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Le Théâtre de l'Athénée s'améliore

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On ne change pas, on s'améliore, telle est la promesse du Théâtre de l’Athénée, fermé depuis fin 2015 pour des travaux de mise aux normes et de rénovation.

Il reste encore beaucoup à faire mais le directeur Patrice Martinet nous l'a confirmé. délais et budget sont respectés et la réouverture aura lieu le 24 septembre.

L'annonce de la future saison a eu lieu et on comprendra pourquoi la musique y occupe une place de choix. La billetterie est ouverte de 10h à 14h, au 24 rue Caumartin. Mais c'est sous les échafaudages de la façade donnant sur le square de l'Opéra Louis-Jouvet que nous avions rendez-vous.

Il était recommandé d'oublier les tenues de soirée et les hauts talons. Le port du casque était obligatoire et la visite s'est effectivement déroulée sous les bâches, entre les échafaudages et dans un environnement de poussière blanche.
Les lustres de cristal protégés d'une housse donnaient le sentiment de traverser un théâtre au bois dormant.
C'est l’architecte des travaux Xavier Fabre qui a piloté les visites guidées durant tout le week-end en révélant les coulisses du chantier et en répondant à toutes les questions.


Son agence est assez fortement spécialisée dans la rénovation de théâtres et on a senti combien le sujet le passionnait. Il a commencé par situer historiquement la construction de l'Athénée.
Nous avons appris que nous nous trouvions à l'extérieur de Paris (qui s'arrêtait alors à la Concorde), sur une plaine agricole où l'on construira au XVIII° siècle des hôtels particuliers alors que Lenôtre imagine la vaste promenade des Champs Elysées. Un bel hôtel particulier est construit ici même en 1873, au centre d'un grand jardin qui deviendra le square Edouard VII.

Il sera en partie dégradé sous la Révolution mais la France de Napoléon III est riche. L'Opéra Garnier n'est pas achevé. Un investisseur a l'idée de faire construire un très grand théâtre consacré au divertissement. Ce sera l'Eden avec une capacité de 2600 places, prolongé de salons latéraux d'où l'on peut entendre (sans voir) les chants lyriques en bénéficiant d'un décor à l'indienne, que l'on découvre en partie restauré.
Nous remarquons la fausse fenêtre dont le décor déjà floral annonce le futur Art Nouveau.
C'est pourquoi les foyers sont en train d'être recomposés dans le respect de l'histoire avec élégance.
Le théâtre de l'Athénée a été aménagé dans un des salons de l'Eden qui fut transformé au fil des années par les investisseurs. Ceux qui voudraient tout savoir des évolutions successives pourront consulter la page dédiée sur le site du théâtre.
Sa taille est plus raisonnable avec 570 places. On compte 16 mètres entre le plateau et le dernier rang.
Les spectateurs apprécieront à la rentrée des fauteuils plus confortables et une ventilation rafraichissante et non bruyante.
Les équipements techniques ont été renforcés. Mais le plus important consistait à améliorer la fosse d'orchestre, jusque là insuffisamment exploitable. Les conséquences (positives) sur la création artistique seront majeures. La programmation restera orientée "théâtre" mais s'élargira vers le petit spectacle lyrique, musical et la musique contemporaine.
Vu d'en haut le dispositif est aussi impressionnant que lorsque nous descendons sur le plateau, même si les photos ne rendent pas tout à fait compte de l'espace ainsi créé.
C'est Pascale Guillou, scénographe d'équipements pour la société Kanju, qui nous a expliqué toute la réflexion qu'elle a menée pour optimiser cette fosse. Plusieurs combinaisons deviennent possibles, en retirant par exemple jusqu'à quatre rangées de fauteuils. Ou même tous pour jouer dans l'esprit de la tradition italienne qui voulait que les spectateurs soient debout, au parterre.
Molière qui fut l'un des premiers à disposer des bancs. Les fauteuils ne seront installés que fin XVIII° pour satisfaire un public bourgeois.
Xavier Favre commenta ensuite les maquettes de l'Athénée comme celles des principaux chantiers qu'il a déjà menés.

Nul doute qu'une fois les travaux travaux achevés l'Athénée reviendra en toute beauté.
A la rentrée le Théâtre de l'Athénée retrouvera son entrée principale, Square de l'Opéra Louis-Jouvet - 7 rue Boudreau - 75009 Paris

89 mois de Caroline Michel chez Préludes

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Avoir choisi un éditeur qui prote le nom de Préludes, pour un livre intitulé 89 mois est une coïncidence qui interpelle.

La couverture ne cache rien. C'est l'histoire d'une jeune (mais oui elle l'est encore quoique la jeunesse soit relative) femme qui exprime son désir d'enfant à longueur de journée. Pleine de bonne volonté (on a envie d'écrire l'expression au pluriel) elle multiplie les actions (donc les rencontres) pour réaliser son voeu. Mais ça ne marche pas. Evidemment sinon le titre aurait été "3 mois".

On pourrait penser qu'il n'y a pas de suspense. et pourtant si, au moins sur la méthode qui fera ses preuves : la rencontre fortuite, l'amant régulier, l'ex-copain, la procréation médicale assistée, l'insémination à l'étranger ... le hasard, le destin ...

Ce roman n'est pas un vademecum écrit sous l'influence de Laurence Pernoud. Et si pour beaucoup de femmes J'attends un enfant (1956) fut une bible, on peut prédire que 89 mois le deviendra pour celles qui se désespère de voir tourner l'horloge biologique.
Jeanne, célibataire, vient de fêter ses 33 ans. Elle a toujours rêvé qu'elle se marierait et aurait beaucoup d'enfants. Sauf que le plan ne s'est pas vraiment déroulé comme prévu. Et si le mari potentiel est parti, le désir de bébé, lui, est toujours bien là. Viscéral. Omniprésent. Elle estime que ses ovaires arriveront à expiration dans 89 mois, alors Jeanne décide de mettre les bouchées double et faire un bébé toute seule...
Caroline Michel a la plume affûtée. Elle tient le blog d'Ovary et a remporté le prix e-crire aufeminin en 2012. 89 mois est son premier roman.

Avant d'écrire cette fiction, elle a beaucoup réfléchi au schéma amoureux que l’on projette lorsque l’on est adolescent (rencontrer quelqu’un, s'émanciper des parents, vivre un peu puis se marier, faire des enfants) et à la confrontation au principe de réalité qui s’impose.

Désirer et avoir un enfant devrait être naturel mais les choses ne se passent pas comme on le souhaite, quand on le souhaite. La procréation médicale assistée représente un progrès mais la méthode ne marche pas à tous les coups, loin de là, sans compter qu'elle demeure réservée en France aux couples hétérosexuels.

Elle a raconté en interview avoir pris plaisir à lire les forums, à questionner les femmes, et à se renseigner pour construire ses personnages. Il en résulte une comédie douce-amère très vraisemblable mais qui ne verse pas dans le documentaire.

Son personnage semble parfois excessif et pourtant elle ne cesse de se remettre en question. Elle vit dangereusement. Elle fait l'amour sans préservatif ... évidemment sinon comment tomber enceinte naturellement, dit-elle p. 67. Mais quand elle va courir au Père-Lachaise elle ignore la tombe  de Victor Noir. On n'est jamais trop informé(e).

Jeanne est féministe mais ne souhaite pas au fond d'elle-même faire un bébé toute seule. Ce sont les évènements (ou plutôt le manque) qui la pousse dans cette direction. Et le roman devient au fil des pages une réflexion sur le mode de vie des trentenaires et sur les absurdités auxquelles nous sommes confrontés.

Entre celles qui tombent enceintes sans le vouloir et celles qui n'y parviennent pas tous les ventres ne se semblent pas avoir le choix. (p. 182)

Humour, tendresse et légèreté sont les ingrédients de ce roman qui traite en fin de compte d'un sujet on ne peut plus sérieux.

89 mois, de Caroline Michel, Editions Préludes, en librairie depuis le 4 mai 2016

Prix de la Coupole 2016 à Fabrice Luchini pour Comédie française chez Flammarion

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Décidément l'année 2016 est favorable à Fabrice Luchini qui, après un Molière d'honneur, reçoit ce soir le Prix de La Coupole (ancien prix Le Vaudeville) qui consacre un roman (récit ou recueil de nouvelles) français faisant preuve d’esprit.

Avec un tel critère il était prévisible que Fabrice Luchini rejoigne le palmarès un jour et séduise le jury composé de onze journalistes représentant les multiples facettes de la presse nationale : François Armanet (président), Bayon, Sylvain Bourmeau,  Clara Dupont-Monod, Alix Girod de L’Ain, Marc Lambron, Aude Lancelin, Gilles Martin-Chauffier, Fabienne Pascaud, Bertrand de Saint-Vincent (secrétaire Général) et Pierre Vavasseur.

Parmi les compétiteurs il y avait des auteurs renommés comme Annie Ernaux (pour Mémoire de fille chez Gallimard) ou des célébrités comme Michel Polnareff (pour Spèrme chez Plon).

Comme il est au théâtre en ce moment, Fabrice Luchini n'est pas arrivé de bonne heure mais il a été égal à lui-même en multipliant les anecdotes à l'encontre de François Armanet (Président du prix de La Coupole, à gauche sur la photo ci-dessous) ... de Bertrand de Saint-Vincent ...
... comme de Dominique Issermannà qui l'on doit le cliché de la couverture du livre, effectué fraternellement nous confia-t-il.
Il ne peut se retenir de raconter une gaffe de Jean Daniel, incapable de rattraper une erreur, piquant du nez dans son assiette et se trouvant en situation de "coma social". Aucun doute que Fabrice Luchini a le sens de la formule comme son maitre Sacha Guitry que l'on paraphraserait volontiers alors qu'il évoquait Mozart : Quand on a entendu du Luchini, le silence qui suit est encore du Luchini ...

C'est Vincent Lemaître, Directeur général du groupe Flo, qui a eu l'honneur de remettre ce prix qui est doté de 5 000 € sous forme de chèque qui "ira directement au PS" a déclaré Fabrice Luchini avec humour ou ironie, difficile de se prononcer tant il est maitre dans l'art du second degré.

Il donne envie de le suivre et de faire nous aussi nos commentaires proustiensà propos de telle ou telle attitude ... en le voyant donner à manger à un petit chien par exemple mais ce ne serait pas charitable. Il a beau être asssaillé, il a su être disponible quelques instants pour échanger un mot avec chacun.
Sous titré ça a débuté comme ça ..., son livre prend la forme d'une sorte d'autobiographie, écrite sur suggestion de l'éditrice Maxime Catroux de le voir raconter chez Flammarion sa vie. Il raconte, mais dans le désordre chronologique pour mieux insister sur les épisodes qui lui semblent essentiels. Et surtout il invoque très vite La Fontaine, Molière, Céline, Barthes et Proust.

Son livre a d'autres mérites. Surtout celui de poser des jalons de réflexion sur mille et une petites choses auxquelles on ne prête sans doute pas suffisamment attention comme la moquette dans les montées d'escalier (p. 208). Et la fonction d'un vrai critique, d'objectiver le travail du comédien et pas de dire simplement qu'il aime ou pas.
Il dit lui-même de son travail d'écriture qu'il est modeste et artisanal, qu'il n'aurait jamais pensé être récompensé pour "ça", ce qui ne l'empêcha pas d'être particulièrement ému.

Après Justine Lévy (Rien de grave en 2004), Frédéric Mitterrand (La mauvaise vie en 2005), Pierre Bergé (Lettres à Yves en 2010), Virginie Despentes (Vernon Subutex I en 2015), pour n'en citer que quelques-uns, c'est au tour de Fabrice Luchini d'être mis à l’honneur au sein de la célèbre brasserie pendant un an.

La Coupole                                                                                                                                                                                                                                                             102 bd de Montparnasse - 75014 Paris                                                                        
01.53.91.20.53.

Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Philippe Schaff

Ma folle otarie

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Ma folle otarie est une épopée en forme de monologue. C'est le portrait d’un homme transparent qui n’a jamais rien vécu, dont soudain les fesses vont tripler de volume. Et davantage. Devenu monstre aux yeux des autres, il va fuir le monde jusqu’à trouver refuge auprès d’une otarie. L’animal lui apportera la clef de son mystère.

Brice Hillairet incarne l’histoire de cette métamorphose, qui est aussi l’aventure extraordinaire d’une reconstruction. Il se glisse admirablement dans la peau du personnage (je devrais dire le volume).

Le texte est éminemment métaphorique. On y trouvera des analogies avec la Métamorphose de Kafka mais il dégage beaucoup de poésie et de tendresse, jusqu'à la déclaration finale : j'ai aimé et j'ai vécu, voilà qui est fait.

L'auteur, Pierre Notte, l'a voulu comme une expérience, une épreuve, où un comédien seul en scène, sans accessoire, sans décor, sans autre écrin que l’espace intime du public, fait vivre un récit monstrueux aux prétentions humanistes, dans une économie de moyens qui oblige le spectateur à œuvrer pour imaginer, comprendre, visualiser le conte, et voyager dans une marge d’interprétation ouverte à l’infini.

Il faut être prêt à accepter cela pour l'apprécier. J'étais dans cette disposition et j'ai trouvé l'acteur prodigieux.

On peut prédire qu'il va faire sensation cet été en Avignon, au Théâtre des Halles. Qui pouvait en douter ce soir à la fin de la générale de presse qui a eu lieu à Paris, au Théâtre de Belleville ?

Ma folle otarie, interprété par Brice Hillairet
Texte, mise en scène et chansons Pierre Notte 
Création Lumières Aron Olah
Arrangements musicaux Paul-Marie Barbier
Production du spectacle par la Cie les gens qui tombent, le DSN Dieppe Scène Nationale et le Théâtre Jean Arp de Clamart
Théâtre de Belleville jusqu'au 18 juin 2016 
Du mercredi au samedi à 21 h 15
94 rue du Faubourg du Temple 75011 Paris
01 48 06 72 34
Théâtre des Halles, Avignon
Du 6 au 27 juillet 2016 à 14h (en relâche les 11, 18 et 25 juillet)

La pièce est déjà programmée les 16-17 et 18 mars 2017 au Prisme, Quartier Des Sept Mares, 78990 Élancourt - 01 30 51 46 06

La Bohème mise en scène par Jacques Attali pour Opéra en plein air

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Opéra en plein air est une initiative pour rendre l'opéra accessible et populaire tout en permettant de faire découvrir de "jeunes" voix qui seront les talents reconnus demain. Je trouverai toujours la démarche positive. Néanmoins nous sommes nombreux à espérer que les trames des prochains opéras seront plus optimistes.

Cette année c'est la Bohème de Puccini, qui sera donné du 10 juin au 17 septembre dans des lieux historiques de toute la France (voir les dates sur le site).

Jacques Attali en signe la mise en scène, et le dessinateur Enki Bilal qui les décors et les costumes. Tous deux ont rempli leur mission, à un détail près, et il n'est pas mineur : la visibilité est considérablement réduite.

Au premier rang on ne pouvait pas voir la totalité de la scène. Parce qu'on est assis trop bas. Un peu plus loin ce sont les 5-6 sièges de l'extrémité des rangs qui sont pénalisés par les dispositifs d'éclairage et de surtitrage. Entendre sans voir a déçu beaucoup de spectateurs.

Pourquoi avoir installé la chambre de Mimi en hauteur (donc toujours à vue) alors qu'elle n'est utilisée que pour une scène ? A l'inverse je n'ai découvert le café Momus que sur les photos.
Dommage car les décors sont très réussis, très colorés et les costumes également. Enki Bilal est un dessinateur de BD qui a déjà travaillé pour la scène, notamment sur le ballet Roméo et Juliette chorégraphié par Angelin Preljocaj.

La Bohème est une histoire d'amour qui finit mal. La tragédie est souvent de mise sur les scènes d'opéra qui n'en sont pas à une invraisemblance près. Par exemple faire chanter une jeune femme atteinte de tuberculose. Ou faire balayer des agents d'entretien qui ne savent pas se servir de leur outil.

Rodolfo, le poète, Marcello, artiste peintre, Schaunard, musicien, et Colline, philosophe, sont quatre artistes de la bohème, sans un sou pour assurer le loyer de leur mansarde. Par chance le musicien obtient nourriture et cigares et propose d'aller fêter leur bonne fortune au Café Momus.
De retour chez lui Rodolfo fait la connaissance de sa voisine Mimi (qui s'appelle en réalité Lucia) qui lui demande de rallumer sa chandelle. Les deux jeunes gens tombent immédiatement amoureux. Plus tard il achète à Mimi un bonnet. Apparait Musetta, autrefois maîtresse de Marcello, avec un riche et vieux conseiller d'État, Alcindoro dont elle se débarrassera pour retomber dans les bras de son ancien amant.
Au troisième acte, Rodolfo et Mimi chanteront leur amour perdu comme le feront Marcello et Musetta. Au quatrième les amants se retrouvent. Mimi est très gravement malade. Installée sur des coussins elle se consume tandis que les jeunes gens se souviennent de leur première rencontre. La mort au nez rouge rode, surveillant un sablier gigantesque (très belle idée de mise en scène). 
Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Didier Doussin.

Salade de fruits à ma façon

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L'idée est de faire cuire (modérément) des fruits abimés donc achetés peu chers avec une tige de menthe marocaine.

On conserve les plus beaux pour ensuite les incorporer à la soupe de fruits refroidie.

Cela donnera en bouche un mélange de cru et de cuit, de croquant et de fondant.

On décore de quelques feuilles de menthe.

On ajoute un mini palmier.

Ici j'ai pris abricots, brugnons, pomme (en très fines lamelles), rhubarbe (en petits morceaux). Par contre la cerise n'est que crue.

Ravier Appolia.

La dernière idole

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Si je vous dis que le spectacle parle de l'idole des jeunes ... enfin de ceux qui le furent ... jeunes.

De toute façon inutile de jouer aux devinettes, vous comprendrez dès l'entrée à qui vous avez affaire. Un personnage à demi avachi sur une table de banquet jonchée de restes, dans l'obscurité d'une fin de soirée et nimbé de volutes de Gitane. Si l'homme était brun on aurait pu parier sur Gainsbourg. Il est blond, c'est Hallyday.

Le propos n'est pas de donner dans le genre biopic. Même si les faits cités sont exacts (dates et lieux de concert, prénoms des collaborateurs, anecdotes ...) l'intérêt est ailleurs. Il s'agit d'abord de démontrer, vu de l'intérieur, c'est à dire du point de vue du chanteur, comment on vit un état de célébrité et l'ivresse de la scène. Choisir la représentation théâtrale plutôt que le récit écrit n'est pas anodin.

Le comédien, prodigieux Pierre-François Garel, est lui-même un artiste et donc forcément lui aussi en état de dépendance par rapport à la scène. Si bien qu'on peut assister au spectacle en adoptant l'un ou l'autre de ces deux angles.

C'est affirmé d'emblée par les premières paroles : ce qui qualifie l'idole c'est le regard.

Je ne m'arrêterai jamais, prévient le chanteur au début de la pièce qui a pourtant du mal à se lever. Je fais mon job dit-il à la fin, juste avant d'évoquer les étoiles qui se sont consumées, en terminant par la dernière à avoir tiré sa révérence, Prince.

Etre une rock star est un état qui n'autorise pas de répit. C'est à peine si on profite réellement de la gloire, des voitures de collection, des honneurs ... On voit une silhouette qui ne s'appartient plus, dopée à l'alcool, la cigarette, aux injections avec de très rares moments de lucidité qui le font mentir à sa femme pour la rassurer. Apparait-il pour autant comme une victime ? Plutôt comme une vanité contemporaine, coté public. Comme un être sous dépendance coté chanteur.

Il n'y a pas pas d'extraits musicaux. Ils ne sont pas nécessaires. Un mot suffit pour évoquer les moments mythiques. On partage néanmoins un joli moment avec love me tender.

A la fin, s'élève puissamment un "Kyrie eleison" autrement dit "Seigneur, prends pitié"alors qu'un déluge de pluie qui devient avalanche symbolique de gravats clôture le spectacle, achevant en quelque sorte l'idole qui paie le prix fort.

Pierre-François Garel est magistral et la mise en scène est implacable.

Le spectacle a été joué au Rond Point en 2013 et dans la grande salle du théâtre Paris Villette en mai. Il sera donné l'an prochain au Théâtre jean Arp de Clamart (92) du 18 au 22 avril 2017. Et cet été on pourra le voir à l'Artéphile (Festival d’Avignon) du 7 au 17 juillet 2016 à 22 h 40

La dernière idole
texte et mise en scène Hélène François et Emilie Vandenameele
avec Pierre-François Garel
création sonore Thomas Beau
régie générale et machinerie Ugo Mechri
création lumière Etienne Exbrayat

Les grandes jambes de Sophie Adriansen

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Quand on la connait on sait que le sujet la concerne. Sophie Adriansen est ce qu'on appelle une "grande fille". Mais ce n'est pas pour autant que son dernier roman pour la jeunesse est totalement le récit autobiographique de ses soucis d'adolescente.

Même si elle nous donne des clés à la fin du livre en nous livrant les sources de son inspiration. Elle glisse auparavant avec beaucoup d'humour qu'elle n'a pas donné son propre prénom à son héroïne (p. 13) comme s'il avait alors pu avoir une dimension prophétique.

En effet Sophie est aussi le nom d'une très populaire girafe, plébiscitée par les bébés, créée par la société Vulli en Haute-Savoie, appelée ainsi parce qu'elle a vu le jour le 25 mai 1961, jour de la Sainte Sophie.

La Grande Sophie est aussi une chanteuse que j'aime beaucoup. On peut tous et toutes se retrouver dans les livres de Sophie Adriansen. Parce que c'est une auteure qui maitrise très bien les ressorts de l'écriture. Que ce soit d'ailleurs dans le domaine littérature de jeunesse comme dans celui qui est plus dédié aux adultes.

Elle passe allègrement de l'un à l'autre, comme nombre d'autres écrivains qui ne sauraient pas choisir (ou qui ne voudraient pas ... ). Je citerai par exemple à Claire Castillon, Martin Page, Olivier Adam, Jeanne Benameur, Anna Gavalda, Christian, Oster, Marie Desplechin ... la liste est longue. J'espère que comme moi vous êtes capable d'apprécier les deux versants.

Certes les codes sont différents mais une grande personne peut trouver un vrai plaisir de lecture et de réflexion dans un livre accessible à de jeunes lecteurs. Je pense notamment à l'excellente Pyramide des besoins de Catherine Solé dont je ne cesse de recommander autour de moi.

Les grandes jambes peut se caractériser comme un récit initiatique sur l'adolescence, la vocation et l'identité.
Marion, collégienne en pleine croissance, est obsédée par la longueur de ses jambes qui n’en finissent pas de s’allonger, rendant la recherche d’un jean qui lui aille bien extrêmement délicate. A l’âge des complexes, des premiers émois amoureux et de la construction de l’image de soi, être hors cadre se révèle parfois difficile, voire douloureux. Comment attirer les regards de Grégory, dont elle est amoureuse, avec un pantalon qui lui découvre les chevilles ? Mais alors que le collège part en voyage scolaire à Amsterdam, Marion profite de cette occasion pour élargir son horizon. Elle approfondit sa passion pour l’art, notamment en découvrant in situ le célèbre tableau de Rembrandt La Ronde de nuit, et met en perspective ces contrariétés d’adolescente née après l’an 2000 en visitant la maison d’Anne Frank.
Les complexes adolescents ne sont pas toujours correctement évalués par les adultes qui pensent que "ça passera". Grandir de 10 cm plusieurs années de suite n'est pas facile à vivre, surtout au début des années collège. On ne passe pas inaperçue en dépassant ses camarades d'une tête. Ce qui est original dans le traitement que Sophie Adriansen a choisi est de lier le complexe à un problème vestimentaire. Comme si le bon habit ferait oublier la différence.

Elle le lie aussi à un TOC, celui de la césure, qu'elle explique page 13. On est sans doute obsédé par les chiffres dès qu'on se sait différent de la moyenne. Rien d'étonnant à ce que Marion se cramponne à la statistique voulant (p. 44) que la hauteur d'un enfant de deux ans, multipliée par deux, prédise sa taille adulte.

Elle dote Marion de plusieurs atouts. Une maman qui la soutient et l'aide à résoudre son problème (tout le monde n'a pas comme alliée une maman qui sait coudre). C'est une "bonne"élève qui se révèlera complètement à l'occasion d'un travail commandé par le professeur d'arts plastiques. Elle se trouvera un point commun avec Anne Frank en visitant sa chambre à Amsterdam. Elle aussi a grandi "trop vite" en prenant 13 cm en l'espace de douze mois.

Et puis elle découvrira qu'elle peut être belle dans le regard de l'autre. Bref, ces Grandes jambes sont à lire à tout âge, comme d'ailleurs le précédent ouvrage de Sophie, Max et les poissons, qui ne cesse de recevoir des récompenses, très méritées.

Sophie Adriansen passera l'été à écrire. Trois nouveaux romans pour la jeunesse devraient sortir sous sa signature en 2017. 

Les grandes jambes de Sophie Adriansen aux éditions Slalom, en librairie depuis le 9 juin 2016.

Huiles et condiments de luxe Oliviers & CO

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Vous savez que j'apprécie les huiles d'olive. Il y a régulièrement des articles sur le sujet, avec parfois des recettes surprenantes pour celui qui n'a qu'une image "salée" qui lui vient à l'esprit quand on évoque cet ingrédient. Je repense avec gourmandise à un fondant au chocolat d'Annelyse Chardon.

Je ne souhaite pas particulièrement mettre en avant un producteur ou un autre mais la porte ouverte de la boutique d'Oliviers & Co du 16 de la rue de Lévis, à Paris.

La création d’Oliviers & Co remonte à presque vingt ans. Il était temps que je découvre (un peu) leurs produits. Si l'aventure a commencé dans le village de Mane, au cœur des Alpes-de-Haute-Provence, c'est en allant sur le terrain, à la rencontre des producteurs, en Provence et dans tout le Bassin méditerranéen, que s’est forgée une image nouvelle de l’olivier, nourrie de la tradition, mais résolument ancrée dans le monde contemporain.

Les sélections qui sont faites témoigne de l'incroyable diversité de terroirs et de goûts. Au final, l’olivier mérite ses grands crus à l’instar de la vigne et du vin. C'est ce que Victoria m'a démontré en me faisant déguster 4 huiles françaises, dont 2 sont produites par le même producteur. Et pourtant les différences sont éclatantes.
On commence par celle qui sort du Moulin la Cravenco d'Antoine Mora avec deux variétés d'olives, Aglandau et Salonenque. Elle est ultra douce, avec un goût très fin et léger. Elle apporte une note  franchement beurrée et un parfum d'amande fraîche. Avec elle on sent le goût de l'amande et de l'olive en tant que fruit. Recommandée sur la lotte ou une sole je la verrais bien sur une association d'avocat et de fraises.

On poursuit avec l'Huile d'olive vierge extra de François Xavier Arnihac de La Vallongue qui est une AOC Provence. Sa personnalité aromatique porte fidèlement le terroir d'Orgon et de Mouries, dans les Alpilles, tout en laissant un souvenir de fraîcheur très herbacée, mais sans amertume. Son extraction est obtenue d'olives Picholine et d'Aglandau. Avec elle on pense davantage à a crème fraiche qu'au beurre. Elle accompagne de nombreux plats de légumes crus ou cuits, les viandes blanches, les poissons et crustacés, les pâtes et le riz.

On continue avec l'huile de Florent Dillies, pour la coopérative oléicole du Moulin de l’Olivette où Jean Giono lui-même apportait ses olives. Si on retrouve les mêmes variétés (Aglandau et Picholine)  on ne ressent absolument pas la même chose, ce qui prouve que le terroir est déterminant. A ce niveau de force l'huile est presque utilisable comme condiment. Son goût très poivré peut faire tousser.

En dernier lieu on revient sur le domaine de La Vallongue, mais pas sur la même parcelle, pour une huile AOP Bio AOP vallée des Baux de Provence. L'Aglandau est accompagnée par la Salonenque. Cette fois la chlorophylle l'emporte avec une grande vivacité. Cette huile très végétale évoque le foin. Elle relèvera tous les plats.

Avec une maman marseillaise et surtout 7 ans et de mai de maison, Victoria est bonne conseillère.  On peut la considérer comme exerçant le métier de "caviste en huile d'olives". Elle recommande de lire les étiquettes jusqu'au bout. Il ne faut pas hésiter à questionner le vendeur et elle m'apprend qu'il faut retenir que la Picholine apporte toujours de la douceur.

On trouve dans la boutique des huiles en provenance de divers pays. Jusqu'à l'Il Fornacino, une huile d'olive toscane combinant pureté de goût, finesse aromatique et longueur en bouche. Oliviers @ Co a remporté une médaille d'or avec celle qui est présentée dans la boutique (et sur le site Internet).

La maison propose une grande variété de produits. J'ai retenu deux associations huile + condiment que j'ai eu l'occasion de tester (et d'approuver).
Dans le petit bidon, une spécialité à base d'huile d'olive et de piment (des piments frais originaires du Chili ou de Calabre sont ajoutés aux olives pendant le pressage, qui a lieu en Italie). On peut l'utiliser  sur des pâtes, une pizza maison ou simplement des œufs brouillés.

Victoria recommande de l'adoucir avec un condiment fruité à la grenade, délicieusement acidulé, avant de le verser sur un carpaccio de boeuf. Quelques grains de grenade participeront à la décoration du plat.
Cette fois c'est un condiment fruité à la mangue, qui pourra être employé sur des nouilles sautées, des viandes blanches, des crevettes, une salade thaï à la mangue, une panna cotta, ou un cocktail ....

Associé avec une huile à base enrichie de citrons frais cueillis verts ajoutés aux olives pendant le pressage, il servira de marinade pour des crevettes décortiquées. On les fera revenir ensuite deux minutes dans une poêle chaude avant de les replonger dans la marinade. On servira avec des morceaux d'avocat et on nappera de marinade.
De nombreuses autres associations accompagnées de fiche-recettes sont proposées en boutiques. Il y a aussi des produits d'épicerie, salés ou sucrés. Des miels par exemple. Voilà une boutique à explorer ... avant de se réapprovisionner ensuite via le site de la marque si on habite un peu loin.

Laurent Viel, la musique et lui

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Laurent Viel continue de porter les Chansons aux enchères au théâtre des Mathurins jusqu'au 9 juillet.

En discutant avec lui on comprend qu'il interprète Edith Piaf, Sylvie Vartan, Dave, Gérard Lenorman ... ou Alain Bashung dont il connait tout le répertoire. Il reconnait adorer depuis toujours les chanteurs dits de variété et avoue être amoureux de Sylvie Vartan. Aucun titre n'arrive par hasard dans son répertoire.

Celle dont l'influence sera déterminante est Barbara que ses parents écoutaient à la maison. Il se souvient encore parfaitement du choc émotionnel que sa voix a provoqué en lui. Il avait 8 ans.

Il osa lui adresser à son domicile de Précy une cassette avec une de ses chansons pour avoir son avis, lequel provoqua un télégramme d'encouragement. Des années plus tard il a eu la chance de la rencontrer en chair et en os, à la fin d'un concert à Mogador. Il pensait qu'elle avait oublié sa chanson mais elle s'en souvenait parfaitement puisque spontanément elle a fait référence à son titre. C'est très bien faut continuer, il faut continuer, lui a-t-elle dit ce soir-là.

La première artiste qu'il ait vue sur scène est Sylvie Vartan qui avec ses paillettes et ses danseurs lui a lancé dans les yeux une poudre qui ne le quittera pas.
Quant à Mylène Farmer il l'a approchée à l'occasion d'auditions quand elle cherchait des danseurs. Et c'est avec le play back de Sans contrefaçon, la chanson qui a confirmé son talent en 1987, qu'il commence son spectacle sur le chevalier d’Eon (mis en scène par Xavier Lacouture) que j'ai vu en avant-première au Forum Léo Ferré d’Ivry-sur-Seine où le chanteur se produit régulièrement, avec les musiciens Nicolas Carpentier et Thierry Garcia.
Laurent est un interprète formidable qui, outre la qualité d’être un excellent chanteur, se glisse dans une autre peau que la sienne. La performance est de taille avec le Chevalier d’Eon car comme vous le savez sans doute ce personnage historique avait plusieurs personnalités. Il fut tantôt homme, tantôt femme.

Si la dame en noir a planté dans son âme planté l'urgence et la nécessité ... à se lancer dans ce métier les choses ne se sont pas enclenchées si naturellement.

Laurent est aussi comédien, ce qui explique d'ailleurs que ses récitals soient particulièrement "interprétés" et toujours mis en scène. Il a suivi les cours d'une école de théâtre, et s'est confronté  dans les années 90 aux grands auteurs, de Sophocle à Jean-Luc Lagarce en passant par Shakespeare, Koltès, Labiche, Brecht, Molière ...

Il a suivi les ateliers Gérard-Philipe de Philippe Duclos, comédien au théâtre comme au cinéma et qui a fait une mise en scène d'un Feydeau.

Le théâtre peut provoquer aussi de grandes émotions. Je partage son point de vue quand il cite à cet égard Joël Pommerat (sa mise en scène de Cendrillonétait prodigieuse), Wajdi Mouawad, dont la trilogie a enthousiasmé le Festival d'Avignon, comme le fit Thomas Joly avec Henry VI (et que j'ai eu la chance de découvrir au festival Impatience en 2009, bien avant qu'il ne soit connu), et puis aussi James Thierrée dont le dernier spectacle, la Grenouille avait raison est en ce moment en tournée (allez le voir dans Chocolat si ce n'est déjà fait, il est prodigieux).

Si le solfège ne lui est pas étranger et qu'il peut jouer quelques notes de piano, la musique s'impose à lui surtout comme interprète. Il apprend les mots avec Barbara, Brel et les grands auteurs de théâtre. Pour au final transmettre les émotions en chantant. C'est pourquoi la chanson aura toujours une place centrale dans ses spectacles même s'il reconnait être de plus en plus proche d'occuper une vraie place en tant qu'acteur.

Il a d'ailleurs monté une compagnie, Les Palétuviers, co-dirigée avec Marc Wyseur. Ensemble, ils ont créé "J’ai la mémoire qui chante" en réunissant des témoignages de personnes âgées de la ville de Sceaux, présenté en Avignon en 2002, et qui a compté au moins 150 dates de tournée.

Il est en préparation d'un spectacle pour l'automne 2016 avec Enzo Enzo qu'il connait de longue date mais qu'il a retrouvée récemment .... sur un quai de gare, comme le veulent les hasards de la vie. Sans trop dévoiler le projet on peut dire qu'il sera imprégné de thèmes familiaux qu'illustreront une vingtaine de chansons dans une mise en scène de Christophe Vincent.
Son histoire continue aussi de s'écrire avec Barbara. Il est aujourd'hui en train de travailler avec Claude Fèvre au dernier opus de la collection Chansons à la plume et au pinceau qui sera consacré à la chanteuse avec 43 chansons en écho à des dessins de caricature de Jean-Marc Héran.

Laurent Viel a partagé la scène avec Roland Romanelli pour la Rue de la belle écume. La rencontre a été très forte avec cet accordéoniste qui fut le compagnon de Barbara. Et c'est quasi naturellement qu'ils ont entamé un travail d'écriture qui promet de belles soirées après la fin des représentations de l'Homme en habit rouge qui est un spectacle fort réussi, actuellement au Théâtre Rive Gauche.

Si Brel, Brassens, Dalida, Ferré sont toujours des références, Laurent ne vit pas dans le passé et il aime tout autant les voix de Christine and the Queens, Claire Diterzi ou Camilia Jordana.
Il aime aussi le cinéma, consacrer du temps à ses amis et ... confesse être un grand gourmand. Que des qualités en somme.

Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont, respectivement d'Ivan Kann Szpirglas et de Cathy Lohe.

Une folie au Théâtre Rive Gauche

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Peu de gens le savent mais une folie est une maison de villégiature construite par l'aristocratie ou la bourgeoisie à partir du XVIII° siècle en périphérie des villes. C'est aussi, peintes en rouge comme le fond de l'affiche, des pavillons en bordure du canal de l'Ourcq du Parc de la Villette (qui sont actuellement en rénovation).

C'est enfin la résidence parisienne que le docteur Flache s'apprête à vendre avant de prendre sa retraite dans le Sud.

L'homme est psychiatre et il côtoie quotidiennement des personnes dont le trouble du jugement ou du comportement est qualifié de folie. Chacun de ses patients estime que c'est l'autre qui est atteint, évidemment. Le couple que forment Jean-Louis et Missia n'échappe pas à la règle. Chacun lui demande d’examiner son conjoint, qu’il croit devenu fou…

Le médecin, plutôt habile, trouvera en Jean-Pierre le futur acquéreur de son joli pavillon qu'il fera la folie d'offrir à sa désormais épouse en cadeau ... de rupture. Une vraie folie en somme !

Ecrite en 1934 par Sacha Guitry, la pièce aborde un sujet alors tabou, celui du divorce. Et c'est dans cet état d'esprit qu'il faut aller la voir. Un fauteuil comme ceux qui marquent la place du réalisateur sur un plateau de cinéma est disposé coté cour, témoignant de la présence même occulte du grand auteur.

L'hommage que lui rend le metteur en scène Francis Huster est justifié. Cet homme était exceptionnel, capable de composer un Impromptu pour célébrer le mariage du prince Rainier de Monaco avec Grace Kelly en avril 1956 alors qu'il prônait par ailleurs le divorce. Vous me direz qu'avant de se séparer ... il faut s'unir et c'est bien le fil rouge qui se déroule sur la scène du théâtre Rive Gauche. Bénir la rupture, l'idée est drôle.

La mise en scène est resserrée. Le texte est suffisamment puissant pour ne pas avoir besoin d'être appuyé et les comédiens le servent très bien, surtout Olivier Lejeune qui semble une réincarnation de l'auteur, en restituant sur scène son humour et son ironie optimiste.
Sacha Guitry avait le sens de la "petite phrase" et beaucoup sont passées à la postérité. Il ne s'est jamais privé de critiquer le mariage. Il disait avec dérision que deux personnes mariées peuvent fort bien s'aimer, à condition de ne pas être mariées ensemble.

Dans la pièce qui est à l'affiche il dénonce cette manie que les gens ont de vivre deux par deux. Ce qui ne l'empêche pas de doter son personnage principal masculin de talent de séducteur qui "tranquillise" toutes les femmes qui sont sur sa route.

Les rebondissements s'enchainent et je ne vous dirai pas quels sont les "bons" conseils très subversifs que le psy donne à sa clientèle. Ce serait gâcher le plaisir ...

Une folie de Sacha Guitry
Mise en scène de Francis Huster
Avec Olivier Lejeune, Lola Dewaere, Manuel Gélin, Marianne Giraud/ Mathilde Hennekinne, Alice Carel /Odile Cohen.
Théâtre Rive Gauche
6, rue de la Gaîté, 75014 Paris
du mardi au samedi à 21 h, le dimanche à 15 h 30
Relâches exceptionnelles les 24 juin, 7, 19 et 27 juillet, 9 et 19 août 2016

Seconde édition du Paris Basque

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Après un vendredi soir très festif et très rugby, le Trinquet (qui est aussi le nom d'une surface de jeu de pelote basque couverte entourée de 4 murs dont un mur de frappe) s'apprêtait tranquillement à entamer la seconde journée. Le public arrive au compte-goutte, inquiet sans doute par la météo. Pourtant le programme de cette seconde édition est plus que jamais basque et joyeux.

Le week-end sera rouge et blanc, familial, gustatif et sportif aussi. Les enfants pouvaient s'initier au jokari sans troubler la démonstration de danses basques du groupe Erregetxopitak.

L'espace est vaste. On est ailleurs tout en étant à Paris, miraculeusement calme, et coupé du monde.

C'est le moment idéal pour se croire (un peu) en vacances et déguster (avec modération) un verre inspiré du Spritz qui est en passe de supplanter le mojito. J'apprends d'ailleurs que Marc Jean, le chef barman du Normandy de Deauville a conçu un nouveau cocktail qu’il a appelé The Only Spritz Colette : variante à base d’Aperol (apéritif italien), de morceaux d’orange et, pour remplacer le Prosecco italien, de cidre Cuvée Colette du Domaine Dupont, un cidre sec pas trop sucré mais qui enlève le goût de l’amertume présent dans le Spritz classique.
Ici c'est le Lillet qui fait l'affaire, accompagné de morceaux d'orange, dans une piscine de soda et de glaçons.
Les musiciens du groupe Txaranga ont eu un succès mérité alors que les gradins se remplissaient doucement.
L'entrée de la manifestation est gratuite. Les plats concotés par les chefs se règlent en PYBA, que l'on achète sur place aux caisses jeton.
Ils étaient 13 l'an dernier. ils seront 22 ce week-ends à s'être associés à des producteurs et des vignerons pour proposer une succulente cuisine typique et authentique… à manger sur le pouce, autrement appelée Basco Street-Food.
Parmi les plats réalisés sur place, outre l'assiette de charcuteries d'Eric Ospital et de pain de Jean-Luc Poujauran, on pouvait goûter le Gâteau de pomme de terre au foie gras de canard de Jacques Faussat, qui dirige le restaurant éponyme dans le 17ème.
L'étonnant Pied de porc snacké, chutney de piment doux d’Anglet que Sabine Aguerre, installée à Pottoka (Espelette) a imaginé avec la viande de David Massonde, Bayonnaise des Viandes, Bayonne (64).
Julien Duboué du restaurant et bar à tapas A Noste (Paris 2e) a préparé une Hampe et lepoa de cochon Ibaïama sauce échalote, condiment cassis-gingembre, avec Eric Ospital, charcuterie Louis Ospital à Hasparren (64).
Gérard Lasbarrère de La Cancha (Oloron Sainte-Marie) a imaginé un Wrap de poulet fermier St Sever, poudre de brebis et condiment piquillos, qui a été littéralement plébiscité par les enfants, sans déplaire le moins du monde aux parents.
Cédric Béchade, de l’Auberge Basque (Saint-Pée-sur-Nivelle) avec Jean-Bernard Mendiboure, DIMA Marée à Saint Jean de Luz (64) a préparé une Morue braisée au cacao, girolles à l’arbequina et mousseline de pomme de terre, fleur et feuille de sauge que j'ai beaucoup aimée.
 
Son inspiration a été le terroir (la morue) et le chocolat de Bayonne, mais en cherchant à équilibrer sucré amer, amer salé, avec une sauce chocolat 70%. Le plat est à la carte du restaurant en ce moment, L'auberge basque qui s'appelait déjà ainsi avant son arrivée. 
 
Cédric a été l'un des trois chefs étoilés de Nespresso à Cannes. Chargé d'élaborer un menu en hommage à un film, il avait choisi The Artist de Michel Hazanavicius (Prix d’Interprétation masculine pour Jean Dujardin 2011).
Il m'a raconté qu'il avait déjà un plat en noir et blanc, L’oeuf et l’encornet en noir et blanc, onion rings mais qu'il a du inventer le reste du menu. Des petits pois glacés à la française pour rendre hommage à notre pays, et le Cochon, sauce barbecue, pancake au maïs grillé pour célébrer la cuisine américaine. Enfin un Cheesecake aux fruits rouges présenté de manière à rappeler le film.

Cédric Béchade est originaire du Limousin mais il partage totalement les valeurs du Pays Basque où il se sent chez lui. Ses filles apprennent le basque et lui sait compter jusqu'à vingt. Il parle volontiers de sa manière de cuisiner, par exemple la piperade qui à l'origine rassemblait les légumes du jardin, oignons, tomates, poivrons. Après la guerre on manquait d'oeuf donc on liait les légumes avec du pain et du lait, un peu comme une omelette. Il a repris cette manière de faire en ajoutant des piquillos pour la couleur jaune. A l'entendre c'est tout simple mais quand on visionne le film de la recette on réalise ce qu'il faut de technicité et on se dit qu'il sera plus "simple" d'aller la gouter à l'Auberge basque :

Son dessert signature est la tarte Amatxi (de la grand-mère) une pâte sablée marmelade Tatin, chiboust avec caillé de brebis, sorbet pomme verte et thym citron. Et puisqu'on parle de dessert, revenons au Paris-basque pour se laisser tenter par les glaces et les pâtisseries de la maison Pariès.
Ou par un café gourmand accompagné d'un macaron pamplemousse-citron, d'un crumble noisette-caramel-cacahuètes caramélisées, et d'une caroline lait d'amande-confit de cerise. Ce sont deux amis et associés, le cuisinier Patrick Canal, chef cuisinier du célèbre Café Tournon (Paris 6ème), et le pâtissier Mathieu Mandard, champion de France du Dessert 2004,  qui ont ouvert un bistrot au 30 rue de Montorgueil, à Paris, 01 40 28 44 74 tous les jours depuis le mois de mars de cette année en assurant aussi la vente de gâteaux à emporter sous le nom des Artizans.
Comme l'an dernier il y a aura tout le week-end de la musique, des danses et des initiations aux danses basquesde la pelote basque avec des championnats de France, des démonstrations et de l’initiation. Inspirée du jeu de paume, la pelote basque est un jeu ancestral du Pays Basque où les adversaires s’envoient une balle, soit en face à face, soit en frappant la balle contre un mur.
Et puis des Jeux de Force Basque qui à l'origine étaient des défis lancés par les jeunes basques qui travaillaient dans les champs, les forêts ou encore le bâtiment et qui mesuraient ainsi leur force et leur endurance. On retrouve aujourd’hui parmi les épreuves : les leveurs de pierre, ou de ballots de paille à la poulie, le fameux tir à la corde, aussi appelé Xoka-Tira, et le bûcheronnage à la scie de long, le sciage à deux, où à la hache, avec Herri Kirolari Bai (maillot vert).

Sont aussi prévus du rugby pour les enfants, des jeux du type lancer d’espadrille, et les retransmissions des demi-finales du TOP 14 de rugby et du Championnat d’Europe de football (Euro 2016) avec le match France-Suisse en direct de Lille.

Le Trinquet deviendra une sorte de fan zone plus tranquille que la Tour Eiffel.

Paris-Basque, vendredi 17 juin 2016 de 18h à 2h du matin
Samedi 18 et dimanche 19 de 9h à 2h du matin
Fronton Chiriquo de Cambo
8, Quai Saint-Exupéry, 75 016 Paris

Scènes de violences conjugales

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Vous verrez ce spectacle à la rentrée. Il est notamment programmé à La Tempête pour un mois à partir du 11 novembre 2016. J'ai eu l'opportunité de le découvrir au Théâtre le Colombier de Bagnolet, peu de temps après sa création (à Romainville).
Rachida rencontre Liam. Annie rencontre Pascal. Rachida et Liam sont jeunes, issus d’un milieu violent et précaire. Annie et Pascal sont au milieu de leurs vies, issus respectivement de classe moyenne et bourgeoise, tous deux en voie de précarisation. Ils emménagent ensemble dans un meublé, et petit à petit, la violence conjugale va s’installer entre eux.
Le sujet est fréquemment abordé au cinéma (on se souvient du choc provoqué par Polisse), au théâtre (Gelsomina) ou en littérature (La Pudeur des sentiments par exemple).

J'ai le sentiment sur ce thème des violences conjugales tout a été dit. On sait qu'une femme meurt tous les trois jours des coups portés par un homme. On sait que ces violences peuvent toucher aussi les hommes (mais beaucoup moins). On sait aussi que dans chaque classe, de chaque école française, il y a en moyenne 2 enfants victimes d'inceste. On sait. Et pourtant rien ne change. Parce que les actes se déroulent dans la sphère de l'intime. Il sont donc recouverts en quelque sorte par une cape d'invisibilité.

Autant passer au feu rouge est sanctionné autant les infractions de type violences conjugales ne le sont pas systématiquement. Pas vu, pas pris.

Scènes de Violences Conjugales est né du désir de travailler sur ce sujet, pour y décrire la violence faite aux femmes telle qu’elle se pratique aujourd’hui dans le monde, et dont personne n'est à l'abri, dans aucun milieu social. Violences physiques, psychologiques, sexuelles, économiques, administratives, et sociales.

Ce qui a motivé Le Perdita Ensembleà travailler sur ce thème est de démontrer que ce n'est pas une fatalité. Le collectif, installé 14 rue de la convention aux Lilas (93260) est un ensemble d’acteurs, scénographes, administrateurs, diffuseurs, techniciens, musiciens réunis autour de l’écriture de Gérard Watkins, (photo ci-contre) qui en assure la direction artistique depuis 1994. 

Il est allé avec les acteurs à la rencontre de personnes impliquées dans ces souffrances pour se "remplir du sujet" diront les comédiens. A partir de 5 à 6 semaines d'improvisations, d'un travail à la fois intérieur et physique, réaliste et musical, mélangeant récits narratifs, souvenirs, et scènes vécues en direct, le Perdita Ensemble propose une réflexion à cœur ouvert sur les origines de cette violence, et sur sa méthode. Comment elle s'installe, s'insinue, se déploie, et perdure. Elle propose aussi une porte de sortie, par le travail, la parole et l’écoute de l’autre, en suivant à la trace le difficile parcours vers la libération de ses deux héroïnes.

Ils auraient pu monter un spectacle documentaire. C'est un spectacle, tout court. Militant certes, mais avant tout artistique.

J'ai assisté à une représentation dite scolaire et je peux dire que je n'ai pas entendu une mouche voler. Si la discussion qui a eu lieu ensuite était conforme aux clichés, les garçons assis d'un coté, les filles de l'autre, les échanges furent qualitatifs et respectueux.

J'ignore si le théâtre est un vecteur de message, et d'ailleurs quel message. On ne se méfie pas de quelqu'un qu'on aime. Ne dit-on pas fou d'amour ? Le noeud du problème, l'explication (car toute personne sensée veut comprendre) est que la victime est persuadée d'avoir le pouvoir de guérir son agresseur à force de patience, de compréhension etc ... alors qu'il n'y a qu'une réponse possible : partir, le quitter, laisser tomber l'affaire.

Comment mettre en oeuvre un tel projet quand on a rêvé de bâtir un foyer, d'avoir des enfants (qu'on en a le plus souvent) ? On peut s'écarter du violent que l'on croise dans la rue ou le métro, pas de celui qui partage nos jours et nos nuits, toutes nos nuits.

Mais revenons au spectacle. Quoiqu'on ait pu vivre ou subir dans le domaine des violences conjugales (ou du harcèlement dans le monde du travail, qui a beaucoup de points communs) on assiste à une vraie représentation, et une remarquable interprétation, toute en nuances, ponctuée par une musique qui est jouée sur la scène, en direct.

Les comédiens incarnent si bien leurs personnages qu'on oublie qu'on est au théâtre. Le dispositif en trifrontal induit la proximité avec les spectateurs qui se sentent très impliqués. La mise en scène est conçue en conséquence. Le spectacle est bâti en trois temps : la rencontre, l'escalade puis la thérapie. Jusqu'à permettre au public de réaliser que comprendre n'est pas pardonner.

Un dossier pédagogique a été élaboré avec l’aide d’Amandine Maraval, chargée de mission au droit des femmes à la Ville de Bagnolet, et de ses conseillères conjugales, afin de sensibiliser les jeunes dés le lycée.
Le lendemain du spectacle je lis dans la presse :
Un homme de 53 ans a été condamné lundi à un an de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Poitiers pour avoir endommagé, à l’aide d’un pied-de-biche, le pavillon de son ex-femme à Chenevelles (Vienne), rapporte France Bleu Poitou. Son coup de rage a fait tellement de bruit qu’il a réveillé les propriétaires et les voisins qui se sont demandés "comment un homme tout seul peut réussir à détruire une maison". Il a fallu plus de trois heures aux gendarmes pour tenter de convaincre le forcené de descendre de la maison en ruine afin de l’interpeller. Cet homme avait déjà  été condamné pour des dégradations en 2011.

Scènes de violences conjugales
Texte, mise en scène et scénographie de Gérard Watkins
avec Hayet Darwich, Julie Denisse, David Gouhier, Maxime Levêque, Yuko Oshima
Musique Yuko Oshima
11 novembre au 11 décembre 2016 au Théâtre de la Tempête
7 au 11 février 2017 au Théâtre Nationale de Bordeaux en Aquitaine
10 mars 2017 à l’Espace 1789 de Saint-Ouen

Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Alexandre Pupkins

Jukebox d'émotions avec Miguel-Ange Sarmiento

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Programmé initialement pour une soirée, le Jukebox d’Emotions de Miguel-Ange Sarmiento sera encore à l'affiche lundi prochain au Rendez-Vous d’Ailleurs, toujours à 20h.

Le jukebox a rythmé la vie dans les bars et les cafés jusque vers les années 90 et c'est l'arrivée des CD qui a marqué son déclin. C'est toujours un objet mythique, collectionné par de nombreuses vedettes comme Christophe.

En choisissant cet intitulé pour son récital Miguel-Ange annonce qu'il y aura de la nostalgie. En annonçant des émotions il gomme la référence à l'automatisme de ces appareils, dont on sélectionnait les pistes après avoir glissé une pièce de monnaie.

Il cumule les talents, à commencer par la comédie, mais c'est la chanson qui lui procure les plus fortes ... émotions, le mot est dit. La partager sur scène lui est quasiment vital.

Son entrée en scène est facétieuse (on entend sa voix sans le voir et soudain son visage perce le rideau), pour masquer sans doute une appréhension qu'il n'aura pas aussi forte lundi prochain, étant donné le niveau des applaudissements qu'il a récolté ce soir.
Je n'ai pas changé ... j'avais envie de te revenir ... ces paroles de la chanson de Julio Iglésias datent de 1979 et il est certain qu'il a pu l'écouter en boucle sur son mange-disques orange.

Il enchaine avec Padam, Padam, immortalisé par Edith Piaf, alternant fort harmonieusement voix parlée et voix chantée.

Miguel-Ange est réaliste et la présence d'un public nombreux le touche vraiment, en ces jours où des compétitions internationales et des manifestations sollicitent tout le monde. Nous apparaissons à ses yeux comme des résistants. Mais sait-il alors que nous n'avons aucun mérite puisque nous sommes venus pour le plaisir ?

Ainsi soit-il. Ce n'est pas moi qui le dit, mais lui qui chante Louis Chédid. et qui nous fait comprendre soudain que ce n'est pas du cinéma, mais la métaphore joliment dite du choix de sa fin de vie.
Ainsi soit-il / Tel est le nom du film / Travelling sur un corbillard qui passe
(...) Ainsi soit-il / Tel est le nom du film / Alors la caméra zoome arrière 
Et tu r'montes dans l'hélicoptère.

Il poursuit avec une chanson (peu connue) de Françoise Hardy oh je voudrais que tu m'enterres / mais demain je s'rai loin très loin ...

Pas question d'assombrir l'atmosphère. La lumière passe du bleu au rouge et c'est Back in the market of love, qu'il a coécrite avec Alice Bassié qui en a écrit la musique, et Jean-Christophe Déjean les arrangements, façon bossa-nova.
Il chante en français (quasiment sans accent), en espagnol (naturellement) et aussi en italien. Il nous apprend (en tout cas à moi) que Pasolini a été (aussi) auteur de chansons populaires, à propos d'amour, comment pourrait-il en être autrement pour qui disait que ceux qui comme moi ont eu le destin de ne pas aimer selon la norme finissent par surestimer la question de l'amour.

La soirée est émaillée de confidences, de questions-réponses avec le public, sans que ce soit au détriment du tour de chants, bien au contraire. Beaucoup d'humanité se dégage des échanges.

Quand reviendras-tu ? que l'immense Barbara a créé en 1987 n'a pas pris une ride. Et les paroles du Chanteur malheureux de Claude François (1975) ont le potentiel pour nous tirer une larme. Miguel-Ange a raison de le souligner : les plus belles chansons d'amour chantent le désamour.
Non sans humour il voudrait nous faire croire que Non je ne regrette rien d'Edith Piaf serait la seule à être optimiste. Je dirais qu'elle exprime une capacité à la résilience.

Il faut encore avoir du chaos en soi pour pouvoir enfanter une étoile qui danseécrivait Nietzsche dans Ainsi parlait Zarathoustra.

Pour finir, une chanson qui parle de départ, Porque te vas, immense tube chanté par Jeanette tout l'été 76, et qui était la musique du film Cria Cuervos de Carlos Saura. Tu m'oublieras disent les paroles.
Rien n'est plus faux comme l'ont démontré les applaudissements adressés aussi au pianiste Nicolas Urtreger.

Il faut espérer une présence plus régulière sur la scène en tant que chanteur. Miguel-Ange ne peut pas être partout. Il doit assurer la tournée du spectacle "Le Front Pop" de Christina Rosmini. Bientôt reprendront les répétitions de "Pasolini Musica", une création conçue et mise en scène par André Roche où il interprète le rôle de Pier Paolo Pasolini. Le spectacle devrait être joué à Paris du 19 janvier au 16 février tous les jeudis au Théâtre de Ménilmontant et ensuite au Festival d’Avignon en 2017.

Jukebox d'émotions, concert de Miguel-Ange Sarmiento
Les Rendez-vous d'Ailleurs
107 rue des Haies, 75020 Paris

La prétendue innocence des fleurs Franck Calderon et Hervé Moras en Livre de Poche

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La prétendue innocence des fleurs bénéficie d'une seconde chance en étant éditée par le Livre de Poche. Le livre a déjà connu un beau succès lors de sa sortie en mai 2015. Le voilà assuré de gagner un public élargi.

Je l'ai commencé un vendredi soir et achevé avant la fin du week-end. Annoncé comme un roman policier, ce qu'il est, l'analyse psychologique des personnages est soignée et la narration suit une trame cinématographique.

Rien d'étonnant puisqu'il est le fruit d'un travail conjoint par un enseignant, Hervé Moras, et un producteur et scénariste de télévision, Franck Calderon, qui a remporté de gros succès d’audience pour plusieurs chaines.

C'est la première fois que les deux compères s'associent pour écrire mais ce ne devrait pas être la dernière.
Cinq iris mauves, cinq lys blancs et deux jacinthes sauvages. Dans quelques heures à peine, le bouquet sera déposé au cabinet du juge d’instruction Marc Ferrer, plongé dans la plus importante affaire criminelle de sa carrière. Marc connaît le langage des fleurs. Il sait que les lys blancs évoquent la pureté et que les jacinthes invitent à l’amour. Pourtant, ces fleurs-là lui inspirent la mort. Celle d’une jeune femme et d’un amour fou disparu huit ans plus tôt…
Le juge va-til se sentir menacé ? Aura-t-il l'envie et le courage de revenir sur les traces du passé ? Se laissera-t-il conduire sur un jeu de piste dangereux ? Il est évident que oui, sinon il n'y aurait pas d'histoire. Mais l'issue finale (peut-être fatale) est un vrai retournement de situation.

J'ai aimé cette histoire. Je ne l'aurais pas lue si vite s'il en avait été autrement. Et j'ai apprécié de retourner à Venise en compagnie de ce juge parfois sympathique, parfois agaçant. Enfin l'emploi du langage codé des fleurs est extrêmement bien construit. Jusqu'au bout.

La prétendue innocence des fleurs, de Franck Calderon et Hervé Moras, Livre de Poche, mai 2016
Prix du premier roman de Draveil.

Dormir cent ans, Texte et mise en scène Pauline Bureau

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Il y a des livres dits de littérature jeunesse qui sont tout à fait susceptibles d'apporter un plaisir de lecture à des adultes.

Il y a aussi des spectacles qui sont dans cette veine. Dormir cent ans est tout simplement superbe, intelligent, d'une maitrise que je n'ai pas peur de qualifier d'exceptionnelle.

C'est un spectacle que je verrais volontiers plusieurs fois et qu'il serait dommage de restreindre à un public d'enfants.

Pauline Bureau, dont j'avais vu à la Tempête il y a deux ans la Meilleure part des hommes signe là un travail extrêmement abouti.
Aurore à 12 ans. Elle sent que quelque chose change en elle. Jour après jour, elle se prend en photo pour saisir ce qui se transforme. Théo à 13 ans. Tous les après-midi, il sort de l’école, rentre à la maison et attend seul que son père arrive. Mais, il n’est pas vraiment seul. Il est avec le roi grenouille, le héros de sa BD préférée qu’il est le seul à voir. Aurore se demande ce que cela fait d’embrasser avec la langue. Théo aimerait bien savoir s’il est beau. Elle joue du piano. Il parcourt la ville en skate. Certaines nuits, ils rêvent. Et dans leurs rêves, ils se rencontrent.
Vous croyez savoir l'essentiel mais il vous manque la dimension magique. Une petite fille perdue en forêt compte ses pas, s'installe au piano et chante sa peur du silence. Plus tard elle rencontrera un tigre avec qui elle va apprendre à se battre, à rugir, bref à faire tout ce que les tigres apprennent à leur fille.

Un garçon exprime lui aussi ses doutes : être tout seul quand les autres sont ensemble, ça me fait honte. Il semble passif mais cet état n'empêche pas que des choses arrivent malgré tout. Et c'est sous un saule qu'il va grandir.

Vous verrez un réfrigérateur dont la porte symbolise le passage dans un monde imaginaire, fait de rêve et de cauchemar, dans lequel les personnages évolueront avant de faire le chemin inverse pour revenir dans la réalité ... mais transformés.
Pauline Bureau traduit avec beaucoup de justesse le mal de vivre des ados et comment une histoire d'amour peut commencer entre deux êtres qui se rencontrent sans être un remake à l'identique de la Belle au bois dormant (qui est son histoire préférée).

Toutes les musiques et les chansons sont des créations originales de Vincent Hulot, sauf Because the night que Patti Smith chantait en 1978, qui s'accorde parfaitement avec le coté rock qui imprègne le spectacle.
Trois videoprojecteurs sont employés pour sculpter l'espace et le résultat est enchanteur.

Pour réaliser les scènes avec le tigre Yves Kuperberg s'est inspiré d'un jouet de son fils. Il a dessiné les images qui sont projetées en guise de décor. Il en résulte un monde qui se trouve à la croisée entre une bande dessinée, un album et un espace en trois dimensions. L'espace est extrêmement délimité et pourtant il autorise toutes les projections personnelles auxquelles le spectateur peut se livrer en fonction de ses connaissances. On pourra par exemple penser à l'album d'Anthony Browne, Dans la forêt profonde. D'autres songeront à Alice au pays des merveilles. Et ce ne sont pas les livres où il est question de grenouilles qui manquent.

Dormir cent ans est un spectacle radicalement différent de ce qu'on a vu jusqu'à présent. Il y aura un avant  Il y aura un après. Une chose est certaine : il ne laissera personne indifférent.

Dormir cent ans
Texte et mise en scène Pauline Bureau
Dramaturgie Benoîte Bureau
Texte publié aux éditions Actes Sud-Papiers
Avec Yann Burlot, Nicolas Chupin, Marie Nicolle, Géraldine Martineau en alternance avec Camille Garcia
Création et régie lumière Bruno Brinas
Régie vidéo Christophe Touche
Scénographie et réalisations visuelles Yves Kuperberg
Composition effets visuels Alex Forge
Du 14 juin au 12 juillet 2017 (horaires variables)
Au Théâtre Paris Villettte
211, av. Jean-Jaurès -  75019 Paris
A partir de 8 ans

La photo qui n'est pas logotypées  A bride abattue est de Pierre Grosbois

Tournée 2016-2017
28 et 29 sept. le Granit, scène nationale de Belfort
6 et 7 oct. le Préau CDR de Vire
18 au 20 oct. Espace 600 de Grenoble en partenariat avec la MC2, scène nationale de Grenoble
3 au 6 nov. AmstramGram théâtre de Genève - Suisse
10 et 11 nov.  théâtre Romain Rolland, scène conventionnée de Villejuif et du Val-de-Bièvre
13 et 14 nov. théâtre Paul Éluard de Choisy-le-Roi
17 et 18 nov. théâtre de Charleville-Mézière
21 au 23 nov. le Grand R scène nationale de la Roche-sur-Yon
1er et 2 déc. théâtre de Privas
7 au 10 déc. le théâtre scène nationale de Sénart
6 et 17 déc. théâtre la Piscine de Châtenay-Malabry
3 et 4 mai. théâtre du Parc Andrézieux-Bouthéon
23 et 24 mai théâtre la Liberté Toulon
30 et 31 mai le Moulin du Roc, scène nationale de Niort
8 et 9 juin le Parvis, scène nationale de Tarbes

Tarte soleil pour un apéritif célébrant les huiles d'olive

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J'avais participé à un concours sur le thème des repas au bureau avec la contrainte d'employer une huile d'olive et j'avais proposé des cuisses de poulet rôties, un plat facile pour la maison, moins quand on ne peut que le réchauffer.

La remise des prix a été l'occasion de lancer un nouveau challenge aux bloggeurs à partir d'une profusion de produits.

L'envie de soleil nous avait conduit a imaginé une tarte soleil, une recette encore peu connue même si elle n'est pas nouvelle, excellente à la dégustation, pitoyable en présentation parce que la garniture était trop humide.

J'ai donc repris la recette de base et les conseils afférents que je vous donne maintenant :

Express et super simple avec deux disques de pâte feuilletée et un pot de pesto, la tarte soleil peut se décliner à l'envie avec des garnitures plus ou moins élaborées, voire sucrées.

1. Posez un disque de pâte feuilletée sur une plaque recouverte de papier sulfurisé.

2. Étalez la garniture sur la pâte en veillant à laisser une bordure d’environ 2 cm. Humidifiez la bordure avec de l’eau puis couvrez avec le second disque de pâte. Soudez les bords en appuyant avec les doigts. Badigeonnez la pâte d'un peu de lait.

3. Disposez un verre retourné au centre de la pâte feuilletée pour marquer le coeur sans trop appuyer.

4. Coupez des bandes en partant du verre vers l’extérieur. Coupez d’abord la pâte en quatre puis chaque quart en trois, puis chaque tiers en deux. On obtient ainsi 6 parts dans chaque quart et donc 24 parts en tout. Mais on peut faire 26 voire même 30, en fonction du nombre de personnes avec qui on voudra la partager.

5. Retirez le verre puis torsadez chaque bande de pâte en veillant à ne pas trop les tourner sinon la partie la plus proche du centre risque de se casser.

6. Cuire au four, préchauffé à 180 °C, environ 40 minutes.
Ce qu'il faut éviter :

- Les appareils trop liquides qui risquent de s’échapper des rayons à la cuisson. Privilégiez les pâtes à tartiner, confitures, tapenade, caviar d’aubergine, pesto, etc., plus consistants.
- Les préparations avec de trop gros morceaux qui déchireront la pâte et rendront l’étape des torsades plus compliquée. Pour les fruits et les légumes, utilisez une mandoline : les tranches fines seront faciles à torsader.

- Les préparations fortes en goût (anchoïade, roquefort…) qui relèveront le feuilleté.

- Par contre on peut prendre de la pâte à pizza si on n'a pas de pâte feuilletée.
A propos de la technique :

Les rayons du soleil étant plutôt fins, il faut faire attention lorsqu’on les torsade car ils risquent de se détacher du cœur. Maintenez la partie la plus proche du centre avec deux doigts, puis torsadez doucement le rayon avec l’autre main. Tournez les rayons 4 ou 5 fois sur eux-mêmes pour avoir une jolie torsade.

Vous pouvez décider de tourner tous les rayons dans le même sens, ou bien de les tourner l’un vers l’autre (torsadez un rayon vers la droite, puis le suivant vers la gauche, jusqu’à ce que le soleil soit complètement formé).

Vous pouvez aussi faire des rayons plus larges (16 parts) et vriller les rayons de 45 °. On peut déguster avec une sauce tomate maison, des olives, tranches de citron ...
La première photo provient du livre Tartes fleurs & tartes soleil ! de Aimery Chemin Coralie Ferreira chez Larousse.

L'exposition James Bond 007 dans la Grande Halle de La Villette

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Depuis le 16 avril, la Grande Halle de la Villette accueille James Bond 007, l'exposition, 50 ans de style Bond réunissant plus de 500 objets originaux emblématiques ayant été utilisés dans les films du héros.

C'est à une totale immersion dans l'univers esthétique de l'espion le plus célèbre du monde que le public est convié.

A peine entrée dans l'espace je découvre l'Aston Martin DB5 rutilante et argentée et heureusement qu'il y a des plots et une pancarte parce que l'envie de s'y asseoir est très forte. On se console avec une photo...

Inutile de savoir la "bio" du héros par coeur pour la reconnaitre. Ce bolide a vrombit dans suffisamment d'épisodes qu'on la connaisse. Elle a dévalé les Alpes Suisses dans Goldfinger, a serpenté en Cote d'Azur dans GoldenEye. On y a vu Léa Seydoux et Daniel Craig dans Spectre ...  Elle apparait aussi dans Demain ne meurt jamais, Opération Tonnerre, Casino Royale et  Skyfall. Dix modèles ont été fabriqués spécialement pour le cinéma.

D'une manière générale l'exposition est si passionnante qu'elle a le potentiel pour passionner une large audience. Il y a beaucoup à voir, à lire, à découvrir ... et à apprendre.
Dois-je rappeler que James Bond, alias 007, est un personnage de fiction -écossais- créé en 1953 par l'écrivain (et lui-même ancien espion britannique) Ian Fleming dans le roman Casino Royale ? Sa machine à écrire avec un extrait d'un manuscrit original sont parmi les pièces les plus émouvantes.
L'auteur publiera douze romans, à chaque fois écrit en l'espace record de huit semaines. Après sa mort, en 1964, de nombreuses plumes continueront à imaginer la suite des aventures. Mais c'est le cinéma qui a créé le mythe à travers d'une trentaine de films. De nombreux acteurs ont endossé le smoking mais 4 sont en quelque sorte sortis du lot : Sean Connery, Roger Moore, Pierce Brosnan et Daniel Craig.

L'exposition ne suit pas tout à fait l'ordre chronologique en commençant par l'univers si spécial de Goldfinger en rendant hommage au très grand décorateur Ken Adam, auteur des décors de 7 épisodes de la saga. On lui doit par exemple l'intérieur de Fort Knox dans Goldfinger et l'invention du siège éjectable de l'Aston Martin.

Il a remporté deux Oscars pour "Barry Lyndon" de Stanley Kubrick en 1976 et "La Folie du roi George", de Nicholas Hytner en 1995.

Lorsque que Shirley Eatonétait couverte de peinture, elle avait quelques médecins à disposition, prêts à agir en raison de la crainte de toxicité de la peinture. On a appris depuis que la peau peut être couverte sans trop de risque du moment que la personne peut respirer bouche ouverte.
Pussy Galore (Honor Blackman) est le pilote personnel d'Auric Goldfinger, armée d'un Smith & Wesson et le chef d'une troupe d'acrobates aériens exclusivement féminins. Ses yeux violets fascinent Bond et elle porte cette veste dorée dont on voit une réplique.
Si on désire commencer par le commencement, de l'histoire, il faut pousser la porte du bureau de M, le directeur des services secrets britanniques. 
L'exposition consacre un immense espace à l'univers du casino en raison de l'amour immodéré de l'agent secret les cercles de jeux et les vêtements de luxe.
De nombreux costumes sont présentés comme la robe rouge (achetée chez Harrods) en coton indien et velours de soie et les bottines (du fournisseur de la famille royale) de Solitaire, dans Vivre et laisser mourir, 1973. Jane Seymour y interprétait la cartomancière du Dr Kananga.
On voit aussi la robe fluide portée en Egypte Barbara Bach, alias Major Anya Amasova / Agent Triple-X dans L'espion qui m'aimait 1977, aux cotés de Roger Moore.
Et puis le bikini blanc de Honey Rider, interprétée par Ursula Andress dont la sortie de l'eau est une scène culte de James Bond 007 contre Dr. No reprise pour le 40 ème anniversaire de la saga dans Meurs un autre jour, version orange avec Halle Berry.
La même actrice, Halle Berry porte auparavant une robe portefeuille qui permet les mouvements, fort astucieusement au moment de son évasion d'une clinique psychiatrique. On nous montre la planche tendance avec pages de magazine et échantillons de tissus qui ont permis à la costumière de la créer.
Sans oublier la robe en satin de Léa Seydoux dans Spectre ou le smoking blanc de Roger Moore dans Octopussy ou la combinaison spatiale de Moonraker.
Les effets spéciaux sont très importants et un couloir reconstitue la Section Q, abréviation de Quartermaster, qui est la division recherche et développement fictive des services secrets britanniques. L'acteur Desmond Llewelyn, fut le plus célèbre Q, incroyable scientifique pourvoyeur de gadgets en tous genres dans 17 James Bond. Ces objets, montres, lunettes, voitures ... étaient à l'origine des petits bijoux technologiques. 
Par exemple cette mallette équipée d'un couteau (à droite) pour Bons baisers de Russie, 1963
Il fallut deux semaines de répétition et 7000 boites de carton pour amortir la chute de la BMW R 1200, la plus grosse à l'époque, après un bond de 6 mètres dans les rues de Bangkok au cours de Demain ne meurt jamais, 1997
Comparativement l'effondrement du Casino Royal est plus aisé, et l'incendie de la voiture aussi grâce à une maquette et un modèle réduit.
James Bond aura conduit tous les engins imaginables, voiture, motos et motoneige Bombardier  dans Meurs un autre jour.
Certains films sont restitués de manière plus immersive, comme Spectre. Après avoir montré la valise du héros et son étiquette nominative, ce sont des costumes de danseuse sur roulettes inspirés de la Tehuana, robe mexicaine traditionnelle.
Puis des mannequins maquillés comme le veut la coutume au moment de la fête des morts.
Tout est passé en revue, depuis la genèse de la saga, en fournissant mille et un détails et anecdotes comme par exemple le nom de sa résidence jamaïcaine de l'auteur Goldeneye qui donne son nom à un film.

Chaque méchant à affronter, chaque femme fatale à conquérir, chaque objet fonctionnel depuis le Pistolet Walther PPK P99 à la mâchoire d'acier de Requin dans L'espion qui m'aimait, en passant par tous les gadgets possibles et imaginables ... tout est montré et expliqué dans cette exposition (prévoir quelques heures) très complète qui resitue aussi un moment-clé de l'histoire contemporaine, la guerre froide.

A la sortie, sur les pavés de la Villette vous aurez peut-être envie de gouter un des cocktails prisés par l'agent secret, un Martini (avec modération) ou un Vesper, en hommage à Vesper Lynd l'agent secrète de Casino Royale) dont je vous donne la composition : lillet blanc-gin - vodka - goutte d'angostura.

James Bond 007, l'exposition
Du 16 avril au 4 septembre 2016
Grande Halle de La Villette
Tous les jours de 9 h 30 à 20 heures (dernière entrée à 19 heures)
211 avenue jean Jaurès - 75019 Paris

Le dîner, un spectacle jubilatoire du collectif de la Jacquerie

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Imaginez un spectacle où tous les spectateurs occupent le premier rang. Où chacun a participé à la conception de la représentation, laquelle sera d'ailleurs unique.

Une soirée insolite où vous "suivrez" un des cinq personnages comme s'il était votre poulain, attentif à ce qu'il respecte les engagements qu'il a pris avec vous quant à son caractère, son métier, sa situation par rapport aux autres comédiens ...

Vous tremblerez pour lui quand vous penserez que la situation lui échappe. Vous rirez quand il mettra (involontairement) ses camarades en péril. Vous vous sentirez aux commandes du théâtre comme vous pouvez l'être quand vous vous vous adonnez à un jeu vidéo.

Il y a quelque chose de Secret Story dans le concept que le collectif de la Jacquerie a imaginé. Il faut vivre cela au moins une fois (croyez moi on a envie d'y retourner, pour voir un autre "épisode"). Vous ne verrez pas le temps passer. C'est jubilatoire.

Il y a juste une chose à savoir pour éviter toute méprise, surtout pour vous lecteurs qui êtes aussi gourmands. Vous mettrez la main à la pâte (au figuré) pour construire le Dîner mais pas un dîner. Seuls les comédiens mangeront devant vous. Je le précise parce que les spectacles qui combinent culturel et culinaire existent bel et bien.

La trame est toujours identique. Deux personnages vont bientôt quitter l'appartement qu'ils partagent. Ils invitent un couple d'amis et une troisième personne à partager un repas. Toujours cinq comédiens, mais chaque jour un différent de manière à rompre les éventuelles habitudes qu'ils pourraient prendre. Et parfois même c'est le metteur en scène qui s'invite parmi eux sans les avoir prévenus.

J'ai assisté à une avant-première précédent le départ du collectif pour Avignon à la MPT Maison Pour Tous Jules Valles, 61 rue Pasteur – 94800 Villejuif. Je peux vous la raconter pour vous donner une idée de la manière dont les choses peuvent se dérouler. Sachez toutefois que le collectif s'adapte au cadre et que donc chaque début de soirée peut être légèrement différent.
Nous avons été rassemblés à l'extérieur de la salle pour une présentation du dispositif et des comédiens. Une main innocente a attribué à chacun une enveloppe contenant le nom de leur personnage et une liste de questions.
Chacun a drainé vers lui les spectateurs en fonction de la couleur de la pastille collée sur le billet. Nous voilà alors bombardés d'interrogations du type quel est mon métier, dans quel style serai-je habillé, qu'est-ce que je déteste .... Chacun s'exprime et on se met d'accord en votant le cas échéant parmi 2 ou 3 alternatives. On dispose tout de même de 20 minutes chrono ce qui donne le temps d'argumenter.

Un des principes à respecter est que les indications ne soient pas liées entre elles. Si par exemple notre personnage est fleuriste il ne doit pas aimer ou détester les fleurs. Par contre il pourra ne pas supporter de voyager par les transports en commun.
Les comédiens veillent scrupuleusement à cette consigne. Ensuite la tenue est choisie parmi des vêtements accrochés sur un portant.
Le comédien récapitule sous notre contrôle l'ensemble de ses indications et rejoint la scène. Le public est invité à s'asseoir et à choisir trois morceaux de musique. L'un d'entre eux sera joué en introduction et relancé quand le metteur en scène estimera le moment venu de donner ainsi aux comédiens le signale de la fin de la représentation.
Une table, cinq chaises, aucun décor. Chacun doit imaginer son "rôle" sans communiquer avec ses partenaires. Les poignets deviennent des ersatz de prompteur récapitulant les choses à ne pas oublier de dire ou de faire.
Puis ils quitteront la table qui deviendra l'élément central du décor. Chaque entrée se fera en fonction des contraintes précédemment définies. Ensuite, tout ce qui adviendra sera unique.
Les comédiens ont tous une solide expérience dans l'improvisation. Ce sont en général des anciens élèves de l'école Jacques Lecoq où Alain Mollot (le fondateurs de la Jacquerie, malheureusement disparu il y a trois ans) a puisé pour fonder le socle du collectif.

Joan Bellviure avait joué dans la Fin d'une liaison. Il signe avec le Dîner un travail à la croisée d'un théâtre d'art et de recherche, exigeant mais populaire, dans la droite ligne impulsée par Alain Mollot. Il place le public dans une position qui exacerbe son attention, en aiguisant son oeil qui n'est pas seulement critique mais ouvert sur les ressorts de la dramaturgie.

Je suis certaine que les festivaliers avignonnais se régaleront. Et j'espère qu'une tournée s'enclenchera à la rentrée.

Le Dîner, pièce impromptue
Conception et direction d’acteurs Joan Bellviure
Avec (en alternance) Joan Bellviure, Jean-Philippe Buzaud, Olivier Descargues, Véronic Joly, Stéphane Miquel, Maria Monedero, Juliet O’Brien, Richard Perret, Jennie-Anne Walker
Au Festival Off d’Avignon 2016 du 7 au 30 juillet 2016 à 19h35
A La Fabrik’ Théâtre,
10 route de Lyon / impasse Favot – 84000 Avignon

Si vous allez ... en Avignon, mes recommandations pour le Off

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J'espère que je ne vais pas en oublier. Je n'ai puisé que parmi les spectacles que j'ai déjà vus, et aimés.

Cela se passera du 7 au 30 juillet, sur le plus grand théâtre du monde, tous en Avignon, dans ce qu'on appelle le OFF.

Il y en a plus de 1300 alors ma sélection est ultra fine. Pour en savoir plus pour chacun, vous taperez dans un moteur de recherche le titre suivi de A bride abattue pour arriver sur la critique que j'ai faite. Ou consulter le site du off. Sauf mention spéciale ils seront joués du 7 au 30 juillet 2016.

Il y en a pour les enfants à partir de 5 ans comme Augustin Pirate des Indes, de Marc Wolters à 10 heures au Théâtre du coin de la Lune, 24 rue Buffon
ou Rose au bois dormantà la Luna, 1 rue Séverine, salle 3 à 10 heures

Certains sembleraient à première vue concerner les enfants mais ils s'adressent à un public averti, comme Fables, adaptation spectaculaire et déjantée de 15 fables de La Fontaine !
Mise en scène Olivier Benoit
Coproduction Compagnie Tàbola Rassa et Théâtre de Belleville
à 19 h 30 Au Théâtre des Lucioles, 10 rue rempart Saint-Lazare
De la chanson avec Benoit Dorémus en Tachycardie, à 21 h
Au théâtre de l'Arrache-coeur
13 rue du 58 ème R.I. Porte Limbert

Kiki le Montparnasse des années folles Hervé Devolder / Milena Marinelli à 16 h 05
Au Rouge Gorge, place de l'Amirande

Des sujets graves, mais traités avec humour comme Maligne
Au Théâtre des Béliers, 53 Rue Portail Magnanen

Et pendant ce temps Simone veille
Au Théâtre des 3 Soleils, 4 rue Buffon à 12h20
De l'humour sans réserve avec
Ça n'arrive pas qu'aux autres
Au Théâtre des Béliers, 53 Rue Portail Magnanen

Avec Marine Baoussonà 14 h
Au Théâtre du Palace, 38 cours Jean Jaurès
De l'humour au second degré, avec Ma folle otarie
A 14 heures, Théâtre des Halles, rue du Roi René

L'Affaire Dussaert de Jacques Mougenot à 17 h 10
Au Théâtre des 3 soleils, 4 rue Buffon

Histoire vécue d’Artaud-Mômo
A 17 heures, au Théâtre du Chêne Noir, 8 bis rue sainte-Catherine

Deux spectacles consacrés au star-system : La dernière idole, 
Du 7 au 17 juillet, à 22 h 40, Artéphile, 5 bis rue du Bourg-Neuf

Fabrice Luchini et moi, d'Olivier Sauton, qui joue 2 fois dans 2 lieux différents
10 h 10 : Théâtre du Rempart : 56 rue des Remparts Saint Lazare
13 h 45 : Théâtre Actuel : 80 rue Guillaume Puy

Et puis deux coups de coeur :
Le dînerà 19 h 35 à la Fabrik'Théatre, 10 route de Lyon, Impasse Favot.

Madame Bovary
Au Théâtre actuel à 12H05, 80 rue Guillaume Puy

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