Quantcast
Channel: A bride abattue
Viewing all 2916 articles
Browse latest View live

Grand Blanc dans le cadre de Chorus

$
0
0
J'avais oublié la prudence la plus élémentaire quand on va à un concert : je n'avais pas pensé à prendre une paire de bouchons d'oreilles. Pourtant toutes les salles en proposent. J'assume donc ma responsabilité. J'étais loin d'imaginer le choc que provoquerait la première partie de Mickey 3D. Faut-il sonner si fort ? Eblouir autant ? 

Le soir du 2 avril, il fallait regarder Grand Blanc les yeux fermés et c'était encore trop de lumières qui frappait la rétine. Quand je pense à la femme enceinte assise devant moi je tremble pour son futur bébé qui ne doit pas comprendre pourquoi il est inondé de lumière.

Depuis, je suis allée écouter quelques titres de ce groupe lorrain (trois des membres sont originaires de Metz) que j'ai beaucoup apprécié. C'est trop dommage que cette première partie de soirée ait été si calamiteuse. Et si je la raconte ce n'est pas du tout pour faire du tort à ce groupe, loin de là. Mais il faut bien qu'ils sachent ... parce que suite à son entrée dans la cour des grands avec Mémoires Vives, le quatuor se lance dans une tournée passant notamment par Paris.

La chanteuse du groupe s'égosille en grimpant dans les aigus. Les synthés sont au maximum de leur puissance. Je ne parviens pas à saisir plus de trois mots, quelque chose comme souffle tes bougies. Je comprendrai plusieurs jours plus tard que c'est le titre Surprise party. et qu'elle chante souffle tes bougies comme les enfants terribles. Si je n'étais pas assise plein centre je me lèverais sans peser le pour et le contre. 

A ma gauche mon voisin bat la mesure d'un genou énergique qui secoue tous les sièges. A ma droite un papa protège de ses mains les oreilles de son jeune enfant. Ouf, la première chanson est passée, offrant quelques secondes précieuses de répit.
La seconde évoque des faux semblants comme un cri de guerre. L'homme serpent. Les musiciens sont imperceptibles dans une brume noire. Est-ce pour cela qu'ils font tant de bruit ? Ça me tatoue ces mots de femme-serpent hurle la chanteuse.

Troisième chanson. Il sera question de football et d'adolescence. Peut-être l'amour fou. Comme si'l n'y avait pas assez de lux sur la scène j'ai autour de moi des mômes qui agitent leurs pieds chaussés de semelles clignotantes. Bientôt il faudra non seulement demander aux spectateurs d'éteindre leur portables mais aussi leurs chaussures.
La chanteuse pourrait aussi bien crier en yaourt. Personne ne percevrait la différence.

Avant la quatrième chanson le leader du groupe, alerté par ce qu'il voit au premier rang, fait amende honorable. On a commencé un peu fort. On va continuer en disco avec un électro dans le plaisir du partage (sic). Ce sera Verticool. Oh la la, se lamente-t-on derrière moi.
Un instant de (bonne) lumière me permet de faire une photo réussie du leader. J'ai l'impression que c'est moins fort. Ou alors je me suis habituée au vacarme. A moins que je ne sois devenue un peu endurcie de la feuille.

Dommage d'écrire cela. Ils chantent en français et je devrais les louer pour ce choix
Avant de quitter la salle le leader tient à s'excuser de manière très touchante en insistant sur son amour du public. Nous n'avons pas l'habitude de nous produire en salle, alors pardon, surtout pour les spectateurs des premiers rangs. Je crois qu'ils ont un peu souffert.

Un peu, c'est une litote. Le groupe sait bien pourtant que l'album Mémoires vives est tout simplement impossible à jouer sur scène. Des journalistes ont remarqué la progression du groupe au fur et à mesure de leurs prestations scéniques tout en soulignant les problèmes techniques qu'ils rencontrent à chaque fois. J'espère un jour avoir l'occasion d'apprécier dans de meilleures conditions acoustiques le son lourd de leur pop rock synthétique, plus noir que blanc.

D'ici là j'écoute leur album.

Grand Blanc, en première partie du concert de Mickey 3D
Samedi 2 avril à 20h30 au Théâtre La Piscine de Chatenay-Malabry (92)

N'oubliez pas de tomber amoureuse à Paris de Mademoiselle Peppergreen

$
0
0
Je suis tout autant heureuse de lire des livres qui me font reconsidérer certaines choses sous un autre angle (entendez par là des livres de réflexion, un peu intello diront certains) que d'autres qui apparemment ne prétendent qu'offrir de purs moments récréatifs.

J'ai besoin d'ailleurs des uns pour apprécier les autres car rien n'est pire que d'être enfermé dans un genre unique.

N'oubliez pas de tomber amoureuse à Paris est arrivé dans ma boite aux lettres un vendredi et il m'a réjoui tout le week-end. Me permettant d'aborder une nouvelle semaine de boulot avec un sourire qui ne soit pas que de façade. Je ne vous parle jamais de mon job, et pour cause, il est harassant, usant et le vendredi soir je suis souvent un paquet de nerfs sales qui aurait besoin de passer à la machine.

La lecture de ce livre a eu les vertus décontaminantes qui m'étaient vitales. Je vous le recommande, ... et même si vous n'êtes pas à mon niveau de stress.
Gemma, jeune Franco-Américaine fraîchement diplômée, a décroché à Paris le CDI dont pourraient rêver des milliers de filles : elle va s’occuper des stars pour le show télé du moment, "Lost in Music". Sa mission : gérer les demandes extravagantes de Beyoncé, Madonna ou Mariah Carey… Mais aussi les délires des producteurs. Car, derrière le glamour et les paillettes, Gemma découvre les coulisses d’un monde hostile. Aspirée dans un tourbillon, elle peine à s’adapter à la ville pourtant la plus romantique du monde et tombe, en plus, sous le charme vénéneux de l’animateur vedette. Va-t-elle réussir à sauver sa peau – et surtout son cœur ?
Certes, il y a un coté le Diable s'habille en Prada et l'intrigue n'est pas à proprement parler une idée neuve. Mais c'est bien ficelé. Je n'ai pas eu à gérer autant de caprices quand j'étais attachée de presse (j'ai eu plusieurs vies) mais je dois dire que les exigences auxquelles la jeune femme se trouve confrontée (p. 112) sont assez démentes. Sa débrouillardise et son bilinguisme seront de précieux atouts.

Chaque chapitre est l'occasion de pointer une chanson que l'on retrouve dans la play-list qui est annexée. C'est tout à fait raccord avec le thème puisque Gemma bosse pour un show musical et c'est une occasion de recenser nos propres préférences en musique anglo-saxonne.

Mon hit-prarade serait composé de :
Gotta Feeling par The Black Eyed Peas
Just The Two Of Us par Grover Washington Jr.
Hung Up par Madonna
Happy (Single) par Song By Song
I'm Still Standing par Elton John
Don't Leave Me This Way par Thelma Houston
Toxic par Britney Spears

Chacun sa madeleine acoustique. Toxic me rappelle des vacances en péniche avec ma fille en bikini sur le pont écoutant en boucle Britney Spears ... et nous avec.

Mademoiselle Peppergreen est un pseudo derrière lequel se cachent deux amies d’enfance qui signent là leur premier roman. Elles ont voulu partager de vraies anecdotes des dessous du show-business. Ce que j'ai particulièrement apprécié c'est leur manière de se moquer de nos travers parisiens vus du point de vue d'une américaine.

La Parisienne (remarquez la majuscule) voyage avec des bagages de marque (p. 24).  Elle porte des chaussures à semelle rouge vif (des Louboutin, on aura deviné), enregistre son émission télévisée dans des studios perdus en plaine hostile (p. 61) que l'on imagine être Saint-Denis, s'exprime avec familiarité à coups de chérie, chérie dans un contexte professionnel qui est loin des conventions américaines, et attend que son interlocuteur ait le dos tourné pour le lapider.

Gemma, qui déteste les mondanités, en conclut que dans ce milieu on s'aime, mais seulement quand on est dans la même pièce (p. 33). Mais qu'on se rassure, elle aussi a des opinions conformistes en prétendant n'aimer que les macarons (p. 108) et les mines qu'elle prend face à nos soit-disant "lubies" culinaires (p. 54) m'ont bien fait rire tout en me faisant saliver. Il faudrait que j'entraine les auteures dans un de mes restaurants préférés pour les faire changer d'avis.

Je veux bien les croire quand elles affirment que l'hôtel du Nord, bistro qu'elle présentent comme typiquement français (ce qui est à la fois vrai et faux puisque cet établissement n'existait pas du temps d'Arletty) sert le meilleur tartare de la capitale, une de mes recettes fétiches, même si je ne l'ai pas vu à la carte.

L'homme parisien n'est pas en reste. Il est mal élevé, mais respecté quand il s'impose dans une file de taxis. Capable d'insulter un collaborateur juste pour faire retomber la pression mais de tendresse aussi. Tombera-t-elle amoureuse d'un individu de cette espèce ?

Avant de songer à séduire qui que ce soit Gemma devra d'abord faire face à des difficultés que certains estimeront futiles : les choix vestimentaires. Ce n'est pas du coté de sa mère, snobinarde au-delà de l'imaginable qu'elle trouvera une aide. Son amie Marie, styliste, lui donnera de précieux conseils. On a beau dire que l'habit ne fait pas le moine ...

N'oubliez pas de tomber amoureuseà Paris de Mademoiselle Peppergreen, éditions Mazarine, en librairie le 11 avril 2016

Saint Bris et Côte d'Auxerre sont aussi des Bourgognes !

$
0
0
Je n'ai pas peur d'être accusée de chauvisime. C'est très rarement que ma région d'origine soit à l'honneur sur le blog. Elle le mérite pourtant autant que les autres. J'ai eu l'occasion de passer une soirée dans la cave de l'Ambassade de Bourgogne et je vous recommande ce lieu atypique à deux pas du Théâtre de l'Odéon.

Le patron, Philippe Séré, est bien entendu bourguignon, mais surtout il a le chic pour convaincre des viticulteurs de venir présenter leur travail dans sa cave du 6 rue de l'Odéon. De fait les soirées qu'il organise vont bien au-delà d'une dégustation même si elles sont répertoriées ainsi.

Il invite des domaines qui ont une vraie notoriété du fait de la qualité des vins qui y sont élevés.

Je suis venue à celle du mardi 15 mars, consacrée au Domaine Jean-Hugues et Guilhem Goisot, qui sont installés dans l'Yonne, à Saint-Bris-le-Vineux, à dix kilomètres au sud de ma ville natale, Auxerre, dans une campagne dont on parle rarement et pourtant si jolie, autour d'Irancy et de ses champs de cerisiers, à 1 h 30 de Beaune. Mais qu'on ne me dise pas que ce n'est pas la Bourgogne. Sachez qu'elle commence à Joigny !

L'appellation Saint-Bris est atypique et le domaine Goisot en est le domaine phare. Il propose, millésime après millésime, de superbes blancs et rouges issus de Pinot Noir et de Chardonnay, mais aussi de ces cépages rares en Bourgogne que sont les Sauvignons blancs et Gris. Il dispose de 27 hectares en production et de 15 hectares de sols au repos, ce qui permet de ne pas développer de dégénérescence par suite de surexploitation des sols car depuis plus d'un siècle c'est (malheureusement) une monoculture.

Il faut savoir que Guilhem Goisot  travaille les vignes avec son épouse, ses parents et 7 collaborateurs à plein temps, sans compter les saisonniers au printemps et pour les vendanges. Il nous a guidé dans l'exploration de ces terroirs sans commencer directement par une dégustation.

Avec son accent léger (à peine perceptible) il a raconté comment sa famille maitrise les vignes depuis quatre générations sans faire appel à des clonages. Leur devise : savoir lire le passé pour écrire le futur. Leur credo : rechercher l'effet grisant dans leur travail de tous les jours.

La culture en double certification, bio et biodynamique n'a pas de secret pour lui. C'est avec un sourire malicieux qu'il explique que le meilleur moyen de combattre les invasions d'herbe reste l'emploi de la main et de la pioche. Et si la certification en biodynamie autorise jusqu'à 3 kilos de cuivre à 'hectare (alors qu'on en déversait jusqu'à 40 kilos dans les années 70) le domaine Goisot se limite à 1 kilo, c'est dire qu'il ne faut pas louper son coup.
Par contre, aucun frein dans l'emploi des extraits fermentés d'ortie, ou dans les tisanes de pissenlit et de camomille (vous avez bien lu) car la monoculture fragilise. Les ceps les recevront une, deux, voire trois fois en dilution pour renforcer la plante. La richesse en silice d'une décoction de prêles aura un heureux effet asséchant pendant un mois d'août trop pluvieux.



Il nous rappelle que le meilleur traitement anti-pourriture naturel est ... le vent. L'effeuillage est donc essentiel pour permettre l'aération.

Et comme les orties et les prêles poussent sur les zones polluées il est facile de s'en procurer. un petit morceau de rhizome d'ortie poussera "comme du chiendent" sur un sol composé d'argile et de sable. Ceux qui veulent cultiver leur jardin avec intelligence puiseront des recettes dans le livre régulièrement réédité de Bernard Bertrand, Eric Petiot et Jean-Paul Collaert, Purin d'Ortie et compagnie.

Quant au calendrier lunaire, il le voit comme un outil intéressant mais difficile à appliquer à longueur d'année sur une relativement grande exploitation. Il retient malgré tout de pratiquer la taille en lune montante, ce qui au bout de quelques hivers commence à se voir en terme de vigueur, et qui va permettre de devoir apporter moins d'engrais. L'erreur serait de penser que le résultat puisse être perceptible à court terme.
Il nous a initié aux pratiques de sa région. Traditionnellement les Cotes d'Auxerre sont conçus avec le Chardonnay et le Pinot, mais toujours en monocépage, alors que les Côtes de Bris emploient le Sauvignon. Une dégustation commence toujours par les Rouges. En toute modération cela va de soi. Et en accompagnant de charcuteries régionales comme le pâté de tête et autres spécialités comme les gougères qui me rappellent mon enfance, et qui sont faites maison tous les jours. La collation est vraiment conçue à un prix raisonnable, variable selon les vins présentés (20 € ce soir).

Il a proposé de commencer la dégustation avec un Bourgogne Côte d'Auxerre Corps de Garde 2013.
Les plans de Pinot noir, avec quelques rares César, un vieux cépage romain qui est là surtout pour la mémoire, ont poussé sur des argiles rouges qui donnent au vin de la rondeur. La richesse du calcaire fossilifère apporte de la minéralité et de la longueur.

L'élevage minimum dure 14-16 mois dans un tiers de futs neufs de chêne, issu de la forêt de Tronçais à chaque vendange pour les Cuvées Corps de Garde, tous de 228 litres, comme on le fait classiquement en Bourgogne. Parce que le bois peut être nettoyé à l'eau chaude sous pression alors que les cuves en béton posent problème du fait de leur surface granuleuse. La cuverie ne souffre aucune approximation en terme d'hygiène. Quand on découvre un problème il est trop tard.  Evidemment, mais on peut le souligner, le Domaine ne pratique pas le collage, le levurage, ni l'enzimage et aucun artifice oenologique.
Nous poursuivons avec un Bourgogne Côte d'Auxerre La Ronce 2013. Les marnes blanches de la  parcelle, enrichies en huitres virgule apportent un parfum légèrement iodé. Guilhem Goisot appuie son analyse en faisant circuler des pierres issues des sols de la propriété. Ce vin évolue sur des notions florales dans le temps.

Voici maintenant la magnifique couleur rubis d'un Bourgogne Côte d'Auxerre Corps de Garde 2013 qui sera forcément plus tannique. je ne sais pas d'où cela vient mais j'ai perçu un parfum de myrte derrière un puissant arôme de cerise très mûre puissant.
On enchaine avec les Blancs, en commençant par un Bourgogne Côte d'Auxerre Les Biaumonts 2013. Ce Chardonnay est élevé sur des sols comparables à ceux du Chablisien mais avec une climatologie sensiblement plus continentale, plus chaude et plus sèche. Avec de grands écarts de température entre le jour qui peut atteindre 30° et 5° la nuit. La texture est plus ronde mais la minéralité est équivalente. C'est sur cette parcelle qu'on peut espérer de grands millésimes comme le sera l'année 2015.

Avec le Bourgogne Côte d'Auxerre Gueule de Loup 2013, on est à une même altitude, mais cette fois sur des sols ultracalcaires non fossilisés d'au moins 70% de cailloux qui sont difficiles à travailler, mais là n'est pas la question.

Le viticulteur démonte le mythe des racines qui s'infiltrent en profondeur. Elles ne se propagent qu'en présence de terre, sinon elle resteront en surface pour puiser le plus possible d'éléments nutritifs, à savoir l'azote.

Le Gueule de Loup est très droit, très tendre, avec un côté grillé. Le Bourgogne Côtes d’Auxerre Gondonne 2013 sera plus iodé, presque fumé, très floral.

Suivra un Bourgogne Côte d'Auxerre Corps de Garde 2003 avec un cépage méconnu, le sauvignon rose (aussi nommé fié gris) qui dévoile originalité et délicatesse autour d'agrumes, en gardant un coté floral, fumé, et minéral.
La vigne est une liane et sa durée de vie n'est pas déterminable. Mais on sait qu'atteindre les 150 ans frise le record.

Le Saint-Bris AOC Village 2014 provient de vignes poussant sur une colline. Ce vin a un coté floral, crayeux, tendu, légèrement anisé et mentholé, avec un arôme de fleur d'oranger qui va s'estomper vers le fumé.

Le Saint Bris Corps de Garde (Fié Gris) 2010 est 100% Sauvignon dégage un parfum de mangue, de litchi, de pétale de roses.
Philippe Séré, intervient de temps en temps dans la dégustation qui est réellement conviviale. Le décor de sa cave est bien pensé avec des alignements de bouteilles et des cartes pédagogiques.
Au rez-de-chaussée un espace repas-grignotage est conçu pour que les clients puissent déguster en se substantant avec un choix de charcuteries, de fromages, de salades de lentilles et quelques plats chauds comme le Bourguignon (logique) ou une tourte aux champignons. Le Bourgogne a la réputation d'être onéreux.
C'est vrai mais on propose ici un Rully à 20€ qui est un rapport qualité-prix imbattable. ce vin est fin, subtil et en même temps aromatique. Celui ci est un Chardonnay, blanc, mais il existe en rouge, tout aussi superbe.
Les prix peuvent grimper très haut. Mais on peut trouver son bonheur chez lui à partir de 16€ et comme il sait parfaitement sélectionner ses producteurs il ne peut y avoir que de bonnes surprises. c'est l'avantage d'avoir à faire à un spécialiste.

C'est bien pourquoi il attire aussi bien une clientèle de quartier très régulière et une énorme clientèle étrangère, surtout japonaise, et nordaméricaine. Et Philippe est intarissable sur les exigences particulières des uns et des autres, en terme de quantité ou d'emballages.
L'Ambassade de Bourgogne est une adresse à visiter aussi bien au moment d'une halte-déjeuner que pour une dégustation en soirée. Le jeudi 12 Mai à 20 heures sera dédié au Millésime 2005 qui serait sûrement le plus grand millésime des vingt dernières années. Il est prévu de l'explorer autour de Chablis, Meursault, Puligny-Montrachet, Nuits-Saint-Georges, Pommard, Volnay ... pour ne citer que quelques crus.

Le vendredi 25 Mai sera consacré au Domaine Louis Michel, très archétypal de Chablis, en présence de Guillaume Gicqueau-Michel, qui gère le domaine depuis 2007. Cette dégustation est à 20 € avec une collation. Vous comprendrez que celle du 12 mai est à un autre tarif (110 € avec la collation). Je vous encourage à réserver par mail à degustation@ambassadedebourgogne.com ou au 01 43 54 80 04.

Ambassade de Bourgogne, 6 rue de l'Odéon, 75006 Paris
01 43 54 80 04
Ouvert Lundi : 17h - 24h
Mardi au samedi : 10h - 24h
Dimanche : 12h - 24h

Sauveur et fils Saison 1 de Marie-Aude Murail à l'Ecole des loisirs

$
0
0
J'ai eu le bonheur d'avoir entre les mains le dernier livre de Marie-Aude Murail en version "épreuves avant correction". Théoriquement destiné à de jeunes lecteurs, ce livre m'a très vite passionné et ce fut une réelle contrainte de devoir attendre la date officielle de publication pour en parler.

Il faut comprendre le titre, Sauveur & Fils Saison 1, comme un pluriel car aucun des personnages n'est secondaire. Pour peu qu'on ait un peu "vécu", on a tous côtoyé des êtres qui ont ressenti les malaises que Sauveur Saint-Yves, psychologue clinicien, aide à se reconstruire si bien qu'on est tous un peu ses enfants.

Je devrais dire qu'on a tous un héros muralien qui sommeille en nous. Coline Ribue, qui est chargée des relations web pour l'Ecole des Loisirs, avait concocté un test de personnalité particulièrement réussi qu'elle a fait passer dans une bonne humeur très chaleureuse au cours d'une Soirée Bountylandà laquelle l'auteur fétiche de la maison a participé ... confortablement installée sur un divan, cela allait de soi.
Elle a accepté de se soumette elle aussi à l'exercice qui a révélé ... sans surprise ... qu'elle était identifiable à Sauveur. D'autres se reconnurent en Emilien, Nils Hazard, ou Simple.

Les romans de Marie-Aude occupent une place essentielle au sein de la maison d'édition, qu'elle revendique puissamment comme étant "la sienne" depuis trente ans en avertissant les mauvaises langues (mais il n'y en avait pas ce soir) qu'elle la défendrait bec et ongles si besoin était. c'est un auteur hors normes, de part l'ampleur de son oeuvre, de la variété des thématiques. Sa capacité à changer d'époque et de genre et à se remettre en question ne surprend plus.

Elle puise son inspiration dans un double terreau. Familial (elle conserve dans des boites des séries de correspondance et de carnets intimes) et sociétal (elle multiplie les rencontres en milieux scolaires de tous poils et c'est une geek scrutant internet pour étudier les maux de la jeunesse).

Adepte de la pédagogie de l'encouragement, elle décline dans son nouveau livre une sorte de psychologie positive. Elle aborde des sujets complexes comme la scarification, l'énurésie, la phobie scolaire, l'addiction aux jeux video ... Sauveur a un prénom prédestiné mais ce n'est pas le parfait papa idéal. Il est si attentif aux problèmes des autres qu'il a oublié son fils, 8 ans, menacé par un secret de famille. C'est déjà un héros auquel le lectorat croit avec force : n'a-t-on pas demandé à sa créatrice de communiquer son numéro de portable ?

Ayant vécu en Martinique, il a été commode à Marie-Aude de situer les origines de Sauveur et le métissage est une occasion de s'interroger sur la question de l'identité. la façon qu'on y a (encore) de hiérarchiser les couleurs de peau n'est pas un tabou.

La précision Saison 1 en laisse augurer d'autres. Marie-Aude est déjà au coeur de la 3 où elle s'attelle à y expliquer ce qu'est le transfert. Elle nous laisse deviner qu'il y aura aussi un pianiste borderline. On pourrait penser qu'écrire lui est facile. Et pourtant elle avait observé trois ans de silence après la publication, en août 2013 de 3000 façons de dire je t’aime, qui se situait dans le monde du théâtre.
Je me suis tue. Je suis partie à la recherche de ma famille. J'ai cru que je ne serai plus jamais auteur de jeunesse. Et puis je me suis replongée dans le journal intime de mes 16-17 ans que j'ai lu à des jeunes. Il y a beaucoup d'enfants malheureux. Mais j'ai toujours envie de croire. Ils font ch... à dire qu'on a pas le moral !
On retrouve la Marie-Aude passionnée et passionnante qui prend fait et cause pour les enfants qui souffrent, mais qui espèrent et qui ont envie (et tant besoin) de paroles.

On la sent militante : c'est toute une génération qui est dévastée par l'abus de sucre et le manque de sommeil. On peut la croire, étant donné le nombre d'écoles qu'elle visite, dans tous les quartiers possibles, quand elle prévient que ces deux aspects vont devenir des problèmes de santé majeur.

Elle ne condamne pas Internet mais la surexposition des enfants. Ce n'est pas par sadisme que Steeve Jobs avait restreint son accès à une demi-heure par jour, interdit le week-end et jamais autorisé dans la chambre à coucher ... de ses propres enfants. Internet est une fenêtre ouverte et a des retombées positives uniquement si on le considère comme un outil.

Marie-Aude est adepte de l'introspection, nous rappelant l'adage de Delphes et citant Freud : depuis que j'ai découvert l'inconscient je me trouve intéressant. Elle regrette qu'on ne travaille pas assez sur nous-mêmes. Qu'est-ce qu'on est distrait ! dit-elle non sans humour.
Elle excelle à pointer des vérités douloureuses avec le sourire. Oui les humains sont déjantés, mais les hamsters c'est pire ... et oui je sais que c'est un cochon d'Inde sur la couverture ...

Elle est réaliste, parfois pessimiste, en nous voulant nous faire croire que l'optimisme est une vue de l'esprit. Plus la soirée avance et plus on sent combien elle porte en elle le personnage de Sauveur qui, comme l'enseignante du livre, a la volonté de changer le monde, nous donnant à méditer une ultime citation, de Noam Chomsky l’optimisme est une stratégie pour la construction d’un meilleur futur. Si vous ne croyez pas en l’avenir vous serez encore moins enclin à agir et à prendre vos responsabilités pour l’améliorer.

Les vacances scolaires sont proches. Vous serez bien inspirés de glisser ce roman dans la valise de votre progéniture. Qu'il fasse beau ou qu'il pleuve ils en auront l'utilité ... et le plaisir.
Sauveur et fils Saison 1 de Marie-Aude Murail, Ecole des loisirs, à partir de 12 ans, en librairie le 13 avril 2016

Microscopie du Banc au Micro onde

$
0
0
Depuis samedi dernier, le Micro Onde invite son public à réfléchir avant de s'asseoir sur un des nombreux bancs qui sont installés dans l'enceinte du Centre culturel et dans la ville de Vélizy (78).

C'est une posture sociale et l'objet peut être vu lui aussi comme tel.

En effet, comme le souligne une des deux commissaires, Aline Gheysens, le banc, s’assoir sur un banc, relève de ces faits auxquels nous n’accordons généralement que peu ou pas d’importance. Pourtant, le banc est cet objet transparent lorsqu’il est judicieusement posé, sur lequel on s’assoit pour refaire le monde, partant d’un regard qui embrasse tout, du proche au lointain. C’est là qu’entre deux urgences ou tourments, immobile pour un temps, nous trouvons les conditions d’un mouvement de pensée sur nous-mêmes et sur le monde.

Alors que Julie Desprairies commençait à nous expliquer le ressort de la performance qu'elle avait imaginée pour ce vernissage, mon regard a été attiré par la posture d'une passante qui, précisément investissait l'espace d'un banc que je n'avais pas remarqué comme faisant partie du paysage à l'occasion de mes précédentes venues dans cet endroit.
Je n'étais pas la seule à la regarder. Une petite fille, habillée elle aussi de rayures semblait partie prenante d'une sorte de chorégraphie aléatoire. J'ai pensé qu'il y avait là matière à saisir des photos originales.
J'ignorais que cette femme en imperméable jaune jonquille était la danseuse Elise Ladoué et qu'elle avait commencé la déambulation urbaine qui allait éprouver les différents espaces des bancs de la ville à la recherche d’un "état banc".
Nous l'avons suivie jusqu'à un bac à sable en bénéficiant des clés de lecture que Sophie Auger-Grappin, co-commissaire et Responsable du Centre d’art contemporain de l’Onde, nous a données à chaque arrêt.



Elle a rappelé que l’urbaniste Robert Auzelle avait voulu créer des sortes de petites scènes isolées avec ces espaces autour d'un bac à sable. Beaucoup ont disparu au profit d'aires de jeux contemporains. Elle a fait allusion au Square, un roman que Marguerite Duras a publié en 1955, qui est une conversation entre deux personnes qui ne se connaissaient pas et qui se trouvent en quelque sorte réunies par un banc, ce que nous avons été invités à faire en nous asseyant à coté de personnes inconnues et avec qui nous avons entamé la conversation.
J'ai plutôt pensé aux paroles de Mistral gagnant, quand Renaud chante :
A m'asseoir sur un banc cinq minutes avec toi 
Et regarder les gens tant qu'y en a 
Andreas Krauth (que l'on devine derrière son appareil photo sur la droite des clichés) a puisé parmi des objets trouvés ce qui pouvait être associé à une structure de banc.
Nous avons ensuite appris que chaque groupe social investit un lieu plutôt qu'un autre. Il existe ainsi le "banc des nourrices" qui maintenant est pourvu d'un vis-à-vis.
A quelques mètres, voici un banc avec ses extensions imaginées par Alexandra Sà qui, en quelque sorte s'attachent à l'environnement.
Cette fois Sophie nous suggère une expérience très introspective en nous concentrant uniquement sur les sons. Curieusement, j'ai la même écharpe et la même idée qu'Ariane Chopard (dont j'ignore alors qu'elle est une des photographes exposés rue Traversante) que l'on voit ci-dessous adossée à un tronc d'arbre.
Je me sens devenir oiseau à mesure qu'Elise progresse vers moi.
Parmi les participants je remarque Michel Dector du duo d'artistes Dector & Dupuy qui nous avaient initié à ce type de balade dans Vélizy il y a quatre ans. Il y était déjà question de la place d'un banc.
Nous poursuivons en faisant halte devant la Poste. C'est encore Alexandra Sà qui a investi des alcôves laissées vacantes pour y installer de drôles de bancs prolongés de lattes de sirocco. Cette fois c'est le banc en tant que lieu de celui qui se montre qui fut célébré par quelques-uns d'entre nous incités à prendre la pose et rester imperturbables quoiqu'il arrive.
Après cette investigation du déploiement de l'exposition dans les rues de Vélizy-Villacoublay, nous avons rejoint le Centre d’art Micro Onde pour y voir comment s'y exprime la multiplicité sémantique et plastique du banc public.

La scénographie, conçue par Benjamin Foerster-Baldenius et Andreas Krauth, du collectif Raumlaborberlin est écologique, pratique et drôle. Elle offre des moments de contemplation. Les bancs ponctuent le parcours et les oeuvres le regard. La scénographie est modulaire et très flexible, n'obstruant pas l'espace et laissant libre cours aux infiltrations de lumière.
Sur ces clichés les cartes postales sont placées au premier plan, rephotographiée inclinée, provoquant un effet de flou.
Celui-ci et une réplique d'un banc que l'on peut voir dans le jardin de la maison berrichonne de George Sand à Nohant dont je reconnait la couleur bleue. On peut imaginer l'écrivain y devisant avec Chopin ...
Ici le bas-relief minimal et romantique (réalisé avec de simples quarts-de-rond et du stuc) illustre l'expression face à un mur.
Rue Traversante ce sont 35 artistes qui offrent leur point de vue sur le monde entier à tous ceux qui, lorsqu'ils sont assis, profitent en général de la latéralité de la position pour ... refaire le monde.
Microscopie du Banc
Du samedi 9 avril au samedi 25 juin
Micro Onde, centre d’Art de L’onde
8, bis avenue Louis Breguet - 78 140 Vélizy-Villacoublay, 01 34 58 19 92
microonde@londe.fr 
Entrée libre du mardi au vendredi, (sauf jours fériés) de 13 h à 18h30, le samedi de 10h à 16h.
Accessible sur rendez-vous pour la période des vacances scolaires, du 16 avril au 2 mai

Dehors, juste en face de la (nouvelle) entrée de l'Onde vous remarquerez sans doute l’Arbre à Vent qui est une éolienne urbaine, inventée par la jeune société française New Wind. Elle ne fait pas partie du dispositif mais elle pourrait ... et elle est destinée à durer.
Haut de 9 mètres, cet arbre est composé de 63 feuilles en plastique, baptisées aeroleaves, qui tournent grâce à la force du vent et produisent ainsi de l’électricité. Il suffit d’un simple courant d’air (1,3 m/seconde) pour assurer la mise en route dans un silence total. Cette éolienne est capable de fournir 80 % des besoins en électricité (hors chauffage) d’une famille de quatre personnes vivant dans une maison de 125 m2.

Vélizy-Villacoublay est la première commune de France à l'acquérir. Il n'en existe pour l’instant que sept prototypes. Implanté face au gymnase Robert-Wagner, l'Arbre à vent servira à éclairer la salle aux agrès où s’entraînent les gymnastes. L’investissement s’élève à 70 000 € et sera amorti "d’ici dix ans" selon Pascal Thévenot, le député-maire.

Comment Eloise Lièvre donne envie de lire Les gens heureux n'ont pas d'histoire ...

$
0
0
Je me trouve aujourd'hui dans une situation paradoxale à évoquer un livre que je n'ai pas (entièrement) lu et que je ne lirai probablement pas (davantage). Je suis pourtant tout à fait légitime à dire ce que je pense puisque je viens d'écouter l'auteure en parler et en lire de longs extraits pendant plus de deux heures.

Tout a commencé par un mail que j'ai sans doute mal interprété parce que j'ai l'habitude d'en recevoir des attachées de presse des maisons d'édition. On m'invitait à venir rencontrer Eloise Lièvre mais ce n'est que plus tard que j'ai réalisé que la jeune femme avait tout organisé toute seule même si sa "team" (pour reprendre son expression) a fait une apparition éclair dans la librairie où avait lieu l'événement.

Ayant chroniqué plusieurs ouvrages formidables parus chez JC Lattès j'avais un a priori plutôt favorable. Le site d'Eloise Lièvre dégage un humour auquel j'étais sensible et j'ai vraiment fait un gros effort en terme d'emploi du temps pour venir.

Etant sur Paris toute cette journée je suis arrivée en avance. Pas elle. Je me suis "posée" (et reposée je l'avoue) dans ce même fauteuil qu'elle investit une heure plus tard. Je n'ai eu qu'à tendre le bras pour lire les trois (ou quatre) premiers chapitres du livre qui s'ennuyait sur le présentoir. Suffisamment pour estimer que le style méritait qu'on y accorde attention.

J'aurais du noter la première phrase. Elle m'avait convaincue de poursuivre. Ma pensée a bien divagué quelque peu ensuite en regardant les photos. Je me voyais au même âge assise sur deux parpaings, et tendant une pomme au photographe. Et je me demande à l'instant qui a pris ce cliché qui est un des rares qu'il me reste de mon enfance.

Une chose est certaine, je ne pourrais pas reprendre le concept d'Eloise à mon compte. Je n'ai pas le matériau pour. Son idée est excellente et elle raconte la genèse du projet d'une manière qui donne envie d'entreprendre avec elle cette immersion dans ses quarante premières années.
Le projet est né l'été qui a précédé ses 40 ans alors qu'elle se trouvait chez ses parents en vacances avec ses enfants et qu'elle ne se sentait pas du tout concernée par une crise dite de la quarantaine. Le chiffre correspondait à l'âge qu'elle avait donné en quelque sorte  ad vitam aeternam à ses parents.

Elle adore écrire mais l'exercice est complexe à programmer quand on a un métier, une vie de famille, un quotidien à gérer. Aimant la littérature à contraintes elle a décidé de "dérouler un tapis rouge à l'échéance" en imaginant un dispositif composé de 40 textes qui seraient écrits les 40 jours précédent son 40ème anniversaire, illustrés chacun par une photo.

Le 2 décembre, qui se trouve être par ailleurs le jour anniversaire de sa mère, elle a compris qu'elle ne remettrait plus à demain. C'était plus un défi d'écriture qu'une réelle intention de livre car elle était alors embarquée sur un autre projet mais qui n'aboutissait pas.

Eloïse a écrit trois versions. La première pendant 40 jours, quasiment en flux tendu de 3 à 5000 signes journaliers. Pour ceux d'entre vous qui s'interrogeraient sur la masse c'est assez équivalent à un article du blog, ce qui signifierait que le jour où j'arrêterai de poster j'aurai le rythme pour écrire un bouquin (le talent je ne dis pas).

Elle insiste sur l'absolue jubilation d'écrire tous les soirs en devant (s'autorisant à) s'abstraire du réel.

Elle reconnait quand même qu'elle avait deux ou trois textes d'avance qui ont été bien utiles les jours où elle n'a pas pu  se consacrer au manuscrit. Quelqu'un qui lui est très proche l'a alors convaincue d'envoyer chez Lattès, sans oublier les photos surtout, même s'il n'est pas aisé de rendre publique 40 images de soi.

La deuxième version a été composée sous l'impulsion de Karina Hocine et d'Anne-Sophie Stefanini qui ont suggéré de revoir le texte à la façon d'un puzzle en répartissant la matière de la vie entre les années. Le but était de faire en sorte que les coïncidences soient perçues comme des éléments de cohérence d'un chapitre à l'autre.

Nous sommes tous des cathédrales
C'est autobiographique, ce qui justifie que le mot "roman" ne figure pas sur la couverture.

Cependant l'auteur reconnait (et revendique) des inexactitudes. Elle a refusé de se poser la question de la vérité pour ne pas tomber dans le travers du roman. Ce n'est pas pour autant qu'elle a produit un livre narcissique.

Un mouvement s'opère entre le personnel et l'universel. En montrant que nous nous ressemblons tous et en pointant ce que la banalité peut avoir de merveilleux il devient très vite l'autobiographie de tout le monde, ce qui explique que dès les premières pages j'ai revu en pensée l'année de mes cinq ans ...

Elle nous fait le cadeau de lire le deuxième chapitre, celui de l'année 1975, écrit le 3 décembre 2013, qu'elle dit être son préféré et qui na pas varié d'une version à une autre. Je le reconnais. Je l'ai lu tout à l'heure.
La photo de classe lui a fourni le prétexte pour dresser l'inventaire de ses camarades d'école. Une autre liste sera glissée plus tard, celle des professeurs, en 1991, l'année du Bac, seuil de passage s'il en est. Et c'est une manière de rendre hommage aux générations qui l'ont précédée : quand tu te regardes, toi, tu regardes tous les autres qui t'ont constitué. Ce sont les personnes que nous croisons qui nous bâtissent. Nous sommes tous des cathédrales. Nous sommes tous le creuset de milliers d'histoires.

Une histoire de la photographie lisible en filigrane
On y trouve tous les genres photographiques : la photo de classe, la photomaton, jusqu'au selfie qui est la dernière (et le premier selfie d'Eloïse). L'auteur avait convoqué la photo comme support, sorte de catalyse pour oser évoquer des sujets qui n'auraient peut-être pas été abordés sans cela.

Et puis la photo est apparue comme un objet historique, magique, si bien que le livre raconte, à sa manière, mais raconte malgré tout une petite histoire de l'évolution de la photographie.
Montrer c'est cacher. Cacher c'est montrer.
La photo de couverture est celle qui a été retenue pour l'année 1988 et ce choix est le meilleur que l'éditeur pouvait faire. Eloïse nous fait le cadeau de nous lire les pages écrites le 16 décembre 2013. Sorte de leçon légère donnée (offerte) par ceux qui savent.

La photo informe le souvenir, nous prévient-elle. Elle en prend souvent la place, ce qui me fait entendre le mot comme celui qu'on emploie pour désigner quelque chose d'informe, qui ne se trouve pas dans l'ordre où il doit être. Et je comprends combien l'auteure a été fascinée d'aller (re)chercher derrière la photographie les souvenirs enfouis.

Elle compare l'écriture au métier de stoppeuse que faisait sa grand-mère. Elle rattrapait les trous, et c'est ce que fait la jeune femme en quelque sorte en écrivant à partir d'éléments que l'on pourrait qualifier d'objets de récupération.

Quand d'autres parleraient de fiction (ce qui, étymologiquement signifie "faux") elle préfère les termes d'invention, de fabrication et de poésie. 

Les gens heureux n'ont pas d'histoire
La phrase donne le vertige car elle est réversible. Ce titre a été une évidence dès le début de l'aventure. On le dirait issu de la sagesse populaire mais on doit ces mots à Tolstoï. Ils traînaient dans ma tête parce que j'étais heureuse et que je croyais n'avoir rien vécu, comme si on ne pouvait exister que par le drame.

Je suis super forte en déni, avoue-t-elle en reconnaissant que la crise de la quarantaine est bel et bien arrivée, même si son émergence n'a rien à voir avec le livre. Par association d'idées elle nous invite à lire Tout cela n'a rien à voir avec moi de Monica Sabolo (également chez Lattès, et qui a eu le Prix de Flore en 2013).. Ce livre décortique un chagrin d’amour en se présentant comme un traité académique, dont l’auteur serait à la fois le sujet et l’objet et où les objets du quotidien sont présentés comme des pièces à conviction. La fiction glisse vers le témoignage sur la transmission générationnelle.

On aurait envie de passer encore des heures avec Eloïse Lièvre parce qu'elle parle très bien de la vie qui passe, en ne cessant de tenter de tisser (avec succès) des fils entre les événements pour débusquer de la cohérence.

La nuit est bien installée. La file des candidats à la dédicace s'allonge comme une trainée de poudre. Je dois me hâter si je veux être chez moi avant le dernier métro, le dernier bus. J'envisagerai de terminer la lecture des gens heureux une autre fois.

Les gens heureux n'ont pas d'histoire d'Eloïse Lièvre, chez JC Lattès, en librairie depuis le 13 avril 2016

Les Hugo, une famille d'artistes à la Maison de Victor Hugo

$
0
0
Hier était inaugurée une exposition témoignant combien la famille Hugo a la fibre artistique depuis des générations.

C'est, on s'en doute, la Maison de Victor Hugo située place des Vosges qui se transforme en maison de famille, retraçant avec quantité d’archives rarement vues les héritages et les vocations de cette famille prolifique.

Une des conséquences va être que l'entrée du musée sera intégralement payante parce que l'exposition se déroule sur la totalité des salles.

Je vais concentrer néanmoins cet article sur les aspects spécifiques démontrant les fibres artistiques familiales des Hugo. Il est recommandé de commencer par le second étage avant de poursuivre au premier ... sans oublier de jeter un oeil sur la si belle Place des Vosges.

Dans l'escalier, des soucoupes annoncent avec humour le titre de l'exposition (photo en fin d'article).

Un arbre généalogique impressionnant démontre que Victor Hugo était loin d'être l'unique artiste de la famille. Six générations de créateurs partagent déjà le même gène artistique.

Autour de ses dessins et des décors qu'il a imaginés, se retrouveront les dessins d’enfant de François-Victor, les photographies et enluminures de Charles, les étonnantes gravures de l’étrange neveu Léopold mathématicien et artiste, élève de sa mère Julie Duvidal, les œuvres de Georges Hugo, le petit-fils célébré de "L’Art d’être grand-père" qui fut un peintre de talent, et les œuvres de son fils Jean Hugo, une des personnalités de la Belle Epoque.

Et puis aussi, Marie et Jean-Baptiste, les enfants de Jean et Laura Hugo, qui présentent leur vision de Hauteville House, la maison d’exil aménagée par le poète pour sa famille, et qui publient un ouvrage sur cette résidence de l’écrivain en exil à Guernesey.
Un des objets présentés pour l'occasion est un fragment d'un luxueux châle long en cachemire, datant de 1820, en laine et soie, avec un décor de palmettes rouges qui a probablement appartenu à Mme Hugo qui l'offrit par la suite à sa fille.
Le souvenir de la fille ainée d'Adèle et Victor Hugo, Léopoldine (1824-1843), est une empreinte sur les murs et on ne peut pas détourner les yeux de ce tableau d'Auguste de Châtillon (1813-1881), intitulé Léopoldine au livre d'heures. Cette huile sur toile peinte en 1835 se trouvait dans le salon de la place Royale. Son père ne se remit jamais réellement de sa mort accidentelle, par noyade en 1843. Et je pense à ce poème si intime Demain dès l'aube ...
Si on connait (plutôt bien) les écrits de Victor Hugo, y compris son oeuvre poétique, on sait moins combien il dessinait avec talent. Mais ce que j'ignorais le plus, c'était le goût de Victor Hugo pour la décoration d'intérieur. Je ne dis pas que je lui aurais confié mon espace vital, mais il faut reconnaitre qu'il avait aussi ce don. En particulier lorsqu'il utilise des coffres anglo-normands ou du mobilier gothique et renaissance qu'il fait démonter puis réassembler et au besoin compléter, selon un croquis qu'il fournit aux menuisiers.Il était précurseur dans l'art de la récupération en quelque sorte.
Par exemple avec cette table pliante en bois ciré (1857) à abattant dont le plateau bascule tandis que le panneau central (photo de gauche) ornée d'un saint Michel se transforme en pied (photo de droite). C'est une création de Victor Hugo pour Juliette Drouetsa maîtresse la plus connue. Elle trouva sa place à La Fallue puis à Hauteville II qui furent ses deux maisons successives à Guernesey.
Entre l'automne 1863 et l'été 64 il réalise pour la nouvelle maison de Juliette tout un décor de panneaux gravés et peints où domine l'inspiration chinoise et qu'il fait dialoguer avec des porcelaines orientales. On peut les voir, à l'identique, dans le salon chinois de la place des Vosges.
Sur le mur situé en face,  un miroir, bois gravé en 1856, encres et pigments sur bois, témoigne de son goût pour la nature.
On verra plus loin un autre miroir, dit du 11 mai 1870, en bois peint et gravé par Victor Hugo avec cinq vers manuscrits :
Passereaux et rouges-gorges
Venez des airs et des eaux
Venez tous faire vos orges
Messieurs les petits oiseaux
Chez Monsieur le petit Georges.
Ce miroir est aujourd'hui accroché au-dessus d'une des nombreuses table de travail du poète. En bois avec un plateau recouvert de cuir, elle a été surélevée selon ses instructions pour qu'il puisse écrire debout. Ce meuble faisait partie du mobilier de sa chambre à coucher avenue d'Eylau. C'est un des dons de la famille Hugo pour la création du musée en 1903.
Victor Hugo a pratiqué le dessin dès son adolescence. Il a pris l'habitude de croquer de vieilles maisons (ci-dessus, en 1858) comme les monuments et les sites qu'il admire, en particulier lorsqu'il visite la vallée du Rhin. Longtemps restés dans des cartons, il les sort pour décorer son appartement et plus tard Hauteville House.
Voici le château de Furstenberg dans la brume 1840, plume et lavis d'encre brune sur feuille de papier vélin provenant d'un album.
Le Burg à la croix (1850) est peut-être son oeuvre la plus importante. Ce dessin à l'encre de grandes dimensions représente, en clair-obscur, le portail d'entrée d'une architecture médiévale imaginée à partir d'objets collectionnés et de souvenirs de voyage. Il fut racheté par Paul Meurice à la vente des biens du poète en 1852, lorsque sa famille le rejoint en exil.

Pour le remercier Hugo décora le cadre en 1871. Une nouvelle fois l'artiste puise son inspiration dans la nature pour créer autour de l'image centrale un feston de fleurs, d'insectes, d'oiseaux et de papillons, avec réalisme ou fantaisie pour nous inviter sur la "pente de la rêverie".

Comme nous traversons le musée on ne peut éviter les bustes et tableaux qui sont (aussi) dans les livres d'histoire de la littérature.
David d'Angers (1788-1856) a réalisé plusieurs portraits sculptés de Victor Hugo au cours de sa carrière, exploitant son image et entretenant une relation de respect et d'admiration mutuelle avec l'écrivain. Deux bustes figurent dans le musée, dont celui-ci (à droite) en habit, plâtre patiné vers 1837.
Trop fatigué, Hugo refusa de poser pour Auguste Rodin mais celui-ci réussit en 1883 à dérober des croquis sur le vif. A partir de ces dessins, il réalisa ce buste dit héroïque en choisissant d’incliner le visage pour accentuer le caractère dramatique. La version en bronze a été commandée par Paul Meurice et fut réalisée seulement en 1908.
La réplique d'atelier du portrait de Léo Bonnat (1832-1922) en 1879, huile sur toile, (encore une commande de Paul Meurice pour la création du musée en 1903) est sans doute un des plus célèbres portraits de Victor Hugo.
Aussi célèbre, cette photo d'Achille Mélandri faite en 1881, où l'on voit Victor Hugo avec Georges et Jeanne pour l'Art d'être grand-père, épreuve sur papier albuminé et qui a été choisie pour l'affiche de l'exposition.
Ou encore celle-ci d'Albert Capelle, avec son petit fils Georges, en 1885, épreuve sur papier albuminé.
Impossible de ne pas s'arrêter sur la reconstitution fidèle de sa chambre de l'avenue d'Eylau, de 1878 à sa mort en 1885. Elle comportait une issue sur un petit escalier, était tendue de damas rouge et une grande tapisserie servait d'alcôve au lit du poète. Comme dans le cabinet de travail, la pièce contenait de nombreux objets, vases et livres évoqués dans le poème A des oiseaux envolés (Les voix intérieures XXII).
Elle inspira en 1885 à Léon Glaize (1842- 1932) cette huile sur toile de Victor Hugo sur son lit de mort.
Les dessins d'enfants de (François)-Victor Hugo (1828-1873) sont très touchants. A la plume et l'encre brune sur papier leurs titres sont souvent énigmatiques : Bonhomme et femme-fleur (ou fleur-femme ?)
Léopold Armand Hugo (1828-1895)est un neveu à la personnalité étrange, à la fois scientifique et artiste. Lui aussi fut marqué par la mort de sa fille. Plusieurs autoportraits sont présentés, comme celui-di autoportrait étudiant les cristalloïdes, eau-forte, tirage à l'encre brune.
Je me suis arrêtée sur la délicatesse des maquettes de décors et de costumes de Jean Hugo, arrière-petit-fils de Victor, pour Ruy Blas dont la première représentation française eut lieu le 27 mai 1938 à la Comédie française.
Et puis, plus près de nous, Marie, artiste-peintre et son frère Jean-Baptiste, photographe se sont inspiré du cadre de Hauteville House, la maison-œuvre de Victor Hugo , pour eux aussi laisser libre cours à leur créativité.
Marie a choisi la peinture. Elle a peint le lit de Garibaldi installé dans la Galerie de chêne, en 2015, en pigments sur Arche. Son frère utilise la subligraphie qui est une technologie de reproduction d’images de très haute qualité sur des plaques aluminium à fond blanc apprêtées d’un vernis polyester (ChromaLuxe®).
L'effet est saisissant et les couleurs demeurent naturelles, avec un rendu incomparable en terme de densité au niveau des noirs et de saturation des couleurs. Et une solidité à toute épreuve qui permet de ne pas employer de verre (Jean-Baptiste n'en aurait pas voulu).
Photographier ces clichés dénature leur qualité. c'est pourquoi j'ai préféré importer les originaux depuis le site de l'artiste qui expose aussi jusqu'au 28 mai 2016 dans la Galerie Catherine Houard, 15 rue Saint Benoit, 75006 Paris.
C'est appuyé sur cette tablette, et inspiré par la vue magnifique qu'il avait depuis son "look-out" sur la baie de Havelet que Victor Hugo a écrit de nombreux chefs-d’œuvre comme Les Misérables,  Les Travailleurs de la Mer, L'Homme qui rit, La Légende des siècles, Le Théâtre en liberté…
Bâtie sur les hauteurs de Saint Peter Port de Guerneseydans les îles Anglo-Normandes, Hauteville House fut la seule propriété de l’écrivain. Il y laissa libre cours à son imagination pour en concevoir l'aménagement et les décors au cours d'un exil long de 19 ans.
Le salon rouge comme la salle à manger en témoignent.
Les Hugo, une famille d’artistes
Du 14 avril 2016 au 18 septembre 2016

Maison de Victor Hugo,
6 place des Vosges
75004 Paris
Ouvert du mardi au dimanche et certains jours fériés de 10h à 18h.
Plein tarif 8 €
Tarif réduit 6 €
Pour comprendre que Victor Hugo n'était pas le seul artiste de sa lignée, loin de là.

Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de © Jean-Baptiste Hugo

Osso bucco à la milanaise

$
0
0
Ça fait un moment que je n'ai pas publié de recette. Celle-ci n'est pas très originale mais un osso bucco est si bon qu'il faut y penser.

Pour peu qu'un rayon de soleil traverse la pièce vous allez vous croire, peut-être pas au paradis, mais en Italie, c'est certain.

J'avais trouvé du jarret de veau à un prix intéressant et en pris 4 belles tranches. L'important est d'avoir des morceaux avec os, comme le nom du plat l'indique.

On les fait dorer, farinés, dans un peu de matière grasse.
Pendant ce temps on épluche quelques carottes (et j'ai choisi pour une fois des légumes anciens), que l'on coupe en rondelles.
On les fait glisser dans une cocotte minute, avec ail, thym et laurier (essentiel le laurier).

On verse l'équivalent d'un grand verre de vin blanc (j'ai pris un Chardonnay) et on ajoute quelques olives noires sans oublier bien entendu une ou deux tomates en morceaux. La tradition voudrait qu'on place un zeste d'orange. Pour cette fois j'ai préféré un zeste de pamplemousse rosé et ce fut une riche idée.
Restait à déposer la viande dessus quand la préparation fut prête à bouillir et à monter en pression pour 25 minutes. J'ai servi avec des pâtes de forme originale pour mieux savourer la sauce.

Et tous seront surpris de Monique Persoons aux éditions Quadrature

$
0
0
Et tous seront surpris. Le titre m'évoquait confusément quelque chose. Ce doit être cette idée sous-jacente de fatalisme qui sonne comme le début d'une mise en garde, ... qui m'a rappelé le documentaire de Marc-Antoine Roudil et Sophie Bruneaue, Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés, à propos des drames dits "ordinaires", provoqués par la souffrance au travail.

En tout cas j'ai "buzzé" le recueil de Monique Persoons. J'avais reçu les vingt premières pages à lire par Internet et je n'ai pas pu supporter de ne pas connaitre la suite.

Alors, forcément, je l'ai lu très vite. Le principe de la surprise est assez fondamental quand on écrit des nouvelles. Rares sont celles qui sont "bonnes" (au sens de heureuses) et qui ne se terminent pas sur un choc. Monique Persoons y excelle.

Il n'y en a qu'une dont j'ai compris la ficelle dès les premières pages. C'est Virtu-elles, peut-être parce que je connais trop bien quelles vies les gens peuvent s'inventer sur le web, ce qui ne m'a pas fait perdre mon romantisme, qu'on se rassure. Mais en face à face s'il-vous-plait.

La construction de la première, Résurgence, est formidable. Je me suis laissée embarquer. Et vous serez piégé, vous aussi je le parie. Après une telle aventure on ne peut qu'avoir envie de poursuivre. Plage d'Ostende apporte ensuite une vraie bouffée d'iode pur. J'ai très envie d'arpenter cet endroit et de ressentir moi aussi l'appel de la vocation.

Bien que le ton soit plutôt teinté de gris, l'ensemble de ce recueil apporte une certaine énergie. Et vous partagerez mon point de vue en découvrant un nouvel acronyme MDA (mort de l'amour) nettement plus réjouissant que les MDR qui en général ponctuent des âneries répandues sur les réseaux sociaux.

Les personnages semblent peu épargnés par la vie. On les voit comme des loosers ... mais il ne faut pas se fier aux apparences et en quelques paragraphes ils rassemblent leur énergie pour exiger du destin la part de bonheur qu'ils estiment mériter.

L'auteur n'a pas peur du nombre 13 puisque tel est celui des nouvelles qu'elle a rassemblées. Elle ne craint pas davantage de traiter des sujets comme la mort ou la religion, ce qui n'est pas fréquent, et elle est sans pitié pour les bons sentiments. Elle passe de la comédie romantique au policier .. Peu importe le genre pourvu qu'il permette un retournement de situation.

Elle raille la manie actuelle de conseiller le coaching à tour de bras. Elle a pourtant toutes les qualités requises pour devenir experte en la matière .... Ce qui n'est d'ailleurs pas tellement éloigné de son domaine. À ce que je constate, les orthophonistes sont souvent sollicités dans des programmes qui ont une forte composante psychologique, comme les rééducations après une intervention sur les cordes vocales, ou pour réguler un bégaiement. Il est vrai qu'elle exerce en Belgique ... et que là-bas on dit otorhinolaryngologue alors qu'on raccourcit en France à ORL.

Monique Persoons vit à Arlon avec son mari et ses deux enfants, une famille où amour rime avec humour. En passionnée des mots, elle s’exerce aussi à l’écriture parallèlement à l'exercice de sa profession médicale. Elle a été lauréate de nombreux prix littéraires. Sa nouvelle Résurgence a obtenu le Prix Jean Lebon.

Laissez-vous donc surprendre. En version papier, ou en version numérique ( peut-être plus facilement accessible en France). Le rythme des nouvelles est facilement lisible sur tablette. Son éditeur, Quadrature est spécialisé dans l'édition de nouvelles d'auteurs francophones et je n'ai fait que de bonnes lectures avec leurs publications.

Et tous seront surpris de Monique Persoons aux éditions Quadrature,  depuis le 10 avril 2016

Fork en concert ou quand l'a cappella autorise le grand spectacle

$
0
0
L'a cappella est un genre mal connu en France alors que les pays anglo-saxons y consacrent depuis longtemps des festivals. Cela va changer, je le prédis.

Florent Pagny (qui pourtant en connait un rayon dans le domaine instrumental) ne savait pas ce qu'était un looper en assistant à la prestation de MB 14 au cours d'une épreuve éliminatoire de The Voice. En résumé, un appareil qui permet de reproduire en boucle du son qu'on vient d'enregistrer. Cela permet à une personne seule en scène de superposer plusieurs voix. On peut aussi l'utiliser pour renforcer des accords de guitare. Cela se fait beaucoup dans le domaine de la variété, pas seulement dans l'a cappella.

Toujours est-il que l'expression est une francisation de l'italien alla cappella, signifiant à la chapelle, en référence aux chants pratiqués dans les lieux sacrés, sans accompagnement instrumental. Il s'agissait de chants religieux jusqu'au XVIII° siècle.
Depuis le milieu du XX° siècle, le chant a cappella s'est étendu à la musique populaire, au jazz, au R&B, au slam et certains chanteurs contemporains s'accompagnent parfois d'une simple rythmique faite de claquements de doigts, de claps des mains, ou autres percussions corporelles. Si je vous dis Pow Wow, le lion est mort ce soir ... vous admettrez que vous savez de quoi il retourne.

Avec Fork on entre dans une autre dimension. Ce  groupe finlandais a réinventé le chant a cappella. La mise en scène est travaillée comme un opéra. Les fabuleux costumes sont haute couture. Les lumières de Tobias Lönnquist composent un décor. Et surtout les arrangements sont travaillés comme un habillage musical. C'est du grand spectacle d'un bout à l'autre du show.
Tout en étant ultra professionnels les quatre interprètes, Jonte Ramsten et Kasper RamströmMia Hafrén et la dernière à avoir rejoint le groupe, Anna Asunta, font preuve d'une sensibilité qui conquiert tous les publics, acquis ou non au genre.
Ils ont l'art de se les mettre dans la poche sans pour autant maitriser la langue française. Si bien qu'à la fin on dansait tous debout dans la salle de Saint-Germain-en-Laye où je suis venue les voir. Et je peux vous assurer qu'il n'y avait pas que des groupies de moins de vingt ans.

Le spectacle offre un enchainement de reprises de tubes internationaux, connus de tout le monde, souvent célébrés par des Grammy Awards, ce qui aide à apprécier le travail vocal. Chanter a cappella impose de se passer d'instrument mais pas de technique.

Il faut un immense savoir-faire et un entraînement digne des champions sportifs pour restituer les riffs de guitares comme les lignes de basse, avec "simplement"… des voix humaines. Vous remarquerez sur les photos (l'article n'est reproduit "qu'une" quarantaine sur les 130 que j'ai prises durant le concert) qu'ils n'utilisent pas des micros cravates quasi invisibles. Certes ils auraient l'avantage de les laisser davantage libres de leurs mouvements mais sur le plan acoustique ce type de sonorisation est plutôt décevante.

C'est un ingénieur du son français, Grégory Maisse, qui accompagne le groupe finlandais. Et son travail est fondamental. Il a créé un son particulier, sorte de trésor qui relève du secret-défense.
Le déroulé est conçu de manière à ce que chaque artiste puisse témoigner de ses qualités. Chaque voix est mise en valeur et garçons et filles occupent le devant de la scène à tour de rôle, seul ou en duo, en alternant avec des effets de choeur. L'équilibre est subtil mais il existe bel et bien.
Avec tantôt Jonte au premier plan...
... ou Anna ...
... Kasper ...
Et Mia.
Ils alternent les morceaux chantées et les parties parlées, forcément explicatives, mais qui ont aussi valeur fédérative pour entrainer le public à partager leur univers. Et ça marche au-delà de ce qu'on peut imaginer. Jonte et Kaspar n'hésitent pas à fendre la foule en escaladant les fauteuils comme dans les meilleurs spectacles des rocks-stars mondiales.
A la fin, c'est en toute simplicité qu'ils rejoignent leurs fans pour signer des autographes sans avoir pris le temps de se démaquiller.


La soirée s'organise en deux parties. La première en costumes extravagants évoquant le grand Siècle, la seconde (après un très mérité entracte indispensable pour reposer leurs cordes vocales) en tenues de scène contemporaines.
Viva la Vida, que Coldplay chantait en 2008, est un de leurs titres phares et il passe aussi bien quels que soient les costumes qu'ils portent, parfois baroques, parfois ultra modernes, selon les versions qui circulent sur le web.
Adeptes de la pensée positive, une de leurs premières interprétations est Happy de l'album Girl de Pharrell Williams (2014) enveloppés de lumières rose et or. Invités à clapper (taper dans les mains) on s'exécute volontiers, déjà conquis.
Un autre "happy song" viendra un peu plus tard avec Story of my Life, extrait de l'album Midnight Memories de One Direction (2013) mais plus moderne, plus libre aussi, que je vous invite à regarder en version de coulisses qui met en valeur, sans fioritures, l'énormité de leur travail :

Vous aurez compris qu'une de leurs motivations est de s'amuser et de donner de la joie aux spectateurs. Cela se sent parfaitement sur scène. Ils sont autant à l'aise dans des morceaux qui prennent une allure de country (avec Cotton Eye Joe de Rednex) qu'à esquisser quelques pas de danse illustrant la Macarena de Los Del Río. Leur transformation de Wake me up de Aviici est très étonnante et Yes Sir, I Can Boogie (1977) de Baccara leur convient tout autant. Ils terminent ce medley avec Rasputin de Boney M, ce qui leur vaut des applaudissements très nourris.

Le temps de quelques mots en français pour souffler un peu et entretenir la relation avec le public et ils enchainent avec toute la puissance d'un orchestre hard rock sur Final Countdown créé par le groupe suédois Europe en 1986.
Highway to Hell, qui valut en 1979 à AC/DC le Grammy award de la meilleure prestation rock semble aussi naturel, même si les chanteurs se coiffent de perruques pour l'occasion.
La seconde partie bascule dans le rock, avec I Hate Everything About You que les Three Days Grace chantaient en 2003.
You're My Heart, You're My Soul de Modern Talking, nous surprend en dégageant plus de peps que la version originale de 1985.
Mia cherche à nous convaincre que le groupe chante "toute la musique du monde" en annonçant alors une chanson française. L'interprétation est comme à leur habitude parfaite, mais on peut regretter d'entendre une traduction (certes en français) d'une vieille chanson finlandaise. Et on se surprend à avoir envie qu'un compositeur leur écrive du sur mesure même si le principe de la reprise de grands standards fonctionne très bien. ils ont acquis une carrure internationale qui leur autorise cette prise de risque.

Con te partiro d'Andrea Bocelli (1995) est une surprise italienne. Mia se déchainera sur Crazy In Love de Beyoncé et les deux garçons feront incursion dans la salle le temps d'un autre medley regroupant Party Rock Anthem et Gangnam Style avec descente spectaculaire (et très appréciée) dans le public.
Suivra ce morceau très connu de Queen (1975 tout de même), Bohemian Rhapsody qui est l'occasion d'un très beau travail choral qui s'achève avec le souffle du vent. Quelque chose me dit qu'ils vont bientôt s'attaquer à Purple Rain, le titre mythique de Prince.
Tout ce que "touche" Fork se transforme en joyau, comme Chandelier qui semble prédestiné à Anna autant qu'à Sia Furler, elle aussi Grammy award avec ce titre en 2014.
Sans prétendre donner une leçon de beatbox (boîte à rythmes humaine), il faut savoir que l'on peut imiter des instruments en utilisant la voix, principalement les percussions en donnant la sensation d'entendre une polyphonie. C'est un français, Alem, qui a été l'an dernier champion du monde de cette spécialité. Jonte et Kasper maitrise évidemment cet art.

Très utile pour la reprise de Kashmir de Led Zeppelin (1975) ou de Walk Like An Egyptian des Bangles (1986) avec (ou sans) lumières stroboscopiques. Le public, véritablement enthousiaste, a joué le jeu des rappels comme rarement.
Dès leurs premiers concerts en 1996, les quatre compères ont fait sensation dans de nombreux évènements internationaux à Helsinki, au Festival du film de Monte Carlo ou à celui du Festival de SoJam aux Etats-Unis, aussi bien qu'à New York, St Petersbourg, Kuala Lumpur, Londres ou Chongqing (Chine) et surtout le Festival d’Edimbourg en 2011 et 2012. Quel que soit le spectacle, Pink Noise, Electro Vocal Circus ou X, ce groupe finlandais réinvente le pop rock a cappella et fait ainsi depuis 10 ans la démonstration éclatante d'une maîtrise unanimement acclamée.

Je les ai vus le Samedi 16 avril 2016 au Théâtre Alexandre Dumas de St Germain-en-Laye (78). Ils seront le Samedi 23 Avril 2016 à 20h30 et le dimanche 24 à 17 heures au Centre Culturel de Vendenheim Rue Jean Holweg 67550 Vendenheim. Ne les loupez pas si vous êtes dans la région !

Les soins dans un spa comme le Val André

$
0
0
J'ai déjà consacré plusieurs billets à cet endroit qui est un hôtel fort agréable, doublé d'un restaurant qui pourrait être étoilé. Il ne faudrait pas que j'en oublie l'essentiel. C'est tout de même avant tout un établissement de thalassothérapie.

Le Spa Marin de Pléneuf Val André est une véritable bulle de bien-être qui s'étend sur près de 2000 m² dans une ambiance intimiste et zen.

Il dispose d'un parcours marin d'eau de mer chauffée, un couloir de nage, un hammam, une salle de cardio-fitness High tech, un espace tisanerie.

La carte des soins propose un ensemble de protocoles et de produits Thalgo et LPG CelluM6 dont on trouve les gammes spécifiques en vente à l'espace Lounge boutique.
La clientèle ne se perdra pas dans de trop classiques couloirs blancs. Le personnel ne sera jamais intrusif. Mais chacun pratiquera l'art de mettre la clientèle à l'aise.

Ici les curistes osent prendre leur petit-déjeuner en peignoir. On nous rappelle régulièrement que nous sommes là pour nous reposer et recharger nos batteries.

Il faudrait être bien difficile pour ne pas apprécier. Certains mettent si bien leurs soucis à distance qu'ils oublient leur cordon de recharge de téléphone. C'est un grand classique.

Une vingtaine de personnes se relaient pour assurer toutes les prestations. Ce qui fait la différence ce sera l'accompagnement apporté au niveau des soins pour en faire des moments uniques.

Vous trouverez sur votre lit un sac suffisamment vaste pour emmener ce dont vous aurez besoin au cours d'une journée (un livre, des lunettes, une bouteille d'eau, une serviette ...). IL renferme votre programme détaillé et une paire de chaussons ultra légers anti dérapants qui vous sont prêtés le temps de votre séjour.
L’écologie est discrètement pratiquée. Les peignoirs ne sont pas fournis à discrétion mais chacun peut en obtenir un propre dès qu’il le souhaite. Et votre peignoir vous attendra sur un radiateur chauffant pendant votre bain ou votre douche, si bien qu'il sera fort agréable de vous y glisser dedans.
L'atmosphère est élégante. Les cabines de soins du rez-de-chaussée sont éclairées par la lumière naturelle de l'extérieur. Dans les espaces de circulation, le décor est sobre mais chic, ponctué de sculptures en métal brossé argent.
Au sous-sol elles deviennent tables basses comme de gros galets où l'on peut déposer une boisson, un livre ... en attendant d'être appelé(e) pour la prochaine étape de son parcours de soins.

Si la palette est large il serait dommage de ne pas profiter de l'eau, qui a ses vertus. On peut faire de l'aquagym dans le couloir de nage en suivant les indications de la coach sportive ou y faire quelques longueurs à son rythme en dehors des cours.
J'ai eu l'impression que l'espace était restreint mais la force du contre-courant me contraignant à nager littéralement sur place m'a vite convaincue du contraire. Il est vraiment agréable d'affronter le couloir de nage en ayant pour perspective une ligne d'horizon émeraude sous un ciel moutonneux.
Et j'ai apprécié ensuite la détente du hammam qui se  trouve juste à coté.
Il ne faut surtout pas manquer le parcours marin, conçu avec une profondeur idéale de 1,40 m, soit en s'y aventurant au petit bonheur, soit en se basant sur le plan explicatif qui est en grand format sur le mur. C'est très agréable d'expérimenter successivement les multi-jets sous-marins séquentiels, les multi jets plantaires, les bains toniques, les banquettes hydromassantes et l'un des quatre aqua-beds.
Chaque endroit attire son "public" mais on passe de l'un à l'autre sans aucune gêne.
Certains préfèrent les cols de cygne pour détendre leur nuque. Le seul inconvénient est qu'on tourne alors le dos à la mer qui est si splendide qu'elle fait partie intégrante de la thérapie.

Evidemment le bassin est rempli d'eau de mer et on bénéficie aussi de ses bienfaits.

Des deux nouveaux forfaits , Val Diva et Val Viva, le premier à une finalité plus esthétique et le second serait plus classique ont été imaginé ces derniers mois. Le maitre mot étant "accompagnement" le programme est établi en général au moment de la réservation dans une recherche d'harmonie. Idéalement il va du mouillé au sec. On pourra commencer par l'hydrothérapie et terminer par un massage. Et vous pourrez compléter par des exercices en salle de cardio fitness. Par exemple avec Marylène qui est ici depuis quatre ans.
Elle exerce un métier qui va au-delà de la fonction de maitre-nageuse qui fut son métier avant d'arriver ici. Elle n'est plus gendarme, dans le bruit à devoir surveiller le moindre faux pas.

Elle créé ses cours en quelques secondes, après avoir cerné les besoin du groupe qui, en général est très hétérogène. Pour ces personnes, dont le nombre va de 1 à 8, ce "soin" doit convenir à tous, que ce soit le premier d'une longue série ou le seul.

Dans ce cas le challenge est d'importance parce que le curiste a acheté en quelque sorte un ensemble sans avoir accordé une attention particulière au sport. Il le fera parce que c'est inclus. A Marylène (ou à sa collègue) de le convaincre après coup qu'il a eu raison.

Elle alterne avec une collègue et chacune laisse des annotations à l'autre sur les outils employés et les exercices proposés pour que la relève soit assurée dans la cohérence.
Les abonnés représentent un public particulier d'environ 70 personnes.

L'été on s'adonne à la zumba sur la terrasse qui est alors en accès libre. Le public peut atteindre 250 personnes. En juillet prochain cette activité sera programmée sur l'esplanade pour ne plus faire trembler le deck. Tout est pensé pour que l'usager n'ait pas peur de pousser la porte du Spa dont les 4 étoiles peuvent impressionner.

Elle suggère aussi des marches sur la plage qui n'a rien à envier à celles du Vendée. Elle non plus n'a pas de rocher.
En salle on fera du fitness, du trampoline, des machines, du vélo, ou du ballon. C'est inhabituel mais très efficace. Et Marylène peut communiquer facilement son mail pour assurer un suivi ultérieur. Elle regrette tant que les gens se soucient de leur santé une semaine par an et puis abandonnent ensuite.

Il faudrait au moins maintenir quelques principes d'hygiène de vie : proscrire l'ascenseur, faire quotidiennement 10 minutes de fente, un peu de sport adapté deux fois par semaine (au moins une), s'accorder 6 heures de sommeil journalier (même si 8 seraient mieux) et prendre ses repas à heure fixes.
Vous pouvez aussi demander à rencontrer Nicolas Robert qui est un kiné-ostéopathe, et qui vous orienteraComprendre le sens de la cure est essentiel pour la directrice du Spa, Françoise Le Doussen, qui traite personnellement tous les soucis rencontrés. Elle insiste auprès de son équipe pour que le curiste ne soit jamais seul et qu'il reçoive les explications nécessaires pour profiter pleinement de chaque soin.

Ne cherchez pas de salle de repos dite sèche. Le concepteur a préféré un espace qui évoque la brume matinale, à une température de 23°, dans une atmosphère enrichie en huiles essentielles. Cette salle de relaxation avec l'aromathérapie est à considérer avec intérêt. Des boissons sont proposées à discrétion, aussi bien dans le sous-sol que dans les chambres où une kitchenette permet de se préparer une boisson chaude à toute heure.

Les habitués des établissements de grande taille peuvent être surpris. Ils ont des a priori sur ce qui se fait/ne se fait pas. Mais ils découvrent ici la satisfaction de suivre un programme qui est cohérent avec le discours. J'en ai rencontré qui ne voudraient plus retourner dans ce qu'ils appellent maintenant "les usines balnéaires".

Le personnel a l'habitude de voir arriver des gens extrêmement fatigués, au visage fermé qui, en seulement trois jours, retrouvent le sourire et repartent détendus.
Si les professionnels sont formés pour être à l'écoute et s'ils sont très compétents dans leur spécialité (esthétique, hydrothérapie, ostéothérapie ...) il faut pointer aussi la qualité de l'air, si vivifiant en Bretagne et la richesse de l'eau de mer en oligo-éléments. Pour peu que vous complétiez avec des marches en extérieur vous bénéficierez des embruns et de l'atmosphère chargée en iode.

Rien ne s’inscrit dans la banalité et le Spa peut viser une autre clientèle que les habitués de ce type de parcours. Chaque séjour est personnalisé. Chaque curiste est accueilli individuellement et on ne sacrifie pas au collectif avec un cocktail de bienvenue obligatoire servi à tous le lundi soir. D’ailleurs 80% des séjours sont de courte durée et n’incluent pas nécessairement un lundi.

L’établissement est ouvert aussi à la clientèle extérieure qui représente à peu près, et selon les saisons, 30% des utilisateurs des équipements. La piscine, le hammam et l’espace fitness est accessible aux clients de l’hôtel qui ne sont pas curistes à partir de 17 h 30 et jusque 21 heures. Avec cette méthode il n'y a pas de bousculade et chacun peut profiter de l'ensemble.

Pour terminer je voudrais mettre l'accent sur le travail de Mélanie, la diététicienne, dont les fonctions vont bien au-delà de l'élaboration des menus en collaboration avec le Chef. Elle réfléchit en ce moment à l'installation d'un pôle sans gluten et sans lactose pour le buffet du petit-déjeuner. On commence à trouver un jus végétal de type lait d'amande ou de soja, et sous cloche, pour les préserver de tout contact, des flocons de sarrasin, des galettes sélectionnées.
Une de ses actions pourra consister à intervenir auprès du personnel -si vous lui exprimez votre accord- pour qu'on retire le beurre (Bordier, je l'ai déjà mentionné et je me répète, mais il est si bon) de votre table et qu'on ne vous propose pas de pain durant toute la durée de votre séjour. Il n'y a rien de plus efficace que de vous alléger de la tentation.
La jeune femme dans l'organisation des repas comme dans la cure silhouette. Il lui arrive aussi d'organiser des rencontres avec les résidents qui s'intéressent aux nouvelles pratiques alimentaires, comme l'éviction du gluten. J'ai eu la chance de pouvoir écouter ses conseils. Elle a d'abord rappelé que le gluten était une protéine de blé, avoine, seigle ou orge. Elle est interdite aux malades coeliaques (qui ne représentent que 1% de la population). Il vaut mieux l'éviter si on est allergique, voire intolérant, c'est-à-dire hypersensible, ce qui se traduira par des ballonnements, des migraines, de l'acné, un état dépressif.

C'est une grosse molécule difficile à digérer qui peut provoquer des diarrhées et l'intestin deviendra en quelque sorte poreux. Et si on adopte un régime pauvre en gluten, riche en légumes donc en fibres, on aura toutes les chances de maigrir. Il est conseillé de pratiquer l'éviction pendant 2 à 3 mois et de comparer son état de santé avant / après.

Pour nous convaincre que régime peut s'accorder avec plaisir elle nous a fait gouter des chips de sarrasin, des galettes de riz (tout en déplorant leur indice glycémique qui va nous pousser à stocker des graisses alors que celui de la viande est égal à 0). Grosso modo on peut considérer que plus les céréales du petit déjeuner croustillent plus il faut les éviter.

Il faudra donc d'éviter les riz à cuisson rapide et préférer le riz complet qui se digérera moins vite. Et si on peut consommer 12 amandes par jour ce sera encore mieux.

La diététicienne nous a confié qu'on est en train de s'éloigner de la comptabilité des calories pour préférer l'indice glycémique. Il faut trois mois pour perdre une habitude alimentaire et ancrer un changement. Le premier réflexe à automatiser est de poser la fourchette en mangeant, afin de ralentir le rythme.

Mélanie intervient dans la formule Val Détox qui prône le retour (positif) sur soi et incite à la pratique de l'exercice de plein air. Elle pratique des coachings sportifs individuels et personnalisés. Elle rencontre systématiquement ceux qui choisissent le forfait Val Silhouette à leur arrivée et avant leur départ. Ce programme s'adresse particulièrement aux femmes de cinquante ans qui savent très bien ce qu'il faut supprimer de leur alimentation mais qui ont besoin d'un déclic pour mettre en oeuvre un changement durable.

Mélanie analyse les raisons qui les ont amenés à rencontrer des soucis avec leur masse corporelle. Elles sont variables mais le stress lié à un mode de vie intense est toujours évoqué. Quand on pointait il y a quelques années de mauvaises habitudes comme le grignotage, on remarque maintenant des comportements autrement plus graves qui tournent par exemple à la compulsion. Elle a remarqué que beaucoup de personnes mangent par habitude, avant même d'avoir faim parce que l'alimentation est devenue (au même titre que l'alcool ou les anxiolytiques pour d'autres) une soupape pour supporter un rythme qui les malmène.

Elle voit arriver des gens qui expriment un vrai mal de vivre, dans leur environnement professionnel ou leur vie de couple, et qui manquent cruellement de temps pour eux. Elle constate souvent que le poids n'est pas leur problème mais la conséquence de désordres plus graves. A ce stade l'urgence n'est plus de compter les calories. Il n'est pas rare qu'elle soit amenée à interroger son réseau (de médecins et de psychologues) pour qu'une prise en charge puisse s'enclencher dans la continuité du séjour, au retour dans la région d'origine. Mélanie intervient aussi à la demande. Je vous encourage à la solliciter parce que sa compétence est immense et son écoute intense.

N'oubliez pas qu'au Spa la devise est "accompagnement".

Articles précédents sur la région :
Un week-end au Spa Marin Val Andre en quelques lignes et quelques photos.
Un sujet annexe, la pêche à la coquille Saint Jacques, qui est une des grandes spécialités locales.
Le "4S" qui est le restaurant dirigé par le chef Jérôme Barbançon.
L'hôtellerie du Spa et son décor propice au repos
Spa marin du Val Andre, 43 Rue Charles de Gannes, 22370 Pléneuf-Val-André
Téléphone : 02 56 57 50 00

Fashion Forward, 3 siècles de mode (1715-2016) au Musée des Arts décoratifs

$
0
0
La nouvelle exposition du Musée des arts décoratifs propose un parcours sur trois siècles de mode avec trois cents pièces remarquables de la mode féminine, masculine et enfantine du XVIII° siècle à nos jours, issus de son fonds, regroupées pour dessiner une frise chronologique inédite.

À l’occasion du 30ème anniversaire de l’ouverture, en son sein, du musée des Arts de la Mode, fondé en 1986 à l’initiative de Pierre Bergé et de l’industrie française du textile.

C'est à un voyage au fil du temps que nous sommes conviés pour répondre peut-être à l'interrogation de Gabrielle Chanel : " J’aimerais réunir les couturiers et leur poser la question : Qu’est-ce que c’est la mode ? Expliquez-moi. Je suis persuadée qu’il n’en y a pas un qui me donnerait une réponse valable… Moi non plus d’ailleurs".
Entre clivage social et goût pour le beau, des codes de la Cour à ceux de la rue, ce sont trois siècles d'apparat et d'apparence que nous sommes invités à parcourir.
 

On commence par la période de la Régence, avec l'assouplissement de l'étiquette qui avait été imposée auparavant strictement par Louis XIV.
Ainsi les élégantes se permettent-elles de porter en journée à la cour, mais hors des grandes occasions, la robe volante qui dès 1715 s'inspire de vêtements relevant de la sphère intime.

Posée sur un panier circulaire, elle se caractérise par des manches dites "en raquette" et surtout par des plis dans le dos dits "à la Watteau".

La garde-robe masculine conserve du règne précédent le justaucoprs, la veste et la culotte. Le justaucorps se modifie quelque peu par l'élargissement de ses basques. Les manches ont de grands parements ouverts, arrondis ou droits.
Avec l'avènement de Louis XV, la robe volante disparait faisant place à la robe à la française. qui deviendra la robe d'apparat. Composée d'un manteau ouvert sur une pièce d'estomac et une jupe assortie, elle conserve de la mode précédente les "plis à la Watteau", ainsi que le panier. Le corsage durant cette période est ajusté sur le devant et sur les cotés. Les manches sont dites "en pagode". Vers 1760, l'habit à la française pour l'homme, composé de l'habit, du gilet et de la culotte, perd de son ampleur. Les pans de devant de l'habit prennent une coupe oblique et les parements des manches diminuent et se ferment.
Cette Robe à la française est composée d'un manteau de robe "à plis à la Watteau" et d'une jupe a été portée vers 1760. Son originalité vient du textile employé. Il s'agit d'un taffetas de soie chiné à la branche, procédé qui allie des techniques de teinture, d'impression et de tissage et qui était très apprécié dans la seconde moitié du XVII° siècle. Ce procédé originaire d'Asie donne au dessin final un aspect, flou et exotique. La propriétaire montre ses richesses au travers de ces broderies si fines.
Tout au long du XVIII°, justaucorps puis habits laissent apparaitre le vêtement de dessous. Sous la Régence et le début du règne de Louis XV, cet élément de costume sera nommé "veste". L'encolure ouverte jusqu'au creux de l'estomac permet de voir la chemise et la cravate. Sa longueur est importante car ses basques descendent jusqu'à mi-cuisse.

Les jeux de broderie sont raffinés, parfois assortis aux boutons, toujours faits à la main, naturellement.

Après les années 1739, la "veste" change de nom et devient le "gilet". Ce dernier n'aura de cesse ensuite de raccourcir et deviendra de plus en plus ajusté. A la fin du XVIII° siècle, le gilet se porte court, au niveau de la taille et sa haute encolure ne laisse visible qu'une petit partie de la cravate. On ne le remarque pas sur la photo mais le dos n'est pas décoré puisqu'il n'est pas offert au regard.
Des accessoires ont également exposés. Tout ce qui fait preuve d'exotisme est à la mode. Comme le velours ou l'ottoman. On ira jusqu'à vêtir ses petits singes comme de petits hommes, cherchant par là à affirmer une supériorité humaine. Celui-ci est en taffetas de soie et est daté des environs 1730-1750.
La femme indique son humeur en jouant de son éventail pour cacher ou découvrir la mouche et envoyer ainsi le message de circonstance. Des boites à mouche sont suspendues ainsi que des boites à tabac et des fioles à parfum au-dessus de poupées de mode en carton plat décoré de textile pour diffuser le commerce français. En dessous, des pièces d'estomac amovibles, lacées, ou cousues, pour pouvoir en changer facilement, également les réparer. L'influence perse est nette sur le modèle de droite.
La robe à la française s'impose à la Cour, vers 1778 en pékin de soie façonné, taffetas de soie et satin de soie, cannelé simpleté, cannelé fantaisie et bandes à dessin par flottés de chaine, broderie de clinquants, paillettes et cannetilles. Toutes ces tenues étaient pensées pour briller et se voir à la lumière des bougies, d'où l'abondance de facettes. Elle est belle mais ne permet que de se montrer. Impossible de se promener et encore moins de s'asseoir avec un tel vêtement.

Après les années 1770, le "grand habit" (corsage rigide très serré, large jupe et traine) est jugé démodé et n'est dès lors plus exigé à la cour. Une robe somptueuse, comme celle-ci, taillée dans une riche soierie et agrémentée de broderie, de clinquants, de dentelles et de "sourcils de hanneton", convenait parfaitement pour être reçue parmi les courtisans.

Sous Louis XVI la robe à la française prend progressivement la place du grand habit et devient alors une tenue d'apparat. Vers 1770, les femmes cèdent à l'anglomanie en adoptant la robe à l'anglaise. Elle se caractérise par un corsage ajusté dans le dos et baleiné aux coutures. Relevée à l'arrière, elle est un peu moins salissante.

Les formes se diversifient très rapidement et d'autres typologies apparaissent telle la robe à la polonaise, toutes influencées par un exotisme plus ou moins lointain. Un astucieux système de tirettes permet de relever la robe. Et les perruques sont souvent amovibles pour pouvoir passer sous les portes. L'habit à la française garde sa structure traditionnelle mais prend un caractère plus cérémoniel. Il est alors plus ajusté et les pans de devant glissent vers l'arrière.
Voici une très belle robe de mariée qui influencera plus tard un grand couturier comme Paul Poiret. mais d'ici là les femmes auront subi le retour du corset. Le petit manteau marron très raccourci qui est porté sur cette robe est d'inspiration militaire. A propos nous apprenons l'origine du terme "spencer" pour désigner une veste courte croisée très en vogue en France au début du XIX° siècle. Son origine est attribuée à la femme d'un lord anglais, George Spencer, qui, dans un accès de créativité, a coupé les pans brulés de son habit en se chauffant trop près de la cheminée.
On remarque sur les photos un papier peint panoramique datant du XIX° siècle (derrière ces vêtements Directoire) qui est censé représenter la réalité, malgré quelques inexactitudes. La Révolution bouleversera les codes avec l'arrivée du pantalon qui n'était pas porté jusque-là par les nobles (ils étaient en culottes). On revient à l'Antique. On libère la taille et on abandonne les corsets. On adopte la mousseline de coton, comme pour cette robe datée 1795-1800.

Et les hommes s'habillent en couleur, en harmonie avec leurs opinions politiques.
Dans la dernière salle de cette première partie on découvre une magnifique robe de cour Empire, toujours d'inspiration antique mais richement brodée.
On observe la ligne historicisante si particulière dite "en sablier", typique de la période romantique. Le XIX° n'aura bientôt de romantique que le nom. Les manches ballonnent jusqu'à devenir "gigot".  Les jupes reprennent du volume. Les tailles se marquent de nouveau. C'est une torture de les porter. Les femmes ne pourraient pas travailler ainsi vêtues. Le comble de la séduction est d'avoir l'air malade, la peau très blanche (on s'abrite du soleil sous de grands chapeaux) et des cernes sous les yeux. Certaines le sont réellement d'ailleurs en pleine épidémie de tuberculose. C'est peut-être ce qui explique que la scénographie présentent ces modèles dans une sorte de brouillard.

Cette percale de motifs floraux témoigne de la mode des cotonnades à petits motifs imprimés au rouleau, qui est aussi significative du développement et des innovations de l'industrie de l'impression sur coton.

Des sommes importantes ont été consacrées à la restauration des robes qui suivent et qui peuvent être montrées en (relatif) très bon état, ceci grâce à un mécénat important, notamment de la marque de prêt-à-porter H&M.
A partir des années 1850 on change le mode de superposition. Les jupons de cuir et de lin sont remplacés par des crinolines, plus légères, qui entravent moins la marche. Les robes de jour sont plus courtes, permettant aux femmes de pouvoir faire leurs emplettes dans les passages couverts.
C'est encore une fois un confort de façade quand on étudie le nombre d'accidents causés par les crinolines coincés dans les voitures ou ayant flambé près d'une cheminée. Apparaissent malgré tout les tournures qui sont moins contraignantes que la crinoline et qui évolueront vers le "faux-cul".
On change encore 3 à 7 fois de vêtements au cours d'une même journée. Alors si on part en voyage on transporte d'énormes malles. Le musée y avait consacré une précédente exposition passionnante.
Les poupées de mode continuent à circuler. Les femmes ont de minuscules réticules. Et bien entendu une collection d'ombrelles.
Pour sortir, on porte aussi la visite, une sorte de manteau à manches évasées qui descend un peu au-dessous des hanches, et qui peut en cachemire (à droite ci-dessus, avec application de franges de soie, soutache et pampilles), une matière très en vogue au début du XIX° siècle.
Pour voyager on emploie des vêtements plus sombres, moins volumineux. Les teintes sont décrites avec un lexique très imagé : souris muette, crapaud écrasé ...
Les robes du début de la Belle Epoque se caractérisent encore par une taille marquée, alors que la tournure disparait. Puis la ligne sinueuse de l'Art Nouveau, inspiré par les courbes des plantes, tord le corps féminin en S jusqu'à ce que le buste se redresse progressivement à partir de1906.

Sur la gauche, une robe, vers 1909-1913, des Soeurs Callot en satin de soie recouvert de tulle métallique et de tulle de soie. Collection UFAC. A coté, un Kimono en pongé de soie brodé or, 1905-1910, qui témoigne de l'influence du Japon aussi bien pour ses motifs que ses coupes. A l'extreme droite une Robe du soir Delphos, 1910-1915, en satin de soie plissé, perles en verre de Murano, de Mariano Fortuny, qui a donné son nom au plissé qu'il inventa.
On observe en superposition avec une vitre peinte, trois robes de Paul Poiret, comme cette robe du soir Joséphine, 1907, en satin de soie, filet de soie, galon.
Une mise en scène qui fait curieusement penser à une autre exposition en cours en ce moment au musée, avec les poupées Barbie, met en avant des poupées de mode Lafitte-Désirat datant de 1910-1917, créées par les soeurs Daussat qui ont accolé leurs noms de femmes mariées pour former celui de leur société. 

Ce sont des figurines de mode en cire peinte qui reflètent la mode des années 1910. En cire coiffées de cheveux, étoffe de laine et de soie, fourrure, plumes et peau, ces poupées rappellent, dans les postures et les parures, les égéries de la Belle Epoque évoquées notamment par Marcel Proust.
Les années 1910 sont marquées par la ligne droite, en référence au Premier Empire. La souplesse de la coupe et des tissus caractérisent cette époque. Cette robe de haute-couture de style Han Kéou, a été créée par Paul Poiret,  en 1922, en satin façonné liséré, velours et peluche de soie.
Manteau Elsa Schiaparelli, automne-hiver 1938-1939, drap de laine, velours de soie brodé de lames, de paillettes et de fleurs en porcelaine, boutons en résine doré. Progressivement les robes vont devenir plus droites. Les femmes vont couper leurs cheveux.
La nef présente la mode moderne et contemporaine depuis les années 40 jusqu'à aujourd'hui, en passant de la haute-couture au prêt-à-porter.
Je me suis arrêtée sur quelques modèles. Comme cette robe de cocktail Mélanire, haute couture automne-hiver1959-1960, en satin de soie et velours de soie brodé de soutaches et de perles, de Yves-Saint-Laurent pour Christian Dior.
Ou encore cette robe du soir courte, haute couture printemps-été, 1969, en sergé de coton d'Abraham bordé par Ginisty de perles, de paillettes et de franges de soie,  de Christian Dior.
Paco Rabanne est également représenté, avec cette robe haute couture printemps-été, 1968, en plaques d'aluminium martelées ou lisses, et maillons d'aluminium. Et avec cette cape du soir haute couture printemps-été, 1969, résine incluse de fleurs séchées, plumes d'autruche, maillons métalliques.
On retrouve avec plaisir la si fameuse robe longue de Guy Laroche, portée par Mireille Darc dans le film Le grand blond avec une chaussure noire d'Yves Robert, 1972, en crêpe de soie.
Au centre, en haut de l'escalier, la robe du soir Embarquement immédiat de Thierry Mugler, prêt-à-porter automne-hiver 1987-1988 en velours de soie noir de Christophe Andrae, satin de soie d'Abraham, fleurs de soie.
On se souvient aussi du costume de la pièce chorégraphique de Régine Chopinot imaginée par Jean-Paul Gaultier en 1985, un corset en satin de soie et satin de coton liséré orné de ruban frivolité, jambières en tulle synthétique bouillonné. Il est présenté à coté d'une Robe fourreau à capuche, automne-hiver 1986, d'Azzedine Alaïa,  en jersey d’acétate moiré.
Martin Margiela a sa place avec un ensemble veste, manches, jupe, prêt-à-porter automne hiver 1997-1998, en toile de coton, coiffe en anciens cols de fourrure.
Homme plus, costume deux-pièces, prêt-à-porter, printemps-été 2006, sergé de coton imprimé de coloris vifs ou délavés de Comme des garçons côtoie une robe du soir, haute-couture, printemps-été 2000, tulle de soie, patchwork de crêpes de soie imprimés, gaines de baleines en satin de Christian Lacroix.
L'exposition s'achève en rouge vif avec une très étonnante robe, printemps-été 2015 de Comme des Garçons, qui a été choisie pour l'affiche et qui est ici à coté d'une Robe-manteau, Haute couture, printemps-été 2015 en drap de laine de John Galliano pour la Maison Margiela.

Fashion Forward, 3 siècles de mode (1715-2016)
Musée des Arts décoratifs
du 7 avril au 14 août 2016
107 rue de Rivoli
75001 Paris
Tél. : 01 44 55 57 50
www.lesartsdecoratifs.fr
Heures d’ouverture du mardi au dimanche de 11h à 18h, nocturne : jeudi de 18h à 21h, fermé le lundi
Accès gratuit pour les moins de 26 ans.
De nombreuses activités ont lieu en parallèle à l'exposition.

Rivalité d'Alyson Noël chez Mosaic

$
0
0
Il faut de tout pour faire un monde prétend la sagesse publique. Il faut tous les genres sur les étagères. Et que celui qui ne lit que de la grande littérature me jette le premier livre ... Je les aime tous (comme le chante Mathilde sur son dernier album).

Enfin, pas vraiment tous, mais en tout cas j'ai beaucoup apprécié de me détendre avec Rivalité d'Alyson Noël dont je suis heureuse de pointer que ce volume est le premier tome de la série Beautiful Idols.

Il est catégorisé "jeunes adultes" mais il se trouve que jeune ou pas il a les ingrédients qui accrochent le lecteur.

Je me suis amusée à suivre le combat que se livrent trois jeunes américains qui ont envie (pour des motifs différents) de réussir et de percer dans le Tout Hollywood : Layla Harrison qui rêve d’envoyer promener son blog et de devenir reporter pour décrocher de vrais scoops; Tommy qui rêve de s’offrir une guitare à douze cordes et de prendre sa revanche sur son père en devenant une rock star; Aster qui rêve d’échapper aux conventions de sa famille et de devenir actrice.

Chacun son rêve pourvu qu'on puisse avoir l'occasion de le réaliser. En répondant à l’invitation d’un VIP des nuits californiennes, ces trois jeunes gens vont concourir pour devenir la nouvelle star du Clubbing en multipliant les entrées dans leur boite de nuit. Aventure ou cauchemar ? Alors que leurs souhaits commencent à peine à prendre forme, une star habituée du monde de la nuit disparaît. Et tous les trois sont soupçonnés…

Classée en tête des listes du New York Times, Alyson Noëlest l’auteur de 23 romans dont les séries "Eternels" et "Les Chasseurs d’âmes" ont été vendues à plus de 600 000 exemplaires en France. Elle apparait dans de nombreuses listes de best-sellers et ses livres ont été traduits dans 36 langues

Née en Californie, dans le comté d’Orange où elle a grandi, Alyson Noël a vécu à Mykonos et à Manhattan avant de retourner s’installer dans le sud de la Californie, où elle travaille à son prochain livre. Autant vous dire qu'elle connait parfaitement la côte Ouest où j'ai eu la chance de voyager il y a quelques années.

Ce n'est pas chaussée de Louboutin que j'ai arpenté Sunset Boulevard, mais Rivalité a ravivé des souvenirs enfouis et j'ai accepté de prendre parti pour un des trois clubs. Vous découvrirez lequel à la fin de ce petit film que je vous invite à partager si vous l'appréciez.

Je n'ambitionne pas une carrière d'actrice mais pourquoi pas de youtubeuse si ce type de video vous distrait.

Premier disque pour Mathilde : je les aime tous

$
0
0
Mathilde est une artiste comme je les aime. Un caractère entier, une franchise inaltérable, un sourire qui s'entend au téléphone et une passion pour la musique et le travail qui, forcément, me donnent envie d'aller plus loin.

Elle est de ces personnes qui donnent la pêche. Ce qui n'empêche pas son album d'être un petit bijou de sensibilité.

Elle regrette des "petites bleuvetés" qu'elle n'aurait pas voulu entendre mais son entourage lui a fait remarquer qu'elle devait mettre un terme à sa quête de la perfection sous peine d'être taxée de psychotique.

Je n'ai pas l'oreille pour remarquer ces défauts minimes mais je dirais qu'ils sont sans doute bien là où ils sont parce qu'ils garantissent l'humanité de l'enregistrement. Dans le monde moderne du son, l'authentique est perçu souvent comme un défaut. L'oeil est tellement habitué à la très haute définition qu'il a perdu l'habitude de voir le grain d'une image. Or ce sont les aspérités qui donnent leur charme à un cliché. C'est pareil en musique.

Mathilde est donc satisfaite qu'on l'entende respirer, qu'on devine un rire dans le lointain. Elle ne cherche pas à tout contrôler mais à donner le meilleur dès la première prise. Enregistrer avec elle doit se faire dans le plaisir, l'énergie en plus. Elle connait l'exigence du travail. Avec des parents artistes, la chanteuse sait depuis toute petite que ce n'est pas un loisir mais un vrai métier.

Elle est heureuse d'avoir signé chez Naïve et elle plaint ceux qui se font "bouffer" par leur label. Elle savoure le plaisir d'avoir pu enregistrer avec Jacky Terrasson dont c'est le 20ème album, avec à son actif tout de même 3 avec Aznavour. Personne n'est venu revoir mes compos, ni corriger mes textes. C'est tout juste si on a tenté de me suggérer parfois un autre arrangement.

Mathilde affirme dans son album qu'elle les aime tous et elle va faire des adeptes :


La jeune femme a mûrement réfléchi avant de lancer ce projet. Elle tenait absolument à ce que son travail s'inscrive dans la tradition, ce qui en fin de compte trahit une forme de modernité. Mathilde a envie que les choses bougent. Elle est capable "d'envoyer" comme disent les spécialistes. Mais elle peut aussi chanter avec une extrême douceur et c'est bien.

Alors que je la complimente sur son interprétation des grands standards en lui disant que j'ai apprécié que ce ne soit pas des reprises de plus elle s'enflamme aussitôt : je n'ai pas cherché à copier. J'aime exprimer des émotions. C'est un peu le job quand même ...

On dira d'elle que c'est une artiste émergente parce qu'on la voit sortir de l'ombre. Mais ce n'est pas sa participation à The Voice qui a fait sa carrière. Mathilde a intégré à 7  ans un conservatoire où elle a appris le chant lyrique, avec la Callas pour modèle. Elle a chanté le gospel à Londres. Elle a sous les pieds 17 ans de chant classique et une vraie reconnaissance dans le jazz. Elle a monté un groupe et enchaîné les concerts dans des bars et des clubs. Ça fait maintenant plus de six ans qu'elle arpente la scène parisienne. Un parcours qu'on pourrait qualifier d'atypique mais qui constitue un bon bagage pour concevoir un album dans la chanson française.

The Voice aura été un accélérateur de particules musicales
La chanteuse sait ce qu'elle doit à l'émission de TF1. Ce serait snob et prétentieux de la considérer comme l'incarnation du diable. La télévision n'est pas une finalité. On n'a pas "réussi" parce qu'on est passé devant le petit écran (avec le risque de faire le trajet d'une comète) mais c'est un moyen. Elle estime qu'elle était arrivée au bout d'un processus dans le jazz et qu'il lui fallait d'urgence ouvrir une nouvelle fenêtre. (et elle s'ouvrira si vous cliquez sur "plus d'infos")



Voilà pourquoi elle s'est laissée convaincre de passer les épreuves. Car Mathilde n'a pas décidé toute seule de se présenter. Il faut savoir que tous les candidats ne sont pas volontaires au départ. Il existe des chasseurs de tête qui repèrent les talents, ce qui n'est pas choquant en soi. Cette technique se pratique dans tous les métiers. Il est normal que le hasard ait de (gros) coups de pouce. Et puis beaucoup sous-estiment l'émission qui, il faut le dire, ne cesse d'évoluer vers la qualité.

Ils sont 6000 à candidater chaque année mais seulement 120 passeront le cap de la première audition pour finalement ne rester que 60 par saison. Si on vous la propose sachez donc que vous avez 1 chance sur 100 de vous produire au moins une fois. C'est déjà bien.

Mathilde connaissait des participants des années précédentes. Elle n'a pas écouté la petite voix intérieure lui soufflant de s'écarter. Comme le lui a dit son papa il faut connaitre avant de juger. Elle n'en menait pas large mais elle s'est exposée.

Tout m'a surprise dans The Voice. A commencer par l'exigence de l'équipe de casting. Ensuite le savoir-faire du coach vocal qui a su débloquer mon aphonie (pas de chance pour un moment pareil que de se retrouver quasiment sans voix) par des exercices d'orthophonie très efficaces, la bienveillance de tous, l'accessibilité, l'ambiance de camaraderie.

Elle ne peut pas oublier ce qu'elle a vécu au cours de cette aventure. Tous les coachs s'étaient retournés au moment des auditions à l'aveugle. C'est un signe qui ne trompe pas. Elle avait choisi Zazie parce qu'elle est, comme elle, (même si elle ne se compare pas) une interprète et une auteure. C'est tout de même elle qui a écrit Allumer le feu pour Johnny.

Est arrivé plus tard la fameuse battle l'opposant à Yoann, en février 2015 avec la chanson de Charles Aznavour Comme ils disent. Zazie a choisi le garçon. Rien de grave pour Mathilde qui est repêchée par Jenifer.

Mathilde a beaucoup de respect pour les candidats qui furent ses challengers sur la 4ème édition. Elle se souvient de Mieko Miyazaki, peut-être le talent le plus original des auditions à l'aveugle, toutes saisons confondues. Et sur laquelle personne ne s'est pourtant retournée. Cette artiste japonaise avait choisi de tenter sa chance en portant l'habit traditionnel, accompagnée de son koto, un instrument appartenant lui aussi à la tradition japonaise. Sa prestation a été forte, surprenante, originale, un peu trop peut-être ...

Elle se souvient parfaitement d'un autre talent de l'équipe de Jenifer, à la voix cristalline, Battista Acquaviva qui s'accompagne d'un instrument corse méconnu, la cetera.

Parmi les candidats de cette année Lena Woods et sa harpe électrique ou MB 14 qui trace un très beau sillon dans le domaine de l'a cappella sont des talents qui la touchent.

Pour revenir à son parcours dans The Voice, elle dit de Jenifer qu'elle a explosé tous ses a priori. Elle restera à jamais pour elle une femme humainement touchante qui n'aime pas le faux. Une vraie maman corse. Elle ne lui en a pas voulu d'avoir retenu Côme dans un duel suivant. D'autant que ce fut l'occasion de vivre une histoire inédite puisque c'était la première fois que les coachs disposaient du vol de talent durant l'épreuve ultime. "Un coach se doit d'être un tantinet tactique, Mathilde, reviens!" lui criera Zazie. A la suite de quoi elle intègrera son écurie pour la seconde fois.

Mathilde voit régulièrement Yoann Launey. Ils font, selon l'expression consacrée, des dates ensemble, avec à la rentrée un beau projet dont il est prématuré de parler. Et surtout, The Voice lui a permis de décrocher un super manager (c'est elle qui l'affirme) et de glaner un (vrai) contrat d'artiste.

Un atypisme assumé
Elle reconnait en riant qu'elle ne peut pas nier, (ni renier) sonatypisme. Je ne veux pas parler de ses rondeurs, qu'elle assume très bien, avec sagesse et intelligence. Elle n'est pas grand public mais elle n'est pas non plus ce qu'on appelle une intello. Quoiqu'en dise son papa : toi ma chérie, tu n'es pas une tueuse, tu es une intellectuelle.

Mathilde assume désormais sa spécificité et son éclectisme. Elle est passionnée de philosophie ... et de cuisine. En l'entendant parler de l'art de la pâte feuilletée maison j'étais propulsée des années en arrière quand la première chose que je faisais en arrivant chez ma grand-mère était d'aller vérifier qu'une tarte aux pommes était bien en train de refroidir, sur la troisième marche conduisant aux chambres (c'était peu conventionnel mais il n'y avait pas de réfrigérateur ni d'eau chaude chez mes grands-parents).

Ayant peu de temps disponible (on s'en doute avec tout ce qu'elle fait ... jusqu'à écrire du code -html- à ses heures qu'elle dit perdues), la chanteuse ne s'autorise pas encore la simple lecture plaisir et lit "utile", entendez par là ce qui la fait progresser. Vous ne trouverez pas de la chick-lit dans son sac, mais plutôt Elsa d'Aragon, ou Femmes qui courent avec les loups de Clarissa Pinkola-Estés, un livre qui a fait date dans l'évolution contemporaine de l'identité féminine et qui la reconnecte aussitôt avec la puissance qui est en elle. Aujourd'hui c'est une histoire du fado, offerte par son guitariste qui est sur sa table de nuit et qui la plonge dans ses racines puisque sa famille est d'origine portugaise.

Sa play-list est très étendue, de Ravel à Varèse, en passant par Rihanna et Pentatonix, sans oublier malgré tout évidemment la mémoire et la mer de Léo Ferré. Cette nana me plait : moi qui la croyais bloquée sur Brel et Brassens ...

Le résultat de la sueur
Si son album dégage une certaine légèreté, vous aurez compris que Mathilde a une conception toute personnelle de la célébrité : le talent n'est rien d'autre qu'un terreau fertile. Les romains avaient le culte du corps, notre époque a l'obsession de la célébrité mais que N... soit une vedette est une aberration. Je suis pour le rendu de la sueur. Gagner est juste factuel. Ma vie ne s'est pas arrêtée avec The Voice. L'essentiel pour bâtir une carrière reste le travail.

Mathilde n'est pas avide de star-system et souhaite tracer une carrière avec l'estime du public. Elle s'estime être encore en gestation expectative. Elle a bien conscience aussi qu'être artiste en 2016 impose d'être pro-actif. Elle maitrise les réseaux sociaux, les siens, qu'elle construit comme une grande, sans activer ceux de son paternel (un grand réalisateur de film d'animation qui est aussi érudit en musique).

La web-série qu'elle a tournée pour la sortie de l'album est très inventive.

Pour arriver à la sortie d'un album
La couverture de l'album a toute une histoire. Le premier shooting fait avec Naïve ne plaisait pas à l'artiste parce que les photos ne collaient pas à l'ambiance de l'album. Aucune ne permettait d'imaginer la musique qu'il y avait dedans. Elle a fait appel à la photographe qui la suit depuis 5 ans et qui ne craint pas de magnifier son corps. Quelques clichés ont été choisis. Mais le graphiste en a préféré un autre, qui évoque un mouvement et qui raconte une histoire, celle d'un poussin en train de naître.

Poussin est un mot qui colle à son ADN et la couleur jaune lui va à merveille. Sa blondeur témoigne de la douceur qui est en elle. Et de la force aussi car née en hiver, elle a toutes les caractéristiques du Sagittaire et lance ses flèches au coeur de la cible.

Je Les Aime Tous est un un album de chansons françaises où ses propres compositions, co-écrites avec le pianiste et compositeur Alexis Pivot, alternent avec Piaf, Trénet, Barbara, Ferré, Gainsbourg, Salvador ...

L'enregistrement s'est fait avec la complicité amicale de Jacky Terrasson à la direction musicale et au piano, autour d'artistes de jazz connus (Stephane Belmondo à la trompette et au bugle, Thomas Bramerie à la contrebasse), ou appartenant à la génération montante (Vladimir Medail à la guitare, Philippe Maniez à la batterie) et du formidable guitariste et chanteur brésilien Marcio Faraco.

Mathilde sera en tournée au printemps-été 2016 et sur toute la saison 16/17. D'ici là deux dates sont à retenir, le 29 avril la sortie physique et digitale de l'album et le concert du 12 mai au Café de la Danse. L'enjeu est de taille même si c'est en septembre que tout va devenir vraiment sérieux.

Voici en avant-première un second clip, celui des Volcans endormis.



Ce que vous pourrez bientôt découvrir dans ces colonnes

$
0
0
Les coulisses du Mémorial de Falaise dont l'ouverture officielle aura lieu le 9 mai prochain. Dédié aux victimes civiles des guerres son emblème est un grand C.
Un pas en arrière dans l'Histoire avec le château de Guillaume le Conquérant, qui fut roi d'Angleterre ...
 Un menu exclusivement végétarien composé par Alain Passard autour de céréales
Un déjeuner au rapport qualité-prix imbattable ... dans un restaurant qui hélas est à deux heures de train de Paris
Une rencontre avec une jeune auteure qui monte, qui monte ... Virginie Grimaldi. Son second roman, Tu comprendras quand tu seras grande sort chez fayard dans quelques jours. Je l'ai déjà lu et beaucoup aimé.
Mon avis (positif) sur l'EP de Gatha qui est une autre artiste émergente et qui a fait la première partie de Julien Doré. Je suis allée l'entendre, elle et Gustave (son violoncelle) aux Trois Baudets. Renaissance est une belle promesse.
... et quelques autres choses ...

Le silence de mon père de Doan Bui

$
0
0
Doan Bui est grand reporter au Nouvel Obs. Elle vient d'écrire un livre sur l'histoire de son père, dont elle ne connaissait que quelques bribes avant d'entreprendre cette plongée qu'elle sous-titre enquête sur mon père, cet inconnu.

Née en France au milieu des années 1970, elle est l'aînée des cinq enfants d'un couple originaire du Vietnam. Elle a grandi au Mans avant de poursuivre ses études à Paris. Dans son nouveau livre, la journaliste, Prix Albert-Londres en 2013, mène une enquête passionnante sur ses origines et sur la vie passée de son papa, victime d'un AVC en 2005 et aujourd'hui condamné au silence.

Il faut dire qu'en terme de révélation, elle aura son compte. Et on peut s'interroger sur ce silence paternel qui conduira à un mystère autour d'un secret familial, lui-même se doublant du poids de la perte de son dernier enfant.

On apprend (p. 30) que Baudelaire devint lui aussi aphasique après un AVC ... enfermé dans sa solitude ... au supplice de comprendre et de ne pouvoir répondre. Comme Ravel. Et on partage la compassion de Doan Bui à l'égard de celui dont les mots se sont envolés comme des oiseaux gracieux.

On pourrait se demander quel fut le réel élément déclencheur car sa mère si bavarde s'est murée elle aussi dans le silence.  (p. 20) C'était son bouclier dans la tristesse. Ma mère est d'une génération et d'une culture où l'on ne parle pas. Parler c'est perdre la face (...) un truc de français.

Je ne suis pas certaine que cette manière de se draper dans le silence soit si typiquement vietnamienne.  Je pourrais dire la même chose à propos de ma famille qui n'a pourtant aucune racine étrangère. C'est vraiment une question de génération et de circonstances.

Pareillement pour l'exigence de voir son enfant monter au tableau (p 52). Elle pointe que ses parents ne vibraient que pour les diplômes, les titres, les récompenses (...) c'était réparer l'outrage d'avoir perdu et quitté son pays.

Mon propre père était dans la même rigidité comme tous ceux qui se sont trouvés "immigrés" dans leur propre pays, contraints de quitter une campagne qui ne pouvait pas nourrir tous les enfants et se frotter aux codes de la ville où ils se sentaient comme "déclassés". Quand il arriva en région parisienne, mon père parlait essentiellement patois. Il a appris le français à l'âge adulte.

Un des aspects particuliers du livre de Doan Bui est de nous éclairer néanmoins sur la manière asiatique de considérer les choses puisque par exemple la langue vietnamienne ignore le "je" et les enfants portant le même nom on les distingue par un numéro. Et surtout elle resitue la trajectoire de ses parents dans le tourbillon de l'Histoire. Elle analyse d'autant plus finement les choses qu'elle les découvre à l'âge adulte, et avec la manière de penser propre aux journalistes : J'ai aimé étudier l'Histoire dans mes manuels d'écolière (...) j'ai écouté des dizaines d'exilés, étudié toutes les guerres et compulsé beaucoup de récits avec fascination mais je ne savais rien de l'histoire du Vietnam ni surtout de celle de mes parents. (p. 58)

Ce sont des survivants d'un monde perdu, celui d'avant le 30 avril 1975 (p. 112) et il faut lire avec attention sa reconstitution des épreuves du dossier de naturalisation française et les analyses de l'administration. Son père semble alors le plus "français" des deux. On s'interroge avec elle sur les qualités qui permettent de juger qui de l'un ou de l'autre serait le plus intégrable.

Ils furent les premiers asiatiques à s'installer au Mans et non en région parisienne. Arrivés en avion, avec des enfants nés sur le sol français, ils n'avaient rien à voir avec les boat people. Mais les petits Bui bénéficièrent de cette compassion accordée par contagion. Il n'empêche qu'ils appartiennent à la plus invisible des minorités visibles (à l'inverse des Blacks et des Beurs qui se font remarquer à coté des Blancs), désintégrée à force de vouloir être intégrée.

Elle parle peu de l'Asie mais nous offre quelques jolies lignes (p. 62) sur les arbres et les odeurs des marchés. Et c'est une image de mobylette (en réalité un Vélosolex) d'une balade racontée p. 173 qui a été choisie pour illustrer la couverture.

Comme Eloïse Lièvre avec des photos réelles, ou Isabelle Monnin avec un lot acheté aux Puces (Des gens dans l'enveloppe, chez JC Lattès), Doan Bui adopte le regard du photographe pour révéler le passé.

Une photo, c'est une tombe qui tient dans la poche, et garde la trace d'instants évanouis. (p. 130) Au Vietnam, nous apprend-elle, on ne fête pas les anniversaires de naissance mais de décès.

Le silence de mon père dégage une grande sagesse. Les mots auront été dits pour clarifier le passé de  et ramener les chers disparus à la surface mais en grande philosophe Doan Bui songe que les mots s'effaceront eux aussi. La mer avalera tout.

Le silence de mon père de Doan Bui, l'Iconoclaste, en librairie depuis le 23 mars 2016

Le Recommandé au Val-André (22)

$
0
0
On va croire que je suis abonnée aux ambiances d’autrefois. Cela fait partie des hasards de la vie, même si effectivement je constate deux tendances diamétralement opposées dans l’ouverture des nouveaux restaurants. Soit ultra design, soit retour aux sources.

Le Recommandé est de cette veine. Valérie et Hugues Pommereul ont eu un véritable coup de cœur pour cet ancien bureau de Poste (d’où le nom qu’ils lui ont donné) qu’ils ont conservé le plus possible dans son jus tout en parvenant à y installer une cuisine fonctionnelle et moderne.

La salle est restée dans l’ambiance des jours anciens. On s’assoit sur la banquette  de la salle d’attente, et on pose les coudes sur une table des années cinquante.

Quelques chaises d’origine ont pu être recyclées. Leur assise métallique a été rendue confortable avec l’ajout d’un coussin cousu dans un vieux sac de tri postal en toile de jute.

La signalétique est restée ainsi que les casiers, et les cloisons coulissantes. Le guichet est devenu bar. Les éclairages qui ont été ajoutés sont des lampes d’architecte. Les sets de table sont des feuilles de papier kraft et les verres des Duralex, comme dans les années soixante.
Coté saveurs le jeune couple a misé haut. Valérie sait recevoir chaleureusement. Elle gère depuis plusieurs années et accueille tout au long de l'année les quatre chambres d’hôtes de la Villa Nazado, une belle demeure du XIXe siècle dans un esprit "maison de famille", située au cœur de la commune voisine, à Erquy.

La création de ce salon de thé il y a trois ans est un tournant dans leur vie mais elle correspond aussi à leur souhait d'être complémentaires de la maison d’hôtes  en ouvrant un lieu généreux à leur image. Ils sont les premiers à préférer pousser la porte d'un salon de thé plutôt que de s'accouder à un bar et ce type d'endroit n'existait pas dans les alentours de Pléneuf.

Le métier de pâtissier est une reconversion professionnelle pour son mari, autrefois informaticien et qui a voulu passer un CAP de pâtissier. Il travaille maintenant aussi avec Guillaume Menant, chef pâtissier.

La reconversion est le deuxième point un point commun avec Stéphane, de la Crêperie des Druides de Saint Brieuc dont je vous parlerai bientôt.
Quand on aborde les rivages de la quarantaine avec un tel projet on fait les sacrifices nécessaires pour réaliser son rêve. Le couple ne ménage pas sa peine et le résultat est là. Bien entendu tout est fait maison, et quotidiennement. Il n’est pas question pour moi de dénoncer tel ou tel boulanger voisin mais plusieurs clients, alertés par les émissions de télévision sur le sujet, ont compris que certains artisans ne font pas la viennoiserie eux-mêmes et sont devenus des clients réguliers du Recommandé.

L’étendue de la proposition sucrée en parts individuelles ou gâteaux grand format en 4, 6 ou 8 parts, est digne des plus grandes pâtisseries parisiennes, entre 10 et 25 chaque jour.

Hugues peut être fier de ses créations tant sur le plan de leur esthétique que sur celui, essentiel, du mariage des saveurs. Jugez plutôt ... De gauche à droite vous devinez le Dôme vanille poire, léger et fruité (bavaroise vanille, confit de poire, liqueur de poire, biscuit aux amandes).  A coté, le Chocolat feuilletine aux 3 textures : fondant, moelleux, croquant, (mousse chocolat noir Equateur 66%, brisures de crêpes dentelles, praliné caramel beurre salé, biscuit joconde chocolat, glaçage carmin chocolat) puis la Tarte Vanille Ananas Jasmin, la Tour Chocolat coeur coulant gianduja, la Tarte Poire Chocolat (pâte sucrée chocolat, compotée poire citron vert fève de tonka, vanille, crémeux chocolat, poire au sirop, décor chocolat et billes chocolat croustillantes), le Citron vert crémeux goyave ...
et puis la Tour Paris Brest (pâte à choux, crème légère gianduja, caramel de noisette) que voici prête à se faire croquer.
On poursuit avec le 3 Chocolats, le St-Honoré Fruits exotiques, l'Opéra café chocolat, la Tarte Agrumes Pistache (pâte sucrée, crème d’amandes à la pistache, segments de pomelos et oranges) et la Sphère Orange chocolat au lait.
L'éclair, pas banal est ananas-coriandre. Je ne vous montre pas en gros plan la Tarte Citron Meringuée (pâte sucrée, crémeux citron, meringue italienne) qui est tentante elle aussi. Elle se laisse deviner sous les éclairs à coté d'une Tarte Caramel-noix-sirop d'érable. Vous avez compris, le plus difficile est d’arrêter un choix.
Puisqu’il fallut trancher ce furent une Religieuse Caramel Beurre Salé : pâte à choux, crémeux caramel beurre salé, fondant, nougatine et une Tarte Chocolat façon Recommandé composée de deux demi disques de pâte sucrée chocolat et amandes enserrant un Crémeux au chocolat "Haïti" de Cacao Barry (notes d'agrumes et de mangue fraîche, long en bouche) et un Soupçon de caramel, le tout surmonté d'une Chantilly caramel dressée à la douille St-Honoré.
Auparavant nous avions opté pour deux belles portions de tarte salée, Saint Jacques-potiron-champignons, et poulet-curry-coco, toutes deux rassasiantes.
Si les photos laissent penser à deux jumelles, les goûts sont radicalement différents. Et la salade bien relevée d’un vinaigre de framboise.
La carte des boissons s’organise autour de suggestions classiques, riches en thés (Kusmi Tea), cafés Richard et chocolat maison, et des jus de fruits de qualité puisqu'ils sont pour l'essentiel produits par Alain Millat.

L’endroit est agréable. On peut déjeuner pour 15-20 euros. C’est une excellente adresse à faire circuler, aussi bien pour déjeuner que pour y goûter. On peut aussi emporter et déguster à la maison.
Le Recommandé, 3, rue Amiral-Charner à Pléneuf Val-André, 22370
tél. 02 96 65 34 67
Ouvert tous les jours de Pâques à la Toussaint, sauf le mercredi, de 9h30 à 19 h en continu.
Service de petit-déjeuner, déjeuner, brunch (de 11 à 15 heures), boissons et pâtisserie toute la journée.

Y-a-t-il quelqu'un dans Casimir ? de Claire Castillon

$
0
0
Depuis son premier roman, le Grenier (éditions Anne Carrière), en 2000, Claire Castillon ne cesse de publier régulièrement.

D'abord tournée vers les adultes, le roman les Merveilles (Grasset, 2012) a provoqué l’envie d’écrire pour la jeunesse, pour m'a-t-elle dit "me débarrasser de la voix qui s’était incrustée dans ma tête". Ce fut Tous les matins depuis hier et il faut croire que l’exercice a eu l'effet escompté puisque, depuis, elle alterne les deux.

Je l'ai vue au Salon du Livre de Paris, alors qu'elle se trouvait en signature des Pêchers (à L’Olivier), à quelques jours de la sortie de son cinquième roman jeunesse, à l’Ecole des loisirs comme le précédent.

Y-a-t-il quelqu'un dans Casimir ?s'adresse à de jeunes adolescents de 9 à 12 ans mais tout en ayant largement dépassé ce cap j'ai pris plaisir à sa lecture qui, et je rejoins l'auteure sur son analyse, a en quelque sorte un effet récréatif. J'apprécie de lire un roman jeunesse, pourvu qu'il soit excellent (cela va de soi) après d'autres lectures plus impliquantes.

Dans ce petit ouvrage on sympathise avec Armande qui, non seulement porte un prénom inhabituel mais aussi est affligée d'une phobie terrifiante et handicapante : elle ne supporte pas d'être seule à la maison, même pour une heure ou deux.
Armande est seule à la maison. Elle sent la présence d’agresseurs invisibles derrière chaque porte. À treize ans, c’est la première fois qu’elle accepte de se garder toute seule, sans baby-sitter. Elle a promis qu’elle n’aurait pas peur, mais elle ne peut s’empêcher de calculer le nombre de secondes pour arriver jusqu’au téléphone situé dans l’entrée et qui n'arrête pas de sonner.

Au bout du fil, Esther, sa grande soeur, la supplie de dérober pour elle la jolie pochette brodée de maman le temps de briller en soirée. Peut-être est-elle cachée dans cette valise que leur mère range sous son lit ? Armande progresse lentement vers la chambre, puis jusqu’à la valise. Celle-ci ne contient que des lettres. Elle reconnaît l’écriture de son père, volatilisé depuis huit ans. Bizarre ! La dernière lettre remonte à avant-hier.
On comprend vite pourquoi et comment la jeune fille peut craindre les fantômes. Claire Castillon parvient aisément à se remettre à cet âge-là dans sa tête et à trouver des fils invisibles et des ponts entre les deux mondes (adulte et jeunesse).

Si vous y prêtez attention vous entendrez dans le sous-texte de ce livre des clés adressées aux adultes. Et la remarque est juste pour nombre de livres soit-disant pour enfants comme j'ai eu l'occasion de le signaler dans de précédentes chroniques.

Dans le registre qui leur est spécifiquement destiné j'avais particulièrement aimé un recueil de nouvelles, les Bulles (Fayard, 2010).

Y-a-t-il quelqu'un dans Casimir ? de Claire Castillon, Ecole des Loisirs, collection Neuf, en librairie depuis le 20 avril 2016

Gatha en Renaissance

$
0
0
Agathe, alias Gatha, présente ces jours-ci Renaissance, un disque de 5 titres qui témoignent de l'étendue de sa palette harmonique.

On l'a vue dans l'Express Styles incarnant (elle n'est pas la seule) la nouvelle vague féminine. Les chanceux l'ont entendue en off du Printemps de Bourges ou en première partie de Julien Doré et elle a aussi accompagné La Grande Sophie et Asaf Avidan sur scène.

Mais c'est une jeune femme toute simple et à l'enthousiasme communicatif que j'ai découverte aux Trois Baudets.

Ce n'est "que" son troisième concert autour du nouvel EP mais elle fait preuve déjà de beaucoup de maitrise. Est-ce parce qu'elle écrit et compose que forcément les émotions sont plus vraies, venant réellement de l'intérieur ?

Est-ce aussi parce qu'elle pratique le violoncelle depuis qu'elle a 7 ans ? Il est devenu comme une part d'elle-même.

Est-ce enfin parce que son nom de scène, directement inspiré de son prénom, Agathe, évoque aussi les Gathas qui sont les chants dans lesquels Zarathoustra annonça les fondements de sa philosophie existentielle. C'était il y a très longtemps mais il me semble que sa pensée imprègne le travail de composition de la chanteuse qui écrit si bien sur l'urgence à être heureux.

Elle commence nimbée de lumières bleues avec Léo dont l'intro met en valeur sa pratique instrumentale et installe l'ambiance. Elle s'invective elle-même dans les paroles : Gatha aie l'air fière, (...) vivre c'est pas la guerre ...
Elle ose chanter ses peurs et sa voix puissante est prenante alternant gravité et légèreté. Le sourire affleure vite sous les applaudissements, heureuse de voir le public.

Elle enchaine avec Give meun titre qui figurait sur l'EP Fuir sorti en novembre 2013. On reconnait une nouvelle fois sa manière de se fixer des encouragements injonctifs : Tu ne lâcheras rien. Tu t'accrochesLe refrain installe une note de poésie : Give me a chance to dream chante-t-elle avant de faire trembler les cordes de son instrument. Elle saute comme un cabri et pousse des cris joyeux avant de faire pleurer le violoncelle dans une obscurité profonde.
Sa voix se prête aux effets sonores et elle n'en prive pas le public, déjà conquis.

Avec Renaissance on revient au dernier album dont il est le titre phare. Elle y réclame un ardent renouveau que manifestement elle a trouvé. Dès les premiers mots, N'oublie pas toutes les premières fois qu'il te reste à vivre, on sait que l'on sera conquis et que l'air nous trottera longtemps dans la tête. Et on apprécie des paroles en langue française que l'on peut particulièrement goûter.

Gatha partage la vie de Gustave depuis 20 ans. Elle prétend que c'est lui, son violoncelle, qui lui inspire ses paroles et qui mérite donc d'être applaudi. Vieux de 150 ans, quasiment deux vies humaines, il est pour elle "oversensible". Si l'instrument a une place essentielle elle démontre sur scène combien elle aime et s'amuse aussi avec la technologie analogique en faisant penser à Björk. Le violoncelle se trouve finalement à égalité avec l’électronique et la voix chantée.  Gatha est un trio à elle seule.
C'est sans ses musiciens et seule en scène qu'elle poursuit avec J qui figurait sur la première version de son précédent EP intitulé alors  Comme çà en juin 2013. Avec douceur, et en anglais.
Retour à l'actualité avec Oublie-tout qui donne envie de croire qu'il fait beau et où de nouveau elle s'exhorte à être forte dans une couleur acoustique plus électronique. Les paroles méritent vraiment une écoute attentive. On sent une alliance entre colère et douceur pour gagner une forme de dépassement de soi.
Les marcheuses de la nuit et Amours avortés annoncent la fin et donnent envie non seulement de recommencer à écouter l'EP mais aussi de la revoir sur scène bientôt. Gatha écrit avec beaucoup de sensibilité et de justesse sur la complexité des rapports humains.

Le public a vivement apprécié ce moment en particulier parce que la combinaison électronique et violoncelle est peu commune. Ceux qui l'avaient déjà vue l'ont trouvée aussi plus rock, peut-être parce que sa manière de jouer n'est pas strictement "classique". Je l'ai trouvée lumineuse et envoutante malgré des paroles parfois sombres. Elle dégage au final un romantisme fou.
Je vous invite à aller regarder ses clips, toujours extrêmement élégants et soignés, quel que soit le titre, et depuis plus de 3 ans. Elle y révèle une autre facette d'elle-même, un peu comme elle peut le faire en coulisses.

Celui de Renaissance a été réalisé par l’ar­tiste Tahiti Boyet et on y voit une Gatha très sensuelle. Si les premières images mettent en avant son cher et tendre ... violoncelle, c'est ensuite en solo qu'on la découvre et elle y révèle aussi un talent de danseuse et de comédienne.

Les autres chansons de l'EP feront prochainement l'objet de clips qui offriront d'autres clés de lecture. Le terme de Renaissance est amplement justifié.
Renaissance de Gatha, Idol/Universal Publishing
Site officiel : http://www.gatha.fr/
Facebook : https://www.facebook.com/gathaofficiel

Alain Passard aime les céréales et les cuisine à l'Arpège

$
0
0
J'avais déjà eu le bonheur de déguster des plats imaginés par ce magicien qu'est Alain Passard l'an dernier. Cette fois je suis revenue à l'Arpège pour un menu exclusivement végétarien composé autour de céréales.

Le chef a une nouvelle fois fait la démonstration qu'on pouvait se régaler avec légèreté.

Tout commence chez lui par de minuscules tartelettes légumières avec un fond de feuille filo, presque aériennes, mettant en valeur ces perles du Japon qui, historiquement, on été découvertes par les fondatrices de Tipiak au cours d'un voyage en Orient-Express.

La signature d'Alain Passard est immédiatement reconnaissable avec la présence de fleurs printanières.


L'entrée, d'inspiration japonaise, revisite en quelque sorte le sushi qui cette fois est réalisé avec de Tendres Perles Tipiak surmonté d'une rondelle de betterave jaune.
Nous avons découvert ensuite les Céréales de Campagne qui ont été accommodées selon la recette fétiche du chef, le Taboulé Arlequin, avec des légumes émincés ultra finement et un jus d'olives noires de Kalamata.
Le vin blanc de La Bretonnière, 2014 du Domaine de la Taille aux Loups accompagnait le plat en toute modération.
Les céréales et les graines sont essentielles dans l’alimentation depuis des millénaires et celles -ci sont composées de Semoule de blé dur (gluten) (76,1 %), brisures de riz (10 %), flocons de seigle malté (gluten), graines de sarrasin décortiqué toasté (4 %), farine d’orge maltée (gluten), poudre de paprika et curcuma.
Un bouillon fumant de légumes aux Perles du Japon a fait la transition. L'abondance de coriandre lui donne ce goût si particulier que j'aime beaucoup.
Les perles seront à l'honneur jusqu'au bout du repas.
Le chef est venu régulièrement vérifier que tout se passait bien et se prêter au jeu des selfies pour les plus "connectés" d'entre nous.
Les Céréales de Campagne ont ensuite été travaillées en fin risotto et ont été présentées sous une tombée de roquette arrivée directement du potager.
Les petits pois nouveaux furent très appréciés. Un Saumur-Champigny "Les Beaugrands" 2012 du Domaine de la Porte-Saint-Jean s'accordait bien avec l'émulsion de parmesan au "Cotes du Jura".
A la maison on pourra préparer ces céréales pour 3 personnes en 9 minutes en respectant le dosage de 1 sachet pour 1 litre et demi d'eau salée et suivant ce mode d'emploi :

Dans une casserole, faites bouillir l’eau salée. Versez le contenu du sachet et laissez cuire 9 minutes à ébullition pour un résultat fondant et 7 minutes pour un résultat un peu plus ferme.

Egouttez soigneusement et servez avec une noix de beurre.
Le dessert faisait encore honneur aux Perles du Japon travaillées en flan feuilleté, vanille de Madagascar et citron niçois.
Le café fut accompagné de mignardises parce que la gourmandise n'a pas de limites.
Viewing all 2916 articles
Browse latest View live