice Varini,
Du 15 avril au 13 septembre 2015
Au Parc de la Villette
La galerie Est de la Grande Halle est en accès libre et permanent.
Le Pavillon Paul Delouvrier est ouvert de 14 à 19 heures, du mercredi au dimanche, entrée libre.

Le festival des caves ... oui il existe !

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Nous sommes encore en Avril mais ce n'est pas un poisson de plus. Le Festival des Caves existe bel et bien et depuis très longtemps. Il se déroulera du 1er mai au 26 juin 2015 dans 75 villes et villages.

L'idée est simple mais oxymorique. Faire du théâtre dans des lieux qui évoquent le passé, des endroits inédits pour des personnes qui ne sont pas nécessairement habituées à aller au théâtre, et encore moins pour y entendre des textes contemporains.

On se situe dans une autre "économie" que celle des structures habituelles. Même si le prix des places n'est pas symbolique (entre 7 et 17 euros) on sait qu'on ne rentabilisera jamais l'affaire. Les organisateurs ne cherchent pas davantage à vendre les spectacles. Il se trouve que cette année deux théâtres se sont engagés dans la production mais c'est leur choix.

J'ai rencontré l'équipe de base, et qui est composée (de bas en haut) de trois personnes autour de Guillaume DujardinCompagnie Mala Noche, Créateur et directeur du Festival, Léopoldine Hummel, Comédienne, et Simon Vincent, metteur en scène.

Guillaume Dujardin a expliqué comment il procède, sans parti pris, ne s'interdisant rien, sans être pour autant dans le bricolage. Ce Festival est finalement très innovant tant sur la forme que sur le fond. Une des rares contraintes  tient à l'endroit. Demeurer plus de deux heures dans une cave ne serait pas envisageable.

Je peux témoigner qu'on repart de la rencontre boosté à fond. Ils sont convaincus et convaincants. Les institutions ou les particuliers prêtent leur cave gratuitement, s'occupent de trouver des chaises, une prise électrique, un endroit pour que les comédiens puissent se préparer (rarement plus de deux personnes), quelques victuailles pour les comédiens et participent à la recherche de public.

Le jour J "on" vient gratuitement avec un spectacle clé en mains. Le matériel n'est pas nécessairement sophistiqué. L'éclairage peut être assuré par des lampes domestiques.

Il n'y a pas d'improvisation et la performance n'a rien du happening. La seule obligation, mais elle est de taille, est que les comédiens soient formidables. C'est à l'origine un festival d'acteurs. Chaque lieu est visité longtemps avant. Des plans sont édités pour les fournir aux pompiers lorsqu'ils feront leur contrôle de sécurité. Vous aurez compris que ce n'est pas un festival "souterrain". Et si le lieu est tenu secret jusqu'au dernier moment c'est pour maintenir une forme d'excitation chez les spectateurs. Ils se retrouvent, le jour du spectacle, à un lieu de rendez-vous communiqué par l’équipe du Festival la veille de la représentation et où se tient la billetterie, à une centaine de mètres de la destination finale.

L’adresse n’est jamais dévoilée. Il est obligatoire de réserver pour connaître ce lieu de rendez-vous. La communication est entretenue régulièrement avec le futur public. Tous les spectateurs sont rappelés la veille, ce qui permet de maîtriser le nombre et de gérer la liste d'attente. Quant aux retardataires, il n'y en a pas avec ce système. C'est un fonctionnement qui mobilise l'équipe 24 heures sur 24. Facile au début, plaisante Guillaume qui tenait le standard depuis son domicile.

Les gens adorent qu'on les rappelle un par un. On connaît presque chacun par son prénom., ce qui instaure un rapport très individuel, unique.


Georges est un des particuliers séduit par le principe. Il a vu une annonce dans un journal associatif, le magazine dixhuitinfo.

J'ai une énorme cave foutoir dans le XVIII°, des anciens ateliers de machines électriques. Comme je suis assez curieux et aventureux je me suis dit tiens c'est drôle, ça coûte rien de tenter.

Léopoldine est venue voir. Je savais qu'ils allaient jouer trois spectacles. Je savais pas lesquels. Seulement qu'il s'agirait de textes contemporains. Ce fut des rencontres formidables. Quel souvenir que Ce quelque chose qui est là, d’après Antoine Choplin, dans la mise en scène de Chantal Morel, avec Roland Depauw et François Jaulin. Une moto dans ma cave, je ne l'aurais jamais pensé possible. J'ai trouvé un truc innovant qui m'a bluffé dans ce spectacle, une bande son extra, une régie lumières ... faut dire qu'il y avait du jus. Sans régisseur. Tout était télécommandé par les comédiens. Je suis prêt à recommencer.
Tout a commencé en 2005, la Compagnie Mala Noche créait dans les caves d’un habitant de Besançon, Le Journal de Klemperer, monologue adapté du journal tenu entre 1933 et 1945 par le philologue allemand Victor Klemperer. Ce spectacle se faisait en partenariat avec le Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon. La cave était le moyen de rappeler les conditions de survie et la nécessité de se cacher pour un intellectuel comme Klemperer sous un régime dictatorial. Le lieu "cave" s’est révélé être un lieu formidable de création et a remporté un succès certain.

Cet événement a donné envie de mettre en place, l'année suivante une sorte de festival, qui a été appelé en quelque sorte naturellement "Festival de Caves", dans lequel la seule contrainte était la cave comme unité de lieu. La proximité avec les spectateurs, le décor naturel, la petitesse de l'espace-scène, la limitation des éclairages et de la technique ont engendré des formes artistiques particulières.

Après Besançon, la manifestation a grandi, gagnant chaque année de nouvelles villes. D’abord les communes proches, puis toute la Franche-Comté. Depuis 2010, le Festival est présent sur tout l’axe Rhin-Rhône, de Strasbourg à Lyon et s’invente aussi de nouveaux partenariats ailleurs en France, notamment avec l'Atalante à Paris, d'autres à Lille, Nantes, Orléans (pour la première fois l'an dernier), et même maintenant Toulouse… l'an prochain Reims et la Picardie si tout va bien. La maîtrise de la direction artistique reste bisontine mais chaque compagnie propose des spectacles qui peuvent intégrer la programmation commune.

Guillaume Dujardin affirme qu'il n'a pas suivi une stratégie pour grandir. Si c'est à Besançon que l'histoire est la plus longue, chaque lieu compte et le spectacle qui débutera cette année de la cellule du Marquis de Sade pour s'achever sur les toits du Château de Vincennes sera un moment très fort.

On se demande ce qui sera imaginé l'an prochain pour célébrer les dix ans. Ils seraient bien capables d'investir le Panthéon toute une nuit ... Ils ont démarré avec rien et les voilà qui louent des camions tout en faisant gaffe à ne pas s'embourgeoiser.  Le rêve du créateur serait d'en faire une Scop, (Société coopérative de production) mais on n'a jamais vu un chômeur devenir patron. Le souhait serait de devenir une troupe permanente, même si le budget total correspond à la ligne "chaussettes de la Comédie Française". En tout cas les gens nous sont gréés d'essayer, de tenter des choses, ajoute Guillaume avec une énergie qui ne faiblit jamais.

C'est le même homme qui affirme avoir la vie devant lui : Faut avoir des gens qui ont envie de nous. On n'est pas pressé. On fait pas une course avec le temps. Il n'y a aucune urgence. Rien d'obligatoire.

On ressort de la rencontre avec des anecdotes plein la tête, l'envie de prendre la plaquette et de "venir aux caves" nous aussi, de descendre sous terre pour constater in situ que ce festival de l'intime fonctionne bien comme il nous l'a décrit, voir des élus très motivés par la culture, ce qui nous changera de ce qu'on entend dans les sphères politiques trop souvent déconnectées des réalités.

Que tout un village dîne avec les comédiens en organisant un vrai temps de discussion, cela mérite d'être partagé. Ce n'était pas gagné d'avance que le contemporain ne soit pas ennemi des villages.

Si vous souhaitez accueillir un spectacle pendant la durée du Festival appelez Guillaume au 06.37.78.78.72 ou écrivez lui sur festivaldecaves2@gmail.com, en précisant dans quelle ville se trouve votre cave, ou autre lieu souterrain.

Programmation sur le site du festival : http://www.festivaldecaves.fr
La photographie qui n'est pas logotypée A bride abattue est de Patrice Forsans

4ème édition du Salon du blog culinaire parisien

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J'appréhendais un peu cette 4ème édition du Salon du blog culinaire parisien après l'expérience fatigante de la dernière Journée Marmiton. Ce ne fut pas du tout du même acabit. Cette fois c'était à l'espace Commines. Il y avait sans doute moins de monde mais nous avions les conditions idéales pour passer un samedi dans une bonne ambiance.

Comparativement à celui de Soissons on se retrouve en plus petit comité et on dispose de plus de temps pour découvrir les animations et les ateliers proposés, même si on ne pourra jamais tout faire. Il est donc très complémentaire.

Certes les démonstrations de Brita, de Puget et de Lidl n'étaient pas des scoops à proprement parler puisque j'avais rencontré leurs équipes à Soissons, lors du Salon de novembre, mais il y eut tout de même des nouveautés dont il va être question un peu plus bas.

Le plus surprenant était l'association avec Bourjois, dont la promesse est d'offrir aux classes moyennes le luxe de la bourgeoisie. Deux esthéticiennes très patientes ont maquillé toute la journée les bloggeuses volontaires. Créée en 1863 cette marque à l'image ultra parisienne ne cesse de renouveler sa palette en proposant des innovations répondant aux attentes des femmes.
Faire la cuisine au quotidien abîme les mains, même si on s'efforce de les protéger avec des gants, surtout pour l'épluchage des légumes. Je ne connais pas pire que les carottes qui sont peut-être excellentes pour la peau quand on les mange, mais pas quand on les prépare. Et comme mes ongles sont génétiquement très cassants ils ne sont jamais manucurés.
Ce fut l'occasion de les mettre en beauté en testant une laque qui n'est pas sera disponible en boutiques à la fin du mois. Une couche suffit grâce à sa pigmentation renforcée. Et pour ce qui est de la résistance, j'ai été convaincue : les ongles sont restés impeccables une semaine.

Bavarder avec d'autres blogueurs-euses tout en attendant son tour fut un vrai plaisir. Et chef Damien sait combien nous sommes attachés à ces moments qui nous font passer du virtuel au réel. C'est primordial.

Cette pause beauté plutôt inédite a été organisée en partenariat avec Confidentielles pour toutes celles qui n'ont pas le temps de se chouchouter (les autres n'ont pas boudé ce moment). J'ai bénéficié de conseils qui vont peut être me permettre de donner un coup de jeune à mes mains de travailleuse.
Flo du blog Un Flo de bonnes choses avait préparé ... plusieurs séries de ...bonnes choses comme Ces radis panés au fromage frais. Le stand Lidl affichait les couleurs u printemps dans une humeur souriante. Chacun a volontiers prêté son visage pour illustrer une de leurs devises : être un cœur d'artichaut, avoir la banane, ou la fraise ...

Et il faut reconnaitre que les paniers de fraises de Carpentras ont eu leur heure de gloire tout au long de la journée, avec ou sans rosé. Les français seraient les plus grands consommateurs de vin rosé au monde. J'avais goûté quelques uns de leurs vins l'an dernier, en toute modération cela va de soi. C'est peut-être le Cœur de rosé VMQA qui a remporté ma préférence cette fois ci. Leur foire aux vins rosés démarrera le 6 mai en magasin jusqu'à épuisement des stocks, soit guère plus de deux semaines.

Par contre le Rosé pamplemousse revient régulièrement de mai à septembre. D'autres sont présents en rayon toute l'année comme le Côté de Provence Bio.
Toute la maisonnée s'est régalée à mon retour avec ces fraises de Carpentras macérées dans une "vinaigrette" de barrique et d'huile d'olive au basilic. Je n'ai rien inventé. C'est une des recettes cultes du petit guide Marabout consacré à Puget. Je rêvais depuis longtemps de disposer d'une telle huile et elle va devenir incontournable dans ma cuisine même si je continuerai à apprécier toutes les autres, comme les tapenades, tomates séchées et caviar d'aubergines ...
A signaler enfin une bouteille stop goutte qui est très pratique au moment de faire sauter les légumes dans un wok pour ne pas en verser en trop grande quantité.
Toujours chez Lidl il y eut aussi des assortiments de légumes que je me suis amusée à cuisiner façon Top Chef en multipliant les cuissons. Les essais ont été testés et approuvés par la famille. Vous verrez bientôt le résultat dans un billet spécial.
Chez Brita il y a une innovation sur la carafe mais ce n'est pas ce qui va me convaincre. Je suis déjà acquise depuis des années. Je dois bien remplir le grand format trois fois par jour. Il faut dire que je ne cuisine qu'avec cette eau là et que je n'achète jamais d'eau minérale. Cela me barbe de remplir le caddy avec des bouteilles. Je préfère la filtrer au fur et à mesure.
L'eau de cuisson des pâtes, du riz, des légumes et bien entendu le café du matin comme l'infusion du soir sont tous de la même provenance.

La présence d'Yves Camdeborde a renforcé le prestige de la marque auprès de ceux qui ne la connaissaient pas encore très bien. Il a longuement expliqué les techniques de préparation et de cuisson à l'eau filtrée des légumes printaniers : petits pois, asperges, radis, oignons, tomates cerise, salade verte... sublimés par un dressage très organisé.

Je n'ai pas eu le temps de suivre l'atelier de découverte du travail du chocolat, animé par Chef Régis. Ce n'est que partie remise. Chef Christophe s'attelait parallèlement à la cuisson des œufs avant d'enchainer sur celle des légumes, à l'anglaise, sautés ou glacés. Ses explications étaient claires et je sais désormais ce que glacer des légumes signifie réellement.
Ce chef, qui est un des enseignants du Lycée hôtelier de Soissons, nous a donné beaucoup de conseils. Poser par exemple l'asperge sur un plat pour l'éplucher à l'horizontale sans risquer de la briser.
Pour avoir la certitude de servir des légumes qui ne seront pas filandreux il suffit de casser la tige qui, naturellement se cassera à l'endroit où commencent les fibres.

Il faut faire attention de ne pas cuire les asperges trop longtemps à l'anglaise (dans de l'eau bouillante salée). On s'organisera pour que les tiges soient toutes de la même longueur, mais on ne perdra rien. Coupés en minuscules morceaux, de la taille de grains de riz on pourra cuire ces restes façon risotto.

Dans l'idéal on ficèlera les tiges en bouquet en on les fera cuire verticalement dans de l'eau bouillante salée, dans une boite de conserve évidée, afin que les pointes cuisent à la vapeur.

Attention : les légumes verts contiennent des acides. Il ne faut donc poser de couvercle dessus sinon ces acides retombent dans l'eau et l'acidifient, donnant un goût de vinaigre à l'eau de cuisson.

Et si on les plonge dans l'eau froide ce n'est pas pour leu donner une couleur verte (Chef Christophe souligne au passage combien on peut laisser dire d'inepties dans les émissions culinaires de pseudo télé-réalité) mais pour en stopper la cuisson.
Les asperges sont aussi très bonnes sautées à la poêle. Il faudra les poser, tranchées en deux dans le sens de la longueur, pour les marquer du coté qui sera choisi pour leur présentation. On les retourne ensuite et on poursuit la cuisson de la partie colorée en arrosant avec l'huile chaude pour que la cuisson soit uniforme et à cœur. Attention de ne saler qu'à la fin !
On termine en râpant un formage de type comté ou parmesan et on servira en ballotin avec un jambon fumé.
Le glaçage est effectué dans un mélange d'eau, de sucre, de sel et de beurre. Pour des oignons et des carottes on diminuera la quantité de sucre, on l'augmentera pour des courgettes (en réduisant la quantité d'eau). La démonstration nous est faite avec des radis.
Il faut couvrir les légumes avec une feuille de papier sulfurisé (un couvercle serait trop étanche). Pour ce faire on prend un carré que l'on plie en deux, encore, et encore, cinq ou six fois. On déchire le bord et on déplie.
Les légumes sont trop fragiles pour être sautés sur la poêle. Il faudra les cuire à frémissement et les remuer en faisant bouger l'ustensile en le frottant sur le feu (évidemment ce n'est pas recommandé sur une plaque à induction).
Ce mode de cuisson est assez long. Il faut compter une heure, mais le résultat vaut le coup. Il est fréquent que les radis se décolorent. On peut employer du sirop de grenadine à la place du sucre.
Si on glace des oignons surgelés on enlèvera la première couche qui a été abîmée par la cryogénisation de manière à présenter des légumes très jolis. On les glace à blanc pour les mettre dans une blanquette, à brun pour les ajouter dans les ragouts et les viandes braisées.
Un dernier truc de Chef Christophe pour cuire les betteraves : on les enveloppe avec du thym et du sel dans une feuille de papier alu et on les mettra 1 h 10 dans un four à 180°. Ainsi elles ne se chargeront pas en eau et n'auront pas de goût terreux.

J'ai poursuivi en m’amusant à faire mon premier cupcake fantaisie, en modelant un poisson Némo presque dans les règles de l'art. Merci Sandrine, de Macaronette & Cie pour cette leçon de Cake Design dispensée avec patience.
Première étape, on coupe le sommet du gâteau et on tartine de pâte à chocolat ou de marmelade de fraise.
On recouvre d'un disque de pâte sucrée que l'on a marqué avec un outil de modelage pour évoquer un coquillage.
On prend un carré de pâte orangée que l'on modèle pour faire le corps et on marque la nageoire caudale. On ajoute les rayures, blanches, collées à l'au (très très peu de liquide posé au pinceau fin) et on insère les trois autres nageoires auxquelles on aura donné un mouvement. Dans l'idéal on les aura bordées d'une bande blanche. Et bien entendu la nageoire de gauche sera plus petite que celle de droite puisque ce petit héros est handicapé par une nageoire atrophiée.
Il reste à ajouter les yeux, un peu d'algues vertes. Le résultat a été validé par mes enfants. Et comme je le trouve effectivement très chou il va rester longtemps sur le buffet. Sa conservation ne pose aucun problème.

Philippe Conticini est venu amicalement. Comme toujours il a répondu à toutes les questions qu'on lui a posé avec sincérité, gentillesse et, cela va de soi quand on le connait, toujours une compétence qui force l'admiration. Il a surtout échangé avec le petit groupe dont je faisais partie sur les valeurs qui conditionnent tout ce qu'il entreprend.
La soirée s'est poursuivie avec la visite de l'atelier de 750 grammes, fraîchement rénové avec le concours de Cuisine plus.
Le cuisiniste s'est inspiré du concept de gâteau suspendu. C'est très réussi mais il faut dire qu'avec un espace aussi vaste les choses sont plus faciles.
 
 
 
Le résultat est pimpant comme une œuvre et pop art, et plutôt fonctionnel. Je gage que les futurs stagiaires vont s'y sentir comme des poissons dans l'eau.
Il y a aussi un studio de tournage, même si Chef Damien préfère celui de Soissons.
Même en fin de soirée il a encore l'énergie de mettre les mains dans le plat pour faire des acras de poisson. 
On nous a aussi régalés de pissaladière et d'une spécialité corse au nepeta et aux feuilles de blettes.
Cet After a été également un moment d’échanges qui ont permis de faire plus connaissance avec les blogueurs croisés toute la journée.
Merci aux organisateurs et aux sponsors pour ce super Salon, et à l'année prochaine pour une nouvelle édition parisienne ! Avec une mention spéciale pour les élèves du Lycée hôtelier qui ont été actifs et efficaces avec le sourire.

Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Sylvain Bertrand

Atelier Tsutsumi ... ou comment nouer un tissu pour le transformer en sac

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Les livres contiennent une infinité de savoirs comme autant de fenêtres ouvertes sur le monde.Brigitte Leclère le sait bien et l'applique dans l'espace pourtant limité de la Librairie du Vieux Châtenay (92). Elle fait régulièrement venir des auteurs.

Elle n'hésite pas à élargir à l'univers des travaux manuels avec Cora qui anime de temps en temps des ateliers.

Un samedi après-midi l'exercice est devenu écologique en s'exerçant au furoshik.

Le mot désigne la technique japonaise du pliage et du nouage de tissu destinée à l’emballage des cadeaux, le transport des effets personnels et des objets de la vie quotidienne. Il est apparu à l’époque Nara (710-794 ap JC) sous le nom de Tsutsumi, pour garder des objets de valeur comme les objets du trésor impérial de Shoso-in au temple Todai-ji à Nara.

Il prendra au fil des siècles des noms différents mais aura toujours plus ou moins la même utilisation par la population qui a trouvé ce moyen pratique et rapide pour emballer leurs effets personnels et se déplacer rapidement lors des pèlerinages ou en temps de guerre pour éviter les pillages.

Enfin le mot furoshiki (étaler au bain) apparait à l’époque Muromachi (1336-1573) lorsque le shogun Ashikaga Yoshimitsu fait construire un grand bain dans sa résidence à Kyôto et y invite de nombreux seigneurs qui utilisent ce tissu au blason de leur famille pour éviter de mélanger les kimonos et autres effets personnels

La technique est donc japonaise. Dans ce pays et depuis une dizaine d’année, le Ministère de l’environnement prône le développement de ce geste écologique pour lutter contre la surconsommation des sacs plastiques et des emballages papier. Le furoshiki s’inscrit parfaitement dans la politique des 3R (réduire, réutiliser, recycler), proche du mouvement Mottainai (l’expression exprime le désappointement consécutif au sentiment de gaspillage) qui lutte entre autre pour une meilleure utilisation des ressources de la terre.
Par extension le terme furoshiki désigne également le carré de tissu utilisé pour cette technique. Il faut en effet our fabriquer un furoshiki il faut simplement un carré de tissu de la taille souhaitée, bordé d'un petit ourlet piqué à la machine. Cora en avait préparé d'avance. On peut aussi recycler un foulard.

Après avoir choisi le morceau de tissu le plus inspirant il a fallu en premier lieu apprendre à faire le nœud de base, sorte de double nœud.
Les explications patientes de Cora ont permis à chacune d'aboutir à deux modèles de sacs, avec ou sans poignées. Puis de nous lancer dans l'emballage de bouteilles ou même d'autres objets qui pourraient fort bien être des cadeaux.

Avec une méthode semblable on peut emballer un livre, un IPad ... la liste est infinie.



La seule vraie difficulté consiste à automatiser la façon de faire un nœud. Chacune à sa façon mnémotechnique pour y parvenir. Ce petit film aidera peut-être les lecteurs qui n'ont pas bénéficier de la séance. Il est un peu long mais très complet.

Si vous n'avez pas la patience de le visionner voici la méthode résumée en image. Il faut avant tout assouplir le tissu et le rassembler souplement. Les mamans qui ont pris l'habitude de porter leur bébé avec un tissu le maitrisent bien.
On réalise un premier nœud comme il nous convient spontanément de faire. On inverse le geste pour le second nœud. Plus précisément, si la main droite dirige la manœuvre et fait passer un brin par-dessus l’autre lors de la réalisation du premier nœud, on utilisera, pour la réalisation du second nœud, la même main pour faire passer le brin qu’elle a alors en main par-dessous l’autre brin.
Il est très solide et néanmoins très facile à dénouer. Il suffit de tirer en biais pour le débloquer puis de faire glisser le brin comme à travers un anneau.

Nous voilà prêts pour faire un sac en suivant le déroulé des photos. Il faut juste veiller à plier le carré en deux endroit contre endroit. Ce type de contenant est très joli réalisé avec un carré de soie ancien, ce qui est là encore une démarche qui s'inscrit dans le mouvement Mottainai.
Un nœud est fait de chaque coté et à peu près aux deux tiers de la pointe centrale.
On équilibre bien puis on replie les nœuds vers le milieu et on retourne le tissu.On place dans le sac ce que l'on veut y transporter puis on refait un nœud, le plus bas possible, ce qui permet d'assurer la sécurité du contenant.
Ensuite on en fait un autre tout en haut pour former une sorte d'anse.
Et le tour est joué. On peut le porter joliment à son poignet.
Le même dans un autre foulard.
Également dans un carré de toile de lin. On pourra torsader une des dernières pointes avant de faire le dernier nœud.
Vous voilà donc aguerri à la technique qui, au XVII° siècle, était très pratiquée par les habitants deTokyo. Les incendies y étant fréquents  les furoshiki étaient toujours prêts pour emporter futons et affaires.

Maintenant avec deux poignées. Ici on a pris des bracelets pour faire la démonstration mais dans l'idéal il vaut mieux récupérer des poignées en cercles de bambous de sacs anciens et abimés, donc recyclables.
Ce qui est essentiel à ne pas "louper" c'est le positionnement de la première pointe qui comme on le voit sur la troisième photo doit ressortir par en -dessous vers l'extérieur. La seconde suivra le mouvement strictement inverse.
On noue ensuite les deux extrémités devant soi. Les mouvements sont empreints d'une réelle beauté. C'est un art comparable à celui de l'Ikebana en matière de bouquets. Le geste n'est pas mécanique. Il est pensé et pesé, devenant gracieux. Même si le pliage est rapide, l'action n'est pas bâclée en deux temps, trois mouvements.
Et on fait de même de l'autre coté.
Il n'y a plus qu'à soulever les deux cercles pour révéler le sac ... qui est cette fois "ouvert".
Au Japon, quand on offre un cadeau on fait aussi bien attention au contenu qu’au contenant et l’emballage fait ainsi partie intégrante du cadeau.  Le furoshiki est donc naturellement devenu l’art d’emballer les cadeaux avec selon les occasions, les saisons, ou les personnes à qui on les offre, le choix d'une matière, de motifs ou de couleurs approprier.

Voilà comment emballer deux bouteilles. On les place comme indiqué sur la photo (en laissant la largeur d'une main entre les deux culots) avant de replier le tissu puis de rouler bien serré.
On termine en pinçant les pointes dans l'espace libre entre les culots et on redresse les bouteilles.
On procède ensuite comme pour le premiers sac en faisant un nœud bien serré puis un autre plus haut de manière à former une poignée.
Plus esthétique que le sac de papier ou pire de plastique, on laisse le furoshiki au destinataire du présent qui pourra le réutiliser, soit on le récupère pour un usage ultérieur.On peut réitérer à volonté car les tissus sont en général très résistants.Néanmoins pour le transport des objets, il faut plutôt choisir du coton résistant. Pour les cadeaux, on préfère traditionnellement de la soie, du crêpe (chirimen), aujourd’hui plutôt du synthétique (crêpe de rayonne ou de polyester par exemple), souvent réversible avec deux côtés de couleur et motifs différents.

Cet art est véritablement un acte écologique. 7 milliards de sacs sont gaspillés en France /an (environ 110 sacs/hab/an) et se dégradent au bout de 100 à 400 ans. 11 millions de tonnes de papier sont consommés chaque année en France dont 50 millions de rouleaux de papiers cadeaux vendus. Ces papiers cadeaux sont souvent non recyclables alors que le tissu est réutilisable.

C'est pourquoi à partir du 1er janvier 2016 les sacs plus fins, tels ceux des rayons primeurs jetés après une seule utilisation, seront bannis des grandes surfaces. Et la vaisselle en plastique jetable interdite à partir de 2020. On peut donc s'entrainer dès maintenant ... et remercier Cora et Brigitte de nous permettre d'être ne avance sur notre temps avec une méthode qui a fait ses preuves des siècles durant.

Pour connaitre les prochains ateliers, contacter Brigitte Leclère
Librairie du Vieux Châtenay
4 rue Henri Marrou, 92290 Chatenay-Malabry  01 40 91 47 47

Assiette "Voyage en Méditerranée" aussi belle que bonne

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Chaque participant au 4ème Salon du Blog culinaire de Paris est reparti avec un "panier" de légumes que Lidl proposait de cuisiner avec, pour la recette la plus originale, la perspective de remporter un week-end gastronomique.

Je n'ai pas fait "une" recette mais une assiette composée en relevant le défi de cuisiner la totalité de la barquette, et en faisant le moins de perte possible (y compris avec les fanes de carottes que je ne voulais pas jeter). D'abord parce les légumes étaient tous appétissants, qu'ensuite j'avais envie de pousser la créativité, un peu à l'instar des émissions culinaires où il faut absolument "qu'il y ait du travail" et que "ça se voit". Enfin je voulais aussi appliquer quelques conseils donnés par Chef Christophe cet après-midi là.

Mon ambition était de conjuguer le beau et le bon, et surtout de séduire l'appétit de mes enfants, ô combien difficiles.

J'ai été pleinement récompensée. Mon fils a plébiscité chaque cuisson et ma fille, arrivée en fin de soirée, a littéralement dévoré l'assiette de présentation pourtant refroidie. Aucun n'a émis de critique. C'est peut-être ça la magie Lidl !
De gauche à droite, vous avez des rubans de poivron rouge confit autour d'un morceau de tresse de mozarella  (c'est le seul ingrédient consistant que j'ai ajouté). Une tartine façon bruschetta recouverte d'une compotée de courgette/tomate rouge avec des morceaux de tomates cerise crue. Un buisson de carottes sur lit de verdure, des aubergines braisées. Des demi-radis glacés complètent l'assiette en apportant une note inédite.
J'ai commencé par les radis, que j'ai glacés trois bons quarts d'heure comme on venait de me l'enseigner, avec un mélange d'eau, de beurre, de sel (j'ai pris mon sel vanillé) et de sucre. A noter que je n'ai employé que de l'eau filtrée, comme à mon habitude, dans ma chère carafe Brita.
J'ai découpé le poivron rouge et l'ai fait cuire sans aucun liquide deux fois trois minutes au micro-ondes. Je l'ai ensuite salé et arrosé de vinaigre alors qu'il était encore chaud et ai laissé refroidir. J'ai ajouté une bonne huile Puget plus tard.  Je suis toujours cette méthode trouvée par hasard car elle garantit une excellente digestion.
Passons aux carottes. Je les ai tranchées à la mandoline dans le sens de la longueur et fait cuire à l'anglaise dans un fond d'eau salée. La découpe des légumes conditionne leur goût et très franchement els carottes dites Vichy, coupées en rondelles, ne sont pas mes préférées.
J'ai lavé les fanes et les ai ébouillantées avant de les faire sauter avec de l'ail.
L'association carottes-fanes va surprendre. je sais que je prends un risque mais j'assume.
J'ai ensuite préparé la petite ratatouille. La tomate a été coupée en petits morceaux et cuisinée avec la courgette ronde, dont j'ai conservé la peau.
J'ai apprécié le flacon stop gouttes de Puget qui permet même de garder une main libre pour photographier ... J'ai gouté de manière à arrêter la cuisson au moment où les légumes sont juste fondants, sans être "démolis".
Plus tard j'ai dressé sur une tranche de pain grillée et disposé les tomates cerises jaune coupées en petits quartiers. Cela donne une note de couleur et apporte une surprise à la dégustation en associant du cru et du cuit. J'ajouterai aussi du persil haché puisque cette herbe figurait dans la barquette.
L'aubergine a été tranchée dans le sens de la longueur. C'est intentionnellement que je ne l'ai pas associée à la courgette car je voulais sortir du code de la ratatouille classique et mettre ce légume à l'honneur.
J'ai tracé des croisillons au couteau et fait revenir dans une poêle avec un peu d'huile et de l'ail.
J'ai aussi abondamment ajouté du persil.
Ne restait plus qu'à disposer sur l'assiette comme indiqué au début de l'article.
Enfin, pour le dessert, j'ai préparé une salade de fraises de Carpentras, elle aussi provenant de Lidl, que j'ai simplement coupées en quatre avant de les arroser d'un peu de vinaigre balsamique et d'un mince filet d'huile d'olive Puget au basilic. Régal absolu !

Mannequin d’artiste, Mannequin fétiche jusqu'au 12 juillet 2015 au Musée Bourdelle

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C'est après huit mois de fermeture pour travaux que le Musée Bourdelle a rouvert en faisant ce très beau cadeau au public de lui avoir préparé en coulisses une exposition très particulière. Intitulée Mannequin d’artiste, Mannequin fétiche les néophytes pourraient penser que le lien est ténu.

Et pourtant la visite commentée menée par Jérôme Godeau, jardinier des plates-bandes et des esprits, et co-commissaire de l'exposition, a démontré tout le contraire. On se demande même comment personne n'a pu songer plus tôt à retracer l’histoire de ce secret d’atelier.

Une série de manifestations, d'ateliers et de visites spéciales est programmée. Je vous invite notamment à suivre celle du samedi 16 mai à 19h, à l’occasion de la Nuit des Musées, conduite par Jérôme Godeau, sans réservation, dans la limite des places disponible.

Avant de descendre dans l'espace dédié aux expositions je me suis attardée parmi quelques œuvres du musée qui mérite une visite particulière où je vous emmènerai dans quelques jours. J'ai eu la chance de le voir aussi à la nuit tombée alors que le gigantisme des statues devenait impressionnant.
Sur le premier cliché, un buste de bronze d'Auguste Rodin, buste, 1910 (épreuve numéro 4 exécutée par Valsuani en 1977) monte la garde au pied d'un Cheval, fragment du Monument au Général Alvear (1913-1923), bronze, épreuve d'artiste numéro 3 exécutée par Coubertin en 1986.

Dans le jardin, la Vierge à l'Offrande (1919-1922), bronze, épreuve numéro 1 exécutée par Rudier vers 1930, accompagne le Centaure mourant, modèle imberbe, (1911-1914), bronze, épreuve d'artiste numéro 2 exécutée par Coubertin en 1986, que j'avais déjà vu près de l'église Saint-Jacques à Montauban.
Cette déambulation passe par l'atelier de sculpture où le mannequin d'Alan Beeton, 1880-1942, semble attendre patiemment de prendre une nouvelle pose. On le reconnaitra dans trois tableaux de l'acte IV de l'exposition (Le Mannequin dans le tableau), en particulier dans le premier, Reposing II, vers 1929 Huile sur toile, Beeton Family Collection.
Au XIXe siècle la représentation de l’atelier du peintre commença à s’imposer, offrant un singulier mélange de dénuement et d’encombrement : palette, brosses et pinceaux, chevalet, esquisses et toiles inachevées, plâtres et bustes d’antiques, mannequin d’artiste bien en vue, voire au premier plan. L’accessoire que l’on avait jusqu’alors dissimulé devenait un motif hautement expressif.

En découvrant le mannequin au seuil de l’atelier, le spectateur était donc invité à passer de l’autre côté du miroir, dans l’intimité de la création. Alan Beeton participa au premier conflit mondial dans la section de camouflage de l’armée française. Il exposa ses peintures pour la première fois à la Royal Academy of Arts de Londres en 1923, à quarante ans passés. Initialement, Beeton s’était imposé comme portraitiste, réputé pour son sens du détail. Dans la série qui est montrée dans l'exposition il représente le mannequin tel qu’en lui-même, dans l’intimité de l’atelier.

Le peintre n’ignorait pas le rôle que jouait le mannequin dans la peinture métaphysique de Giorgio de Chirico (1915), ni dans le Manifeste du surréalisme (1924) d’André Breton. À l’inverse de ses contemporains, le mannequin de Beeton cohabite en toute quiétude avec son portraitiste comme s'il était "le meilleur ami de l’artiste".
Un autre mannequin est positionné dans l'atelier de peinture d'Antoine Bourdelle, au milieu du bric-à-brac du mobilier chiné chez les brocanteurs, où Bourdelle exposait ses dernières créations - sculptées ou peintes - aux visiteurs et acheteurs potentiels.

Il est très semblable à la Gliederpuppe, vers 1550, Statue en buis, Anonyme, Allemagne, milieu du 16ème, Collection particulière, Londres. Cette "poupée articulée" comme toutes les Gliederpuppen sont des sculptures miniatures d’une très grande finesse d’exécution et nettement sexuées.

La radiographie a révélé une structure interne très savante. Ses membres sont reliés, par un système interne de crochets et de ficelles, à des rotules en bois tourné qui permettaient de les faire bouger individuellement, jusqu’aux minuscules doigts des mains et des pieds.Son parfait état de conservation laisse penser qu'elle a sans doute appartenu à un "cabinets de curiosités", comme précieux objet de collection, aussi convoité que troublant.
Sur la cheminée, au-dessus du poêle Godin, un bronze autoportrait de Bourdelle de 1908.

Le mannequin d’artiste, ses métamorphoses et sa troublante présence scandent le parcours de l'exposition comme un leitmotiv, fil conducteur et repère physique et mental . Le catalogue, conçue par la commissaire Jane Munro, conservatrice au Fitzwilliam Museum et directeur d’études en histoire de l’art à l’Université de Cambridge, est remarquablement documenté. Il retrace cette évolution et s’appuie sur une iconographie variée et souvent étonnante (peintures, dessins, brevets d’invention et schémas, photographies...), brassant ainsi plusieurs siècles d’histoire de l’art, en progressant de façon chronologique,.



Il faut accoler son œil au petit trou de la boite qui marque le début de l'exposition, conçue spécialement pour révéler le secret de la Grande Machine utilisée par Nicolas Poussin dans les années 1630-1640, alors qu'il travaillait à la première version des "Sept Sacrements". Ce dispositif comportait une planche sur laquelle des figurines de cire, habillées de "draperies" de papier humide ou de tissu fin, étaient disposées en fonction de la scène que l'artiste projetait de peindre.

Cette scène en trois dimensions était ensuite recouverte d'une boite, fermée sur ses cinq faces ; des volets, découpés sur le côté, permettaient d'éclairer la composition et de distribuer des plages d'ombre ou de lumière. Un œilleton avait été percé sur le devant de la boite, afin d'observer l'ensemble à distance, avant de passer au dessin préparatoire qui servait de base au tableau final, ici l'Extrême-Onction. qui fut le motif de la dernière peinture de la série.
On découvre ensuite cette petite sculpture religieuse de Romano Alberti, vers 1521-1568, intitulée Saint enfant martyr, milieu du 16ème siècle. C'est une statue polychrome en stuc et papier mâché, bâtie autour d’une âme de bois (Courtesy of Patricia Wengraf Ltd, Londres).

Les mannequins d’artistes de la Renaissance s’apparentaient à de petites statues conçues elles aussi pour être habillées ou drapées, mais à des fins religieuses ou rituelles. Dans l’Italie et l’Espagne des XVe et XVIe siècles, des figures polychromes représentant le Christ, la Vierge ou les saints, appelées "sculture da vestire" ou "tallas da vestir",étaient des objets de dévotion. Ces figures cultuelles, généralement constituées d’un simple bâti en bois recouvert de stuc et de papier mâché, dotées de bras amovibles, arboraient des tenues de cérémonie et des bijoux lors des grandes fêtes religieuses. Les chaussures, les bas et la culotte peints en rouge laissent supposer que ce Saint enfant martyr était vêtu d’un manteau ou d’une petite cape assortie.
On découvrira un peu plus loin, dans la niche de l'escalier, le mannequin qui est affiché partout puisqu'il figure sur l'affiche, mais dans une position différente. Jérôme Godeau nous a d'ailleurs fait observer à de multiples reprises combien la position du corps, en modifiant le regard, dit quelque chose du psychisme, signifiant par extension que nous sommes nous-mêmes des créatures articulées.
Ce mannequin d’artiste, de source anonyme, grandeur nature et en bois peint, est vraisemblablement une commande de l’Accademia Carrara, musée et académie des Beaux-Arts de Bergame fondé en 1796 par le comte Giacomo Carrara. Il servait de modèle aux étudiants qui s’initiaient à l’art de peindre et de sculpter.

Parfaite incarnation de la beauté néoclassique, il encourageait les étudiants à poursuivre l’idéal de l’Antique. Évoquant le visage d'une des plus anciennes sculptures de la Grèce antique, l'aurige de Delphes. D'un poids d'environ 80 kilos, il a été difficile de l’asseoir Il a servi à des générations d'étudiants en quête du corps idéal.

Des pages de l'encyclopédie de Diderot lui sont consacrées. Robuste, obéissant et, par bonheur, muet, le mannequin d’artiste tenait la pose comme personne. Dès le XVe siècle, sa présence dans les ateliers de sculpteurs et de peintres devint indispensable, au même titre que le burin, la sellette, le pinceau, la palette et le chevalet. On recommandait l’usage d’une "petite figure de bois aux membres articulés" pour apprendre à dessiner les draperies "di naturali" si l’on voulait représenter avec vraisemblance le tombé d’un drapé. Michel-Ange,Titien, Poussin, Degas, Courbet, les préraphaélites,Cézanne... les plus grands maîtres usèrent de cet accessoire, invisible une fois l’œuvre achevée.
Thomas Gainsborough, 1727-1788, possédait deux mannequins : le premier, ingénieusement doté d’articulations en laiton, faisait office de "doublure" dans bien des portraits peints par l’artiste ; le second, grandeur nature et rembourré de paille, aurait été utilisé dans les années 1780.

Dans le double portrait des enfants Lloyd, (Heneage LIoyd et sa sœur Lucy, vers 1750, Huile sur toile
Fitzwilliam Museum, Cambridge) rien n’atteste l’usage de mannequins, sinon l’élégance éthérée des deux petits modèles et la distinction – un rien guindée – de leur maintien.
 
Les modèles d’anatomie en papier mâché que le docteur Louis Auzoux, 1797-1880, dont on voit un exemple ici, s’adressaient en priorité aux étudiants en médecine : moins dispendieux que ceux en cire ou en bois d’usage dans les cours, ils tenaient lieu de substituts lors des séances de dissection où les étudiants ne disposaient pas toujours de corps humain.
Conçu pour être démonté puis réassemblé, ce modèle anatomique masculin comporte vingt-cinq morceaux et plus de deux mille pièces soigneusement répertoriées. Le succès d’Auzoux les incita à produire à leur tour des sujets en papier mâché, bien meilleur marché que les modèles traditionnels.
La figure de l’hystérique hantait l’imaginaire du XIXe siècle et suscita la mise en scène de véritables "tableaux vivants"à la Salpêtrière, entre 1863 et 1893. Le professeur de médecine Jean-Martin Charcot (1825-1893) utilisait ses patientes comme autant de mannequins pour dépeindre toutes les postures de la grande crise hystérique. Yeux grands ouverts, visage impassible, posture catatonique : mannequinée à volonté, la patiente en état de catalepsie devenait le modèle parfait du "corps hystérique".
Frère d’un célèbre aliéniste, le peintre Georges Moreau de Tours, 1848-1901, réunit dans cette scène Les Fascinés de la Charité, 1889, Huile sur toile, (Musée des Beaux-arts de la Ville de Reims) un groupe de patients en état de "fascination", une forme d’hypnose induite par la contemplation d’une lumière scintillante, réfléchie par un miroir à alouettes – un miroir rotatif que l’on aperçoit sur le trépied, à gauche de la composition.

Au second plan, reconnaissable à ses favoris blancs, le neurologue Jules-Bernard Luys (1828-1897), chef de service à l’hôpital de la Charité, conduit la séance au milieu d’un petit cercle d’élèves et de collègues. La comparaison s’impose entre ces malades, obéissant corps et âme au contrôle du médecin-opérateur, et le mannequin d’artiste, manipulé à l’envi par le peintre.

Du mannequin à la poupée il n'y a qu'un pas que l'exposition met en lumière avec des pièces uniques, comme Autoportrait au chevalet, 1922, Huile sur toile (Léopold Collection II, Vienne) d'Oskar Kokoschka, 1886-1980. Malheureusement sa reproduction est impossible sur le blog pour des questions de droit.

Comme vous le verrez en visitant l'exposition la tension de l'étrange relation entre les personnages éclate dans le choc des couleurs primaires – rouge, bleu, jaune – distribuées en larges plages vibrantes. Tandis que la créature inanimée ouvre "des yeux sans fin", charbonneux et vides, l’artiste tend au spectateur un masque halluciné.

Les mannequins ont aussi investi les vitrines, faisant probablement dire à Colette "Mes musées sont tes vitrines, ô Paris !". A mesure que les grands magasins étendaient leur empire dans la seconde moitié du XIXe siècle, le rôle du mannequin devenait stratégique pour attirer et retenir le chaland. Les tenues et les accessoires de mode étaient d’autant plus convoités qu’ils étaient portés par cette figure artificielle, si parisienne.
En 1924, dès l’origine du mouvement surréaliste, les figures de mannequins dérobées aux vitrines des magasins se voyaient soudain investis d’un pouvoir subversif. Héros de l’exposition internationale du surréalisme qui se tint à la galerie des Beaux-Arts en janvier 1938, les mannequins posaient sous l’objectif de Raoul Ubac, Roger Schall, Denise Bellon... Sous l’objectif, les mannequins de couturière prennent une étrange densité plastique.Comme en rend compte la photo d' Herbert List, 1903-1975, Mannequin de couturière, Londres, 1936 Tirage argentique (Musée d’Art moderne de la Ville de Paris).
Les surréalistes kidnappaient les mannequins des vitrines. On peut voir une photo Dali tenant entre ses bras un mannequin d'artiste articulé et d’extraordinaires clichés de Man Ray, 1890-1976, où la personne réelle semble plus artificielle que le mannequin lui-même. La fétichisation est troublante dans la composition Lydia et les mannequins, 1932, Epreuve gélatino-argentique, (Centre Georges Pompidou – Musée national d’art moderne / Centre de création industrielle, Paris), où le beau visage de la jeune femme est confronté aux étreintes du couple de bois. Réduit à un masque exsangue aux yeux clos, posé sur le socle comme sur un billot, le visage de Lydia devient l’offrande d’une décapitation.

Cette exposition invite à jeter un œil nouveau sur le travail des plus grands artistes. A la fin du parcours le visiteur s'interroge légitimement sur la dématérialisation vers laquelle on se projette. On pense à la poupée Barbie et bien sûr à l'accélération facilitée par les réseaux sociaux.
Mannequin d’artiste, Mannequin fétiche
Exposition ouverte du 1er avril au 12 juillet 2015
du mardi au dimanche de 10 h à 18 h 
Fermeture le lundi et les jours fériés
Musée Bourdelle
18, rue Antoine-Bourdelle, 75015 Paris 01 49 54 73 73
www.bourdelle.paris.fr

Un grand nombre de propositions complémentaires ont faites au public jusqu'en juillet : Nuit des musées, visites-conférences, rendez-vous aux jardins, Intervention des danseurs des conservatoires de Paris, cycles d'ateliers, pour enfants, adolescents et adultes, programmation spécifique au cinéma les 7 Parnassiens.
Je reviendrai sur le musée proprement dit à l'occasion d'un prochain billet.

Crédit des photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue :
Romano Alberti, dit « Il Nero de Sansepolcro », vers 1521-1568 
Saint enfant martyr, milieu du XVIe siècle
Statue polychrome en stuc et papier mâché, bâtie autour d’une âme de bois
Courtesy of Patricia Wengraf Ltd, Londres

Thomas Gainsborough, 1727-1788
Heneage LIoyd et sa sœur Lucy, vers 1750, Huile sur toile
© Fitzwilliam Museum, Cambridge

Georges Moreau de Tours, 1848-1901
Les Fascinés de la Charité, 1889, Huile sur toile
© Musée des Beaux-arts de la Ville de Reims / Photo: C. Devleeschauwe

Dr. Louis Auzoux, 1797-1880
Modèle anatomique masculin, Fin du 19ème siècle.
Papier mâché, plâtre, armature en fer, peinture, vernis et métal.
© British Dental Association Museum, London

Herbert List, 1903-1975
Mannequin de couturière, Londres, 1936, Tirage argentique 
© Musée d’Art moderne de la Ville de Paris/Roger Viollet
© M. Scheler- Herbert List Estate

Man Ray, 1890-1976, Lydia et les mannequins, 1932
Epreuve gélatino-argentique  RMN Dist - Centre Georges Pompidou – Musée national d’art
moderne / Centre de création industrielle, Paris © MAN RAY TRUST / ADAGP, Paris 2015

Une fille parfaite de Mary Kubica aux éditions Mosaïc

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Si je n'avais pas reçu Une fille parfaite en spécimen, précisément en épreuve anticipée non corrigée j'avoue que je ne me serais pas intéressée à l'ouvrage. Et pourtant j'accorde toujours une attention particulière aux premiers romans.

La couverture ne m'aurait pas attirée. Je trouve dommage qu'on suggère au lecteur le visage d'une jeune fille qui pourrait correspondre à celle que désigne le titre. Et puis elle semble avoir douze ans alors qu'aucun personnage n'a cet âge là, ce qui fait que jusqu'au bout on se demande qui cela peut bien être. J'aurais davantage été interpellée par un paysage évoquant la région où se déroule l'essentiel de l'intrigue. Enfin le genre policier n'est pas celui que je préfère. Mais je dois dire que j'ai apprécié.

Certes il y a des longueurs. Elle sont peut être nécessaires à la consolidation de l'énigme. C'est surtout un thriller psychologique et il est utile que le lecteur prenne le parti de l'un ou de l'autre des personnages, qu'il s'investisse dans la résolution de la question-clé : qui a commandité le kidnapping de Mia, cette fille que sa mère Ève estimait être une fille parfaite ( page 267) : tu es ma petite fille parfaite, Mia. C'était ce qu'elle lui avait dit pour la consoler d'un acte de méchanceté de sa sœur Grace qui, probablement représentait réellement la perfection aux yeux de son père James.

Dans la famille Dennett on est en fait loin d'être au dessus de tout soupçon. James est un juge corrompu, Ève est une mère au foyer sans volonté, Grace est une peste. On se demande qui a du cœur, qui a jamais éprouvé de la compassion.

Et surtout on se surprend à guetter les instants parfaits, comme cette nuit qui est partagée page 316 en s'interrogeant sur nos propres ressentis : qu'est ce que moi je trouverais parfait dans un contexte comparable ?

La peur infiltre le roman. Elle engendre deux réactions naturelles, nous dit l'auteur, fuir ou se battre (page 312). Il me semble qu'il existe une troisième voie, la pétrification, qui d'ailleurs est mise en scène à plusieurs moments.

Mary Kubica tricote le syndrome de Stockholm avec subtilité. Si Mia se rapproche de son ravisseur, Colin, ce n'est pas tant parce que ils sont physiquement proches mais parce qu'ils ont vécu des épisodes comparables, bien que n'appartenant pas à la même classe sociale.

L'histoire se déroule aux États-Unis, et les codes de l'american way of life sont très présents. On retrouve aussi une atmosphère digne d'un roman de Ron Rash, même s'il situe les siens dans les Appalaches et non entre Chicago et Grand Marais, dans le Minnesota, sur le bord du Lac Supérieur.

Les choses ne sont pas exactement transposables dans notre pays. Il n'empêche qu'on se prend au jeu. On devine que le bourreau n'est pas celui qu'on veut nous faire croire et on se surprend à avoir mordu à l'hameçon. On a envie de connaître le dénouement pour respirer et relâcher la pression entretenue par les chapitres entrecroisant le passé et le présent.

La construction du roman est intelligente avec l'alternance des prises de paroles par plusieurs protagonistes ... Quelques-uns, pourtant essentiels, restent muets, sans doute de manière intentionnelle pour maintenir le mystère sur leurs motivations.

D'autres sont à mon avis insuffisamment développés comme celui de la sœur, juste esquissé. Voir même celui de l'inspecteur, que l'on sent ligoté par les conventions. J'ajouterai une critique de forme ... On va dire que je chipote. Deux chapitres ont le même titre : Colin, le jour avant Noël ( pages 347 et 353). La perfection n'est pas de ce monde... et c'est bien mineur par rapport à l'immense plaisir de lecture qu'Une fille parfaite m'a procuré.

On est intrigué par ce R majuscule typographié à l'envers et qui sème le doute sur la perfection de la fille en question. Et rien n'est plus excitant dans ce type de roman que les interrogations qui tiennent le lecteur en alerte jusqu'au bout. Et même bien au delà de la dernière page. Je m'interrogeais plusieurs jours après avoir terminé le livre sur notre capacité et notre efficacité à vouloir rendre justice par nous-mêmes.

Mary Kubica a suivi des études d’arts et d’histoire de la littérature américaine, ce qui se sent dans le roman. Elle a d’abord été enseignante. Aujourd'hui écrivain à temps plein, cette passionnée de Dickens et d'Hemingway vit près de Chicago, la ville dont Mia est originaire. Je guetterai son prochain ouvrage avec grand intérêt quel que soit le visuel de la couverture !

Une fille parfaite de Mary Kubica aux éditions Mosaïc
Le roman sortira en librairie le 29 avril. Je vous en parle dès maintenant pour que vous puissiez le réserver auprès de votre libraire. C'est un premier roman et son destin est entre vos mains.

Le vélo sentimental ... bien plus qu'un restaurant, une halte à faire à Toulouse

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Installé au premier étage de la Maison du véloà Toulouse, le Vélo sentimental est un restaurant presque pas ordinaire. L'endroit est peu banal pour la "parisienne" que je suis, même si, en cherchant un peu, on trouve des lieux assez novateurs aussi entre le XVIII° et le XX° arrondissements.

J'ai été intriguée par la formule : un local associatif entièrement dédié à la bicyclette. On peut y faire soi-même ses réparations, louer et même acheter d'occasion une petite reine. C'est vraiment séduisant car je me déplace souvent à vélo en région parisienne. Je n'envisage pas mes vacances sans la possibilité de faire quelques virées à bicyclette et la situation de cette Maison, juste en face de la gare SNCF Matabiau, est tout bonnement une aubaine.

Le jour de ma venue nous cherchions en fait depuis longtemps un point de chute agréable pour déjeuner, de préférence sainement. Le menu nous a intrigués.

Nous sommes d'abord entrés par la grande porte du garage, étonnés par l'alignement des "Okaz", nous demandant si on ne s'était pas fourvoyés. C'est bien plus tard que nous avons compris que nous étions dans une ancienne maison éclusière, l'écluse Bayard ... Il  est vrai que le canal du Midi se trouve juste de l'autre coté de la route.

Nous avons pris l'escalier intérieur mais on aurait aussi bien pu emprunter celui qui démarre dans la cour qui fait (aussi) office de terrasse pour déjeuner en été.
Arrivés en haut on a eu l'impression d'être dans un appartement privé, comme un de ces endroits qui sont des restaurants éphémères, et dont on se transmet l'adresse par SMS un peu secrètement le jour même.

L'espace est décoré en déclinant l'art du recyclage. Je retiens la robinetterie pour dissimuler l'alimentation électrique de jolis lumignons. Les murs sont talochés et cérusés. Les meubles sont vintage. La vaisselle est harmonieusement dépareillée.
Une enfilade de pièces permet, selon l'envie, de déjeuner dans l'intimité ou de se mêler aux habitués. On s'installe en toute simplicité là où on veut. Et on peut changer les sièges si les fauteuils ne nous conviennent pas. Le sourire ne quitte pas le visage du personnel.

Les murs accueillent une exposition de tableaux. Quelques sculptures rappellent l'univers de la maison, dédié aux petites roues. Un tricycle est suspendu au-dessus du bar, attendant d'être réclamé par des petites gambettes. 
Le restaurant est permanent, du lundi au samedi midi. Il est ouvert également en soirée le mercredi, jeudi et vendredi. Et autant le dire tout de suite : on y mange très bien, très bon, très sain et à prix très raisonnable.

Il n'(y a pas de vrai menu. Tout est à la carte. L'entrée et le dessert sont à 5 €, le plat à 10,50 € (midi), un peu plus le soir. Les assiettes sont généreuses et au final l'addition est très correcte.

La cuisine est "traditionnelle" mais avec une pointe d'originalité qui varie selon l’humeur. C'est ce qu'on appelle une cuisine de terroir et du marché, autour de produits frais et de saison achetés dans un réseau d'agriculture raisonnée. Et le menu change tous les jours. On est quasiment certain qu'on ne mangera pas deux fois la même chose.

L'entreprise affiche plusieurs objectifs, notamment celui d'être orienté sur une thématique environnementale, en assumant le surcoût éventuel de ce choix.

La pintade ou le cochon que l'on vous y servira n'auront pas été élevés en batterie, et on peut logiquement croire qu'ils auront eu une vie heureuse.
Voilà pourquoi la mention figure à la carte. J'avais choisi un tendron de veau "heureux"à la moutarde ancienne.
La polenta qui l'accompagnait était moelleuse, avec juste ce qu'il fallait de parmesan et de basilic pour lui donner de la saveur. Mes félicitations à Elisa !
La grande salade et son duo de boulettes ne déméritait pas.
Le mélange était relevé avec de la roquette et une vinaigrette bien assaisonnée. Elle était accompagnée d'une tapenade maison, bien entendu, qui se laissait manger avec délectation sur un pain sans doute bio lui aussi. Il y avait de quoi satisfaire aussi des végétariens.
L'eau de table n'avait pas le goût de chlore. Servie fraiche dans une ancienne bouteille authentique de limonade elle était rafraichissante en ce premier jour quasi estival.
Le dessert maison du jour offrait le choix entre une mousse au chocolat et un moelleux aux pommes, comme celui que faisait ma mère autrefois.
La formule "café sentimental"était autant tentante avec un assortiment de douceurs.
L'endroit est agréable. On n'avait pas vraiment envie de partir. Nous avons failli squatter le salon tout à fait 1960 pour l'après-midi et y jouer aux tarots (le paquet de cartes attend qu'on s'en empare). notre seul regret était de n'être pas venus la veille : le premier vendredi du mois un(e) spécialiste propose un massage bien-être entre 12 et 15 heures et je gage qu'il apporte une belle dose de sérénité.
Dès que le soleil sera durablement installé on pourra envisager une pause sous le tilleul de la cour à toute heure de la journée autour  des pâtisseries maison.
Les cyclistes toulousains bénéficient de nombreux services : location de vélo urbain, atelier de réparation associatif, vélo-école pour enfants et adultes, centre de ressources ...
Il y a toujours des allers et venues ne serait-ce que pour consulter de la documentation puisque l'endroit peut s'enorgueillir d'une vélocythèque.
 
Enfin, le Vélo Sentimental accepte les "Sol Violette" (une monnaie éthique sur Toulouse et son agglomération) conçue par les citoyens et pour les citoyens, dans la logique d'une économie durable et plus juste, en étant un levier de développement pour le commerce dans le respect des femmes, des hommes et de l'environnement.

Avec 6 salariés, 2 encadrants, 4 encadrés, le Vélo sentimental assure bien son double objectif depuis déjà 7 ans. Le premier, de proposer une cuisine de saison et du terroir, le second d'insérer des personnes désocialisées (SDF, détendeur du RSA…), qui ont la possibilité d’y travailler pendant 24 mois. 
          
Le Vélo Sentimental
12 boulevard Bonrepos, Toulouse. tel : 05 34 42 92 51
Métro Marengo SNCF.
Ouvert au déjeuner/salon de thé du lundi au samedi, et au dîner, du mercredi au vendredi.
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