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Le petit monde de Léo (Lionni) sortira le 11 février sur grand écran

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Le petit monde de Léo a été présenté en avant-première ce mercredi 4 février, au Studio des Ursulines (75005) qui est labellisée Art et essai jeune Public, Patrimoine et Répertoire.

Le film est composé est un programme de cinq courts-métrages destinés aux tout-petits qui mettent en scène différents animaux tels qu’un poisson, un crocodile, des grenouilles, un crapaud ou encore des mulots qui vivent de folles aventures.

C'est l'adaptation de plusieurs contes écrits et dessinés par un auteur de livres pour enfants, Leo Lionni, qui entretenait depuis son enfance une vraie passion pour les animaux puisqu’il collectionnait alors animaux et insectes. Il était également fasciné par le monde végétal et minéral, ayant publié une Botanique parallèle assez surréaliste.

Le réalisateur Giulio Gianini et l’auteur Leo Lionni étaient très amis dans la vie et le réalisateur s’est vite intéressé au travail poétique de l’auteur en voulant transformer ses œuvres en film d’animation.

Giulio Gianini est né en 1927 à Rome. Il s’est spécialisé dans les films en couleurs à une époque où la presque totalité des films étaient tournés en noir et blanc. Il est considéré comme pionnier dans son art en Italie.

Très intéressé par le cinéma d’animation et le théâtre de marionnettes, il a tourné plus d’une centaine de films documentaires, traitant principalement de l’art (dont notamment Picasso, réalisé par Luciano Emmer).

Si Leo Lionni, de son côté, travaillait sur le fonds, traitant des contes modernes de manière poétique, la grande expérience de Giulio Gianini permettait parfaitement de mettre en mouvements et en images les histoires universelles de cet auteur jeunesse. Il avait réalisé déjà en 1979 Le Petit Monde de Leo adapté alors de trois œuvres de Leo Lionni : Un poisson est un poisson, Pilotin et Frédéric.

Cornelius, l'histoire d'un crocodile qui accomplit l'exploit extraordinaire de se tenir debout sur deux pattes et C’est à moi, le récit de trois grenouilles ultra bavardes menacées par un crapaud, ont été ajoutées depuis aux trois contes précédemment filmés.
Le petit monde de Leo a ravi les enfants comme les adultes par la fluidité du message et la beauté des images, totalement fidèles aux albums. Un atelier a été proposé aux enfants à l'issue de la projection.

Lionni fut un fabuliste merveilleux, s'adressant avec simplicité aux enfants pour leur parler de philosophie et du vivre ensemble, comme de l'identité et de la différence.

Il aborde des questions de points de vue, comme celui de la vision du monde d'un petit poisson au fond de son étang (Un Poisson est un poisson), des aspects plus philosophiques comme la stratégie de Pilotin, seul petit poisson noir parmi des milliers de petits poissons rouges qui sauvera la cohorte des dents d'un gros poisson féroce et affamé... ou encore des aspects poétiques avec l'attitude de Frédéric qui fait provision de soleil, de couleurs et de mots pendant que les autres mulots font provision de maïs et de noisettes pour l'hiver...

Dans L’Album des Albums, parue à l’Ecole des loisirs en 1997, Sophie Chérer présente en ces termes l'oeuvre de Léo Lionni. Il est né en 1910 à Amsterdam, d’un père tailleur de diamants et d’une mère soprano. Rien d’étonnant à ce que ses œuvres ressemblent à des pierres précieuses et à des airs d’opéra. Emigré aux Etats-Unis en 1939, naturalisé américain, il devient directeur artistique d’une grande agence de publicité. Il est le premier à y faire travailler des artistes, Calder, De Kooning, Fernand Léger. Il sera ensuite directeur artistique du magazine "Fortune".

Installé en Italie depuis les années soixante, il est venu tard, et par hasard, aux livres pour enfants. Mais c’est là que se sont épanouies ses qualités de fabuliste. La technique de Lionni est à la fois rudimentaire et très raffinée : des papiers collés, qui représentent un mur, des rochers, des souris, des poissons, le fond de la mer, des arbres ... mais ces papiers sont marbrés, rehaussés de couleurs, soigneusement découpés ou déchirés, toujours chatoyants et mis en page avec humour.

Une autre des spécialités malicieuses de Léo Lionni est de retourner, sans la moindre agressivité mais de façon extrêmement efficace, la "morale" de quelques histoires célèbres. C’est chose faite grâce à  son "Frédéric" par rapport à la Cigale et la fourmi. C'est une souris qui ne fiche rien tandis que les autres amassent des provisions pour l’hiver prochain. Mais après la bise vient l’ennui contre lequel noisettes et grains de blé sont impuissants. Alors Frédéric déballe ses richesses à lui : du soleil, des couleurs et des mots, dont il se montre éperdument généreux, puisqu’il est poète... Il arriva même à Léo Lionni, comme à tous les sages, de se montrer visionnaire : en 1989, "Tillie et le mur" fut la plus jolie et prémonitoire illustration de la chute du mur de Berlin. Lionni est décédé en 1999.
La technique des papiers déchirés induit le mouvement. Il était aussi peintre, sculpteur, graphiste, designer et employait autant la peinture à la gouache et la linogravure. Il concevait ses albums comme de petits scénarios. Chaque double page correspond à un plan. Leur transposition au cinéma fut donc naturelle.

Petit bleu, Petit jaune est une de ses oeuvres majeures, révolutionnaire aux USA à l'époque de sa publication, en 1959. C'est une histoire d'amitié prônant la différence, avec un mélange subtil de concret et d'abstrait. On raconte qu'il en a eu l'idée dans un train de banlieue, pour occuper de jeunes enfants. Il se mit à déchirer des papiers en disant on va dire que celui là c'est Petit bleu et que celui là c'est Petit jaune ... Il termina l'histoire de retour chez lui.

Une des idées très fortes de ce livre est que lorsqu'on aime quelqu'un il y a une partie de nous qui se transforme (c'est l'apparition du vert dans cette histoire).

   
Le monde de Leo sortira le mercredi 11 février sur les grands écrans.
A signaler que les oeuvres de Leo Lionni sont encore au catalogue de l'Ecole des loisirs, à l'exception de Pezzetino, petit morceau en italien, qui fait l'objet d'une réédition pour le 16 février.

L'Etranger de Camus au Théâtre 14 dans la mise en scène de Benoît Verhaert

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Les comédiens occupent la scène avant l'entrée du public. Leur présence est forte. Benoit Verhaert scrute les spectateurs avec me semble-t-il presque avec la volonté d'en découdre ... qui se confirmera bientôt.

On aura compris que l'on va assister (j'allais écrire participer) à un spectacle engagé.

Le décor est plus que dépouillé, restreint à quelques meubles, une table, deux chaises, un seau, des gobelets et puis un banc. Le contraste est saisissant avec l'agitation de la salle à moitié pleine de lycéens. Il faut dire que l'Etranger est au programme.

La lumière baisse en même temps que montent les chut, chut ... On croit que le spectacle va commencer, mais non, pour le moment c'est Stéphane Pirard qui remercie le public d'être là.
Nous venons de Belgique francophone, un tout petit pays dont nous avons fait plusieurs fois le tour. Nous sommes heureux d'avoir dépassé les frontières. On a vu le spectacle. On vous le recommande.
Et il renverse l'eau de son gobelet sur sa tête. Nous sommes saisis. L'interrogatoire commence : Avez-vous tué cet arabe ? Les questions fusent aussi vite que des balles. Flash-back ...
Aujourd'hui maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J'ai reçu un télégramme de l'asile : "Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués." Cela ne veut rien dire. C'était peut-être hier.
Tout va vite. Benoit Verhaert enchaine les rôles sans répit. On retiendra quelques répliques plutôt que d'autres, comme celle qui est tirée du Spoutz de Marcel Pagnol (que j'ai vu récemment interprété par une troupe flamande) : Tout condamné à mort aura la tête tranchée !

Aucun homem n'est assez coupable pour que Dieu ne lui pardonne pas.

Voulez-vous que ma vie n'ait pas de sens ?

Mes besoins physiques perturbent mes sentiments. J'aurais préféré que ma mère ne meure pas.

Meursault ne triche pas, répondant à toutes les questions avec une honnêteté déroutante : dans un sens cela m'intéresse de voir un procès, je n'en ai jamais eu l'occasion. Mais j'ai l'impression d'être de trop. (...) Je parle seul. Je ne crois pas en Dieu.
Et puis, cette dernière phrase : j'ai senti que j'avais été heureux.

Le spectacle est terminé mais nous n'en avons pas fini avec la troupe. Les comédiens expriment leur regret de n'avoir pas la possibilité de prolonger la soirée avec nous. Un autre spectacle va bientôt démarrer sur ce même plateau.

On nous rappelle qu'Albert Camusétait un auteur philosophique et pas un auteur de polar. La question n'est donc pas tant de savoir s'il a tué ou non. Nous sommes tous "condamnés à mort". C'est déprimant mais cela donne matière à réfléchir.

Le metteur en scène estime qu'il aura bien travaillé s'il a réussi à nous empêcher un peu de dormir. Pour cela il nous envoie deux questions que nous méditerons seuls (mais il aura proposé aux lycéens d'aller à leur rencontre dans leur établissement pour en reparler).

La première a trait à l'étrangeté de Meursault : Vous sentez-vous étranger à Meursault ? Vous reconnaissez-vous un peu en lui ?

La seconde : Admettriez-vous un Meursault dans votre environnement ou n'est-ce qu'un personnage de roman ? La seule solution est-elle de l'éliminer comme dans le bouquin.

L'Etranger, selon Camus lui-même, est l'histoire d'un homme condamné à mort pour n'avoir pas pleuré à l'enterrement de sa mère.
L'Etranger d'Albert Camus, mise en scène de Benoit Verhaert et Frédéric Topard.
Avec Stéphane Pirard, Benoit Verhaert et Lormelle Merdrignac.
Théâtre 14
20 avenue Marc Sangnier, 75014 Paris
Du 9 janvier 2015 au 13 février 2015.
Du lundi au vendredi à 19h

Charlie Winston livre Curio City

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J'ai reçu le CD de Charlie Winston sans doute parce que j'en avais chroniqué d'autres. C'est un des privilèges (et des plaisirs) que j'ai d'être parfois contactée sans que je le demande.

La pochette est tellement surréaliste que je n'ai pas reconnu le chanteur et que j'ai cru qu'il s'agissait d'un premier album.

Je l'ai aussitôt glissé dans le lecteur en ne m'intéressant qu'à la voix.

Un timbre particulier, un son plus léger qu'aigu ... et quand j'entends Home maybe just a memory for modern minds je pense au très élégant et mélancolique Chilhood Home de Ben Harper que j'avais présenté sur le blog il y a presque un an.

Les intro sont suffisamment longues pour qu'on en apprécie la beauté et la fluidité. En particulier celle de Lately (piste 8) dont les consonances analogiques me rappellent quelque chose ... Je lui trouve un air de famille avec Like a hobo, ... Je ne vais pas claironner ma "découverte". Charlie Winston est le créateur de ce titre, qui fut un grand succès en 2009, et je n'avais pas fait le rapprochement.

Pire encore, on m'a dit depuis qu'il avait longuement hésité à inclure Lately dans l'album parce qu'il craignait précisément qu'il ne se démarque pas assez du succès précédent. Il a beaucoup hésité à avoir recours aux sifflements si caractéristiques qui étaient devenus sa marque de fabrique. le CD offre deux autres versions en bonus avec piano et harmonica, mais je préfère celle qu'il a finalement retenue.

Ecoutez bien les paroles : "Lately, I've been thinking this could be another soundtrack to your life"… autrement dit : Ces derniers temps, j'ai pensé qu'il pourrait y avoir une autre bande-son, pour décrire ta vie.



Il me semble que l'artiste britannique, né dans les Cornouailles, de parents chanteurs, a réussi à aller plus loin sans se renier. De fait, cet album parle de sa vie d'aujourd'hui qui, maintenant, se passe en ville. Curio city est un album aux contours personnels, au son plus dur, plus pop, et aux ambiances urbaines électroniques plus modernes nimbées néanmoins de poésie.

Entièrement écrit, composé et réalisé par Charlie Winston lui-même, il a été enregistré dans son studio londonien au terme de deux ans de travail que l'on peut considérer comme un de ces objets si particulier d'un cabinet de curiosités.
"J'ai appelé cet album Curio City car chaque chanson explore un quartier différent, explique-t-il. J'ai dû marcher à travers beaucoup de rues et de boulevards, en aucun cas réels, mais imaginaires. J'ai gardé des morceaux de chacune de ces rues musicales pour en faire des chansons. J'ai aussi été très inspiré par les films Blade Runner et Drive pour créer une ambiance étrange et particulière."
Le groove du vagabond chic au chapeau en diagonale devient plus introspectif. S'il le porte encore au moment de réinterpréter son grand tube en concert live dans toutes les émissions où il présente son album on peut considérer que le vagabond a fait de la route.

Avec A light (piste 6) sa voix s'élève avec pureté. Juste après Evening Comes laisse filtrer des sons probablement inspirés dans voyage en Inde et des interrogations personnelles que nous partageons avec lui : suis-je le seul à chercher une raison de vivre ?
Une tournée commence le 19 mars à Rouen, et se poursuivra à Nantes, Lille, Reims et Strasbourg. Il sera sur les scènes parisiennes de la Cigale, le 31 mars et le 1er Avril, et du Trianon le 15 juin.

Curio City, troisième album de Charlie Winston, chez Atmosphériques, dans les bacs depuis le 26 janvier 2015
Photo de la pochette : Steph Dray
Photo de l'artiste pour RTL : Romain Boe / Abacapress

Le joueur d'échecs avec Francis Huster au Théâtre Rive Gauche

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Nous embarquons sur le pont d'un bateau. Pour preuve, une sirène retentit et des piaillements de mouettes couvrent les bavardages des spectateurs.

On devinera tout à l'heure en sourdine les accords de Plus près de toi mon Dieu, qui immanquablement évoque le naufrage du Titanic. Etait-ce bien utile ?

Francis Huster exécute un seul en scène, passant d'un rôle à l'autre, se donnant lui-même la réplique. Etait-ce bien nécessaire ?

D'abord une vingtaine de minutes coté cour, puis autant coté jardin. Et ainsi de suite avec quelques moments au centre de la scène. Sans doute pour qu'aucun spectateur ne puisse se plaindre d'avoir été tenu à distance du grand acteur.

Le joueur d'échecs est une performance, à destination d'un public qui est venu pour assister à un match. Francis versus Huster.

La prouesse est de taille. Elle éclipse le sujet même de la nouvelle dont on dit que c'est le chef d'œuvre de Stefan Zweig. Toute notre attention est captée par le jeu du comédien dont la voix résonne et emplit toute la salle, rebondissant souvent en écho, jusqu'à devenir surréaliste.

Quel dommage, avec un tel talent, d'avoir accepté d'être sonorisé. Ce soutien devrait être réservé aux voix fluettes. A moins que Francis Huster n'ait perdu certaines de ses capacités... On ne peut pas comparer la salle du Théâtre Rive Gauche à la Cour d'honneur du Palais des Papes un soir de mistral.

Quel dommage aussi que la direction d'acteurs soit figée, le comédien passant le plus clair de son temps assis sur un empilement de bagages. Comme s'il était naturel de voyager dans une telle attitude.

Qu'importe : le public vient pour voir le fauve et celui-ci ne ménage pas les effets. Il sera applaudi dans une véritable ovation qui ne l'amènera pas à la moindre remise en question. Pourtant, un jeu avec des instants de retenue aurait rendu la partie plus sensible.

L'instant le plus émouvant sera celui où Francis Huster s'exprime après les saluts à propos de l'exécution d'un japonais en soulignant la terrible perte d'humanité. La partie avec la mort est engagée depuis toujours. On ne la gagne jamais, dit-il en provoquant une juste émotion.
Le joueur d'échecs de Stefan Zweig
Adaptation de Éric-Emmanuel Schmitt
Mise en scène de Steve Suissa
Depuis le 3 septembre 2014 au Théâtre Rive Gauche
6, rue de la Gaîté 75014 Paris
Tél : 01 43 35 32 31
Prolongation jusqu'au 31 mai 2015.

Max et les poissons de Sophie Adriansen chez Nathan

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Max et les poissons va devenir un classique de la littérature jeunesse. C'est un excellent petit roman qui plaira autant aux jeunes qu'aux adultes.

Encore un livre sur la situation des enfants juifs au cours de la seconde guerre mondiale dirons certains ... Je croyais moi-même que le sujet avait été épuisé. Un petit garçon victime de la rafle du vel'd'hiv' et envoyé à Drancy, ce n'est malheureusement pas une idée neuve.

Conclure équivaudrait à occulter le talent de Sophie Adriansen qui confirme ses compétences auprès de tous les publics.

Chapeau !

Réussir à restituer le mode de pensée d'un enfant avec autant de justesse n'est pas l'apanage de tous les auteurs.

Après la lecture de son premier "vrai" roman, Quand nous serons frère et soeur, je lui conseillais de poursuivre dans cette voie. Au risque de me contredire je vais lui suggérer de continuer en littérature jeunesse. Je sais bien qu'elle n'a pas besoin de mes avis pour naviguer dans l'un et l'autre domaine. Après tout elle sera loin d'être unique. Nombreux sont les auteurs (des éditions de l'Olivier en particulier) à publier également pour les adolescents (à l'Ecole des loisirs en particulier). Et vous pourrez aller naviguer sur son site pour vous apercevoir qu'elle a plus d'une plume à son encrier.
Un regard d'enfant sur la rafle du Vel d'Hiv' Max a un poisson rouge ! C’est sa récompense : à l’école, il a reçu un prix d’excellence. Max a aussi une étoile jaune sur la poitrine. Il la trouve jolie, mais ses camarades se moquent de lui et disent qu’elle sent mauvais. Il ne comprend pas pourquoi. Comme il ne comprend pas cette histoire de « rafle » dont parlent ses parents. Ils disent qu’elle aura lieu demain, mais c’est impossible : demain, c’est son anniversaire ! Il sait déjà que sa sœur lui a fait un cadre en pâte à sel et il espère que ses parents lui offriront un second poisson…
Max traverse la guerre avec la candeur d'un enfant qui croit en l'avenir. On assiste, impuissant évidemment, à la perte de ses illusions : je comprends bien qu'on ne fait pas ce qu'on veut (p. 36). Il analyse les évènements avec la sensibilité propre aux âmes pures et le texte coule de source.

Papa, maman et Hélène ont peur aussi, je le sens. Et quand les grands ont peur c'et comme une couverture toute râpée par laquelle passe le jour : ça ne protège plus de rien. (p. 42)

Max et les poissons de Sophie Adriansen, illustrations de Tom Haugomat, chez Nathan, le 5 février 2015 en librairie. Pour tout public à partir de 10 ans.

Le Mariage de Figaro mis en scène par Jean-Paul Tribout au Théâtre 14

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Je ne vais pas vous faire l'injure de vous raconter le Mariage de Figaro, quoique on n'est jamais assez prudent :
Le valet Figaro doit prochainement se marier à la soubrette Susanna. Celle-ci est la cible des assiduités du Comte Almaviva, situation qui désole la Comtesse qui pleure ses illusions amoureuses d'antan. Quant au jeune page Cherubino, jamais en reste pour courir les jupons quels que soient leurs rangs, il se démène comme un bougre pour lui apporter quelques distractions...
Cette pièce de théâtre est souvent montée et c'est toujours un succès. A croire que les adultes sont comme les enfants : ils aiment voir et revoir les mêmes spectacles.

Il n'empêche que celui que Jean-Paul Tribout a mis en scène (et qu'il interprète) est tout simplement exceptionnel de beauté et de facétie dans un décor turquoise et vaporeux d'une légèreté incroyable.

Le paquet (si vous me permettez l'expression) a été mis sur les costumes qui sont tout simplement magnifiques.

Je laisse les images en apporter la preuve.
On s'amuse, comme c'est le propre pour une comédie, mais le sujet n'est pas sans profondeur. On pourrait y entendre une apologie de ce qu'on appellerait aujourd'hui la méritocratie et un plaidoyer féministe.

Tout va vite et rebondit jusqu'à la fin. C'est joyeux et intelligent.

Le Mariage de Figaro mis en scène par Jean-Paul Tribout
Avec Xavier Simonin, Eric Herson-Macarel, Marie-Christine Letort, Jean-Paul Tribout, Agnès Ramy, Alice Safarti, Claire Mirande, Pierre Trappet, Thomas Sagols, Jean-Marie Sirgue, Marc Samuel ou Laurent Richard.
Au Théâtre 14
20 avenue Marc Sangnier, 75014 Paris
Du 6 janvier 2015 au 21 février 2015.
Du mardi au vendredi à 21h.
Le samedi à 16h et à 20h30.
Photos Lot

Les mots qu'on ne me dit pas de Véronique Poulain chez Stock

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J'ai rencontré Véronique Poulain au premier Salon Lire c'est libre du 7ème arrondissement. Je connaissais beaucoup des auteurs présents. Alors le temps de bavarder avec chacun, de suivre une forte intéressante causerie (le mot n'est pas péjoratif) de David Foenkinos à propos de Charlotte, ... et je songeais à partir quand Lorraine Fouchet m'a quasiment intimé l'ordre de m'intéresser à Véronique et elle a grandement eu raison. Comme quoi on peut écrire "J'ai rendez-vous avec toi" et songer à en organiser pour les autres.

Ce qui surprend en premier c'est l'éclat du sourire qui éclaire son visage. Quant à son livre c'est une véritable tornade. Il se lit très vite, comprenez par là qu'on gambade d'un chapitre à l'autre en reconstituant ce que fut sa vie de bébé, d'enfant, d'adolescente et de femme au sein d'une famille composée majoritairement de sourds, père, mère, marraine et oncle.

Aucune langue de bois sous sa plume. On appelle un sourd un sourd. Le handicap n'est pas atténué derrière le terme de "malentendant". Elle y va crûment pour raconter des situations que l'on ne soupçonne pas. Et pourtant je croyais en connaitre un rayon depuis le film La famille Bélier qui, déjà, avait jeté un énorme plouf dans la mare lisse de la bienséance.

L'article que j'ai consacré à ce film a longtemps été en tête des plus fortes consultations sur le blog. Ce n'est que justice. Je pense que Les mots qu’on ne me dit pas méritent amplement le même sort.

Si le sujet est le même, et pour cause, puisque le scénario est tiré de sa propre histoire, ce livre ne fait aucunement double emploi. Il est mince mais dense. Et qu'est-ce que j'ai ri, me surprenant à faire autant de bruit qu'un sourd. Si on croit que les sourds vivent dans le silence qu'est-ce qu'on se goure. Libérés en quelque sorte des mots et des convenances ils se lâchent dans tous les sens du terme.

A tel point que, paradoxalement, Véronique a développé une capacité exceptionnelle à s'isoler du monde quand le raffut devient insupportable.

Tout ce qu'elle raconte suinte de vérité et d'amour, même dans les brefs sursauts de colère ou de honte face à des situations gênantes qu'elle nous livre aussi, ne censurant rien. Ce n'est pas facile de vivre dans une maison où les sonneries font clignoter les lampes, où les lapsus créent des quiproquos, où pour communiquer il ne faut jamais se perdre des yeux, ce qui est très fatiguant et empêche de faire autre chose en même temps.

Elle glisse aussi quelques faits historiques, notamment l'année décisive de 1977 avec le développement de la langue des signes (qui pourtant était née en France longtemps avant). Ses parents ont joué d'ailleurs un rôle capital dans cette affaire et elle a toutes les raisons d'en être fière.

J'ajouterai l'année 2014 qui a permis de considérer les choses autrement, grâce au film bien sûr puisqu'il a été vu par des millions de spectateurs. Grâce à elle en premier car beaucoup l'ignorent mais si elle n'avait pas fait de confidences à la fille de Guy Bedos celle-ci n'aurait jamais trouvé toute seule matière à écrire un scénario.

Miracle du web qui conserve tout, j'ai retrouvé un extrait d'une émission où le père, Guy Bedos, vante le livre de son ex-assistante (ils ont travaillé quinze ans ensemble). Je le cite : elle s'apprête à faire un tabac et j'en suis très heureux, déclarait-t-il en septembre 2014 sur le plateau de Vivement Dimanche.
Bizarrement il ne parle pas du film de sa fille qui était pourtant bouclé depuis longtemps même s'il n'était pas encore sorti sur les écrans. Celle-ci aurait écrit son scénario toute seule. Secret de polichinelle, je suis passée à coté parce que j'ai vu le film en avant-première, l'ai chroniqué et n'ai rien lu à son sujet. Sinon la coïncidence ne m'aurait pas échappé. Quand on sait que Victoria Bedos a publié un livre sur le déni (chez Plon en 2007) on pourrait attendre d'elle un vrai rapport à la vérité.

Véronique ne pourra pas se plaindre : entre Bélier et Poulain il faut reconnaitre qu'il n'y a aucune ressemblance ... et puis elle a été sollicitée pour faire de la figuration en jouant le rôle d'une cliente sur le marché. C'est ce qui s'appelle bien s'entendre.

En tout cas son livre est réjouissant. Il faut le lire sans modération.

Les mots qu'on ne me dit pas, de Véronique Poulain, Stock, décembre 2014

Piperade citron/olives avec Carré frais

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Ce soir cuisine rapide, genre "cake à tout", "salade fin de frigo" ... il y a des instants où la fatigue l'emporte sur l'envie.

Ce n'est pas une raison tout de même pour dîner triste. C'est là que certains petits adjuvants sont miraculeux.

Le Carré Frais peut être de ceux là, surtout avec ses olives vertes et sa petite touche de citron.

140 ans après son invention par Charles Gervais il demeure un allié précieux.

J'ai fait revenir un oignon émincé dans une poêle, ai ajouté un poivron rouge en lanières, deux gousses d'ail, du thym et du laurier puis, à la fin (pour que les morceaux restent encore perceptibles) une tomate coupée en petits cubes.

J'avoue avoir mélangé avec deux cuillères de crème fraiche dans lesquelles j'ai délayé un Carré Frais.
Un oeuf au plat apporte le complément de protéines.

Et comme il est 0% de matières grasses on peut s'offrir la gourmandise d'en tartiner un second pour accompagner le plat. Il y a des instants où la fatigue s'efface ... et où l'on se dit que les beaux jours rallongent et que bientôt l'été viendra lui aussi.

L'anniversaire du blog

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Le rituel est instauré. Je ne peux déroger. Ce n'est pas un bouquet de bruyères que je dépose sur ma table de travail mais quelques lignes de bilan que je poste sur le blog.

J'avais fait fort en souhaitant de Bons anniversaires à tous (2009). C'était la première année et je n'en revenais pas de l'intérêt suscité.

Cela n'a pas été très difficile de poursuivre  l'année suivante : Deux ans et plus dedans (2010).

Trois ans sont arrivés naturellement pour A bride abattue en 2011.

Un silence de quelques semaines s'est instauré suite à un évènement sur lequel je m'explique pour le suivant : Anniversaire (2012).

Les choses ont semblé se réinstaller. A bride abattue souffle 5 bougies en 2013 et ce fut l'anniversaire des 6 ans en (2014)
Sept ans maintenant ... avec l'impression que de mon côté je me suis expliquée sur toutes les motivations que j'ai à débusquer des sujets qui me semblent mériter qu'on s'y attarde un peu. L'envie de partager et de témoigner qu'il y a de la vie, de l'énergie et des gens formidables, que ce soit dans le domaine culinaire comme dans le secteur culturel, parfois même dans les deux univers à la fois.

Je ne vais pas radoter en exprimant une nouvelle fois mes attentes. Il me semble qu'il me reste une marge de progrès à entreprendre avant de m'échouer sur le rivage, car forcément, le blog ne sera pas éternel. Les articles peut-être ...

Je vous emmène quelques instants en coulisses. Il en faut du courage pour oser monter sur scène chaque soir, surtout quand on manque d'assurance. On le sait peu mais les comédiens doivent surmonter leurs angoisses pour exercer leur métier. Les applaudissements sont leur principal carburant. Les messages de félicitations aussi. Ils les punaisent autour de leur miroir pour s'en imprégner en se maquillant.

Voici quelques-uns de ceux que j'ai reçus ces derniers temps.

Merci beaucoup Marie Claire. Tes photos sont Top;
Tellement appétissantes . Tu nous fait saliver.
Encore un très bel article
Merci Merci, Merci

Merci mille fois pour ce très bel article que j’envoie à toute l’équipe
Belle fin de matinée frisquette

Bonjour Marie-Claire !
Magnifique article dont je ne permettrais pas de corriger une ligne car elles n’appartiennent qu’à vous !  Merci du fond du coeur de tous ces beaux compliments.
A très bientôt,

Chère Marie-Claire,
Je ne sais comment tournicoter ces cinq lettres - MERCI - pour leur donner la couleur et l'intensité qu'elles méritent ici.
Non seulement je suis heureuse que ce livre vous ait plu, mais j'admire l'acuité et le rythme de votre critique.
Merci aussi d'avoir vu et noté que le suspens résulte d'acrobaties épuisantes sur le plan de l'écriture… je sais que cela passe et passera inaperçu aux yeux de la plupart des lecteurs et qu'il y aura toujours quelqu'un pour dévoiler ce que je me suis ingéniée à dissimuler…
Vous l'avez compris, votre compte-rendu me plait. Au point que je vais l'envoyer à quelques "interviouveurs" et utiliser certains passages pour les flyers d'invitation aux dédicaces. Vous serez citée -cela va de soi, et je vous en ferai part à chaque fois.
Avec amitié.

Bonsoir Marie-Claire,
Merci 1000 fois j'adore votre article; la recherche que vous avez realisèe sur les produits,
le style de votre écriture, vos photos,vous avez écrit avec votre coeur les émotions que nous avons
 pu vous faire partager.
N'hésitez pas a venir me faire un petit coucou rapidement!

Bonjour Marie-claire.  Je suis émerveillée de vous lire sur votre blog , comme vous découvrez la bretagne et en parlez d'une façon si poétique avec des photos comme des cartes postales. vous étes vraiment formidable et trés douée. Je vais tous les jours sur votre site et je passe un agréable moment à vous lire . Maintenant j'attends tous les jours votre petite nouveauté.  Bravo pour votrefacilité de parole.

Anna Christie au Théâtre de l'Atelier et son programme de lectures

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Le Théâtre de l'Atelier change de direction et c'est le metteur en scène Didier Long qui reprend les rênes du théâtre. S'il est encore trop tôt pour évoquer la programmation de septembre, on peut tout de même évoquer son travail sur le cycle de lectures proposées en ce moment à l'Atelier, du mardi au samedi à 19h et le dimanche à 18h, jusqu'au 15 février. Ne tardez donc pas.

J'ai assisté à la lecture que Dominique Blanc a faite des Années d'Annie Ernaux devant un parterre très dense.

Une table caractéristique des lectures que l'on fait au théâtre, une bougie, une carafe, un verre d'eau, une chaise bistrot, un rideau de velours noir. Autant dire aucun décor.

Et pourtant ce fut un début de soirée magique. Parce que c'était elle, Dominique, qui connait intimement ce livre qu'elle a choisi parce qu'il l’accompagne sur les tournées et les tournages depuis quelques années déjà. Elle affirme ne jamais s’en séparer : J’aime l’écriture d’Annie Ernaux. C’est une écriture exigeante. C’est une exploration totale de l’être tout entier. "Les Années" est une autobiographie romanesque qui a l’élégance de ne jamais dire "moi" ou "je". C’est notre mémoire collective à tous.

Tout ce qu'Annie Ernaux a écrit évoque des souvenirs que nous avons en commun et qui sont entrés désormais dans l'histoire. Son art est d'entremailler le texte de moments appartenant à l'histoire avec un grand H et à celle, plus modeste, de la plupart des familles françaises.

En faisant constamment le grand écart (subtilement réussi) entre la posture des personnes dites "âgées"qui ne parlaient pas de ce qu'on savait mais qu'on n'avait pas vu et celle, plus récente, de l'auteur qui souligne qu'il est urgent de sauver quelque chose du temps où on ne sera plus jamais.

C'est nostalgique, mais formidablement maîtrisé, et cela fait du bien de réaliser l'ampleur de notre mémoire collective.

A partir du 17 février et jusqu'au 1er mars, ce sera Jean-François Balmer qui lira "Un Candide à sa fenêtre" de Régis Debray. Ensuite dès le 3 mars, et jusqu'au 15, Samy Frey ouvrira les " Entretiens avec Jean-Paul Sartre (août-septembre 1974)" de Simone De Beauvoir.
Avec Anna Christie nous partons loin, très loin ... quelque part dans un bar crasseux de New York où Chris Christopherson attend sa fille Anna  sans l’avoir jamais revue depuis qu'il l'a abandonné à la mort de sa femme à des cousins dans une ferme du Minnesota avant de repartir en mer.

Son intention est de l’emmener avec lui en mer "pour qu’elle se repose". Elle sort de l'hôpital et a déjà beaucoup vécu pour ses 20 ans: l'esclavage à la ferme, la prostitution depuis deux ans. Elle arrive, comme surgie de nulle part, tout comme le marin Burke repêché en mer. Cet homme est fasciné dès le premier regard et désire l’épouser. Anna, entravée par son passé de prostituée, va revendiquer face à ces deux hommes son autonomie et sa liberté.

La pièce âpre d'Eugene O'Neill (mort en 1953, prix Nobel de littérature en 1936) se déroule dans "des brouillards portuaires, des mers agitées, des bars où les alcooliques côtoient les prostituées", décrit le metteur en scène Jean-Louis Martinelli.

Le père de O'Neill était acteur. Eugène est devenu marin après quelques années dans un pensionnat catholique, puis un court passage à l’université de Princeton. Il connaît les affres de l’alcool, essaie de se suicider. Il est gravement atteint de tuberculose. C’est d'ailleurs dans un sanatorium du Connecticut qu’il entame, à l’âge de 24 ans, ce qu’il appelle sa renaissance en commençant à écrire des pièces de théâtre.

Celui qui est considéré comme le père du théâtre américain sait de quoi il parle en évoquant la mer et les ravages de l'alcool. Son théâtre est réaliste, mais derrière l’analyse sociale et psychologique des personnages, on découvre des personnages qui, comme lui, cherchent désespérément à donner un sens à leur existence.
Pour interpréter de tels rôles il fallait des comédiens d'expérience. Le choix est parfait. Mélanie Thierry conjugue l'innocence à la force, tout à fait crédible en môme rebelle aspirant à conquérir sa liberté.

Père et amoureux, Féodor Atkine et Stanley Weber, se livrent à un duel sans merci.

Il faut citer aussi Charlotte Maury-Sentier, crédible en tenancière du boui-boui.

Les décors sont très beaux, le brouillard dense. Les cintres demeurent constamment visibles. Si bien qu'on n'oublie jamais que nous sommes au théâtre.
Anna Christie d’Eugene O’Neill se joue depuis le 20 janvier dernier.
Mise en scène Jean-Louis Martinelli
Avec Mélanie Thierry, Stanley Weber, Féodor Atkine et Charlotte Maury-Sentier.
Théâtre de l’Atelier
1, place Charles Dullin
75018 Paris

Un dîner en amoureux entre Valentin et Valentine

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Que préparer pour réussir un dîner en amoureux ? La question m'est posée et il me semble qu'il y a deux choix possibles. Ou bien cuisiner longuement en suivant des recettes très élaborées.

Ou bien miser sur la délicatesse, le clin d'oeil ... et laisser opérer le charme et le destin. Le grand avantage avec cette formule est que vous aurez du temps libre pour vous préparer et ne pas commencer la soirée proprement dite dans un état de fatigue avancé.

Peut-être même que vous aurez prévu une sortie pour commencer.
Soit pour fixer un nième cadenas sur le Pont des Arts quoique je ne le recommande pas car les équipes municipales libèrent régulièrement le parapet de ce surpoids dangereux pour son équilibre, soit pour aller voir un spectacle.

Dans ce cas l'originalité s'impose avec par exemple une Dark Night très spéciale au Manoir de Paris, 18 rue de Paradis - 75010 Paris, qui est un lieu extraordinaire où je suis allée plusieurs fois.

Obscurité totale. Aucune chandelle. Musique envoûtante. Vampirisme des sens et de l'esprit avec des monstres déchaînés, à condition d'avoir plus de 16 ans. Ce sera ce Samedi 14 février, de 18h à 22h (fermeture des portes 20 mn avant).

Après de telles émotions on aura envie d'un petit Caprice, à grignoter sur le chemin entre la salle et la maison. Cela fait des années que la fromagerie d'Illoud en Haute-Marne propose des déclinaisons humoristiques pour la fête des amoureux.
Son cœur fondant, son goût de crème fraîche et sa croûte blanche et duveteuse plaisent à juste titre.

Cette année la nouveauté est un En Cas de Caprice se découpe en tranches comme on effeuillerait une marguerite un peu, beaucoup, passionnément, à la folie ou pas du tout.

En arrivant at home, sweet home, on allumera une bougie pour instaurer l'ambiance.

J'ai choisi une bougie naturelle d'Aromatherapy by Design qui est un atelier de création et de fabrication de bougies d'aromathérapie haut de gamme réalisées à la main dans leur atelier situé tout près du Mont Saint Michel depuis novembre 2010.
Les huiles essentielles extra-pures de ces bougies sont de qualité officinale et apportent, en plus de leur délicat parfum, une profonde sensation de bien-être. Les intitulés sont tous attirants. j'ai une préférence pour Bonheur qui embaume le géranium, le citron vert et le basilic.
Nous avons dit que nous n'allions pas passer la soirée devant les fourneaux. On va donc commencer en ouvrant le coffret des Extraits de terroir de Comtesse du Barry que j'avais découvert en octobre dernier.
Cet objet qui s’ouvre comme un livre regroupe les plus belles recettes de terrine et de rillettes de la marque, ainsi qu’une peinture spécialement réalisée par un artiste. Une fois la dégustation terminée  on pourra recycler la boite pour y conserver ses lettres d’amour ou sa lingerie fine ... On pourrait même oser glisser l'un ou l'autre en cours de soirée.
Un verre de vin s'impose en jouant sur l'originalité. Avec par exemple un Irancy commandé sur le site de Wine Republik quelques jours auparavant ... parce qu'il n'y a pas que le champagne qui soit festif comme je l'ai déjà écrit.
Un petit dessert léger ... Avec du chocolat évidemment, mais contenant moins de calories que ce qu'on trouve classiquement. Ce sera le P'tit Choc d'Eugène, une pâtisserie qui s'adresse aux diabétiques (mais donc à tout le monde). Un coeur moelleux comme une mousse sur un biscuit feuilleté, enrobé par un fin chocolat. Avec une marguerite (encore elle) de pâte d'amande. Je consacrerai très prochainement un billet spécial à cet établissement hors du commun.
Enfin on offrira un livre, comme celui de Nicolas Barreau comme le Sourire des femmes, ou le dernier, Tu me trouveras au bout du monde... en ayant glissé une jolie lettre dedans.
Bonne soirée !

L'Aquarium de la Porte Dorée

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Le plan Vigipirate renforcé a des conséquences insoupçonnées. Les musées et lieux publics sont désertés. Par exemple l'Aquarium de la Porte Dorée, d'habitude bondé et piaillant de cris d'enfants le mercredi était silencieux le jour de ma venue comme si nous étions en pleine nuit.

C'est bien simple, j'étais la seule visiteuse. Il m'a semblé que les poissons s'ennuyaient ferme. Les raies sont venues se coller contre les vitres  en me faisant presque un clin d'oeil. Mêmes les murènes pourtant si craintives ont fini par sortir la tête de leur trou pour scruter mon regard.

Je n'ai pas voulu néanmoins perturber les animaux en les photographiant avec mon appareil préféré. J'ai plutôt employé le portable, plus discret, moins précis hélas, mais vous constaterez tout de même que vous ratez un rendez-vous exceptionnel si vous n'allez pas dans cet endroit magique.

Le nombre de clichés étant important, il faudra d'abord cliquer sur "plus d'infos" pour obtenir la totalité de l'article. En ouvrant ensuite la première image vous pourrez toutes les voir en haute définition et plein écran.
Les poissons vivent dans des aquariums rassemblés par océan. On remarque que les couleurs sont plus éclatantes dans les eaux chaudes. Je ne vais pas légender toutes les photos. Leur beauté parle d'elle-même.
L'Aquarium a ouvert en 1931. Il est riche d'environ 5 000 spécimens, 300 espèces, 84 aquariums de présentation au public pour un volume global de 350 000 litres dont 20% en eau de mer. Il y a aussi un terrarium pour crocodiles et alligators  de 135 m2.
Le premier poisson qui m'a en quelque sorte "accueillie"était une sorte de congre qui n'arrêtait pas de faire le tour de l'aquarium ... nageant comme un ours en cage. Il s'agit d'un Lépidosirène qui remonte sans cesse en surface pour aspirer de l'air en surface.
Les raies léopards jouaient à s'aplatir sur les petits cailloux puis à se redresser à la verticale.
 Ce poisson là était presque translucide.
 Les anémones semblaient flotter dans le liquide, rendant le paysage très changeant ... et chatoyant.
Arrivée brutale d'un poisson chirurgien, jaune vif, reconnaissable à son éperon tranchant de chaque coté de sa queue.
Dans le même bassin, un Poisson papillon obliquait brutalement de 90°, découvrant un corps plutôt conséquent. Ce poisson, passe inaperçu de profil et dispose d'un point de couleur important sur le corps, imitant de loin un oeil pour effrayer les prédateurs.
Les coraux sont eux aussi très impressionnants.
Les poissons clowns à trois bandes vivent en groupe ou en couple au contact de certaines anémones de mer tropicales car il sont immunisés contres les piqûres des tentacules, en se frottant, d'abord très brièvement, à l'anémone pour s'enduire progressivement d'une "substance retard" qui inhibe la mise en action des cellules urticantes lors des contacts des tentacules entre eux et qui protégera les poissons par la suite.

L'association du poisson clown et de l'anémone est une symbiose car elle est à bénéfice réciproque. Chaque poisson clown a une anémone attitrée à laquelle il rapporte, en aquarium, de la nourriture. En mer, le poisson clown défend son anémone contre les attaques des poissons papillons qui peuvent brouter ses tentacules.
Les Tétras vivent dans des eaux très troubles où la visibilité est faible. Leurs couleurs vives leur permettent de se retrouver et de vivre en groupe.
La Matamata est une Tortue d’eau douce que l’on retrouve en Amérique du sud, essentiellement dans le bassin Amazonien et le bassin de l’Orénoque. Sa taille adulte d'environ 50 cm pour un poids de 15 kg.

La forme et la couleur de la matamata, très caractéristiques, lui permettent un camouflage très performant lorsque qu’elle chasse poissons et amphibiens qui constituent l’essentiel de ses proies.
Elle peut rester immobile de longues heures et se fond dans la végétation aquatique en imitant des feuilles mortes ou du bois mort très présents dans son milieu.
Pour capturer ses proies, elle les aspire en ouvrant sa très large bouche de façon extrêmement rapide (1/50ème de sec) et avale ses proies entières.
Les alligators semblent naturalisés mais il ne faut pas se fier à leur immobilité. Et si vus d'en haut ils ont l'air minuscules ils sont en réalité énormes.
L'Aquarium est fier de ses poissons (ici des scalaires ) tout autant que de certaines plantes. La vallineria que l'on voit dans ce bassin peut mesurer entre 1 et 2 mètres de longueur dans son milieu naturel, qui est la Nouvelle-Guinée et les Philippines.

Très facile à cultiver, cette plante pousse rapidement en aquarium. Elle nécessite un éclairage intense et un sol riche, ainsi qu'un ajout de CO2. Sa multiplication se fait par stolonnement du rhizome.
Cette plante est très appréciée car elle produit des effets de massif dense, où peuvent se cacher des poissons et contribue de plus à l'oxygénation de l'aquarium.
Le Poisson chien doit son nom à son impressionnante mâchoire hérissée de dents triangulaires rappelant la gueule d’un chien ou d’un tigre.

Il vit en Afrique de l'ouest, dans le fleuve Congo, qui présente par endroit des profondeurs pouvant atteindre plus de 200 m ou dans certains lacs. Les plus gros individus pêchés atteignent des poids de l’ordre de 50 kg pour 1,3 0 mètre de longueur.

Avec cette dentition, le régime carnivore de ce grands prédateur peut se composer de proies dont la taille est au moins équivalente à 50% de leur longueur. 
 Les Poissons Napoléon nagent en mer rouge.Ils se reconnaissent à leurs lèvres charnues.
Adulte, la rascasse dite "volante" peut atteindre 30 cm. Ce poisson vit dans les récifs coralliens des Océans Indien et Pacifique  Elle possède de grandes nageoires pectorales qu'elle déploie pour rassembler ou rabattre ses proies, souvent des bancs de petits poissons.
Toutes les rascasses sont venimeuses, mais celle-ci est particulièrement dangereuse. Les premiers rayons durs de la nageoire dorsale et tous les rayons des nageoires pectorales contiennent des glandes à venin. 
 L'oursin possède lui aussi des piquants. On peut ici les voir bouger ...
L'Aquarium renferme aussi des spécimens énormes.
Pour terminer, une Murène banane dorée qui affectionne les cavités rocheuses et les récifs coralliens jusqu'à 30 mètres de profondeur, dans la Mer des Caraïbes ou près du Brésil. Pourvu d'un odorat très développé, c'est un prédateur nocturne qui détecte aisément poissons, crustacés, et céphalopodes. Cette murène pouvant atteindre 90 cm possède un patron de coloration peu commun dans la nature.

Un peu de patience sera nécessaire pour la trouver dans l'aquarium des rascasses volantes où elle occupe le même trou depuis de nombreuses années ... lequel va bientôt devenir une prison pour son corps ... à ce que disaient les gardiens aujourd'hui.

Aquarium de la Porte Dorée
293 Avenue Daumesnil, 75012 Paris
01 53 59 58 60
Ouvert en semaine (sauf lundi) de 10 heures à 17 heures 30
Le week-end de 10 heures à 19 heures

La disparition du nombril d'Emilie de Turckheim

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Emilie de Turckheim définit elle-même la Disparition du nombril comme une histoire trépidante et terrrrrrriblement (j'ai compté 7 r) personnelle de l'événement le plus ... banal de l'humanité.
Dès l’instant où elle découvre le trait bleu sur le test de grossesse, Émilie se confie à son journal. Avec une sincérité sidérante, elle partage tout, les anecdotes du quotidien, ses amis, ses amours passées et présentes, son fils de deux ans qui babille… Et surtout l’émouvante rencontre avec la " petite prune " qui grandit jour après jour dans ce ventre qui lentement s’arrondit et s’alourdit jusqu’à faire disparaître son nombril.

Émilie a mille vies, elle est écrivain, modèle, visiteuse de prison, maman, aime le sexe, les voyages, les cactus et les gâteaux aux amandes. On rit, on pleure, on la suit aveuglément dans ce roman d’une vie où elle livre sans détour ni tabous son univers intime qui résonne comme une expérience universelle.
Son idée de départ consistait à tenir un journal sur sa grossesse. Elle aurait pu titrer l'ouvrage la Nausée, tant elle a souffert de ce désagrément, mais l'expression avait déjà servi. Ce sera la Disparition du nombril, qui a comme un petit parfum de nostalgie.

Émilie a l'art de raconter le quotidien et ses tracas d'une manière exaltante et drôle tout en usant parfois d'un style télégraphique. On a tous connu une panne de chasse d'eau, sauf que nous n'avons pas la capacité d'en faire un roman.

Nombreux sont les épisodes drôlisssimes : quelques lignes sur le prix du seau chez Brico (p. 33), sur cet antiquaire du Marais qui inscrit des prix exorbitants sur de minuscules étiquettes, sur les urgences pédiatriques (p. 65) quand elle reçoit cet appel de la puéricultrice la prévenant que Marius s'est blessé, rien de grave mais qu'il faut aller à l’hôpital, ou encore les séances de dédicace dans de provinciaux  Salons du livre dont nous n'imaginons pas, nous lecteurs, ce que ces déplacements peuvent avoir de répétitifs.

La maternité a des effets auxquels les médecins s'intéressent peu. C'est peut-être banal mais cet état est malgré tout extra-ordinaire et accoucher encore davantage. Tous les évènements sont alors ressentis de manière exacerbée. Certains psychiatres ont d'ailleurs reconnu que les jours qui suivaient la mise au monde d'un enfant équivalaient à une psychanalyse tant les remaniements de l'inconscient sont intenses. On communique peu sur le sujet qui, évidemment, n'est pas conforme à la doxa.

Émilie a beau être déjà maman (d'un petit Marius), les souvenirs affluent et avec eux la volonté de les partager. En particulier ce qui concerne ce qu'elle appelle "la maison absolue de son enfance" (p. 38), perdue définitivement et qui fait qu'à l'avenir les maisons seraient toutes des citations et des hommages ratés.

Elle est franchement moins amusante quand elle aborde des sujets graves comme lorsque son médecin lui annonce un risque de trisomie mais elle reste toujours optimiste.

Elle a une définition inattendue mais très juste de l'expression "boire un café" (p. 20). Et j'approuve aussi celle quelle donne de la maternité : être mère c'est le temps qu'on y passe (p. 17).

Je ne la crois pas quand elle affirme s'ennuyer dans les trains. Avoir l'imagination de rêver une vie de mérou ou d'hippocampe. (p. 68) devrait être un passeport pour passer le temps sans le sentir. J'admets par contre qu'elle n'aime pas ce moyen de transport. Moi non plus, même si ce n'est pas pour les mêmes raisons.

Je me suis découvert au fil de la lecture deux ou trois points communs avec elle. Même émotion à la remise du premier dessin de mon ainée, comparable à sa découverte, dans le casier de la halte-garderie d'une feuille légendée Marius 1 ans 1/2. Nous n'aimons le train ni l'une ni l'autre. J'ai rencontré chez elle "bêchevèter", un verbe que je croyais inventé par ma mère pour signifier ranger tête bêche, si ce n'est que maman disait "bécheouetter". Encore plus troublant : j'étais en train de faire chauffer du lait pour me faire un chocolat chaud quand je lis, p. 179, ... J'ai commandé un chocolat chaud.

J'ai apprécié son coup de gueule contre cette employée modèle chargée d'étudier des dossiers de demande de logement. Les pages 146 à 149 sont hélas criantes de vérité. J'ai moi aussi entendu des justifications du style : je travaille dans le social mais je suis pas Mère Teresa ... dans la bouche de personnes ayant au final moins d'humanité qu'un distributeur de tickets de stationnement d'aéroport, lequel consent tout de même une gratuité de 20 minutes à tout un chacun quelle que soit sa condition sociale.

Apprendre qu'elle fait régulièrement le trajet en RER jusqu'à Croix de Berny me trouble puisque j'habite à quelques centaines de mètres. Nous finirons par nous rencontrer ...

Rêves, cauchemars, on vit avec elle. Je n'aurais sans doute pas glissé David Copperfield dans mon sac pour m'accompagner dans les transports en commun mais je me souviens de ma lecture de Fuir de Jean-Philippe Toussaint. Et je comprends qu'elle en fasse des économies de lecture, alors qu'elle se trouve à Tokyo, en jugeant, p. 126 qu'on ressent avec lui la poésie du zen.

La Disparition du nombril prend au fil des pages des allures de roman, avec une forme de suspense. L'émotion grandit. La sensualité déborde d'érotisme. Et je m'interroge que ce qu’Émilie va écrire après ...

La disparition du nombril d’Émilie de Turckheim, éditions Héloïse d'Ormesson

Sugar Paris pour les fous de pâtisserie

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La première édition a eu lieu l'an dernier. La seconde vient de s'achever sous la Grande Halle de la Villette. Il y avait beaucoup de visiteurs ce dimanche, essentiellement des visiteuses, il faut le reconnaitre. Si la cuisine connait un regain d'intérêt la pâtisserie occupe sans doute une place à part.

Il est vrai que c'est un art très technique, qui ne souffre pas d'à peu près, sauf peut-être pour réaliser une salade de fruits. L'improvisation n'y est pas de mise, et c'est sans doute une des raisons qui font que, quoique très gourmande, j'ai du mal à "rester dans le moule".

On m'a demandé il y a quelques jours la recette des crêpes ... que je n'ai pas été capable de donner "de tête". Vous aurez compris qu'en pâtisserie je suis une vraie quiche.

Je suis baba face aux 101 propositions de Cécile Coulier qui a décliné le thème de la religieuse avec une imagination débordante. Longtemps journaliste pour plusieurs publications spécialisées, et auteure ou co-auteure de plusieurs ouvrages sur la pâtisserie, Cécile Coulier est sortie diplômée en pâtisserie de l’école Ferrandi, et fonde une entreprise trois ans plus tard.

Le chou était particulièrement à l'honneur sur le Salon, avec la Maison du Chou, de Manuel Martinez, Meilleur Ouvrier de France.

J'admire aussi la volonté de Sephora Saada qui excelle dans une autre spécialité, le cheesecake. J'ai chroniqué son livre, et d'ailleurs ma propre version de ce gâteau est un des articles les plus lus sur le blog depuis quelques semaines. Je ne suis peut-être pas si tarte que je le prétends.

Toujours est-il que j'aime la variété et que je supporte mal les contraintes en cuisine, même si je respecte les procédures. Je maitrise les bases, comme on dit et je m'en satisfait. J'ai quelques livres où je sais trouver les fondamentaux et cela me suffit ... même si bientôt je relaterai mon expérience autour de ce nouveau type de gâteau qui fait fureur : le gâteau dit magique, en passe de détrôner les  macarons, cupcakes, cakes pops, whoopies ... en attendant que les cakestoys, les cronuts, crookies et angel cakes ne déboulent en force dans les pâtisseries des grands chefs. Car ce sont eux qui lancent les tendances.

Vous aurez remarqué au passage combien l'anglais s'est infiltré dans toutes ces dénominations.
Le Cake Design connait un développement exponentiel. En association avec le magazine du même nom, le Salon avait lancé un concours sur le thème de la féérie de l'hiver en utilisant au moins 2 techniques dans les suivantes : glaçage royal, pâte à sucre, chocolat ou autre revêtement, crème au beurre, pastillage, isomalt, fleurs sur fil, modelages, sculpture 3D, dentelles en sucre, peinture alimentaire. La réalisation gagnante (photo ci-dessus) a été jugée la plus originale et la plus créative.

Je crois que je n'aurais pas la patience pour réaliser de telles pièces montées. Je sais néanmoins qu'il y a des fans de ce type de gâteau qui me fait penser, dans un autre registre, à la folie des pulls tricotés en mohair avec moult rubans, faisant ressembler les femmes à des sapins de Noël.
J'ai assisté à une des démonstrations. Chef Damien a exécuté trois recettes très différentes de pain perdu avec l'aide de deux élèves, Mehdi et Driss.
On y pense peu mais râper du citron vert sur une assiette apporte toujours un peu de fraicheur.
Si ces versions sont très gourmandes il n'en demeure pas moins que la majorité des démonstrations touchaient des techniques élaborées et des exercices de style très complexes. L'univers de la décoration semble sans limites.
Après une journée passée ici on ne peut plus envisager de faire un gâteau avec simplement du sucre, des œufs, de la farine. Il faut maintenant des colorants, des appareils sophistiqués et songer à de la déco en tous genres.
Je vais m'arrêter sur un objet très simple, le rouleau à pâtisser. Deux entreprises en proposaient. Une polonaise, Valek, revendiquant l'ancienneté, et puis une française, de Franche-Comté dont j'ai trouvé les motifs plus inspirants. On pouvait juger du résultat sur une série de petits sablés.
Les grands acteurs de la décoration étaient présents. Decorelief avait mis l’accent sur la dentelle en sucre alors que Cerfdellier mettait en avant sa large palette de couleurs de pâte à sucre. De quoi stimuler des vocations.
J'ai retrouvé aussi Mélodie qui diffusait des kits pour faire soi-même ses pops-corns, une des spécialités de cette gourmande.
Dans quelques jours je vous parlerai d'une pâtisserie pour diabétiques.
Sugar Paris du 6 au 8 février 2015 à la Grande Halle de la Villette

Valentina

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Je suis allée voir Valentina - Tchernobyl, témoignage d'une femme née pour l'amour samedi 7 février 2015 à la Halle Saint-Pierre pour une représentation exceptionnelle. J'ai été bluffée par l'interprétation de Coralie Emilion, dans une mise en scène d'une sobriété exemplaire. Tout passe par sa voix, son  regard incandescent, et le sourire ...

Je vous incite à retenir la date de la prochaine représentation qui aura lieu le samedi 27 avril prochain à la Manufacture des Abbesses, ce qui donnera l'occasion de ne pas oublier les 29 ans de l’explosion de Tchernobyl.

Valentina aime. Avant, après Tchernobyl, elle aime, témoignant de sa vie brutalisée par cette catastrophe écologique, bouleversante de simplicité. Une bougie. un claquement de doigts. C'était dans une autre vie, nous dit-elle. Depuis le 19 octobre 1986 j'ai désappris à pleurer. Deux mètres, 90 kilos, qu'est-ce qui pouvait abattre un tel homme ?On lui a apporté la convocation barrée de rouge comme pour la guerre.

La femme qui se livre témoigne de la confiance qu'elle avait en son amour et qui abolissait toute peur, d'autant que personne ne savait alors quelles seraient les conséquences de la catastrophe nucléaire.
Coralie Emilion a la certitude que cette adaptation de La supplication de Svetlana Alexievitch, publié chez Jean-Claude Lattès, est un texte qu'elle jouera toute sa vie. Parce qu'il dégage une vraie poétique et qu'il représente aussi un acte citoyen. La petite histoire s'inscrit dans la grande. Les spectateurs ne sont pas insensibles, loin de là et on apprécie (quand les lieux s'y prêtent) de partager après la représentation avec la comédienne un verre de vodka parce que la vie continue ... n'est-ce pas ?

Ce n'est pas pour autant un théâtre militant. On reste avant tout dans l'humain, même si ce travail correspond à ce qu'on appelle le devoir de mémoire. A ce titre La supplication n’est pas seulement un texte d'amour. C'est aussi un acte politique. La menace du nucléaire est toujours bien présente. L’Occident ne vit que par le déni et ne réagit qu’en cas de catastrophe.

Coralie Emilion est comédienne, peintre et plasticienne. Elle est aussi coach. En créant la compagnie Honorine Productions son idée était de produire et diffuser des réalisations artistiques pluridisciplinaires, et pas que les siennes.

Valentina - Tchernobyl, témoignage d'une femme née pour l'amour
Texte librement adapté de La supplication de Svetlana Alexievitch
Traduit du russe par Galia Ackerman et Pierre Lorrain
Mise en scène Laure Roussel
Avec Coralie Emilion
Collaboration artistique Fréderic Honoré et Michel Bulteau
Production Compagnie La Lune Vague Après La Pluie

Trois bougies d'exception conçues par trois femmes ...

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De retour du Salon Maison et Objet, j'ai ressenti une envie folle de senteurs et d'arômes. Quand je suis dans cet état j'allume une bougie qui fait resurgir des souvenirs aussi efficacement qu'un album photos, chacun sa "madeleine" de Proust en quelque sorte.

Après les évènements tragiques qui ont marqué le début de l'année j'avais tout de même un peu de mal à faire ce geste sans avoir le sentiment de commémorer quelque chose. Il suffit de déambuler dans les rues avoisinantes de la rue Nicolas-Appert à Paris pour tomber sur des amoncellements de gerbes, de dessins et de bougies déposées çà et là en hommage aux victimes.

Et puis j'ai croisé trois créatrices qui ont balayé mes doutes.

Magali Fleurquin-Bonnard s'est inspirée des carreaux de ciment multicolores de la bastide du XVe siècle de sa grand-mère pour créer les motifs de délicates timbales sous la marque Rose et Marius.
Elles sont réalisées en porcelaine, à Limoges, dans la plus pure tradition du fait main, avec une finition de feuilles de platine ou d'or. Le résultat est remarquable et l'objet est en lui même d'une grande beauté. Il est translucide à la lumière de la flamme en prenant des coloris plus intenses. Celle-ci, motif Capello, a été conçue avec deux autres pour accueillir des bougies à la rose afin de célébrer différemment la tradition de la Saint-Valentin d’offrir un bouquet de roses précieuses.
Le parfum est divin pour qui aime la rose ancienne et l'objet en lui-même est d'une rare intensité. Les fragrances de Rose et Marius sont exclusives. Elles sont élaborée par les meilleurs maîtres parfumeurs de Grasse, et rendent hommage aux senteurs provençales comme la fleur de fenouil ou l’immortelle. Les parfums  évoluent avec les saisons, les carreaux de ciment se renouvèlent chaque année et les timbales peuvent être utilisées de diverses façons, selon les envies.
La Saint Valentin ne dure qu'un moment, l'amour est certes une forte motivation, mais en fin de compte il me semble que la promesse de bonheur est peut-être supérieure. C'est dans cet esprit que j'ai retenu une des bougies bienfaisantes de l'atelier Aromatherapy by Design spécialisé dans la création et la fabrication de bougies d'aromathérapie haut de gamme réalisées à la main, avec une cire d’origine végétale garantie sans OGM, cultivée sans herbicides ni pesticides. Cette cire de soja ne contient pas de produits toxiques ou cancérigènes. L'emballage est très joliment noué d'un ruban ce qui ajoute une touche d'élégance.
Tout le processus de fabrication est contrôlé par Christina Lagnado, depuis la création des senteurs jusqu'au moulage et au conditionnement se déroule au cœur de la campagne normande, tout près du Mont Saint Michel. Les huiles essentielles des bougies de la ligne “bien-être” sont de qualité officinale et apportent, en plus de leur délicat parfum, une profonde sensation de bien-être.
Celle-ci, à base de géranium, de citron vert, de citronnelle et de basilic est censée diffuser le bonheur dans la maison. C'est d’ailleurs son nom. Irrésistible !
Ma troisième rencontre a eu lieu avec Constance Braud dont la première spécialité est le thé dont elle sait décrypter la complexité, et dont elle maitrise les traditions et les rituels depuis de longues années. Elle a créé  sa propre marque en 2088 et depuis, sélectionne des thés rares et des petites récoltes. Elle parle avec passion de sa volonté de rechercher le caviar du thé, la récolte éphémère et exceptionnelle.

On peut trouver les Thés de Constance dans l’hôtellerie de luxe et les boutiques d’épicerie fine ou sur le site de la marque. La jeune femme a aussi créé sur mesure une gamme de thés d’exception évoquant les parfums mythiques de Guerlain. Ce sont les thés Shalimar, Habit Rouge, La Petite Robe Noire, L’Heure Bleue,et quelques autres ...

Aujourd'hui je m'intéresse à elle pour ses bougies. En particulier pour la Cire Jardin d'Osmanthe qui se situe entre puissance et délicatesse pour évoquer la perception féminine d’un thé noir de Chine. Elle éveille les sens grâce aux notes lumineuses de fleur d’osmanthus et ses facettes cuirées mêlées à un accord thé fumé. La touche miellée ressentie lors de la dégustation du thé est révélée par les notes fruitées liquoreuses de l’essence florale de davana, élégamment associées aux parfums de jasmin et d’iris.
C'est une autre femme, Aliénor Massenet (Maison IFF, à qui l'on doit par exemple Only The Brave de Diesel.) qui a développé ce parfum en exclusivité pour les Thés de constance. La cire est coulée dans le sud de la France à partir de cires naturelles d’abeille, de soja et de carnauba, dans un verre laqué volontairement neutre.
Conçue pour parfumer le salon, la cuisine et la salle à manger, elle diffuse une très belle senteur de façon harmonieuse et constante grâce à la concentration élevée de parfum intégré à basse température dans la cire.

Ma passion pour les bougies ne date pas d’aujourd’hui. J'avais publié en septembre 2008 un article consacré à l'ancienne Manufacture royale de cire dont on peut encore trouver quelques traces à Antony (92). J'avais un peu plus tard donné quelques principes de base pour tirer le meilleur profit de vos bougies :
  1. avant d'allumer, vérifiez que la mèche ne dépasse pas la cire de plus d'un centimètre. Théoriquement il faudrait la couper un peu après chaque brûlage.
  2. à chaque brûlage laissez brûler jusqu'à ce que la surface totale de la bougie se soit liquéfiée. (Il faut savoir que la première phase de liquéfaction demandera plus de temps que les suivantes). Ce conseil est capital pour éviter que la bougie ne se creuse et perde en durée de vie.
  3. recentrez la mèche dès que la bougie aura été éteinte, et avant que la cire ne se resolidifie.
Je conserve autant que faire se peut mes bougies sous cloche, même si je ne dispose évidemment pas d'un meuble aussi professionnel que celui des Cires Trudon, qui autrefois fabriquait depuis la manufacture royale d'Antony pour la Cour de Versailles, et maintenant pour Hermès, Cartier, Dior, Guerlain, Kenzo, les palaces et les restaurants étoilés.

Voici dans une profusion de dorures et de lumières une de mes senteurs préférées, une alliance de verveine et de roses (encore elles ...). Un parfum tendre et vif qui garde l'esprit des conversations de madame la marquise de Pompadour et des charmes voluptueux du chic Rocaille.

Que l'on mise sur le calme, le luxe ou la volupté, il me semble que tout un chacun trouvera bougie à son goût ...

Le Caveau du Palais, restaurant place Dauphine

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Dommage que Jacques Dutronc lui ait trouvé mauvaise mine, la Place Dauphine est un de ces endroits calmes qui, l'été, retentissent du cliquetis des boules de pétanque, laissant croire un instant que nous sommes loin de Paris, peut-être à Saint-Paul -de-Vence où se sont connus Simone Signoret et Yves Montand.

Quand ils se trouvaient à Paris, les deux artistes habitaient au numéro 15, dans une ancienne librairie minuscule transformée en duplex, avec salon au rez-de-chaussée et chambres à l'étage, qu'ils avaient baptisée la Roulotte. Ils venaient régulièrement dîner au Caveau du Palais.

Des photos sous-verre évoquent le couple mythique. Ce soir nous occupons leur table favorite, et nous comprenons pourquoi Simone Signoret a pu qualifier la place Dauphine dans son livre "Adieu Volodia”  (1985) de "plus paisible des placettes provinciales" en rappelant que Jean de la Fontaine y vécut. Pourquoi aussi elle a signé quelques jours avant sa mort, en 1985 une pétition destinée à empêcher le lancement de travaux dits "rénovateurs" et qui auraient défiguré l'endroit.
Aux beaux jours il sera agréable d'y dîner en terrasse. Pour l'heure, on apprécie la chaleur de ce bord de fenêtre d'où l'on devine la masse sombre du Palais de Justice juste derrière le fameux 36 Quai des Orfèvres.

Le restaurant a été récemment rénové tout en conservant le style qui a fait son charme : banquettes de moleskine, bar ancien en zinc, sol de tomettes. Il a rouvert le 5 janvier dernier et ce ne sont pas moins de quatre espaces d'ambiance différentes qui s'offrent à la clientèle. Bien entendu beaucoup de magistrats au déjeuner, en particulier les mercredis et jeudis pour fêter une prestation de serment, davantage de touristes et de parisiens le soir.

Ce seront champagne et purée de pêches blanches, pour démarrer la soire avec cette boisson emblématique de la ville de Venise, en Italie, où le Bellini a été inventé.
 
Le Caveau du Palais propose une cuisine gastronomique. Parmi les entrées le Foie gras poêlé, pain d'épices et crème de châtaignes est une réussite en terme d'équilibre. Le Croustillant de queue de langoustines au jambon de pays allie tradition et exotisme.
Il est servi avec un bouillon de gingembre qui est versé au dernier moment.
On pourrait opter pour plus rafraichissant avec le Carpaccio de Saint-Jacques et betteraves marinées au citron vert et coriandre que Stephano finalise en cuisine en ajoutant un dôme de roquette.
Le Gravlax de saumon aux épices, pomme de terre tièdes s'inscrit davantage dans le registre de la bistronomie.
 
Coté plat on hésitera entre la simplicité d'un Turbot rôti à la fleur de sel et sa purée de patates douces,
et la saveur de Noix de Saint-Jacques poêlées, juste posées sur une fondue de poireaux, crème de coques au basilic.
On pourra se laisser tenter par le somptueux Moelleux de homard et pommes rates cuit aux fines herbes, crème de crustacés, une très belle réussite d'Eneko que l'on peut venir féliciter puisque la cuisine est ouverte sur la seconde salle.
 
Accompagné d'un Chablis Vieilles Vignes, domaine des Genièvres 2013, c'est un pur délice qui m'a réconciliée avec ce cru qui m'avait déçue il y a quelque temps.
Si vous préférez la viande, vous avez le choix entre une Côte de bœuf  qui satisfera l'appétit de 3 personnes (puisqu'elle pèse un kilo), joliment servie avec des champignons et des pommes au couteau et leur sauce béarnaise.
Un estomac plus modeste sera rassasié avec l'entrecôte.
 
Ou un Baron d'agneau cuit en deux façons, poêlée de champignons et artichauts poivrade, caviar d’aubergines. Le gigot est cuit en croute et la selle a grillé sur la plancha.
Arrive le moment des desserts.Les indécis opteront pour la formule Café gourmand, une assiette réunissant le dessert du jour (aujourd'hui une mousse au chocolat blanc et sa brunoise d'agrumes), un sablé au citron, une profiterole sauce au chocolat maison et un sorbet.
J'ai gouté aussi une crème brûlée Vanille Bourbon, une petite portion d'un millefeuille aux poires caramélisées et une tarte à la pistache. Que de bonnes choses ...
Il faut ajouter que le service en salle est effectué avec rigueur et tact par Jacky, François et Emma. L'adresse est à recommander.
Le Caveau du Palais, 17 Place Dauphine, 75001 Paris, 01 43 26 04 28
Juste à coté le Bar du Caveau est ouvert du lundi au vendredi jusqu'à 19 heures

Petits meurtres à l'étouffée de Noël Balen et Vanessa Barrot chez Fayard

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Petits meurtres à l'étoufféeJ'ai reçu ce livre d'une de mes amies qui apprécie autant les billets culinaires que les articles culturels. Cette chronique devrait donc satisfaire toutes les audiences. Les éditions Fayard ont intitulé la série "Collection Crimes Gourmands", en confiant à Noël Balen et Vanessa Barrot le soin de créer des romans qui se passent de près ou de loin en cuisine.

Je viens de terminer Petits meurtres à l'étouffée qui m'a replongée dans l'univers des bouillons lyonnais.
Laure Grenadier, rédactrice en chef du magazine Plaisirs de table, part en reportage avec son photographe Paco Alvarez pour dresser l'inventaire des bouchons lyonnais. Au cœur de la capitale des Gaules, tous deux envisagent de rendre hommage aux acteurs de l'excellence gastronomique : chefs illustres, adresses confidentielles, producteurs locaux...
Tout bascule lorsque le propriétaire d'un restaurant typique de la célèbre rue Saint-Jean est retrouvé assassiné au petit matin. La ville est en émoi et un vent de panique souffle sur les collines de Fourvière et de la Croix-Rousse quand, le lendemain, le tenancier d'un bouchon historique de la rue Mercière est à son tour tué selon le même procédé.
Laure Grenadier connaissait ces personnages et cherche à comprendre  ce qui se cache derrière ces meurtres en série. Crimes crapuleux, jalousies corporatistes, vengeances sentimentales ? Elle tente de lever le voile qui masque un milieu peu enclin à se livrer.
Un polar gourmand, quelle bonne idée ! Qui se déroule à Lyon, capitale du bien manger. Pour une fois la gourmande que je suis a pu se régaler de mots et d'imagination sans prendre un gramme, ce qui ma foi commençait à s'imposer un peu parce que je me trouve dans une de ces régions où il vaut mieux ne pas venir en vacances si on compte faire diète.

Je suis tentée tous les jours par des foies ... gras, tourtes, et autres spécialités locales. Il y aurait bien la truffe qui ne soit pas calorique mais pécuniairement parlant on ne peut pas s'en nourrir quotidiennement. Je vous emmènerai dans quelques jours au marché à la truffe de Lalbenque.
Il faudra aujourd'hui vous contenter d'une tortilla de pommes de terre, avec les bons œufs bien jaunes de Jacqueline et Fernand. Nous nous en sommes régalés dans cette belle campagne quercynoise en songeant aux soupirs des enfants qui suppliaient leurs parents autrefois de leur faire cuire des pommes de terre parce qu'ils n'en pouvaient plus de manger des truffes. Ils ne connaissaient pas leur bonheur ...
Revenons au roman qui est un plaidoyer du bien et du bon manger. On se promène en salivant à travers les petites rues de Saint-Jean et les traboules, sur les pentes de Fourvière, dans le quartier de la Croix Rousse, sur les quais de Saône ou la place Bellecour … où les auteurs m'ont donné envie de revenir, leur livre à la main pour gouter quelques-unes (quelques-unes seulement car je n'ai pas l'estomac de cette Laure Grenadier).

En plus d'être sans aucun doute très rigoureux sur le plan culinaire, ce roman est un bon polar. Je n'ai pas résolu l'intrigue avant la fin. Et c'est aussi sans conteste culturel car il nous dit beaucoup de choses sur les traditions lyonnaises de la gastronomie, la naissance des bouchons, les "mères", ces femmes qui ont créé les premiers restaurants réputés,sans lesquelles un immense chef comme Paul Bocuse ne serait jamais devenu ce qu'il est.

Il est probable que ce roman sera le premier d'une série sur ma table de cuisine.

Petits meurtres à l'étouffée de Noël Balen et Vanessa Barrot, collection Crimes Gourmands, chez Fayard, 2014

Déjeuner à la Ferme-Auberge du Coutié

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Je suis allée déjeuner ce midi dans une ferme-auberge, au Coutié, dans la région du Quercy Blanc tout près de Molières (82).  La tradition de la ferme-auberge remonte au moins au IXème siècle et elle est probablement née dans les Vosges. Elle est liée à la nécessité de monter les troupeaux depuis les vallées jusqu'aux fermes d’estives posées sur les hautes chaumes des crêtes pour y trouver des pâtures aux herbes parfumées… et surtout pour libérer les prés de fauche situés en plaine.

C'est "sur les hauts", selon l'expression consacrée, que les marcaires (celui qui trait les vaches en pâtois alsacien) faisaient les fromages. Par extension, la marcairie devint l’endroit où l’on fabriquait les fromages. Ces endroits étaient difficilement accessibles par d’étroits chemins muletiers. Alors les marcaires prirent l’habitude de servir à leurs clients des boissons et autres produits de la ferme (fromage, lard, etc.).

Le développement du tourisme rural et de la randonnée a remis au goût du jour la tradition hospitalière des montagnes. Et si la formule de la ferme-auberge était au départ une façon de rompre l’isolement, elle est devenue au fil du temps un moyen de rapprochement entre le monde urbain et le monde rural tout en constituant un complément de revenus. Elle s'est progressivement étendue à toute la France rurale tout au long du XX° siècle.

La famille Lafargue a commencé en 1989. Il a fallu agrandir la maison en lui adjoignant cette salle, après avoir sacrifié un tilleul et le jardin potager (qui sera déplacé plus loin). Depuis, l'endroit résonne régulièrement des coups de fourchette des hôtes qui viennent individuellement, en bandes et même en cars.

Cinq menus sont proposés, du plus simple (compter 21 euros) autour d'un flan, d'un poulet-cocotte et d'un dessert maison, jusqu'au plus gastronomique avec foie gras, poule en galantine, confit d'oie ou de canard et croustade du Quercy (compter 36 euros).

Quel que soit votre appétit, vous aurez aussi la soupe, les fromages, le vin et le café.

Et bien entendu, l'apéritif maison qui est servi sans discussion. Bien malin celui qui réussira à soutirer la recette à Josette Lafargue. Elle consentira à la rigueur à vous dire que oui il y a de la cerise dans ce vin un peu liquoreux, que oui il y a du cassis, que non il n'y a pas de prune, ni de pêche ...
La soupe du jour n'est jamais la même. Aujourd’hui c'est potiron carottes et on en reprendra plusieurs louches.
Le soleil est de la partie. La baie vitrée donne sur les collines voisines. Un couple de tourterelles roucoule dans le néflier. Le battement de l'horloge rythme les secondes. Nous attendons patiemment la suite du programme. Elle revient avec un beau morceau de foie gras de canard, maison comme il se doit, servi sur une belle tranche de pain croustillante, avant de retourner en cuisine.
La voici, triomphante, avec sa grande spécialité, la tourte au confit de canard, accompagnée d'une salade verte. Il est probable que chaque famille a sa façon de procéder, avec plus ou moins de pommes de terre, plus ou moins de crème et d’œufs.
On atteint là un sommet en terme de mélange de saveurs. Le canard effiloché a donné un goût savoureux aux pommes de terre. On devine qu'une herbe a parfumé l'ensemble. La croute feuilletée craque sous la dent.
On ne se force pas pour terminer le plat même si on a conscience que c'est péché. La lecture du Livre d'or de la maison nous dispensera de faire pénitence. Les témoignages de curés et religieuses ayant succombé aux agapes sont multiples. Tous célèbrent Josette, jusqu'à l'Evêque. Sans compter les Guides du Routard ou du Petit Futé.
On vient de toute la région au Coutié. Depuis vingt-sept ans que la famille Lafargue a nourri des cohortes de visiteurs, ceux-ci ont pris le pli. ils reviennent avec leurs enfants, leurs petits-enfants ... Il faut bien initier la jeunesse au bon manger.
Le croquant de la batavia nous dédouane de notre gourmandise à nettoyer nos assiettes et assure une petite place pour le plateau des fromages. Il est servi généreusement autour du Rocamadour local, d'une tomme fermière, d'un fromage de vache et bien sûr d'un Roquefort.
Le dessert maison change tous les jours obéissant à l'humeur de la patronne. Difficile de ne pas lui demander la croustade aux pommes qu'elle  propose avec une crème anglaise. Dans d'autres régions on dira Pastis ou Tourtière, mais ce sera toujours un gâteau rond et feuilleté imbibé d’alcool (eau-de-vie, rhum ou Armagnac), savant empilage de fines portions de pâte étirée, beurrée et sucrée, avec entre les couches, des tranches de pomme elles aussi aromatisées. Les fruits ont été récoltés localement.

Cette pâtisserie, qui remonte au XVII° siècle, serait d'origine mauresque, en raison de la ressemblance de la pâte avec les feuilles de brick. au XVIIème siècle. Sa réalisation n'est pas à la portée de la première cuisinière venue. Elle a fait l'objet d'une épreuve du concours du Meilleur Pâtissier, sur la chaine de télévision M6.

On arrive de très loin aussi pour se régaler ici. Du Danemark, de Russie, d'Australie, des USA et d'Allemagne. Toutes les professions s'accordent à vanter les louanges de la maison. Les ecclésiastiques comme je l'ai mentionné plus haut, mais aussi un escadron entier de Gendarmerie ont signé le Livre d'or. Les voisins sont aussi bien accueillis que les touristes venant des terres lointaines. C'est authentique et c'est l'essentiel.

Ferme-Auberge de Coutié
Espanel, 82220 Molières, 05 63 67 73 51

Retrouver le petit frère de Gisèle Bienne à l'Ecole des loisirs

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Gisèle Bienne publie des romans pour adultes et des livres qui s'adressent à un public plus jeune. Elle s'en explique en ces termes : "Il s’agit de la même écriture, même si, lorsque j’écris pour les adolescents, je fais moins de commentaires et je laisse parler les situations. Je pense que les jeunes peuvent tout lire."

C'est le cas de Retrouver le petit frère, recommandé pour les adolescents de 12 à 16 ans, même s'il m'a procuré un vrai plaisir de lecture, en me rappelant l'Année brouillard de Michelle Richmond que j'avais tant aimé, et qui concerne le même sujet.

La disparition d'un enfant est une des pires choses qui puisse arriver à des parents.
Comme elles en ont l’habitude, Emma et sa sœur Sophie vont promener leur petit frère le long de la route, vers l’étang et la forêt. « On va voir les canards, lui disent-elles, on revient dans cinq minutes. » Mais à leur retour, elles ne trouvent qu’une poussette vide. Et une seule chaussure de leur frère. Où est-il passé ? Que s’est-il passé ? Les questions se bousculent dans la tête d’Emma. Mais les recherches, les appels à témoins, les invocations ne donnent rien. Les certitudes d’Emma se fissurent et le doute s’insinue en chacun : ses amies, ses parents, sa sœur. Comment se construire alors et traverser les jours, les mois, les années, au-delà de cette disparition ? Contre l’oubli, contre le silence et contre les soupçons, Emma fait tout pour préserver le dialogue avec celui qui n’est plus là, animée par l’espoir, fou peut-être, de le retrouver.
Toute la famille a été secouée par la disparition d'Odilon, Emma plus que les autres. Parce que c'est l'ainée. Parce qu'elle assume la responsabilité de ce qui s'apparente à un abandon, et qui n'aurait été qu'une étourderie si l'enfant avait été retrouvé sain et sauf.

Sa sœur, Sophie sait "qu'on n'a rien fait de mal mais on n'aurait pas dû ..." (p. 33). En qualité de "seuls témoins" les deux gamines, qui sont avant tout deux enfants, vont être harcelées de questions par leurs parents (c'est compréhensif), par les policiers, et mêmes leurs camarades d'école qui vont bientôt cesser d'être leurs amies. Elles attisent la curiosité.

Chacun pense (espère ?) à un kidnapping. Alors Odilon serait vivant. Mais le mystère reste entier et la chaussure rouge ne livre pas son secret. La situation nous est racontée du point de vue d'Emma : les mots sont comme des obstacles qui surgissent au milieu de ma route, ils pourraient me faire tomber. (p. 42)

Les mois, les années passent. Sophie semble avoir surmonté. Emma traverse plusieurs phases, la colère, le repli sur soi. Elle oublie beaucoup de choses (p. 83) mais ne se résout pas à faire son deuil, comme on dit.

Elle réussit malgré tout à expulser ses émotions au travers des paroles de chansons qu'elle écrit en s'adressant à son frère par la pensée. Le temps passe. Emma devient bachelière. Elle va passer les vacances à Menton chez l'oncle Fabian qui lui a trouvé un job de vacances.

Rêver à l'impossible rendra-t-il l'impossible possible ?

Gisèle Bienne est née en 1946 à Chavanges dans l'Aube. Elle vit à Reims, où elle anime des ateliers d’écriture après avoir été professeur de lettres et peintre. Elle a déjà publié des romans et essais pour les adultes notamment Paysages de l’insomnie, Marie-Salope, La Ferme de Navarin, Katherine Mansfield dans la lumière du Sud, L’Étrange Solitude de Manfred Richter et de nombreux romans pour la jeunesse comme La vie cachée des poupées que j'avais chroniqué sur le blog.

Retrouver le petit frère de Gisèle Bienne à l’École des loisirs, 2015
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