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Je suis allée au Mazarine Book Day

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Le message avait été largement diffusé sous forme de question-réponse : vous êtes un jeune écrivain en mal d'éditeur, et votre inspiration est débordante ? Le Mazarine Book Day est LE rendez-vous à ne pas manquer !

C'est une toute nouvelle maison d’édition, Mazarine, récemment créée sous l'égide des éditions Fayard, qui lançait l'invitation sur la toile, proposant de venir le samedi 19 mars au restaurant l’Alcazar, 62 rue Mazarine à Paris, dès 13h30, pour rencontrer directement des éditeurs et des bloggeuses littéraires.

J'avais ce jour là une position on ne peut plus facile : je n'étais pas là pour écouter le pitch des candidats (et donc émettre un jugement). Je n'étais pas là non plus pour proposer un projet de roman (et donc courir le risque d'un avis négatif).

J'aurais pu arpenter cette après-midi les allées (un peu désertes cette année, en toute logique avec 15% de baisse de fréquentation) du Salon du Livre de Paris ... qui s'appelle autrement mais vous voyez ce que je veux dire. Sauf que je préfère aller là "où les choses se passent", et rendre compte de l'énergie qui anime l'équipe éditoriale de Mazarine est autrement plus palpitant que de faire la queue pour un autographe (quoique je n'ai jamais fait la queue pour en obtenir).

J'ai côtoyé les écrivains qui ne savent pas encore qu'ils seront les auteurs en vogue demain. Sans les stresser évidemment. L'éditeur recherche des auteurs jeunes, drôles et impertinents. J'en ai vu des jeunes, voire très jeunes (12 ans), des trentenaires et des sexagénaires, des hommes, même s'il y avait une majorité de femmes.

Il y en a même une jeune (je pense) drôle et impertinente qui est arrivée masquée, d'accord cependant pour être photographiée. J'en veux pour preuve son petit signe de main. Je respecterai son anonymat. Disons simplement que c'est une grande lectrice ... qui avait fait des achats au "fameux" Livre Paris. Elle présenta son projet via un Power Point, sans mot dire.
Une libraire était aussi à l'Alcazar avec des romans comme Hier encore c'était l'été de Julie de Lestrange qui, il y a quelques mois était encore totalement inconnue.
Plusieurs auteurs étaient là,  à commencer par Julie de Lestrange, ou encore Baptiste Beaulieu (pull bleu ciel), auteur de Alors voilà et Alors vous ne serez plus jamais triste, parus chez Fayard, pour le plaisir de se rencontrer et d'échanger avec les participants. Un vrai "salon du livre" en fait. Dans une ambiance studieuse et conviviale.

Le timing a été respecté. Les premiers arrivés reçurent les premiers tickets dès 13 h 40. Lors de cette occasion inédite, chacun disposait de deux fois cinq minutes pour pitcher son roman, devant une bloggeuse, et face à une éditrice. L'enjeu était de convaincre bien sûr pour avoir une chance d'être publié. L'ordre de passage était régulièrement mis à  jour sur paper-board.

Impossible de s'incruster. Les tables étaient équipées de sablier. Pas moyen non plus de reculer in extremis en prétextant l'absence de feuilles ou de stylo. Et pour lutter contre le stress, de drôles de petits bonbons logotypés Z comme Mazarine (presque) étaient disposés à portée de main.
Des boissons et quelques petits fours furent à disposition toute l'après-midi. Que celui qui prétendra avoir été mal accueilli lève la main !
Voici un cliché qui pourra figurer dans les annales : les bloggeuses dans les starking-blocks avant le premier entretien. De gauche à droite, Stephie (Mille et une Frasques), Nine (Ninehank), Caroline (L'irrégulière), Leiloona (BricaBook) et, en face, Charlotte (L'insatiable Charlotte). Une fois le top donné, ce fut quasiment non stop, à peine la possibilité d'une très brève pause-café.
Le balcon de l'Alcazar est l'endroit idéal pour ce genre de manifestation. Etre dans un patio, entouré de plantes vertes est très apaisant. Il me semble que cela a joué favorablement. On était loin de l'ambiance chargée d'angoisse des oraux d'entrée aux grandes écoles. Le sourire était sur toutes les lèvres mais la tension était palpable. Il illumine les photos.
 
On se soutient, comme ici Joëlle et Laura. Beaucoup sont arrivés sans avoir terminé d'écrire leur argument et ont profité de l'attente pour finaliser leur projet en espérant avoir suffisamment de temps avant que leur numéro soit appelé.
Pour achever de mettre en confiance ses futurs poulains, la maison Mazarine avait dépêché Carole Saudejaud pour donner des conseils à ceux qui se sentaient un peu faibles dans leur argumentation. Elle maitrise l'exercice à la perfection. La veille elle avait pitché 19 livres au marché du film sur la scène du Salon du livre. Ce sont sans doute plus de la moitié des candidats qui ont bénéficié de son écoute attentive, patiente et positive.
Extraits :
- Donc on y va. Je viens vous présenter une fiction inspirée de faits réels. Le roman pourrait se résumer en ces termes ... (...) et j'ai voulu emprunter les codes ... Voilà.- Alors, ils ont quel âge ?- Qui ?- Les personnages principaux ! (...)- Alors deux solutions, ou vous gardez votre pitch et à la fin ... ou ...- C'est super. Ça a l'air génial.
Un autre, inquiet, implore : Ça va aller ? Il est super votre texte, lui répond-on.

De quoi être dopé pour enchainer auprès des éditrices (Noëlle Meimaroglou, directrice éditoriale, Alexandrine Dupin ou Juliette Lambron, éditrices, ou encore Stéphanie Polack, directrice littéraire et auteure) après avoir déchaussé ses semelles de plomb. Les retours des candidats expriment le soulagement.
Nouveaux extraits :
- La blogeuse auprès de laquelle je suis passée m'a bien écoutée. Elle m'a posé des questions; je l'ai sentie intéressée. Je me sentais en confiance. J'ai laissé tout le manuscrit. C'est plus cool que de l'envoyer par la Poste et d'attendre 2 mois une réponse, même si on ne peut pas supposer qu'il n'y a pas de risque de refus.- Ils n'en choisiront qu'un en fin de journée ?- Non, il n'y a pas de quota.- Super, ça dépoussière.
A 16 heures la moitié des inscrits était passé. Un ralentissement se faisait sentir. La journée était loin d'être achevée cependant pour les jurés qui devaient encore se concerter pour confronter leurs opinions, souvent convergentes, ce qui est rassurant.
A ce stade l'enjeu était pour les participants de donner envie de lire. Et les éditrices sont reparties avec des manuscrits à juger cette fois sans autre défense que leurs mots. Les nouveaux auteurs seront choisis pour leur appartenance à l'air du temps. On attend avec impatience.
D'ici là on prend des notes sur le carnet à la couverture impertinente dessinée par Stéphanie Blake.

Barbie s'installe au Musée des Arts décoratifs

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Derrière la porte rose ... il y a  ... tout l'univers de Barbie et bien plus encore.

C’est la première fois que cette poupée iconique fait l’objet d’une véritable invitation dans un musée français, le musée des arts décoratifs, en l’inscrivant pleinement dans l'histoire culturelle et sociale du jouet aux XXe et XXIe siècles.

Barbie, star, est blonde, mais on verra qu'elle adopte tous les visages du monde. Elle est toujours "à la page", dispose évidemment d'un compte Instagram, destiné d'ailleurs à un public adulte.

Elle est prise en photo dans des situations réelles et glamour avec des vêtements et accessoires uniques spécialement créés pour l'occasion. Elle se rend à un défilé de mode avec son petit chien posé sur un sac Chanel.
Elle fait ses courses rue Saint Honoré (photos du compte Instagram 2015). Après avoir incarné la "fameuse"american way of lifeBarbie est devenue aussi le reflet des moeurs d'une époque. L'exposition retrace son évolution et pointe comment elle est devenue un symbole d'autonomie et d'indépendance alors qu'on la regardait essentiellement comme une femme-objet qui suscitait selon les circonstances, enthousiasme ou dédain.
Mais s'il y a une contrainte dont elle ne s'affranchira jamais c'est bien de celle de la mode, ... marketing oblige !

Le musée a choisi, et c’est fort à propos, de rappeler d’abord de quoi il s’agissait quand il était question de poupée dans les siècles précédents.




A l'origine les couturiers français inondaient les cours étrangères au XVIII° siècle de poupées de mode -en bois ou en tissu rembourré- conçues pour faire voyager la mode féminine parisienne à travers l’Europe.

Les rares poupées pour enfants du XVIIIe siècle, ainsi que celles du début du XIXe siècle, représentaient des femmes très richement parées. À cette époque, la mode pour enfant n’existait pas et les enfants portaient, comme leurs poupées, des vêtements d’adulte en miniature. Les corps des poupées n’étaient pas réalistes, mais s’adaptaient à la forme des vêtements à la mode dont la poupée était habillée.

Une fois "démodées" elles étaient données aux petites filles pour jouer. Mais trop précieuse, trop fragile, trop sophistiquée et trop éloignée du monde de l’enfance, elles n'étaient pas adaptées aux mains des petites filles. La plupart du temps elles devenaient un objet inanimé sur une étagère, comme l'est devenue celle-ci, en porcelaine, de fabrication française, 1875.

Charles Worth révolutionnera les pratiques en faisant appel à de vraies femmes pour présenter ses modèles. C'est d'ailleurs lui le premier grand couturier ... français même s'il était anglais comme l'a démontré l'exposition Fashion Mix au musée de l'immigration.

Ce sont désormais les couturières qui emploient des mannequins, comme celui-là, en palissandre, rehaussé de polychromie appliquée à la main, tête pivotante, bras, mains, jambes articulées recouverts de tissu, monture à support en fer sur un socle en bois (1912).

Mais au début du XIXe siècle, la frontière était fine entre la poupée mannequin, la poupée jouet très bien habillée et la poupée de mode destinée aux femmes adultes comme ces poupées, ci-dessous, datant de 1917, pour celles de gauche, et de 1943 pour la troisième, à droite.
En 1935 c'est une petite fille de chair et d'os, âgée de 6 ans, Shirley Temple qui inspirera un créateur de poupées.

Elle servira aussi de modèle pour des personnages de carton vêtus d'habits de papier découpé et lié. le musée en présente une planche, sur fond rose.

Le poupon en celluloïd aura son heure de gloire jusqu'aux années 50. Il s'agit, ne l'oublions pas, d'apprendre aux petites filles à jouer plus tard leur rôle de mère. L'inconvénient est qu'il faut leur détacher les jambes pour les laver. Les "baigneurs" seront accueillis comme un progrès car on peut les mouiller entièrement.

Coté magazine, la semaine de Suzette a un rôle important. Arrive Bleuette, poupée fillette et son trousseau, française, environ 1920, en porcelaine peinte, vêtements en soie et velours, fourrure, feutre ...
C'est toujours un poupon joufflu et rose et son prix n'est pas démocratique. Les familles modestes se contentent d'un poupard ou d'une poupée en tissu imprimé bourré de sciure de bois, ou de crin de cheval comme celle-ci (milieu XX° siècle), souvent cousue par une grand-mère, dont la réalisation était très éloignée des considérations sur la mode de l’époque.
En Allemagne, le journal Bild-Zeitung demande à  Reinhard Beuthien  de combler l'espace d'une case avec une bande dessinée autour d'un personnage impertinent. Ce sera Bild Lili, une femme indépendante qui adore le sexe et mène les hommes à la baguette. Elle apparait pour la première fois le 12 août 1955. Visage de bébé, corps d'une femme pulpeuse et queue de cheval, elle interroge le lecteur :  "Pourrais tu me donner le nom et l'adresse de cet homme riche et beau?". La caricature est un succès immédiat et le dessinateur dû en imaginer de nouvelles chaque jour. Lili occupera le terrain jusqu'au 5 janvier 1961.

Une de ses meilleures réparties est adressée à un policier qui lui reproche que le maillot de bain deux-pièces est interdit : "Quel morceau voulez-vous m'enlever ?"

En août 1955, le journal lance la poupée avec l'aide de la société Hausser Co. Ce sera la première poupée à silhouette adulte, en plastique dur, articulée et maquillée. Elle s'appelle évidemment elle aussi Lilli et possède un trousseau. Ruth Handler la découvre alors qu'elle est en vacances en Suisse. par chance pour elle, le modèle n'est pas brevetée.

La jeune maman avait créé avec son mari, Eliott, et Harold Matson la société Mattel en 1945. La marque, qui fabriquait de petits jouets en plastique, boîtes à musique, pistolets factices, etc., connaissait un certain succès.

C’est en regardant sa fille Barbara jouer avec des poupées de papier, lointaines descendantes des gravures de mode de la fin du XVIIIe siècle et des premières poupées en papier pour adultes du XIXe siècle, que Ruth se met à rêver d’une poupée de mode en trois dimensions, véritable poupée mannequin. Ruth eut beaucoup de mal à convaincre l’équipe (masculine) alors même que Mattel cherchait un créneau novateur et original pour entrer sur le marché de la poupée. Réaliser une poupée ressemblant à une adulte et dotée de seins était alors "trop" révolutionnaire.
 
Sa présentation à la Foire du jouet de New York le 9 mars 1959, ne rencontre pas le succès escompté. En revanche, une fois Barbie en magasin, le succès est immédiat, sans même l’appui de la campagne publicitaire qui avait été prévue. Il faut tripler la production. Depuis elle a perdu ses frisottis, gagné un petit copain Ben (du prénom de son fils) en 1961 et n'a cessé d'évoluer.
Le musée a puisé dans les archives de la maison Mattel (avec par exemple ce cliché de Ruth et Eliott Handler, datant des années 1960) pour décrypter toutes ses vies en les replaçant dans une perspective sociologique et en pointant le lien très fort entre ces objets et Barbie, son ancrage dans le monde de la mode.
Elle ne porte d'abord qu'un maillot de bains noir et blanc car la télévision n'est pas encore en couleurs. Et surtout parce qu'il faudra lui acheter des vêtements ... le but est de l'habiller et de la déshabiller autant que possible. Voilà pourquoi ses jambes sont si fuselées.

Très vite les créateurs ont souhaité ajouter du mobilier. Inspirés d'abord des cadres photos pour fabriquer des meubles peu chers en plastique et bois.
Rapidement, Mattel mit en place un secrétariat pour Barbie, qui recevait autant de courrier qu’une star hollywoodienne. La création du fan club rassembla 100 000 personnes dès la première année et qui mobilise aujourd'hui 15 personnes à temps plein pour répondre au courrier. Les spots publicitaires ont mis en scène tout ce que la poupée pouvait faire, comme bouger ses ailes de papillon articulées, croiser les jambes. Cela semble sans limites. Une poupée noire, Black Francie en 1967 (donc bien avant les droits accordés aux noirs par Johnson), une autre hispanique ou asiatique, et même Becky, handicapée, en 1997, qui fut offerte gratuitement aux hôpitaux.
Elle trahira son petit ami en 2004, éblouie par Blaine, un surfeur américain sans cerveau mais tout en muscle.
CNN et Newsweek la soutiennent. On la retrouve un peu plus tard, portant une robe de princesse toute dorée pour son 50 ème anniversaire.
Ken se remet en cause et revient dans sa vie, plus moderne à partir de 2011. Un énorme drapeau est hissé au-dessus de Time Square pour fêter leurs retrouvailles. Ils partent tous les deux en Irak en 2012.
La même année elle se porte candidate aux élections présidentielles.
Près de 700 modèles sont exposés, retraçant toute l'histoire et toutes les ethnies. La Barbie noire en pull rouge succède à la précédente, très critiquée parce qu'elle n'avait pas le type afroaméricain.
Une vitrine témoigne de la fabrication, regroupant les esquisses, les prototypes peints à la main, les échantillons, les 18 couleurs de têtes miniatures, les vêtements en toile ... comme exactement dans la haute couture.
Au second étage, les poupées sont représentées à travers leur profession. Son âge reste volontairement flou afin de pouvoir incarner aussi bien une adolescente qu’une jeune femme. Elle est tout à la fois lycéenne, étudiante, nurse ou jeune hôtesse de l’air avant d’embrasser plus de 155 métiers, des plus classiques aux plus avant-gardistes.

Barbie a été vétérinaire à plusieurs reprises, mais aussi paléontologue, ballerine, chirurgien, skieuse et informaticienne, pilote de course, professeur, médecin, danseuse étoile, officier de police… et on l’oublie peut-être mais elle a été 4 fois candidate aux élections présidentielles, et astronaute (quatre ans avant que Neil Armstrong puisse marcher sur la lune en 1969).

Elle a exercé plus de 155 métiers. Elle fut physicienne et institutrice ...
.. Lisa Minelli dans Cabaret, ou artiste parisienne.
Elle évolue dans un ancien atelier de couture situé aux Etats-Unis, fait une escapade italienne en choisissant la vie profane en quittant un couvent (non photographié) ou défile pour Yves saint Laurent devant Catherine Deneuve et des clientes, dont l'une d'elle porte un camel coat qui est le summum du chic parisien (selon les américains), à droite, à coté de la Barbie en tailleur rose.
Il est difficile de miniaturiser à l'échelle mais ces trois maquettes immenses sont très réussies.

Après les métiers, ce sont les Barbies haute couture qui sont présentées, dans leur emballage d'origine. Seule Barbie Lagerfeld ne sourit pas, par fidélité avec son modèle original. En 2009 elle eut un parrain prestigieux, Louboutin qui créa le personnage de Catwoman.
Les grands couturiers ont inspiré les vêtements depuis l'origine. Avec ces ensemble Christian Dior, 1953-1954.

Barbie a inspiré aussi les artistes. Comme Chloé Ruchon, avec son Barbiefoot en 2009 voulu résolument féministe, en 2009 ou Cristina Guadalupe Galván pour One day my prince will come.
Inspirée par Cendrillon et Un jour mon prince viendra (la chanson du film Blanche Neige et les sept nains) qui fut un des plus beaux standards de jazz, repris par Miles Davis... l'artiste a aligné 7 chaussures de verre de 7 couleurs différentes, une pour chaque jour de la semaine, pour composer un exorcisme des souvenirs d'enfance de Barbie et du sentiment de solitude. La lourdeur du verre et sa surface rugueuse révèlent les traumatismes de l'enfance.
Alors qu’Andy Warhol voulait faire le portrait de son ami le styliste BillyBoy, grand collectionneur (il possède 11000 Barbie et 300 Ken), celui-ci lui aurait répondu : "Don't paint me, paint Barbie, because Barbie is me". A-t-il voulu plagier Flaubert disant Emma Bovary c'st moi ?  Andy fit ce qu'on lui demandait et cette œuvre, l’une des dernières de l’artiste, en 1985, a été vendue plus d'un million de dollars et a fait de Barbie une icône absolue.
On retrouve Barbie et Ken en Catherine et William et en Mad men ou en Star TrekD'autres éditions limitées présentent Barbie Marilyn Monroe dans 7 ans de réflexion en 1997, Barbie Sandy de Grease en 2004, la série de poupées sur le thème du Magicien d’Oz en 2009. Elle est Ma sorcière bien aimée, Audrey Hepburn dans Breakfast at Tiffany, Tippy dans Les oiseaux d'Hitchcock.
Mais aussi en princesses, Marie Antoinette comme Elisabeth.
L'exposition s'achève avec un immense mur de vêtements miniatures provenant autant des archives de Mattel que des réserves du musée. L'intention est de témoigner de la finesse et du sens des détails.
Enfin il a été proposé un concours "Habille Barbie" aux élèves et étudiants mode / art / design, sous l’égide de leur établissement. Marie Truffier, avec son E-Barbie, fait partie des 5 lauréats de l'Ecole Estienne.
Barbie, Musée des Arts décoratifs
107, rue de Rivoli, 75001 Paris
Tél. : +33 (0)1 44 55 57 50
Du 10 mars au 18 septembre 2016
Du mardi au dimanche de 11h à 18h - dernier billet vendu à 17h30 
Le jeudi : nocturne jusqu’à 21h (excepté le 31 mars)
Fermé le lundi, ainsi que le 1er mai
Des activités sont proposées aussi bien pour un public d'enfants que pour des adultes.

Pretty girls de Karin Slaughter

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Karin Slaughter a ses fans, peut être moins que Marc Lévy ou Amélie Nothomb, mais celles qui sont venues à sa rencontre au Salon du livre de Paris manifestent les mêmes signes de survoltage. Une jeune femme est sous mes yeux au bord de l'évanouissement, incapable de contrôler ses tremblements pour prendre une photo.

Elles sont excitées à la perspective d'entendre la voix de leur auteure préférée. Il faut dire qu'elle les a tant fait frissonner qu'il y a de quoi être impressionnées.

Pour moi c'est différent. J'ai lu Pretty girls le plus vite que j'ai pu, parce que je voulais avoir terminé avant de la rencontrer, sans pour autant sauter des pages. Cette vélocité a sans doute eu pour conséquence d'atténuer la portée des scènes sanglantes. Deux de mes amies avaient abandonné aux trois quarts, au bord de la nausée.

Je suis mordue. Je le commence ce soir, me confie une lectrice en serrant précieusement le roman contre son coeur. Et j'adore cette manière de Karin Slaughter de glisser une petite histoire d'amour derrière l'intrigue principale. Je n'ose la prévenir qu'elle ne retrouvera pas cette spécificité dans Pretty Girls.  
La couverture est troublante, comme une tache d'un test de Rorschach dans lesquelles on discerne en plissant les yeux, les profils des deux soeurs sur la gauche et la droite du portrait qui semble composer un X. La couleur n'est pas très fidèle. Le titre est d'un rouge rubis, comme le sang qui gicle régulièrement.

Sachant qu'elle est spécialiste des fausses pistes j'ai constamment tenté de chercher une autre solution que celle qui me semblait être celle que l'auteur me présentait. A ce jeu là j'ai bien failli croire coupable un des personnages les plus authentiques. J'ai pu échanger quelques instants avec l'auteur à ce sujet. Elle adore nous faire douter de qui est bon et qui ne l'est pas. Et vous remarquerez que chaque personnage a une double personnalité, capable (dans une certaine proportion) du meilleur comme du pire.

Il faut dire qu'il est impossible de faire confiance à qui que ce soit quand on comprend que le profil psychologique du mari. Comme l'exprime avec une sagesse infinie Nolan, le flic du FBI, faites confiance, mais vérifiez.

Pretty, signifie "joli-magnifique". Elles sont trois, trois magnifiques filles aux yeux du père (p. 427) à subir la folie monstrueuse d'un psychopathe insoupçonnable. Karin Slaughter s'est inspirée d'un fait réel qui s'est produit en Californie et cela fait encore plus froid dans le dos quand on lit son livre en sachant l'existence du Darknet que m'avait révélé Laurent Bettoni dans Mauvais garçon il y a quelques mois ou plus récemment en me souvenant de La petite barbare d'Astrid Manfredi.

J'ai d'ailleurs reçu hier, par je ne sais quel méchant hasard un mail me proposant de visionner la vidéo que l'on me promet bouleversante d'une petite fille écrit une lettre peu de temps avant d'être tuée par son père. J'ai supprimé sans hésitation mais combien s'en régalent ?

Karin Slaughter a interrogé des agents du FBI chargés de surveiller Internet. Elle sait parfaitement que la violence y est banalisée. Elle écrit avec réalisme mais ne cherche pas à cautionner de telles actions. C'est plutôt une jeune femme tranquille dans la vraie vie.

Née en Géorgie, elle est installée actuellement à Atlanta. C'est l’un des auteurs les plus populaires et les plus plébiscités dans le monde. Publiée en 33 langues et vendue à plus de 30 millions d’exemplaires, elle a écrit 15 romans, parmi lesquels figurent les séries Grant County et Will Trent, ainsi que le roman Cop Town, qui a été nominé pour l’Edgar Award.

Plus que la violence, elle dénonce le mythe du grand amour et si elle fait l'apologie de quelque chose c'est en fait de la détermination et du courage, et des liens familiaux qui sont essentiels à ses yeux.

Ce roman est l'histoire de deux soeurs, Claire et Lydia, qui ont vécu un traumatisme, celui de la disparition il y a vingt ans de leur soeur Julia dont on ne sait pas si elle est encore en vie. Chacune a fui la réalité à sa manière et elles ne se parlent plus, nourrissant une terrible haine l'une à l'égard de l'autre. L’assassinat du mari de Claire et la disparition d’une adolescente, vont raviver leurs blessures. Elles vont être de nouveau confrontées à leurs souvenirs et ... peut-être parviendront-elles à se soutenir. En ce sens on pourra voir quelques accents féministes.

La mère n'est pas le personnage le moins ambigüe, quand elle se veut rassurante en prétendant (p. 411) qu'il n'y a rien d'assez grave qu'on ne puisse y remédier. Pourtant on garde nous aussi espoir.

Ce roman est déroutant, atrocement noir, sauvage, captivant. C'est un thriller à ressorts psychologiques. Je me suis crue assez forte pour mettre à distance le stress généré par une succession horrible d'enchainements (peut-être que je me répétais comme un mantra dont chaque soeur a la spécialité -ce n'est pas vrai-c'est éxagéré-ne t'inquiète pas)  et j'ai lu les 9/10 ème du roman dans une relative tranquillité, ne comprenant pas pourquoi mes amies avaient rejeté l'ouvrage.

Quand soudain alors que je lisais dans le métro, j'ai été prise d'une crise d'angoisse face à un voisin qui se précipitait pour quitter la rame. Rien de grave, mais je me suis sentie en danger. J'ai raconté l'anecdote à Karin Slaughter, manifestement ravie de l'incident et assez fière d'avoir réveillé en moi cet instinct qui nous pousse à identifier le danger pour mieux s'en prémunir. il faut dire que depuis quelques mois nous sommes assez sur le qui-vive à Paris.

Je vous aurai prévenus. Ce roman est à lire dans un endroit où l'on se sent en sécurité.

Pretty girls de Karin Slaughter, chez Mosaic, en librairie depuis le 24 février 2016

Annabella d'après John Ford mise en scène Frédéric Jessua

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Annabella (Dommage que ce soit une putain) est un spectacle déroutant. On aime ou on déteste ... quoique, on peut aussi ressortir de la salle Copi un peu sonné(e) et se dire le lendemain que l'on reviendrait bien la revoir.

Difficile de croire que la pièce a été écrite en 1626. Comme il est incroyable de penser que le Don Juan qui se joue en parallèle salle Serreau n'est plus jeune que de 40 ans. Il y a beaucoup de points communs entre ces deux histoires d'amour impossible, dont la seule issue est la mort puisque aucun des protagonistes ne consent à se rétracter.

Frédéric Jessua en a écrit (avec Vincent Thépaut) une nouvelle traduction et fait l'adaptation. Il signe aussi la mise en scène. Tous les deux jouent également. le moins qu'on puisse conclure est qu'ils se sont considérablement investis dans cette histoire d'amour impossible ... et consommée.

John Ford est un des derniers dramaturges élisabéthains. Shakespeare a déjà écrit son Roméo et Juliette. Il faut une intrigue plus forte encore pour provoquer un choc dans le public habitué à l'adultère, la folie, la vengeance et les affaires de famille compliquées.

Annabella pousse le principe à son comble : aucune promesse n’est honorée, aucune loi respectée, pas même l’interdit majeur, celui de l’inceste. Enceinte de son frère Giovanni qui est éperdument amoureux d’elle, Annabella épouse un de ses soupirants, Soranzo, lequel découvrant son infidélité se met à la recherche de l’amant. Averti d’un guet-apens, Giovanni médite sa vengeance…
La scénographie de Charles Chauvet place les acteurs dans une sorte de squat abondamment taggué, noir, rouge et blanc. Les costumes sont contemporains et apportent quelques notes de couleur vives.  le modernisme n'empêche pas du tout le metteur en scène de respecter chacun des codes du théâtre élisabéthain. Le public est assis sur des gradins disposés en U, autour du dispositif scénique, donc extrêmement proche des comédiens.

Des machineries sont utilisées pour provoquer des effets, souvent comiques puisque le spectateur doit régulièrement balancer entre le rire et la peur. Un étage domine la scène pour évoquer ce qui se passe en coulisses, hors la vue directe. Et bien entendu les scènes les plus terribles sont cachées, sans dispenser les spectateurs d'en vivre l'horreur.

Cette proximité est à double tranchant si je puis dire. On peut considérer théâtralement la pièce comme une parodie parce que ce sont des anglais protestants qui racontent les atermoiements d'italiens catholiques. On peut aussi l'estimer "trop" noire, sanglante, jusqu'à l'outrance, même si on mesure combien elle est fidèle à la volonté de John Ford.

A l'instar du Don Juan de Molière, nous étions prévenus d'emblée puisque avec le ciel on ne plaisante pas. Giovanni (vous remarquerez à propos la proximité de nom) ne cèdera pas : mon destin sera mon seul Dieu ! 

La musique est très présente et il faut saluer la compétence des comédiens à l'interpréter. La qualité de leur jeu est d'ailleurs aussi à souligner.

Le choix de la chanson des Moody Blues, Nights In White Satin, est parfait pour exprimer le désarroi des amants. Dommage ... que le contexte actuel et la montée des violences que nous subissons depuis quelques mois agisse comme un paravent. Je suis peut-être encore sous l'influence de ma dernière lecture, Pretty girls ... (chroniquée hier). La dernière scène, quand le frère arrache le coeur de sa soeur n'est pas simplement suggérée. Est-ce nécessaire de le brandir presque palpitant ?

Sur le moment c'est insoutenable. Mais le lendemain, on se souvient des dernières paroles : il est humain de vouloir se venger. Il est divin de pardonner.
Annabella (Dommage que ce soit une putain) d'après John Ford
Traduction et adaptation Frédéric Jessua et Vincent Thépaut
Du 18 mars au 17 avril 2016
Théâtre de la Tempête - salle Copi
Cartoucherie de Vincennes - Route du Camp de Manoeuvre- 75013 Paris
Du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 16h30
Mise en scène Frédéric Jessua
Avec Justine Bachelet, Elsa Grzeszczak, Tatiana Spivakova, Jean Claude Bonnifait, Baptiste Chabauty, Frédéric Jessua, Thomas Matalou, Vincent Thépaut et Harrison Arévalo

Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de © C. Chauvet

Benoît Dorémus en concert

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Je ne connaissais pas cette salle des Trois Baudets, très agréable, créée à la fin des années 40 par Jacques Canetti, pour combler l’absence de salles parisiennes où les jeunes artistes, le plus souvent inconnus, pourraient facilement se produire devant un public.

Le vieux dancing délabré devint une extraordinaire pépinière de talents, particulièrement des auteurs-compositeurs-interprètes. Georges Brassens, Jacques Brel, Boris Vian, Guy Béart, Juliette Gréco, Raymond Devos, Serge Gainsbourg, Boby Lapointe, Henri Salvador ou encore Pierre Perret doivent beaucoup à l'endroit.

Avec le départ de Jacques Canetti en 1967, la salle devient un sex-shop puis un cabaret érotique, et une salle de concert pop/rock du milieu des années 1990 (L’Erotika) avant d'être réhabilitée par la Ville de Paris. Depuis janvier 2013 une nouvelle formule est lancée, sous l'égide de la société 3 Anes Prod et la direction d'Olivier Poubelle et Alice Vivier.

La programmation est très large avec plusieurs formules permettant vraiment aux artistes en devenir ou un peu plus expérimentés de se constituer un public. La salle de concert a été entièrement refaite. Sa capacité de 200 places assises garantit une certaine forme d'intimité. La salle de restaurant est complémentaire pour une séance en acoustique avec 130 personnes.
Benoît Dorémus s'y était déjà produit et il a choisi cette fois de confier la première partie à Jérémie Bossone.

Le chanteur ne manque pas d'humour. Il en faut pour occuper la scène alors que le public est venu pour un autre. D'ailleurs il a taggué sa guitare d'un "J'y suis toujours". Il commence par Rien à dire, et il faut du culot pour démarrer avec un tel titre.

Avec la Tombe, on pense à Adamo. La chanson à texte bascule brutalement dans le rock. Puis Scarlett, une chanson qui figurait déjà sur son deuxième album, Notre Jeunesse, sorti en 2008. Il la chante et  la joue avec humour quand besoin est. ses chansons sont interprétées comme de petites scènes de théâtre. Interchangeable ne sera pas sur le prochain qui sera nettement plus rock prévient-il.

Il termine avec Décomplexe, qui envoie, même sans batterie, pourvu qu'un peu de réverb donne de l'ampleur. On retrouve ces chansons dans son dernier album Gloires, enregistré il y a un an enregistré par le réalisateur Ian Caple (Bashung, Emilie Simon, Simple Minds, Cocoon…) et qui a reçu le coup de coeur de l'Académie Charles Cros 2015. Beaucoup d'autres récompenses saluent sa rage et sa plume.

Interrogé sur sa rencontre avec Benoît Dorémus il m'a confié que ce n'était pas Francis Cabrel qui les avait réuni même si, lui aussi, est passé par Astaffort. Ils se sont croisés dans le milieu underground, et surtout à Chantappart. Ils se sont aperçus qu'ils aimaient tous les deux Bob Dylan comme Eminem et "ça l'a fait" ...
Arrive Benoît Dorémus qui lui aussi commence avec une chanson où il avoue qu'il n'est jamais à l'aise nulle part. Il revendique le droit d'être un Existentiel :

Je n'ai que le potentiel (...)
Moi je voulais être un vrai dur (...)
Avec la musculature (...)
Je voulais me poser moins de questions.
Faisant allusion aux événements de Bruxelles il remarque que s'il y a des gens chez qui le coeur prend la tête il y en a d'autres dont on ne sait pas où il se cache et il nous dit être très touché qu'on soit ici, avec lui.
Il enchaine avec Aie ouille .... les sentiments c'est fatigant. La salle scande déjà le rythme en tapant des mains. On n'est pas propriétaire du coeur d'autrui. Les projecteurs se teintent de rouge pour Déjà, ma chère Laura. Le son m'a semblé plus âpre que sur l'album.
Voici Rien à t'mettre qu'il avait écrit pour Renaud (album Rouge sang en 2006). Et qu'ils avaient chanté en duo pour Taratata il y a trois ans. Le voilà parti dans la rétrospective. Voilà déjà 13 ans qu'il chante. Il résume son parcours et enchaine avec Dernièrement.


Rupture de ton avec Lire aux chiottes qu'il est surpris de voir reprendre par le public. Il reste seul en scène pour Ton petit adultère (sur une musique de Le Forestier). Et C'est bien pire sans, dans une ambiance très intime.
Suit Deux pieds dedans, mélancolique, de l'album 2020 (sorti en 2010). Une voix demande les Bulles (Album Pas en parler 2005) dans le public. Mais vous me réclamez une antiquité. Je ne la connais plus du tout.
Ses musiciens Cyril et Julien reviennent pour l'accompagner dans une balade en décapotable. Marque ton stop que j't'embrasse. Puis le titre phare du dernier album En tachycardie, 20 milligrammes.
J'écris Faux, Je Chante De La Main Gauche (Album jeunesse se passe) précède naturellement Bêtes à chagrin pour parler de la vie d'artiste ... et d'amour aussi.
Il chante la relativité avec La nuit des temps. Le public reprend avec lui le refrain de La femme de ma vie avant qu'on prenne Brassens en pleine poire. Je m'aperçois que les spectateurs connaissent les paroles par coeur. Je les regarde et j'ai l'impression d'assister à un play back.
On a entendu presque toutes les chansons du dernier album, En Tachycardie, sauf Comme un acteur sur fond vert si ma mémoire en me fait pas défaut. Je vous invite d'ailleurs à lire ce que j'avais écrit à la sortie de l'album. Je ne vais pas me répéter aujourd'hui. Il faudrait juste que j'ajoute le circonflexe accent (comme il me l'a fait remarquer) mais je ne vais pas le faire mentir.
Benoît Dorémus est différent en concert. Sa voix est bien affirmée. Sa présence fait oublier les autres chanteurs auxquelles on le compare. Il est vraiment lui-même. Le concert s'achève. Il nous mime qu'il sera là-haut, dans la salle du restaurant, d'ici 7 minutes pour boire un coup. Et surtout signer des pochettes parce que ses fans ne comptent pas le laisser partir sans lui avoir fait leur compliment.
La pression retombe. Pour le chanteur, un concert à Paris est une occasion de stress ... Même ici aux Trois Baudets, dans cette salle qu'il connait bien et dont il apprécie le son. Il y a un enjeu, une forte envie de bien faire, parce que les amis, la famille, et d'autres artistes sont là. Comme Renan Luce ce soir.
Après les Trois Baudets (Paris) les 23, 24 et 25 mars il sera au Triton (Les Lilas) le 23 mai, et puis à la Salle Jeanne d'Arc (St Etienne) le 23 mai, aux Arènes de Nîmes le 22 juillet, à l'Arrache Coeur (Avignon) le 6 et le 30 juillet 2016.

L'art de la restauration au Spa Marin du Val André (22)

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Je vous ai présenté, au début de mois en quelques lignes et quelques photos, le contenu d'un week-end passé au Spa Marin Val Andre en vous prévenant qu'il faudrait plusieurs billets pour restituer ses caractéristiques.

J'ai commencé par un sujet annexe, la pêche à la coquille Saint Jacques, qui est une des grandes spécialités locales. Je reviendrai plus tard sur le cadre hôtelier du Spa et sur les soins thermaux qui y sont dispensés. Je voudrais pour le moment vous mettre l'eau à la bouche en vous présentant le travail de son chef, Jérôme Barbançon.

Le petit-déjeuner donne le ton. Chaque table est pourvue d'un bulletin météo et des nouvelles fraiches indispensables pour passer une bonne journée. La diététicienne ou l'ostéopathe ajoutent un conseil et vous trouverez systématiquement plusieurs idées de sortie.

Si vous aimez les yaourts vous serez aux anges. Ils viennent de la maison Bordier. Ils sont préparés par un fermier du Morbihan à partir du lait entier de ses vaches. Ce lait donne de la douceur et de l’onctuosité aux yaourts qui sont présentés nature en deux façons, au lait entier ou maigre. Il y a aussi plusieurs versions aux fruits, notamment à la fraise de Plougastel. Il existe aussi de savoureuses versions myrtille ou pêche du Roussillon.
J'avais eu l'occasion de vous parler du savoir-faire de Jean-Yves Bordier dans ma chronique du livre de Jacques Ferrandez et Yves Camdeborde, Frères de Terroirs chez Rue de Sèvres. Il est le dernier à employer un malaxeur en teck pour réaliser un beurre incomparable qu'il sale encore à la volée et qui, bien sûr, est sur toutes les tables du restaurant.
Outre les classiques viennoiseries, et la brioche ce sont les recettes bretonnes qui sont mises à l'honneur.
Avec des crêpes (et au choix du miel ou un caramel beurre salé !), du far aux pruneaux, un Quatre Quart breton, ... Coté pain, au moins trois variétés, dont un pain au levain.
Jambon blanc ou cru, des fromages de la toute proche ferme de Vaumadeuc. Et un saumon ... fondant à souhait.
Sans oublier les oeufs brouillés avec un bacon croustillant. Et bien sûr des noisettes, figues sèches et des amandes puisque Mélanie, la diététicienne, recommande d'en consommer une douzaine quotidiennement. Un espace pour les intolérants au gluten se met en place au fil des jours. Et à l'heure du déjeuner et du dîner le chef pourra sur demande préparer une version diététique "4S" de la majorité des plats du menu qui peut vous être servie avec une eau régionale très agréable, en version pétillante ou plate. et si vous préférez un jus de fruits il sera labellisé Alain Milliat, qui est pour moi "la" référence dans ce domaine.
On se sent bien (je sais je me répète). Même la pendule a oublié d'être stressante.
Le Chef Jérôme Barbançon règne sur de vastes cuisines, mais qui sont installées en sous-sol, ce qui implique des allers et venues assez contraignantes pour le personnel parce que les deux montes-plats ne suffisent pas toujours. Leur sourire ne quitte cependant jamais leur visage.

On vous propose de choisir entre pain blanc et pain aux céréales. Les serveuses veillent et vous réapprovisionnent sans que vous ayez à réclamer. 

Né le 7 avril 1973 à Lamballe ce sont d'abord les desserts de sa maman qui sont à l'origine de sa vocation même s'il reconnait que la mayonnaise et le rosbeaf saignant de son père ont compté tout autant. A 16 ans il commence son BEP Cuisine au lycée hôtelier de Dinard. Il poursuivra plus tard avec un CAP de pâtisserie tout en travaillant comme stagiaire dans des restaurants. Commence alors un parcours dans des restaurants étoilés, le Divellec 2 étoiles de Bruxelles, le Sheraton 5 étoiles de Londres, puis le restaurant La Pompadour à Edimbourg où il obtiendra 2 rosettes. Il travaillera aussi au Charlton house country house hotel pour seconder un ami qui obtiendra 1 étoile Michelin dès la première année de collaboration. 
Il ne craint pas de passer des concours et obtient plusieurs récompenses. Il travaille aussi en Espagne puis à Guernesey dans un 5 étoiles avant de revenir en Bretagne puis en Haute-Savoie où il engrange deux nouvelles expériences. En novembre 2011 il devient chef de cuisine au Spa Marin du Val André dont il a fait l'ouverture.

Habitué des palaces Jérôme adore la liberté de création dont il bénéficie ici. Il invente chaque jour des plats différents et bien qu'il ait des idées à revendre il écoute les suggestions de son personnel.

Il met sa créativité au service du produit et du client. Il mesure combien tous les palais ne sont pas "évolués", ce qui implique de rester dans un domaine qui puisse satisfaire le plus grand nombre. Et surtout il n'oublie pas que le midi la clientèle est essentiellement composée de curistes. Il soigne leur ligne et leur santé, dose le sel au minimum, réduit les matières grasses et privilégie les aromates.

C'est peut-être un détail mais le chef voue une véritable passion aux assiettes dont il choisit la forme en fonction de son dressage. Le résultat est souvent impressionnant.

Le restaurant s'appelle le "4S" comme Saveur, Santé, Saison et Simplicité. Une quarantaine de couverts sont assurés pour le déjeuner. Le nombre peut vite monter à soixante-dix le soir car la table est réputée pour être la meilleure table de la région et on se demande pourquoi il n’est pas référencé dans tous les guides.
La salle à manger suggère discrètement les anciens palaces balnéaires en en reprenant les codes dans le choix des luminaires. J'ai une petite préférence pour les "mange debout", qui offrent une vue sur l'ensemble des tables et sur la mer.
La ligne de fond d’horizon y touche au sublime. Si je ne savais pas que Rohmer a tourné le dernier plan de son film Le Rayon vert je jurerais que c'est ici que Marie Rivière contemplait l'océan. Même le soir la vue sur la mer reste féérique.
Plusieurs formules sont étudiées pour s'adapter à toutes les clientèles. Les curistes peuvent opter pour une demi-pension ou la pension. Le midi le client qui désire déjeuner léger (plat dessert par exemple) s'acquittera d'une addition légère de 23 €.

A titre d'exemple il aura le choix entre la "Marée du jour"écrasée de pommes de terre aux olives fenouil et beurre yuzu et le "Pot au feu" de coquelet, huile de truffes qui s'accrodent l'un comme l'autre avec un Macon blanc Davayé, Domaine Cheveau AOC, Bourgogne.


Puis entre un Tartare de poires à l'estragon sablé et crémeux poire ou une Terrine fondante chocolat/café :
Jérôme adore les desserts raffinés et ne prive pas la clientèle de très jolies compositions. Un chef qui ose l'estragon avec la poire ça me plait, comme dirait Hélène Darroze. Et je me suis régalée.

Celui qui se laisse tenter par le menu du jour (29 €) pourra choisir entre deux entrées, comme un Parmentier de paleron de boeuf braisé et vitelote
ou une Déclinaison de poissons, purée de carottes et sauce hoisin.
Pour suivre on lui proposera par exemple une Dorade et couteaux, crémeux de choux-fleurs champignons et choux kale,
ou un Ballotin de pintade, patate douce, sauce à l'orange et génièvre.
En dessert, une Frangipane poire, caramel noix, glace noisette
Le menu découverte (39€) démarre avec un amuse-bouche qui pourrait s'accorder avec un Cocktail maison châtaigne, Fine de Bretagne, fruits de la passion, cidre blanc.
L'amuse bouche change chaque jour. Cela pourra être des rillettes de crabe et son toast chaud ...
une Brandade de morue et croustillant ...
un Velouté de chou-fleur et panais à l'huile de truffe ...

On peut choisir comme entrées des huitres creuses de Fréhel qui sont servies avec un pain de campagne et une sauce vinaigre échalotes. Il est difficile de faire l'impasse sur les Coquilles Saint-Jacques. Elles sont juste snackée servie avec un soupçon de fleur de sel, leur chair est gouteuse. Le chef réussit à surprendre en les associant avec quelques cromesquis de boudin noir, et une purée de poire à la fève de Tonka.
La troisième proposition est un Cannelloni de canard confit et galette au sésame foie gras poêlé et radis noir.
Deux plats figurent à ce menu : la Lotte au lard fumé, parmentier de coquillages, jus à l'estragon 
ou Filet de boeuf breton, soubise d'oignons, crémeux de topinambours et champignons.
En dessert, la Tarte tiède aux pommes caramélisées, sorbet pommes vertes, carpaccio et confiture de kiwi.
Une Assiette de fromages d'ici (de la toute proche ferme de Vaumadeuc, juste au-dessus de Dahouët) et d'ailleurs et son chutney
Ou bien une Déclinaison autour du chocolat.
Dans les cuisines la brigade s'active, renforcée parfois par Casper, le fils de Jérôme.
Le poisson est souvent à l'honneur, en toute logique pour une table qui se trouve en bord de mer. Jérôme Barbançon avoue une petite frustration de ne pas pouvoir proposer régulièrement le poisson entier mais le service en salle d'un poisson cuit à l'arête est un peu compliqué.
Celui qui ne peut pas dîner au restaurant bénéficiera d'un room service lui aussi élégant, comme en témoigne cette ardoise de Rillettes de rouget barbé au piment d'Espelette, accompagné d'un verre de Cotes de Gasgogne AOC Soleil d'automne.
La carte des vins est bien pensée. Les vins blancs sont classés du plus sec (un Muscadet) au plus fruité (un Riesling), les Rouges du plus léger (un Saint-Amour) au plus puissant (Un Saint Emilion). Les Moëlleux sont une catégorie à part entière, du moins sucré (Coteaux du Layon) au plus sucré (Maury). Avec un prix moyen au verre de 6 €.
Bientôt je vous parlerai de la collaboration entre le chef et la diététicienne Mélanie. Si la restauration est un des points forts du Spa elle ne fait pas oublier leur conception particulière de la thalassothérapie qui méritera un billet spécifique.

Interactivité au Festival 100% de la Villette

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J'avais présenté il y a dix jours le Festival 100% qui est proposé à la Villette jusqu'au 10 avril prochain. Le vernissage a eu lieu ce soir et ce fut l'occasion de voir les oeuvres de près.

Je voudrais bien vous montrer ce qu'il en est mais je ne suis pas très satisfaite des clichés que j'ai prises, même si tout le monde s'accordera sur la difficulté à photographier dans une obscurité aussi profonde.J'ai tout de même réussi à immortaliser la Light Machine de Xavier Veilhan et ses 1084 ampoules.

J'ai engagé une conversation passionnante avec Yasmina Benabderrahmane qui propose au travers d'une oeuvre appelée  Bain céleste sous forme de voyage participatif.

Elle nous invite à nous approcher des trois écrans, à les toucher pour sentir la vibration sonore, à coller notre oreille pour percevoir des sons infimes puis  à regarder les images projetées d'un autre oeil.
Grâce à un processus d’altération chimique, issu d’une pratique photographique traditionnelle, une masse inerte prend vie dans un bain de révélateur.

Un paysage anthropomorphe se dévoile, une chair pelliculaire apparait.

La surface épidermique est le théâtre d’une expérience sensorielle, visuelle et sonore.
J'aurais adoré vous présenter les créations des Two Dogs Company / Kris Verdonck. Cet artiste belge a conçu neuf boîtes découpées au sommet de manière à révéler des tranches de vie d'un couple qui évolue comme une sculpture en trois D. L'effet est très étonnant mais échappe à la pellicule photo. Il présente aussi une œuvre monumentale de 4 structures gonflables de 15 mètres de haut qui inlassablement se gonflent et se dégonflent.

Vous ne pourrez pas les manquer quand vous visiterez l'exposition.Impossible de parler de toutes les oeuvres présentées mais il y en a une que j'ai trouvé à proprement parler extraordinaire. J'ai adoré l'expérimenter (et je n'ai pas été un cas isolé) car elle prend vie grâce à l'interaction avec les spectateurs, sous l'oeil amusé de l'artiste Karina Smigla-Bobinski.
Ne la manquez pas, au premier étage de l'espace d'exposition, dans une sorte de pièce close toute blanche ... qui à la fin devrait devenir toute noire avec juste une bande blanche sur tout le pourtour, symbolisant une sorte de Marie-Louise en trois dimensions.

C'est Ada, une balle de plus de trois mètres de diamètre, équipée de fusains qui marquent chacun de ses frottements sur les murs. Sans spectateur l'oeuvre serait stérile et les médiateurs de la Villette incitent les spectateurs à devenir acteurs.

Une fois qu'on ose s'en saisir on ne voit plus le temps passer. On tourne et vire en tentant de domestiquer la balle qui, gonflée d'hélium, ne cesse de vouloir nous échapper. On ne s'inquiète pas de la proximité d l'artiste qui ne cesse de mitrailler nos mouvements avec son appareil photo.

Et cela donne quelque chose qui ressemble à ceci :
FESTIVAL 100%
Du 25 mars au 10 avril 2016 / La Villette
Grande Halle / Wip : Folie L5
les mardis et vendredis de 18 heures à minuit
les mercredis, jeudis et samedis de 14 heures à minuit
les dimanches de 14 à 20 heures. Fermé le lundi.
L'accès est gratuit ... pour toute personne munie d’un billet spectacle du festival, qu'il s'agisse d'une performance chorégraphique, une pièce de théâtre, ou d'un spectacle de cirque.

L'Homme-Cirque de et avec David Dimitri

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Ne pas monter bien haut peut-être mais tout seul! Tel était le credo de Cyrano de Bergerac. David Dimitri reprend la formule en marchant à 15 mètres au-dessus du vide. Tout seul, en parfait homme-orchestre, pardon homme-cirque.

La contrainte rend créatif. David Dimitri n'avait pas assez d'argent pour engager une troupe. C'est comme ça que l'idée de faire un cirque à lui tout seul a germé. Il s'en amuse : Je suis le directeur d'un cirque dont je suis le seul artiste.

Après plus de 1000 représentations il ne regrette rien et affirme au contraire qu'il est dans son élément, nullement gêné de conduire le semi-remorque de trente tonnes de matériel.

Inscrit résolument dans la mouvance de ce qu'on appelle le Nouveau Cirque, il a conçu pour le chapiteau qu'il a acheté il y a dix ans un spectacle où la poésie et l'humour sont les balanciers du danger.

Funambule, acrobate, musicien, régisseur, clown évidemment, dresseur, magicien, il sait tout faire. On se sent tout de suite invité chez lui. Il a le sens du dialogue sans pour autant prononcer un mot, ce qui doit être fort pratique quand il est en tournée dans un pays dont il ne parle pas la langue.
Sa spécialité, car il en a une, c'est le fil-de-fer. Cet homme qui pourrait se perdre dans les nuages en répondant à l'appel de ce grand bleu là, commence naturellement par se chausser correctement. Il ne s'y prend pas comme vous et moi. Il enfile et lace ses chaussures en courant sur un tapis roulant, histoire d'éprouver son sens de l'équilibre.

C'est que ça ? interroge un petit garçon, sans doute habitué à davantage de difficulté.

Le tapis passe à la vitesse supérieure et l'homme-cirque-régisseur lance le Tango Lunaire de Lalo Schifrin. Il mime la défaite, culbute, toujours sur la courte distance de son tapis et termine en marchant sur les mains. Faire cela sur un tapis roulant, personne ne croyait cela possible. Un lacet s'est détaché. Le renouer semble délicat.

La vitesse du tapis augmente, nous signifiant que ce qui nous a épaté n'était qu'une mise en jambes.
Au tour d'un cheval d'entrer en scène sur la musique de Sirba mit Harbster Bletlekh. L'animal reste de bois. Et pour cause. L'artiste n'a pas dit (mimé) son dernier mot. Il enchaine les figures équestres les plus connues sur le cheval d'arçon comme si c'était un étalon, en s'élançant depuis le tapis roulant. Il devient ballerine, dresseur aussi. La parodie est complète car il a un vrai sens du mime, acquis sans doute auprès de son père,  le clown Dimitri, qui a travaillé avec Marcel Marceau.
Il va jusqu'à flatter les flancs de l'animal et convaincre un petit garçon de le récompenser d'un sucre.
La complicité se construit avec le public. Le chapiteau est d'une taille qui facilite le contact (220 places). L'artiste prend malencontreusement (cela reste à prouver) un sac de pommes de terre sur la tête en voulant s'élancer depuis une bascule chinoise. Mon petit voisin s'inquiète : il est assommé ? Le voilà coincé !
David appelle le cheval à la rescousse qui ne bronche pas. Ce n'est pas une raison pour se départir de son sourire. Jamais il ne quittera son visage.

Alliant une formation à la State Academy for Circus Arts à Budapest (Académie nationale des Arts du Cirque, Hongrie) et des études intensives de danse dans la célèbre Juilliard School à New York, David Dimitri a créé de prodigieux numéros de funambule repris avec succès dans des cirques, des festivals et des salles de concert à travers le monde – Le Cirque du Soleil canadien, le Big Apple Circus de New York, le Cirque national suisse Knie et le Metropolitan Opera à New York.

Sa spécialité, comme je l'ai déjà écrit, c'est le fil-de-fer. Le moment est venu de monter. Auparavant il faut bander ses pieds et enfiler des chaussons adéquats. Le voilà ballerine. Comme à son habitude il mime au sol ce qu'il va tenter sur le fil, cette fois sur la musique de Introduction and Rondo Capriccioso de Saint-Saëns.
Il faut déplacer un gros sac devenu gênant. Par erreur il l'empoigne comme s'il pesait une plume, provoquant la critique d'un spectateur qui le traite de tricheur. Très vite le sac reprend tout son poids. Nous sommes complices.
Le numéro est dangereux. Il mérite un roulement de tambour. Comme il est seul il s'en charge lui-même. Quelques minutes plus tard il s'endort sur son fil comme un fakir sur son matelas de clous. Et souffle dans sa trompette pour lancer le réveil. Il y a chez lui un coté Alexandre le bienheureux, le petit chien en moins.
Tout semble simple, même de faire un noeud à une corde comme le font les magiciens.
Les numéros s'enchaînent. Harmonieusement. Les sauts périlleux avant-arrière n'ont pas de secret pour lui. Jusqu'à son numéro fétiche d'homme canon, sur la musique de Blackmail.
Il nous inquiète, nous faisant signe de nous écarter. On croit qu'il bluffe mais il va jusqu'au bout. Il fume son dernier briquet (vous avez bien lu). Il scrute l'environnement au périscope. La mèche est allumée. Impossible désormais de reculer.
Nous avons eu peur. L'explosion a bel et bien eu lieu et l'homme a été propulsé. La fumée sort de partout.

C'est pas fini. Un autre fil, plus haut, attend l'artiste. Il s'enfuit par le chapiteau et nous invite à sortir.
On le voit marcher, léger, déterminé. On le sent à l'aise dans cette solitude absolue. On comprend que le chemin sera encore très long.
Même si l'artiste s'arrête, se retourne, fait semblant de nous photographier et mime jusqu'au selfie avant de redescendre sur le sol.


L’Homme-Cirque de et avec David Dimitri


Du 25 Mars au 10 Avril 2016
A 15, 16, 18 ou 20 heures
Espace Cirque d'Antony
Rue Georges Suant – 92160 Antony
01 41 87 20 84

Les Lun 9, Mar 10, Mer 11 et Ven 13 mai 20h30
Sous chapiteau parvis de l’Onde
8 bis Avenue Louis Breguet, 78140 Vélizy-Villacoublay
01 78 74 38 60


Voulez-vous partager ma maison ? de Janine Boissard

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Line vient de perdre son mari et voudrait conserver sa belle maison. C'est surtout à son vaste jardin qu'elle est attachée. Dès qu'elle a un coup de blues la quinquagénaire court trouver refuge auprès de son arbre, Paul (oui je sais que c'est un prénom d'homme mais c'est que l'auteur est facétieuse).

Le hic est qu'elle ne dispose pas des fonds nécessaires pour régler les frais de succession et qu'il va falloir vendre.

Sa fille, Colomba, a la solution. Il suffit de poster une annonce de co-living sur Internet et de définir des critères sérieux pour sélectionner trois personnes de confiance avec qui partager cette grande maison, quitte à ce que Line doive se "rabattre" sur l'ancien bureau de son défunt mari.

Voilà comment Line se retrouve à demander Voulez-vous partager ma maison ?

Trois candidats seront sélectionnés. Priscille, une charmante jeune femme, illustratrice de livres pour enfants, Claudette, qui exerce le passionnant métier d'éthologue et s'est spécialisée dans le bien-être des animaux, et enfin maître Sushima, réflexologue chinois, expert en l'art de rétablir l'harmonie entre corps et esprit au moyen de savants messages de la plante des pieds. La cohabitation ne se déroulera pas tout à fait comme prévu. Certaines surprises seront bonnes, voire même excellentes. D'autres seront alarmantes.

Janine Boissard réussit, comme à son habitude à composer un roman très contemporain. Ses personnages pratiquent l'écologie. Ils ont déjà adopté les habitudes alimentaires qui sont à la une des magazines depuis quelques mois. Priscille est même victime d'une nouvelle maladie de l'alimentation, l'orthorexie qui est l'obsession de n'absorber que de la nourriture saine.

Elle pointe aussi l'attraction féminine pour les polars, dont elle nous dit se régaler elle-même.  Son écriture se trouve imprégnée de cet état d'esprit. Oserais-je lui conseiller alors le roman Pretty girls et la pièce de théâtre Annabella ?

L'auteur distille un secret de famille comme elle excelle à le faire. Le roman est écrit dans le plus pur style Boissard, avec énergie et optimisme. Avec humour aussi et c'est le type de livre dont la lecture fait du bien.

Elle a publié près de quarante romans parmi lesquels les plus récents sont Au plaisir d'aimerBelle arrière Grand-mère, Chuuut, et le succès se répète de livre en livre.

Voulez-vous partager ma maison ? de Janine Boissard, Editions Fayard, en librairie depuis le 2 mars 2016

La XIV° Nuit du Livre

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La Nuit du Livre est une cérémonie de remise de prix annuelle, récompensant conjointement auteurs et fabricants en maison d’édition autour des plus beaux livres de l’année.

La remise des récompenses de la 14ème édition s'est déroulée lundi dernier au Théâtre de l'Odéon qui devient le temple du livre pour quelques heures.

Un peu plus de 400 livres, concourant dans 13 catégories, ont été examinés par un jury qui s'est réunit le 4 février.

Force est de constater que la profession a démontré encore une fois combien elle réussit à marier la forme et le fond, signifiant par là que le livre papier a encore un avenir prometteur malgré la progression du numérique.




L'an dernier déjà le palmarès était de haut niveau. Celui qui a été annoncé le 21 mars 2016 n'est pas moins intéressant.

Jacques Taquoi est le responsable de la manifestation. Il a présenté la soirée en compagnie de Denis Bretin, ancien secrétaire général de l'Odéon dont on a apprécié, cette année encore, l'art de résumer les caractéristiques de chaque ouvrage primé.

Prix Littérature :
Le Dictionnaire Khazar aux éditions Le Nouvel Attila
Fabricante : Gabrielle Coze Auteur : Milorad Pavić

Il est jonché d'histoires appartenant aux archives du judaïsme, du christianisme et de l'Islam. Denis Bretin a souligné que la plupart des faits cités étaient réels et a qualifié ce dictionnaire hypertextuel de sorte d'oulipo borgésien.

Prix Livres de Poche :
Trilogie new-yorkaise, aux éditions Actes Sud
Fabricante : Mathilde Allier Auteur : Paul Auster

Le prix a été remis par Sandra Zakine, de l'association PEFC qui a tenu à préciser qu'imprimer ne détruit pas les forêts grâce à la certification. Il est tout à fait possible de conjuguer la consommation de papier et la gestion des ressources.

L'auteur a choisi de donner son propre nom à un des personnages de sa trilogie. Il se met donc en miroir dans un monde de coïncidences. Et fort astucieusement le fabricant a opté pour un pelliculage argent super miroir sur les gardes.

L'éditeur, Acte Sud, se dit redevable à Paul Auster du succès du livre qui a aussi fait le sien en soulignant que le manuscrit avait été refusé par 17 autres éditeurs auparavant. Comme quoi il faut persévérer.

Prix Bandes Dessinées et Mangas :
Corto sous le soleil de minuit, aux éditions Casterman
Fabricant : Stéphane Lejeune Auteur : Ruben Pellejero

700 exemplaires numérotés et signés ont été imprimés et sont tous déjà vendus. Le beau livre "se porte bien". Il faut dire que chacun est enrichi de plusieurs éléments comme un ex-libris grand format d'ne illustration. Denis Bretin sort d'une enveloppe une lettre manuscrite de Jack London (un fac-similé  évidemment mais qui semble tellement vrai). Ruben Pellejero s'est emparé des codes d'Hugo Pratt à s'y méprendre. Le dessin au trait noir est remarquablement mis en valeur. Enfin la couverture en faux cuir avec surpiqure est une invitation supplémentaire au voyage comme le serait une malle au trésor.
Prix Albums Jeunesse :
King-Kong, aux éditions Gautier Languereau
Fabricant : Virginie Vassart-Cugini Auteur : Antoine Guilloppé
Encore du noir et blanc pour le lauréat de cette catégorie qui revisite le mythe de King Kong en employant de savantes découpes laser. Les éditions Gautier Languereau avaient déjà remporté le trophée l'an dernier avec Paris s'envole qui avait recours à la même technique. Virginie Vassart-Cugini s'affirme comme "le jedi" de la découpe laser et promet que selon l'adage jamais 2 sans 3 ils comptent remonter sur la scène l'an prochain.
Prix Livres Animés :
9 mois, aux éditions Albin Michel
Fabricante : Alix Willaert Auteur : Jean-Marc Fiess
L'auteur a voulu traduire en images en 3 dimensions (des pop-up) la diversité des sentiments qui agitent les adultes pendant ces mois d'attente d'un enfant selon le même principe que le mobile qui s'agite au-dessus d'un berceau, comme si le temps était lui aussi suspendu.
Neuf scènes se déploient sur neuf double-pages parfaitement maitrisées.
Prix Beaux Livres :
Bruce Nauman, par la Fondation Cartier pour l’Art Contemporain
Fabricantes : Adeline Pelletier et Géraldine Lay Auteurs : Joan Simon, Robert Storr
Prix Livres d’Art :
Nicolas de Staël, aux éditions Citadelles et Mazenod
Fabricant : Ingrid Boeringer Auteur : Guitemie Maldonado
Avec son format impressionnant de 29 sur 42 centimètres et ses 328 pages il nous permet de nous immerger dans l'oeuvre du peintre sur laquelle a travaillé sa propre petite fille. Le papier a été choisi à dessein pour générer une émotion particulière pour chacune des 320 illustrations.
Prix Livres du Patrimoine :
Les grands procès de l’histoire, aux éditions de La Martinière
Fabricant : Ombeline Canaud Auteur : Emmanuel Pierrat
Emmanuel Pierrat est avocat au Barreau de Paris. Il a eu la belle idée de composer un livre-objet autour de gravures, coupures de presse, photographies ... pièces inédites et documents de police reproduits en fac-simile rassemblés dans un coffret au marquage or.

On regarde sous un autre oeil dix-huit affaires emblématiques comme le procès de Violette Nozières, la parricide, Marie Besnard, l'empoisonneuse, Gaston Dominici, et inévitablement l'affaire Dreyfus mais aussi Omar Raddad, l'affaire Grégory, du XIXe siècle jusqu'à aujourd'hui, avec l'affaire Outreau. On peut consulter par exemple les factures dressées par Landru pour compter combien lui coûtait chaque victime en chouquettes et pâtisseries.

A noter que ce même auteur avait été couronné l'an dernier pour Peau d'âne, co-écrit avec Rosalie Varda-Demy, chez le même éditeur.
Prix Livres Pratiques :
Naturalité, aux éditions Alain Ducasse
Fabricant : Pierre Tachon Auteurs : Alain Ducasse, Camille Labro, Romain Meder
C'est un très bel ouvrage à la couverture réalisée selon la technique de la reliure japonaise qui est davantage un livre d'art qu'un livre de recettes. Le propos est très radical, sans fioriture. On y trouve l'essence même de la philosophie culinaire d'Alain Ducasse qui a voulu rendre hommage à ses producteurs.
Imprimé sur un papier de création, il présente l'originalité d'un aspect satiné, loin des habituelles photographies auxquelles les grands chefs nous ont habitué, ce qui ne signifie pas que les recettes soient aisées à reproduire. Jugez plutôt avec celle-ci (photo ci-dessus), de "Loup de petit bateau, palourdes de la Trinité-sur-mer, tomates".

La plupart sont expliquées de manière très poétique, mais plutôt hermétique aux néophytes. Voici par exemple celle du "Homard bleu du Cotentin, chou fumé, clémentines confites".
Mettre en avant la grande famille des choux et "rassembler le légume de la pousse à la fleur, les gros pommés d'hiver et les premières feuilles de printemps", telle est l'envie du chef pour ce plat. Fumés pour apporter légèreté et profondeur, rotis, en poudre ou à cru, chou frisé de Milan, chou de Bruxelles, feuilles et petites fleurs de chou s'accompagnent d'un homard à sauce civet, au vin rouge. des quartiers de clémentine juste snackés apportent un peu de sucre et d'acide, qui tranchent avec l'amertume du légume. Contraste et équilibre, "c'est notre plat gibier d'hiver".
N'empêche que sans chercher à devenir chef à la place du chef ce livre dégage un romantisme et un art de vivre qui en fait un ouvrage-cadeau très tentant pour un épicurien même si son prix de 150 € est élevé, à la mesure toutefois d'un plat dans un des restaurants d'Alain Ducasse.

Je ne résiste pas au plaisir de vous donner un extrait de la description du potager prolifique de Versailles, celui de la Reine qui ne figure pas sur les cartes. Et pour que vous en saisissiez totalement le sens je précise que les bonnottes sont une variété précoce de pommes de terre, spécialité de Noirmoutier.
Il est tapi derrière de vieux murs de pierres- ces mêmes murs que Louis XV fit construire pour protéger ses chères cultures des vents et des gelées. Ici, le calme règne, la nature respire. Les citronniers et l'énorme glycine embaument. Réparties sur une dizaine de buttes ourlées d'herbes folles, les bonnottes sont bientôt prêtes pour la récolte (...) Mehdi et sa petite équipe de jardiniers travaillent et testent sans cesse, patiemment et méticuleusement. Tout est pensé pour que les légumes soient les plus purs, les plus tendres, et les plus goûteux.
Prix Dictionnaires et Encyclopédies
Abécédaire Gigogne, aux éditions Milan
Auteur : Xavier Deneux Fabricante : Magalie Martin
Voilà un livre qu'il faut lire aussi avec les doigts pour en saisir l'approche sensorielle. Conçu pour les tout-petits, il a fait sensation aussi chez les adultes que j'ai vu tourner les pages avec délectation. C'est un face-à-face de lettre en volume et de mots en creux qui devrait faciliter la mémorisation de l'alphabet.
Prix Livres de Photographies :
Paradis Blanc, aux éditions Prisma
Auteur : Li Gang Fabricant : Jérôme Brotons

Jérôme Brotons a été formé à l'école des Gobelins qui est un des partenaires de la soirée et dont on sait qu'elle est depuis plus de 50 ans, l’école de référence dans les métiers de la création visuelle, de la conception de l’image à sa production. 
Le choix du grand format restitue la sensation de liberté de ces animaux vivant sur des hauts plateaux recouverts de neige ou de glace six mois par an. La couverture poudrée (photo de gauche) contribue à l'insolite de l'objet.
Prix du Livre Français :
Anselm Kiefer, aux éditions du Centre Pompidou
Auteur : sous la direction de Jean-Michel Bouhours Fabricante : Bernadette Borel-Lorie

Cette nouvelle catégorie rend hommage aux livres entièrement fabriqués en France et cette initiative est à saluer. Le livre élu cette année consacre le catalogue de la première grande rétrospective parisienne d'Anselm Kiefer depuis 1984, au Centre Pompidou. L'artiste, bien connu pour ses toiles monumentales, d'une puissance émotionnelle hors du commun y proposait une oeuvre sombre, vertigineuse et taraudée par l'histoire de l'Allemagne contemporaine.

Grand Prix du Jury :
Champs de Bataille, aux éditions Photosynthèses
Auteur : Yan Morvan Fabricantes : Dorothée Xainte et Géraldine Boilley-Hautbois
Le talent du photographe Yan Morvan est bien connu. Relié pleine toile, cet ouvrage de 600 pages présente, de Jéricho à la Lybie, une histoire apaisée des conflits à travers les photographies de lieux où la mort s'est absentée mais où les cicatrices demeurent visibles, comme après le Siège de Misrata (25 février – 15 mai 2011)
  Quant aux trophées ce sont tous des pièces uniques, réalisées par Bernard Lemoine dans son atelier Vulkain. L'artiste est tous les dimanches aux Puces de la Porte de Vanves, dans le XIV° arrondissement où je l'ai rencontré l'été dernier.

Il y vend de vieux outils et des lettres d'imprimerie avec lesquelles il imagine des oeuvres d'art.
Un cocktail suit la remise des trophées. A cette occasion les portes des salons de l'Odéon sont ouvertes pour que l'on puisse consulter les ouvrages reçus par les organisateurs. C'est l'occasion de feuilleter les livres primés, leurs trois challengers mais aussi tous les autres que le jury n'a pas retenus. Je vous présente quelques coups de coeur en complément ...
Pour les enfants, un livre en forme de demi-lune, où se déploie l'univers graphique et poétique de Rémi Courgeon. De page en page, la lune apparaît, d'abord petit croissant, jusqu'à remplir la page, brillant dans la nuit noire, pour nous raconter toujours une nouvelle facette de la nuit et de ses secrets.

J'aime beaucoup cet auteur qui est passé par l'école Estienne. En parallèle, il commence à faire de la peinture. Comme beaucoup d'autre illustrateurs (Léo Lionni, Tomi Ungerer) avant lui il a travaillé dans la publicité avant de composer des albums pour les enfants dont il écrit les textes. Aujourd'hui, il a une quinzaine d'albums à son actif, publiés chez Albin Michel, Casterman et Mango.
Dans la tête d’Albert, de Carole Chaix & Annie Agopian chez Thierry Magnier éditions nous place du point de vue d'un petit chien à l'imagination extrêmement fertile.
L'univers des palace est très inspirant pour les éditeurs. Surtout quand on croise Maxime Hoerth, le barman du Bristol Paris, qui est le premier à avoir été distingué (en 2011) comme Meilleur Ouvrier de France  dans sa profession.
La couverture cartonnée, papier glacé, tranche brillante bleue, invite à feuilleter. Les photos sont aussi sensuelles que raffinées. Avec environ 80 recettes différentes, classiques revisités ou créations originales, Maxime Hoerth met l'eau à la bouche. L'ouvrage se complète d'un glossaire, et les techniques sont expliquées. Je ne suis pas certaine de pouvoir reproduire chez moi ce Paris Lima mais il m'aura fait rêver.
Je rappelle que le concours est ouvert à tous les éditeurs, institutions et entreprises éditant des livres et que tous les membres de l’équipe éditoriale peuvent procéder à l’inscription.

Les catégories sont : Albums Jeunesse, BD-Mangas, Beaux Livres,  Littérature,  Livres d’Art, Dictionnaires/Encyclopédies, Livres Animés, Livres de Photographies, Livres de Poche, Livres du Patrimoine, Livres Pratiques, Livres français.

L’inscription en ligne a été simplifiée mais il ne faut pas oublier d'expédier dès sa parution, un exemplaire de l'ouvrage à : La Nuit du Livre®
43 rue Pierre Valette, 92240 Malakoff
+33 (0)1 80 80 12 51
Clôture des inscriptions : Lundi 16 Janvier 2017

Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue proviennent des sites des maisons d'édition. Le cliché du siège de Misrata est de Yan Morvan.

Cosmofolies de et par la Compagnie Imaginaire

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Je suis allée un dimanche matin à Morangis (91) voir la dernière créations de la Compagnie Imaginaire dont j'avais déjà apprécié les premiers opus, Zboing et Zygotoons lors de représentations en milieu scolaire.

Cosmofolies, comme les précédents est un spectacle de marionnettes en lumière noire et sans paroles qui fait la part belle à l'imaginaire et au merveilleux. Destiné à ce qu'on appelle le jeune public, à partir de 3 ans (avant cet âge l'enfant ne goutera pas la séance à sa juste valeur), les trois quarts d'heure que l'on passe sont une succession de tableaux surprenants.

La salle est est quasi comble. On devine le décor comme s’il s’agissait d’une maquette de paysage dans une boite noire. Le plus jeune spectateur n’a pas un an. Ça va tout s’éteindre ? demande une voix sur ma droite.

De fait, la salle s’assombrit mais le décor est révélé comme par magie provoquant des oh et des ah dans le public. Je ne pense pas qu’il faut les réveiller, suppose encore mon jeune voisin.


Elle est plongée dans le noir absolu, condition sine que non pour que la magie opère. La lumière noire ou lumière de Wood (du nom de l'inventeur Robert William Wood), est une lumière composée de violet et de proche dans une bande spectrale quasi continue. Cette lumière est absorbée et réémise sous forme de lumière visible par les substances fluorescentes, qu'elles soient artificielles ou naturelles. Elle est souvent utilisée pour créer des effets esthétiques dans des soirées, faisant ressortir les blancs des tissus synthétiques …ou les fibres synthétiques des faux billets de banque.
Il faut toutefois éviter de trop utiliser la lumière noire afin de ne pas souffrir de lésions oculaires dues aux ultraviolets. Pour en limiter les effets nocifs, la surface des lampes est recouverte de fibres partiellement absorbantes qui réémettent une partie de cette puissance sous forme de lumière violette visible et de chaleur. Aucun risque donc pour le public.

Une luciole s’agite et vrombit. Elle se pose sur un papillon. Un escargot orange traverse lentement la scène. La luciole fait du toboggan sur une tige verte. Apparait une soucoupe volante, celle des Cosmotoons qui ont pour mission de ramener sur leur planète des spécimens locaux, quitte à les réduire pour parvenir à les intégrer dans leur vaisseau.

La soucoupe aspire littéralement les éléments du décor sur la musique de Startrek, la transition. L’effet créé la surprise. Pour le pommier la soucoupe va avoir plus de mal. Et l’escargot tente de s’enfuir aussi vite qu’il le peut.
Second tableau, comme une sorte de jeu de bonneteau avec des gobelets orange et vert doués de paroles et qui vont se livrer à une partie de ballon.

Plus tard on sera surpris par tout ce qu’il est possible de faire avec juste quelques cubes. Le public est retombé au stade de la découverte d’un bambin. Plusieurs tableaux provoquent les applaudissements.

Un grand carré se livre à l’exercice des pointes dans une chorégraphique très inventive. Les artistes ont choisi Swing, swing, swing, de Benny Goodman pour accompagner la séance de gymnastique.
Je regrette que le public se permette des commentaires. Devant moi, une jeune femme n’a pas éteint son portable qui éclaire son visage à intervalles réguliers. Une autre sur ma gauche fait des photos …avec flash. Un papa sort à intervalles réguliers pour faire prendre l’air à son bébé, bien trop jeune pour apprécier le spectacle.

Une boule verte asticote un personnage rouge sur un air de guitare évoquant le jazz manouche de Django Reinhardt. C’est une création du musicien qui a travaillé avec les artistes.

Si Cosmofolies est très visuel le spectacle est néanmoins très difficile à photographier, du fait sans doute des ultra-violets. C'est pourquoi j'ai ajouté à la fin un petit film qui vous donnera une idée plus précise de la beauté de ce "cabaret intergalactique pour petits et grands à partir de 3 ans " comme les artistes se plaisent à le décrire. C'est assez juste.

Une montgolfière emporte dans les airs notre petit bonhomme. On croit que c’est la fin mais pas tout à fait. Comme à leur habitude les marionnettistes tiennent les spectateurs en haleine jusqu’au bout sur la musique de nouveau jazzy, cette fois empruntée à Caravan Palace. La soucoupe miniature revient pour se poser en point final après avoir remis tout ce petit monde d’aplomb.
Les parents ont été surpris et ravis au moins autant que leur progéniture.
Cosmofolies de et par la Compagnie Imaginaire (2014)
Conception et mise en scène : Pierre Luciani
Marionnettes : Pierre Luciani et Monika Dzsinich
Musique : Raphaël Joly et Halim Talahari
Manipulation : Pierre Luciani et Monika Dzsinich

Deux nouvelles dates sont programmées en région parisienne à La Grange de la Tremblaye (Bois d'Arcy-78) : le dimanche 3 avril 2016 à 16h00 et le lundi 4 avril à 9h30.

Brochettes d'agneau beurre persillé

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Parce que le gigot est onéreux et qu'on n'est pas toujours une famille au complet le jour de Pâques, j'ai cherché un plat de substitution qui soit équivalent. C'est ainsi que je vous propose des brochettes de selle d'agneau beurre persillé.

Il vous faudra de la viande, autant que de brochettes à composer. Des légumes : carottes, pommes de terre, tomates et oignon piqué d'un clou de girofle, là encore de manière à satisfaire les appétits des convives.

Pour le beurre persillé un beau morceau de beurre et des fines herbes (persil ou cerfeuil, estragon, thym, ou si vous préférez basilic et coriandre) plus une échalote et une gousse d'ail.

Les légumes seront presque entièrement cuits dans une eau bouillante (sauf la tomate) puis placés joliment dans le fond du plat. On ajoute ensuite la tomate en quartiers et une feuille de laurier. La cuisson de la brochette est trop rapide pour que les légumes aient le temps de cuire dans le four. Par contre ils y prendront le bon goût du beurre persillé.
Vous commencerez alors à préchauffer le four th. 6/180°.
Piquez les tranches d'agneau sur les brochettes (compter deux piques par tranche de selle).

Mixez les herbes (si vous prenez du persil évitez les tiges trop dures). Ajoutez l'échalote, l'ail et le beurre jusqu'à obtenir une pommade, puis étalez celle-ci sur la viande en appuyant pour faire adhérer.

Posez les brochettes sur les légumes. Ajoutez un filet d'huile d'olive et enfournez.
Laissez cuire 12 à 15 minutes puis retournez les brochettes et poursuivez le même temps.
On peut laisser attendre le plat recouvert d'une feuille de papier aluminium, four éteint, ce qui reposera la viande qui sera plus tendre.
Plat de service Appolia
Manique en tissu matelassé Charles Viancin, modèle coquelicot, renforcée de silicone pour une protection maximale contre les brûlures que pourraient causer la chaleur du plat.

L'appel du froid sur les grilles du Jardin du Luxembourg

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Si malgré de très méchantes critiques, vous allez à l'Odéon voir la prodigieuse Isabelle Huppert dans Phèdre(s) vous longerez probablement les grilles du Jardin du Luxembourg et vous frissonerez devant les clichés de Michel Rawicki.

Une exposition de 80 photographies rassemblées sous le titre de L'Appel du froid y est accrochée depuis le 19 mars jusqu'à fin juillet 2016. L'astrophysicien, communicateur scientifique et écologiste franco- canadien Hubert Reeves en est le parrain et Evian le partenaire.

L'oeil du promeneur est attiré par une famille d'ours. L'animal figure au centre de plusieurs clichés.
Les oiseaux sont aussi les grandes vedettes de l'exposition. Comme ce Goëland argenté norvégien.
Le pygargue à tête blanche est le symbole national des USA. Ces aigles font un festin de saumons en novembre. D'une envergure de 2, 50 mètres pour la femelle, et d'1, 50 pour le mâle, le couple est fidèle tout au long de leur vie. Un exemple à suivre ...
Une chouette Harfang en plein vol dans la région de Barrie, en Ontario (Canada).
Mais l'être humain est présent lui aussi. Comme ce jeune nenet vivant à Yamal, en Oural Arctique (Russie). En effet, de l'Antarctique au Groenland, en passant par la Sibérie ou encore l’Alaska, Michel Rawicki a pendant plus de 20 ans et près de 35 voyages, sillonné et photographié les régions polaires en s'intéressant aux Hommes, aux bêtes et aux glaces. Cette cathédrale de glace a été photographiée dans la baie de Qaanaaq, au Groenland. D'autres icebergs gigantesques ont été suclpté par les vents et les marées en forme de poisson.
Dans un contexte de bouleversements climatiques, ce photographe témoin d'un monde qui change, nous offre un regard honnête et positif sur cet univers blanc sensible et fragile, qui fait écho aux préoccupations environnementales du moment.
Né en 1950, Michel Rawickidécouvre la photographie en 1968. L’année suivante il effectue ses premiers reportages à Paris. Viendront ensuite de 1973 à 1988, les années studio : nature morte, décoration, personnages.

En 1993 la découverte des pôles a métamorphosé son parcours photographique. Ses photographies, habitées par une démarche esthétique et graphique, prennent naturellement une dimension éthique et contemplative, changeant peu à peu son regard et son approche de cette nature sensible qu'il arpente depuis 20 ans au cours de plus de 30 voyages dans cet univers blanc

A travers ces images, il ne s’agit pas de dénoncer, ni de stigmatiser une situation, mais d’apporter un regard passionné et positif à travers un message voulu positif et lumineux dans un XXIe siècle traversé de tensions.

L'appel du froid
80 photographies de Michel Rawicki
Grilles du Jardin du Luxembourg
Rue de Médicis - 75006 Paris - Accès libre au public

Un coffret collector grand format sera édité dans le prolongement de l’exposition.

Pêche d'avril

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Et si au lieu de scotcher un dessin dans le dos de vos amis ou collègues vous accrochiez une boite ?

Une vraie, une qui pourra être partagée et qui régalera tout le monde ?

La Belle Iloise est votre allié idéal pour cette pêche miraculeuse.

Vous pouvez aussi arriver au bureau avec le tablier de saison, en ajoutant les bottes et le suroit.

Comme la pluie ne cesse de nous ennuyer en ce moment vous serez protégé des averses.

Si vous préférez une version sucrée il existe de très bons sablés, bretons eux aussi, fabriqués par la Trinitaine.

N'oubliez pas de souhaiter bon appétit et bonne année puisqu'autrefois ce n'était pas d'heure que nous changions le premier avril mais de millésime.
En version sachet, là encore tout à fait accrochables dans le dos des condamnés ... à la gourmandise ou en version coffret à ouvrir à l'heure du goûter pour terminer la journée dans la joie et la bonne humeur.
La bonne blague !

Mickey 3D au festival Chorus

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Beaucoup d'enfants pour ce concert du groupe Mickey 3D malgré l'heure tardive (et le tsunami de décibels que Grand Blanc a déversé en première partie et à propos duquel je reviendrai un jour prochain). Une musique arabisante plutôt douce est diffusée pour calmer nos oreilles pendant l'installation du matériel.

L'arrivée du chanteur, Mickaël Furnon, est saluée par une salve d'applaudissements témoignant que c'est bien pour lui que le public a fait le déplacement. La sortie de son dernier album, après 6 ans de silence était très attendue.

L'artiste commence par une chanson de son nouvel album (sorti hier) Après le Grand Canyon, une balade adressée à un ami qui s'appelle Geronimo et que le chanteur exhorte à rassembler son troupeau pour le protéger de la catastrophe écologique qui se prépare, un thème qui va revenir souvent au cours de la soirée.
Il poursuit avec En léger différé, sous une pluie de lumières roses. J'ai pas compris la question, You break me out chante-t-il en boucle en passant aisément du grave à l'aigu.

Il nous dit qu'il a déjà fait 5 ou 6 concerts avec les nouvelles chansons de l'album. Mais qu'on se rassure il reprendra aussi des chansons plus anciennes car il sait qu'on les aime bien.

Sebolavy est de la même veine qu'Après le Grand Canyon. Les mots frappent : survivants, naufragés, morts, s'enfuir, ... Par bonheur, la fin peut être considérée comme optimiste. Il n'y a plus qu'à trouver celui ou celle qui emmènera Mickaël à Cuba pour danser le cha cha cha.

Sheila chantait bang bang dans les années 60, un titre qui avait été créé par Cher. Mickey 3D traite à sa manière le thème du coup de foudre qui ne dure pas. Cela donne Des fleurs dans les cheveuxBang bang, baby I like it / My heart is invaded.
Quand il chante l'amour ce n'est guère très positif. Rien ne s'arrange avec sa nouvelle conquête, Mylène qu'il entonne dans un style un peu far-west. Sa belle est déjà mariée et c'est bien connu "famille décomposée égale carnage assuré" ... (lumière vertes)

Sa vie sentimentale, telle qu'il nous la chante, n'était pas plus brillante avant. Sylvie, Jacques et les autres exprime le désarroi des chagrins d'amour de maternelle comme Bobby Lapointe aurait pu le faire. Il en profite pour évoquer Jacques Brel, que son père jugeait le meilleur chanteur au monde quand ses goûts le portaient sur Claude François.
Le moment est venu de nous expliquer quelle est cette femme qui se trouve sur la pochette de son nouvel album, Sophie Scholl, exécutée à 21 ans en février 1943 avec son frère et quelques jeunes autres résistants allemands.

Ils avaient fondé le mouvement Rose blanche, Die Weiße Rose, pour dénoncer le nazisme. On croit à tort que la résistance ne s'est organisée que du côté français pendant la Seconde Guerre mondiale. La rose blanche leur rend hommage et deux éléments du décor illustrent le mouvement avec une fleur découpée.
Vous vous souviendrez de moi au moment de votre souffle dernier 
Vous vous souviendrez du jour où vous avez mis ma tête à couper 
Vous vous souviendrez peut-être mais le monde vous aura vite oubliés 
Car, il se souviendra de nous si l’histoire ne nous a pas effacés 
Le chanteur annonce une très vieille chanson -elle n'a que dix ans tout de même- tiré de l'album Live At Saint Etienne (2004), Ça m'étonne pas. Il la qualifie de blues stéphanois et c'est vrai qu'elle résonne country. Avec des intonations qui font penser à Arthur H (dans le Chercheur d'or, l'Amoureux ou le Baiser de la lune) :
Une jolie petite fille qui marchait dans la rue
Que je connaissais pas
Je lui dis : "Petite fille qu'est-ce que tu fais dans ma rue,
Je ne te connais pas ?"
(...)
On aurait pourtant pu être amis, aller danser au bal
Se croiser le matin, se voir l'après-midi, se balader sous les étoiles
Mickey insère dans le refrain "aller à la Piscine". Tout le monde trouve cela normal, n'entendant pas la majuscule. Alors la fois suivante il insiste "aller à la Piscine à Chatenay-Malabry", provoquant des applaudissements enthousiastes.
Il nous prévient qu'il va remonter plus loin dans le temps. Dans notre patelin il y avait un homme, Chibani (alcoolique) il se promenait au milieu des gens, espèce de poète qui disait t'as beau avoir une Porsche ou une 2CV, à la fin t'auras une tombe. Ça fait réfléchir. On a écrit une petite chanson pour lui, l'Homme qui suivait les nuages, créé pour l'album album La Trêve, 2001. L'atmosphère est maintenant toute bleue. Il a changé de guitare. Najah a pris l'accordéon. C'est elle qui a composé la musique de cette chanson.
Un homme qui suivait les nuages, avec du bleu sur le visage
Sa bouteille dans sa poche, les gens disaient "Ah que c'est moche !"
N'avait pas choisi son soleil et le recherchait.
(...)
C'est le poison dans le flacon qui le faisait voyager
Un jour par méprise ou mégarde, la bouteille s'est casée
Elle n'a pas su comment lui dire qu'elle ne l'aimait pas
C'est logique, après de telles paroles il faut rétablit l'équilibre avec Les gens raisonnables de l'album Tu vas pas mourir de rire (2003), nous donnant encore une occasion d'apprécier l'accordéon.

Les gens raisonnables se lèvent toujours à l'heure 
Ils n'oublient jamais leur cartable, font bien gaffe de rien abîmer 
Ils mettent toujours une ou deux pièces de plus dans les horodateurs 
Alors ça énerve les autres, qui les traitent souvent de PD 
Les gens raisonnables n'ont pas la belle vie 
Ils regardent les gens pas raisonnables et bien souvent ils les envient (...)
Les gens raisonnables ont plein de doutes, trop de soucis 
Donc moins de souvenirs dans leur sac, à la fin de leur vie

Il promet cette fois une chanson d'amour "pas à la con comme celle de tout à l'heure" -c'est lui qui le dit. Il s'agit de sa grand-mère Marcelle, 93 ans. On applaudit. Et sa voix, cette fois fait penser à Jean-Louis Murat (par exemple avec l'album Toboggan)

Ma grand-mère a quelque chose, que les autres femmes n'ont pas
Ma grand-mère est une rose, d'un rose qui n'existe pas
Najah revient au clavier et Mickaël prend la guitare électrique pour un air plus rock, néanmoins mélancolique comme souvent avec lui. D'un ton monocorde, quasi plaintif, pessimiste... pour une incursion dans l'album la Grande évasion (2009) avec Personne n'est parfait,
alors il paraît qu'un jour, comme ça
on va mourir comme ça on va partir
et le monde va continuer à tourner
les gens ne vont rien faire ils vont juste rester
chez eux (...) je n'ai que faire de mon âge
sauf au mois de juillet
Evidemment puisque l'artiste est né le 31 Juillet (1970) à Saint-Etienne.

L'éclairage est de nouveau très rouge pour le titre phare de l'album Matador, un album sorti en 2005. Sa voix devient nasale et fait penser à Philippe Katerine aussi pour son énumération : Je n'ai pas peur des Américains, Ni des cons, Ni des politiciens, Des ordinateurs, Ni des virus exterminateurs. Il nous conte sa façon de voir l'amour à travers une version très personnelle de Carmen :
Je n'ai pas peur de la mort
Mais que tu m'évites encore
Je te préviens matador
Qu'un jour je t'aurai alors
Il enchaine avec un second titre de cet album, dans une tonalité plus rock, les Mots. Il accélère encore  avec Plus rien, lui aussi un titre des débuts (La Trêve, 2001). La révolte s'installe.
Il ne restera rien, plus rien, pour les gens de demain
Ils n'auront que des miettes, contaminées peut-être.
On va se calmer, il fait trop chaud, trop froid. C'est presque fini, vous inquiétez pas. Il faut toujours viser la tête ne calmera pas vraiment le jeu bien au contraire :
Tous ceux qui se sentent pas visés
Qu'imaginent pas qu'on les arrête
Un jour ils vont s'faire dégommer
Car faut toujours viser la tête
Merci d'être venus, d'être restés. Il reprend sa guitare pour Respire, l'immense succès de Tu vas pas mourir de rire (2003) qu'il nous slamme d'une vois sourde pour dénoncer la pollution et la bêtise des hommes à ne pas savoir préserver l'univers.
Approche-toi petit, écoute-moi gamin,
Je vais te raconter l'histoire de l'être humain
(...) C'est pas demain la veille qu'on fera marche arrière
On a même commencé à  polluer le désert

Il faut que tu respires, et ça c'est rien de le dire
Tu vas pas mourir de rire, et c'est pas rien de le dire
(...) C'est pas ma faute à  moi, c'est la faute aux anciens
Mais y aura plus personne pour te laver les mains

On aime bien finir avec une petite chanson qui parle du Forez. La menace est à peine perceptible parce qu'il va y avoir encore quelque titre après. Pour le moment ce sont Les lumières dans la plaine, encore un titre de Matador (2005) que Mickaël annonce tristes et jolies, et qui pour moi évoquent les deux réverbères qui brillent de part et d'autre de la scène.

Est-ce que t'as déjà vu les lumières dans la plaine ?
Quand on descend le soir des montagnes agiles
On dirait des étoiles qui s'raient tombées du ciel
Quand j'étais ptit j'croyais qu'c'était les f'nêtres des gens
(...) Tu vois, la vie, c'est comme les lumières dans la plaine
C'est chouette, ça brille, (...) C'est triste et c'est joli, mais c'est jamais c'qu'on croit

Il présente les musiciens, comme si c'était fini, mais on sait bien que c'est un jeu. A la basse Guillaumme, dit Guigui, Fabrice à la batterie, Simon à la guitare et Najah au clavier et à l'accordéon, et il quittent tous le plateau. Je remarque un technicien qui change sa guitare, c'est donc pas fini. Mickaël revient d'ailleurs, et poursuit seul en scène avec une chanson, une valse, qu'il dit ne pas bien la tenir. C'est François sous la pluie, en hommage au président de la République.
Une valse à plein temps, se danserait-elle de travers 
au soleil ? Oui mais… Là, je te revois, François sous la pluie 
Sous le ciel gris de Paris 
Las, tu restais las, tu disais « merci » 
Même si pour toi c’était mal parti 

Il est très applaudi, change encore de guitare. Précise qu'il a présenté ses musiciens mais qu'ils sont 10 sur la route. Et annonce la reprise de la chanson de Souchon C'est déjà ça dont les paroles résonnent particulièrement ce soir.
On sait tous que Mickey 3D adore le football, sans doute parce que Saint-Etienne est une ville qui lui fait une belle place. On se souvient de la Footballeuse de Sherbrooke (album La grande évasion). Il y a #cpasgrave dans le dernier album qui excuse les comportements de Ribéri, Benzéma, Nasri et les autres. Mais il y eut aussi Johnny Rep dans Live at saint Etienne. Najah a repris l'accordéon et le public chante debout. Guillaume s'est casqué d'une sorte de demi-sphère blanche et noire comme un ballon de foot.
Il est 23 h 15. Et il est temps de coucher les enfants après une belle soirée avec le chanteur multi récompensé aux Victoires de la Musique en 2004. Respire (chanson originale de l'année et vidéo clip de l'année) n'a pas vieilli, pas davantage que l'album Tu vas  pas mourir de rire, élu album pop rock de l'année.

On ne peut pas reprocher à Mickaël Furnon d'être resté à l'ombre pendant 6 ans. Il nous revient avec des titres qui semblent déjà familiers. Entre temps il a fait profiter d'autres artistes de son talent comme Zaz qui a connu un grand succès avec Gamine qu'il a composé pour elle. On se souvient d'ailleurs de l'immense tube qu'il a cédé à Indochine, J'ai demandé à la lune

Mickey 3D demeure un groupe rock inscrit dans un terreau folk plutôt sombre malgré quelques traits d'humour, comme François sous la pluie. En tout cas l'artiste qui disait avoir perdu l'envie semble bien l'avoir retrouvé. On est heureux pour lui ... comme pour nous.

Je l'ai vu dans le cadre de Chorus ce soir au théâtre Firmin Gémier La Piscine de Chatenay-Malabry (92). Il se produira ensuite :
le 15 avril au Trianon, Paris, France
le 21 avril aux Docks, Lausanne, Switzerland
le 22 avril à L'atelier, Cluses, France
le 23 avril aux Abattoirs, Bourgoin-Jallieu, France
le  04 mai au Paloma, Nîmes, France
le 13 mai à la Mjc - Salle Embarcadere, Montluçon, France
le 20 mai sous Chapiteau, Juvigny, France
le 22 mai à File7, Magny Le Hongre, France
le 14 juillet au Site De Kerampuilh, Carhaix, France
le 17 juillet au Théâtre Verdière - Ccas, La Rochelle, France

Le Spa du Val Andre dans sa coquille ...

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Je vous ai présenté, au début de mois de mars en quelques lignes et quelques photos, le contenu d'un week-end passé au Spa Marin Val Andre en vous prévenant qu'il faudrait plusieurs billets pour restituer ses caractéristiques.

J'ai commencé par un sujet annexe, la pêche à la coquille Saint Jacques, qui est une des grandes spécialités locales. J'ai poursuivi par le "4S" qui est le nom de son restaurant dirigé par le chef Jérôme Barbançon.

C'est peut-être une drôle d'idée de terminer ultérieurement sur ce qui fait la spécificité du lieu, à savoir la qualité des soins de thalassothérapie, mais il me semble tout de même logique de continuer en "présentant le décor" de l'espace hôtelier dirigé par Gilles Tatu.

Une situation idéale :
Pléneuf-Val-André se trouve à l’Est de la baie de Saint-Brieuc, sur les Côtes d’Armor, face aux îles anglo-normandes, et la côte de Penthièvre compte certaines des plus belles plages de sable fin des côtes bretonnes.
L'établissement fait face à l'océan et l'oeil est constamment attiré par lui. C'était en 1884 une ancienne pension de famille édifiée par une confrérie de Soeurs pour accueillir des familles modestes, et la sérénité que l'on y ressent doit sans doute quelque chose à ce passé.

Il se distingue lexicalement des autres établissements de sa catégorie. Il aurait pu s'appeler "les thermes du Val André". Mais c’est intentionnellement que le mot "thalassothérapie" ne figure pas dans sa dénomination, alors que bien entendu l’eau qui est employée provient de la mer.

Le mot Spa évoque immédiatement un espace plus intime et les locaux sont résolument contemporains. La décoration a été pensée dans un esprit minéral très épuré par Didier REY, de Design Studio à Bordeaux, dans un raffinement au design contemporain et à l’atmosphère cosy.

D'immenses vases de la poterie Goicoechea du Pays basque, couleur aubergine, finition lisse vieillie, de fabrication totalement artisanale, tournés à la corde semblent monter la garde dans le lounge alors qu'un poisson rouge évolue sur le bureau de la réception.



Les espaces de circulation ont été étudiés pour respecter le besoin de chacun de connaitre un peu de discrétion sans être pour autant des endroits exigus. Avec ses canapés profonds et sa cheminée horizontale qui éclaire et réchauffe l'atmosphère en fin de journée, le lounge peut devenir un endroit cosy, doublé le soir d'un piano-bar.
L'alcôve attenante à la salle à manger est très prisée.
Marie-Paule, la fleuriste compose les bouquets sur place, aussi bien pour le hall que pour le restaurant, avec simplicité et élégance. Un espace lecture permet de patienter confortablement sans perdre de vue les allers et venues.
Comme je l'ai montré précédemment la salle à manger suggère discrètement les anciens palaces balnéaires en en reprenant les codes dans le choix des luminaires.
Les clients de l’hôtel proprement dit proviennent de toute la France. A 40% ils résident en région parisienne. Le même nombre habite dans un rayon de 100 kilomètres. Les autres habitent plus loin. Pour ce qui est du restaurant la clientèle régionale est plus importante en nombre et il faut savoir que le Spa a aussi ses habitués parmi les habitants du Val André.
Le dernier train en provenance de la capitale arrive à Lamballe aux alentours de 22 heures. L’hôtel va chercher régulièrement ses hôtes à la gare. Avec la desserte en TGV ramenée à 2 h 15 à partir de l’an prochain du fait de l’aménagement de la ligne vers Brest (on gagnera 45 minutes) et les formules pourront changer.

Les chambres:
On ne se lasse pas de la vue sur la mer. La Manche offre des couleurs allant de la transparence à des bleus profonds en passant par toutes les nuances de vert et de turquoise.
Chaque chambre est parfaitement insonorisée. Impossible de faire plus calme. La seule perturbation provient de l'église voisine, mais j'adore entendre sonner les cloches. Et ce n'est qu'une fois par heure.

L'installation se fait dans une ambiance agréable avec un petit plateau de bienvenue (selon la formule choisie). Il pourra être composé d'un grand cidre bouché de la Vallée de la Seiche et de mignardises "maison"évidemment. Un autre jour vous pourrez satisfaire une petite faim avec des galettes de Pont-Aven ou des Palets bretons qui vous attendent dans le mini-réfrigérateur.
La literie est excellente, en toute logique. Le mobilier est design, l'ensemble confortable.

Un grand sac vous attend, posé sur le couvre-lit ... contenant l'accessoire indispensable au parfait curiste : une paire de chaussures légères et antidérapantes qui vous sont prêtées. Vous découvrirez alors votre programme de soins.

La salle de bains est spacieuse et dispose de WC séparés. Elle est équipée d'un miroir grossissant.  c'est peut-être un détail pour vous mais j'ai apprécié les ampoules basse définition qui montent lentement en puissance, évitant l'éblouissement le matin quand on est encore peu réveillé.

Dans un souci de limiter le gâchis le savon liquide remplit un flacon fixé au mur de la douche, du même parfum si agréable que le lait corporel Pure herbs fabriquée à partir d'ingrédients naturels et à base de plantes, comme le romarin, la mélisse et le thym qui laisse la peau douce et propre.  Ces agents lavants d'origine végétale sont d'origine naturelle, biodégradable et sans parabens, huiles de silicone, formaldéhyde ou alcool.
Bonnet de douche, set de soins, polissoir, nécessaire à couture, éponge lustrante pour chaussures sont disposés sur la tablette.

Une kitchenette se cache derrière un panneau coulissant pour vous permettre de vous préparer à tout moment une boisson chaude à votre goût.
L’hôtel compte 95 chambres : Jardin, Latérale Mer, Deluxe Mer, Junior Suite Jardin, Junior Suite Mer. Elles présentent une décoration soignée et épurée offrant une atmosphère cosy. Les chambres Mer et Deluxe mer sont ouvertes sur la baie de Saint-Brieuc.
A cela s'ajoutent 54 appartements dits "Villas du Spa", répartis dans trois bâtiments élégants avec terrasse, balcon, studio, 2 pièces, 3 pièces pour assurer une certaine autonomie aux curistes.
Que faire en dehors des soins ?
Le Spa Marin renferme un centre de thalasso de 2000 m² ouvert sur la baie mais il n'est pas obligatoire de rester toute la journée enfermé à contempler la mer. La région est un haut lieu de randonnées pédestres. Une balade aménagée permet de gagner Dahouet en 45 minutes de marche à pieds.
La petite bourgade est très fleurie. En ce moment ce sont les magnolias et les camélias qui éclosent dans les jardins.
Le vent chasse constamment les nuages et organise des ciels de toute beauté provoquant une luminosité est assez exceptionnelle.
Deux à trois vélos à assistance électrique seront prochainement mis à disposition des vacanciers. Ainsi qu’une voiture de location pour ceux qui voudront aller un peu plus loin.

Pléneuf Val André est une station balnéaire appréciée des bretons pour la multitude des activités proposées notamment côté mer ainsi que pour son riche patrimoine naturel autour des dunes de Berneuf, avec son port, ses plages, plusieurs chapelles, et bien sûr un casino comme dans toutes les villes thermales, sans compter un cinéma et une salle de spectacles. Tous les mardis soirs (en juillet / août) un festival de Jazz attire un large public.
Durant votre séjour, vous pourrez profiter également de ballades à cheval, char à voile, et catamaran dans la baie de Saint- Brieuc où pêche et sorties en mer sont possibles.
Les plus sportifs pourront travailler leur swing sur le golf Blue Green, en bord de mer, 18 trous, Par 72, qui est classé parmi les plus beaux golfs d’Europe, offrant une vue sur le Verdelet qui abrite une réserve ornithologique.
Tout est là pour pour vivre un séjour alliant bien-être et expérience sensorielle, avec un charme unique, bref une thalasso réinventée qui fera l'objet du prochain épisode.
Si vous êtes encore sceptique vous pouvez visionner ce petit film.

Spa marin du Val Andre, 43 Rue Charles de Gannes, 22370 Pléneuf-Val-André
Téléphone : 02 56 57 50 00

Horror écrit et dirigé par Jakop Ahlbom

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Horror est un spectacle à part, à la frontière du théâtre (c'en est), de la danse, du mime, voire  du cirque et surtout de la parodie des films d'horreurs dont l'auteur et metteur en scène Jakop Ahlbom reprend tous les codes.

Ça commence en douceur sur la musique de Home de Henry Hall & His Gleneagles Hotel Band (1980). Un éclair résonne. Un orage s'abat sur une maison inhabitée depuis longtemps à en juger par les draps qui protègent les meubles.

Notre cerveau commence à interpréter les signes qui lui sont présentés. Une jeune fille en ciré rouge, comme la cape du Petit Chaperon, arrive pour se mettre à l'abri et se trouve face à face avec un fantôme le couteau à la main.

Elle tourne une boite à musique (douce, la musique), accroche un cadre. Les photos s'agitent derrière son dos. Deux autres encapuchonnés de rouge la rejoignent. On pourrait croire que les trois amis reviennent à l’orée d’une épaisse forêt chargée de secrets, dans une maison qu'ils ont connu enfants,  et qui est depuis longtemps inoccupée. L'un d'eux s'amuse à les filmer. Ce qui ressemble à un jeu d'adolescents pourrait virer vinaigre quand un gars se saisit d'une hache.
Les draps sont mis au placard. Le cadre se fracasse au sol. La télévision s'allume à retardement. On reconnait un extrait de Casablanca. La télévision regarde autant le spectateur que le téléspectateur la regarde dans une sorte d'effet miroir. La radio est forte. Ils ne se sont toujours pas parlé. La tension est montée d'un cran.
Les bizarreries vont s'enchainer avec des accélérations mémorables qui surpasse très largement une pièce comme la Dame blanche au Palais-Royal. Aucun mot ne sera échangé, faisant de ce spectacle une soirée d'audience absolument internationale. C'est du théâtre sans paroles, mais pas sans cris.

Apparitions, disparitions, télékinésie, cascades et effets spéciaux dignes du cinéma vont s'enchainer à très grande vitesse. On verra une main coupée se mettre à bouger toute seule. On assistera à une noyade dans une baignoire, pile au moment où on commence à trouver étrange que cet élément n'ait toujours pas servi.
Les scènes se déroulent sur des espaces scéniques qui se situent à des niveaux différents, à l'instar des  modes narratifs, illustrant ainsi la résurgence de possibles souvenirs. Notre perception d’une réalité tangible vacille régulièrement.

A propos de cette création Jakop Ahlbom précise que dans sa jeunesse, il dévorait tous les films d’horreur qu'il trouvait : J’en aimais l’absurde, le fantastique, les effets spéciaux, la sensation inquiétante que tout pouvait arriver, et la montée d'adrénaline que cela déclenchait. J'étais aussi attiré par l'humour noir de ces films, le mélange du slapstick et du surréaliste, captivant et terrifiant tout à la fois.

Il s'est inspiré des films de Méliès, Hitchcock, Kubrick, Carpenter ou Polanski et s'est spécialisé dans le genre mais ceux qui le connaissent affirment qu'il s'est surpassé pour Horror. La construction de la narration est rigoureusement théâtrale. La maîtrise des artifices scéniques et des ressorts dramaturgiques offre une multitude de niveaux de compréhension d’une histoire à la vérité complexe qui résonne encore longtemps après la représentation.

Ses comédiens parviennent quasiment à se dédoubler. Ils ne sont "que" 8 et tous formidables. Certains semblent modelés dans du caoutchouc, et leur agilité est un atout pour se glisser dans des interstices du décor. La bande son est essentielle. Il ne faut pas s'effrayer de la quantité d'hémoglobine  qui est utilisée sur le plateau. Le metteur en scène a du avoir un prix de gros.
C'est fantastique avant tout. La peur n'est pas réellement éprouvée dans le public parce qu'on n'oublie pas que c'est du théâtre. Et c'est peut-être une raison qui milite pour l'absence de dialogue. sauf à la toute fin, avec cette phrase décalée, ultime humour noir : We make people happy !

Et c'est vrai !
Jakop Ahlbom est né en 1971 à Stockholm. Il étudie le mime à la TheaterSchool Arts d’Amsterdam où il obtient le prix Top Naeff à la fin de ses études, en 1998. Il travaille alors comme interprète et parfois chorégraphe ou metteur en scène avec des artistes et des compagnies renommés. Il réalise sa première création réellement personnelle en 2000, Stella Maris. Horror, imaginée en 2014 est la dixième.

Ses spectacles sont programmés sur de nombreuses scènes internationales et régulièrement récompensés. Après la Villette dont la dernière représentation a eu lieu cette après-midi, Horror est programmé le 14 avril à Amsterdam. La saison 2016-2017 est en construction et il est très probable que les parisiens puissent le revoir.

D'ici là et pour vous entrainer à jouir de cet état si particulier je vous conseille d'aller faire un tour au Manoir de Paris. C'est tout aussi bluffant.

Horror du 30 mars au 3 avril, Paris, La Villette Festival 100%
Un spectacle écrit et dirigé par Jakop Ahlbom
Avec Judith Hazeleger ou Andrea Beugger, Silke Hundertmark, Sofieke de Kater, Gwen Langenberg, Yannick Greweldinger, Reinier Schimmel, Luc Van Esch, Thomas Van Ouwerrkerk.
Dramaturgie : Judith Wendel
Effets spéciaux et maquillage: Rob Hillenbrink

A partir de 15 ans

Le fondant au chocolat crème de citron à l'huile d'olive d'Annelyse Chardon

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L'huile d'olive en dessert, on n'en a pas encore le réflexe alors qu'elle permet de diminuer la teneur en matières grasses. Et, second intérêt, de ne pas consommer des graisses d'origine animale.

J'ai assisté à la réalisation d'un fondant au chocolat par la toujours souriante Annelyse Chardon dont j'avais fait la connaissance au dernier Salon du blog culinaire de Soissons.

Sa tarte au citron est sublime. Vous pourrez tester le fondant, il est parfait lui aussi.

Vous prendrez 220 grammes de chocolat, par exemple du 66%, que vous ferez fondre au micro-onde, un outil pratique selon Annelyse. Elle prend du noir mais elle assure que le chocolat blanc s'accorde aussi avec l'huile d'olive.

Pâtisser en sa compagnie prend du temps parce quelle fait sans cesse des commentaires et donne des conseils. C'est une chance. Donc elle nous alerte sur la fragilité du chocolat qui fond à environ 35°. Si on dépasse 45° on risque de le brûler. Il va former des sortes de petits cailloux et sera irrécupérable. Idem si par malheur de l'eau du bain-marie vient le "contaminer". Même la vapeur d'eau est à craindre. Et surtout, il ne faut pas que le fond du saladier soit en contact avec le liquide si on veut que le chocolat fonde doucement.

Si vous allez cet été du côté de Valence faites une halte chez Valrhona et comparez les provenances. Un cru du Brésil n'a rien à voir avec un autre de Madagascar. Le terroir est déterminant à pourcentage égal de cacao. N'oublions pas que le chocolat est un fruit ...

Notre chocolat est fondu. On y incorpore6 cuillères à soupe d'huile d'olive, 90 millilitres si vous préférez. Comme nos papilles ne sont pas habituées à ce parfum elle suggère de préférer une huile d'olive goût subtil. Mais l'intensité du goût à l'ancienne tient très bien tête au chocolat, avec malgré tout une rondeur en fin de bouche.

Ce gâteau n'emploie pas de farine. Il est donc idéal pour les allergiques ou intolérants au gluten. Ce sera le blanc d'oeuf qui lui donnera de la structure. On sépare 5 jaunes des blancs. Pour cela, nouveau conseil d'Annelyse : les casser d'un coup sec à plat, et pas sur le bord du saladier pour des raisons d'hygiène car il y a un risque non négligeable de contamination quand on versera la préparation l'oeuf sort tout de même du cul de la poule. La coquille n'est pas stérile. Et on limite aussi la probabilité d'introduire un morceau de coquille dans la pâte.
On monte les blancs avec 100 grammes de sucre que l'on aura versé en trois fois, plutôt lentement. On s'arrête au bec d'oiseau. Les blancs sont un peu mousseux. Ce n'est pas intéressant de les avoir trop ferme.

On incorpore à la préparation et on verse dans un plat chemisé d'un papier cuisson si on veut le démouler ultérieurement. On s'en dispense si on compte déguster tiède à la cuillère. On se contente de huiler légèrement le moule et on met à cuire 25 minutes à 160°. Mais attention si on a mis en route la chaleur pulsée. Le résultat était un peu trop cuit pour cette fois, ce qui ne retirait rien au goût au demeurant.
Si un jour vous n'avez pas de blanc ou si vous devez préparer un gâteau pour quelqu'un qui est allergique à l'albumine de l'oeuf (c'est fréquent) vous pouvez employer du jus de pois chiche fouetté avec un peu de fécule. Il parait que c'est difficile de percevoir la différence.

Annelyse enchaine avec une crème au citron qui est quasiment sa spécialité.

On verse 150 millilitres de jus de citron (ou de Pulco) avec 60 grammes de sucre. On ajoute 3 oeufs entiers. Puis 120 grammes de maïzena (qui contrairement à la farine aura une prise instantanée à l'ébullition, pourvu qu'on l'ait diluée à froid).

Hors du feu on ajoute 80 millilitres d'huile d'olive. Le parfum se sent à trois mètres !

Pour accélérer le refroidissement on verse en faible épaisseur sur un film étirable posé sur une tourtière métallique. Et on recouvre pour éviter la formation d'une peau à la surface. On met au frais. On peut retourner régulièrement en changeant de tourtière dès que le récipient est chaud.
On transvase dans une poche pour décorer le gâteau refroidi mais encore tiède où on sert à l'assiette.

On peut ajouter des fraises. Ultime conseil de notre experte pour faire ressortir le goût du fruit : ajouter quelques gouttes d'eau de rose et un peu de sucre.
Elle nous promet pour une prochaine fois de nous livrer sa version de la création de Pierre Hermé d'une tarte fraise-tomates huile d'olive-mascarpone. Vous trouverez d'autres recettes sur le site des huiles et des olives.

Les Molières décernés par A bride abattue

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Les Molières seront décernés le 23 mai 2016 aux Folies Bergères parmi une liste dont j'ai eu la communication et que je donne à la fin de ce billet.

Cette 28ème Nuit des Molières sera diffusée sur France 2 en seconde partie de soirée. Le Maître de Cérémonie sera Alex Lutz qui par ailleurs concourt dans la liste one man show. Sa position ne va pas être facile à tenir.

Le site Au balconrecense les critiques de ses membres pour vous permettre de vous faire une idée plurielle à propos de ces nominations.

Je n'ai pas vu tous ces spectacles. Alors par honnêteté, je préfère décerner mes "propres" Prix parmi la cinquantaine de spectacles où je suis allée depuis septembre dernier.

Je n'ai pas retenu la distinction entre théâtre privé et public parce que franchement célébrer Isabelle Huppert dans la catégorie publique parce qu'elle joue au théâtre national de l'Odéon n'a pas grand sens.  Ce qui importe c'est la qualité d'un spectacle et pas qu'il ait été produit par des fonds publics ou privés. Ce serait d'ailleurs une bonne chose que ce rideau là tombe un jour.

J'attribue donc 18 trophées à des artistes qui interprètent, ont mis en scène ou collaboré à 18 spectacles différents parce que j'ai tenu à ce qu'aucune pièce ne truste les récompenses. La parité hommes-femmes est quasi égale (à 2 près).

  1. Molière de la comédienne : Isabelle Huppertdans Phèdre(s), de Wajdi Mouawad / Sarah Kane / J.M. Coetzee, mise en scène de Krzysztof Warlikowski, au Théâtre de l'Odéon
  2. Molière de la comédienne dans un second rôle : Anne Coutureau dans Andorra, autopsie d'une haine ordinaire de Armand Jacob (Max Frisch Édition de 1965) par la Cie Orten
  3. Molière du comédien : Pierre Lefebvre pour son interprétation  de Christopher dans Le bizarre incident du chien pendant la nuit d’après le roman de Mark Haddon, texte français Dominique Hollier, mise en scène Philippe Adrien
  4. Molière du comédien dans un second rôle : Marc Jeancourt dans L’art de la Comédie d’Eduardo De Filippo, traduction Huguette Hatem, mise en scène Patrick Pineau
  5. Molière du Seul(e) en scène : Elise Noiraud dans Pour que tu m'aimes encore, Elise (chapitre 2) de et avec Elise Noiraud à la Comédie de Paris
  6. Molière de la révélation féminine : Maëlla Jan dans L’histoire du soldat de Charles-Ferdinand Ramuz, musique : Igor Stravinsky, mise en scène d'Omar Porras pour le Teatro Malandro
  7. Molière de la révélation masculine : Tigran Mekhitarian pour son interprétation de Sganarelle, dans le Don Juan de Molière mis en scène par Anne Coutureau
  8. Molière de l'auteur : Molière, qui est toujours si régulièrement monté
  9. Molière de l'adaptation d'un auteur francophone vivant : Sylvain Maurice pour Réparer les vivants d'après le roman de Maylis de Kerangal, dont il assure aussi la mise en scène 
  10. Molière de la comédie : La Nuit des Roisde William Shakespeare, adaptation Jude Lucas, mise en scène Clément Poirée
  11. Molière de la tragédie : Lapidée, texte, mise en scène et lumières : Jean Chollet-Naguel
  12. Molière du metteur en scène : Jean Bellorinipour Liliom ou la Vie et la Mort d'un Vaurien, Texte de Ferenc Molnár
  13. Molière du spectacle musical :Barbara et l'homme en habit rougeau Théâtre Rive Gauche
  14. Molière du spectacle de Cirque : David Dimitri pour l'Homme-Cirque
  15. Molière de la scénographie : Anne-Laure Liégeois pour la simplicité, i'inventivité  et l'efficacité du décor et des costumes des Epoux
  16. Molière des effets spéciaux : Rob Hillenbrink pour son travail dans Horror de spectacle écrit et dirigé par Jakop Ahlbom, découvert au Festival 100% de la Villette
  17. Molière du spectacle hors de Paris : E Génération par la Compagnie j'ai peur que ça raconte autre chose, écrit et mis en scène par  Jean-Christophe Dollé, que je sus allé voir au Théâtre Victor Hugo de Bagneux
  18. Molière de l'encouragement : Dans la joie et la bonne humeur (ou comment Bruno a cultivé un helicobacter pylori) de Sylvain Levey, mis en scène par Laura Couturier, pour le Collectif la distillerie
  19. Molière du spectacle jeune public : Cosmofolies de et par la Compagnie Imaginaire
En copiant sur un moteur de recherche le titre du spectacle suivi de A bride abattue vous pourrez lire la critique que j'ai écrite. Je n'ai pas inclus les liens dans cet article car l'abondance de liens nuit au référencement.

Liste des nominations aux Molières 2016 ci-dessous :


Molière du Théâtre Privé
Qui a Peur de Virginia Woolf ? au Théâtre de l'Oeuvre
Fleur de Cactus au Théâtre Antoine
Les Cavaliers au Théâtre la Bruyère
L'Etre ou Pas au Théâtre Antoine

Molière du Théâtre Public
Vu du Pont au Théâtre Odéon
Lucrèce Borgia à la Comédie-Française
Ça Ira (1) Fin de Louis au Théâtre Nanterre Amandiers
20 000 Lieues sous les Mers à la Comédie-Française

Molière de la comédie
Fleur de Cactus au Théâtre Antoine
Les Faux British au Théâtre Tristan Bernard, puis au Théâtre St Georges
Maris et Femmes au Théâtre de Paris
Momo au Théâtre de Paris

Molière du spectacle musical
Irma la Douce au Théâtre de la Porte St Martin
Les Fiancés de Loches au Théâtre du Palais Royal
Kiki, le Montparnasse des Années Folles au Théâtre de la Huchette
Cats au Théâtre Mogador

Molière de la comédienne de théâtre privé
Muriel Robin dans Momo
Catherine Frot dans Fleur de Cactus
Dominique Valadié dans Qui a Peur de Virginia Woolf ?
Léa Drucker dans Un Amour qui ne Finit Pas

Molière de la comédienne de théâtre public
Catherine Hiegel dans Le Retour au Désert
Dominique Blanc dans Les Liaisons Dangereuses
Francine Bergé dans Bettencourt Boulevard
Isabelle Huppert dans Phèdre(s)

Molière du comédien de théâtre privé
Wladimir Yordanoff dans Qui a Peur de Virginia Woolf ?
Michel Fau dans Fleur de Cactus
Michel Bouquet dans A Tort et à Raison
Michel Aumont dans Le Roi Lear

Molière du comédien de théâtre public
Charles Berling dans Vu du Pont
Christian Hecq dans 20 000 Lieues sous les Mers
Denis Lavant dans Les Fourberies de Scapin
François Marthouret dans Les Affaires sont les Affaires
Michel Vuillermoz dans Cyrano de Bergerac (Comédie-Française)

Molière de la comédienne dans un second rôle
Béatrice Agenin dans Un Certain Charles Spencer
Anne Bouvier dans Le Roi Lear
Michèle Garcia dans La Dame Blanche
Raphaeline Goupilleau dans La Médiation

Molière du comédien dans un second rôle
Didier Brice dans A Tort et à Raison
Jean-Michel Dupuis dans Le Mensonge
Pierre-François Garel dans Qui a Peur de Virginia Woolf ?
Sébastien Thiéry dans Momo
Thierry Lopez dans Avanti !

Molière du metteur en scène de théâtre privé
Alain Françon pour Qui a peur de Virginia Woolf ?
Eric Bouvron et Anne Bourgeois pour Les Cavaliers
Michel Fau pour Fleur de Cactus
Sébastien Azzopardi pour La Dame Blanche

Molière du metteur en scène de théâtre public
Christian Hecq et Valérie Lesort pour 20 000 Lieues sous les Mers
Eric Ruf pour Roméo et Juliette
Ivo Van Hove pour Vu du Pont
Joël Pommerat pour Ca ira (1) Fin de Louis

Molière de l'auteur francophone vivant
Michel Vinaver pour Bettencourt Boulevard
Sébastien Thiéry pour Momo
Joël Pommerat pour Ca ira (1) Fin de Louis
Léonore Confino pour Le Poisson Belge
Jean-Claude Grumberg pour L'Etre ou Pas

Molière du one man show
Alex Lutz, Laurent Gerra, Sophia Aram, Stéphane Guillon ou Valérie Lemercier

Molière du seul en scène
Ancien Malade des Hôpitaux de Paris au Théâtre de l'Atelier
Une Vie sur Mesure au Théâtre Tristan Bernard
Les Chatouilles au Petit Montparnasse
Maligne à La Pépinière Théâtre

Molière de la révélation féminine
Mathilde Bisson pour Fleur de Cactus
Andréa Bescond pour Les Chatouilles
Géraldine Martineau pour Le Poisson Belge
Ophélia Kolb pour La Médiation

Molière de la révélation masculine
Thierry Lopez pour Avanti !
Alexis Moncorgé pour Amok
Julien Dereims pour Libres sont les Papillons
Nicolas Martinez pour Ça n'Arrive pas qu'aux Autres

Molière du spectacle jeune public
Aladin au Théâtre du Palais Royal
La Petite Fille aux Allumettes au Théâtre du Gymnase
Pinocchio au Théâtre Odéon
Raiponce et le Prince Aventurier au Théâtre de la Porte St Martin

Molière de la création visuelle
20 000 Lieues sous les mers à la Comédie-Française
Fleur de Cactus au Théâtre Antoine
La Dame Blanche au Théâtre du Palais Royal
Un Certain Charles Spencer au Théâtre Montparnasse

Mousseline-la-sérieuse de Sylvie Yvert

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J'ai rencontré Sylvie Yvert plusieurs mois avant la sortie de Mousseline la Sérieuse qui est le surnom que Marie-Antoinette donnait à sa fille en raison de l'extrême blondeur de ses cheveux et de son caractère.

Connue surtout sous son titre de duchesse d'Angoulême, la jeune fille sort à 17 ans de la Conciergerie  ... vivante ... mais seule. A l'écouter en parler j'ai eu le sentiment qu'elle avait vraiment prêté sa plume à cette femme dont elle aurait été le nègre par procuration. Mon impression rejoint l'analyse qu'en fait son mari estimant qu'il y a là un cas de possession littéraire. Et il en connait un morceau sur l'Histoire puisqu'il est spécialiste de la Restauration, qui est une période d'ailleurs mal connue.

Sylvie Yvert avait écrit un premier recueil publié en 2008 aux éditions du Rocher, Ceci n'est pas de la littérature. Les forcenés de la critique passent à l'acte. L'ouvrage avait été qualifié de panthéon jubilatoire des sacrilèges en littérature.

Mousseline la Sérieuse est un roman historique, et elle inaugure un genre nouveau puisqu'elle ne mêle jamais le faux (disons "l'invention" pour en pas être désagréable avec d'autres écrivains) au vrai. Même Françoise Chandernagor ne relate pas que des faits réels dans l'Allée du roi.

Elle a voulu que les lecteurs qui, comme elle (il faut le souligner), ne lisent pas de livres historiques en apprennent plus sur la Révolution, l'Empire, la Restauration, les débuts de la République tout en lisant un roman. Son livre est donc intentionnellement un roman vrai, "d'après une histoire vraie".

Sylvie Yvert se glisse dans les pas de Madame Royale et donne voix à cette femme au destin hors du commun qui traversa les événements avec fierté et détermination. Sous sa plume délicate et poignante, la frontière entre victoire collective et drame intime se trouble pour révéler l’envers du décor de cette histoire de France que nous pensions connaître.

A l'instar de Facebook où l'on souhaite manifester son approbation sans cliquer sur j'aime parce que la teneur de l'information est assez détestable, j'ai du mal à dire que j'ai "aimé" cette histoire. La vie de Mousseline est si terrible, son tempérament est si droit, son coeur est si bon, qu'on aurait souhaité que le destin l'épargne.

Ce qui m'aura été malgré tout le plus pénible sera de constater que cette période dont on tire gloire aujourd'hui, qui nous a donné les couleurs de notre drapeau, les trois mots de notre devise (que l'on répète à longueur de temps depuis plusieurs mois) et notre hymne national, avait pour fondation une barbarie dont on devrait avoir honte. Quand on considère cela en songeant à notre manière de juger les attentats que Paris a subi récemment on se dit qu'il y a un peu plus de deux siècles le mot humanité n'était pas à l'ordre du jour.
On apprend une foule de détails sur le mode de vie, l'éducation, la hiérarchie des valeurs ... et que Mousseline fut une fervente lectrice de Victor Hugo. Elle a subi trois exils sur quarante ans. Son père, et sa mère ont été décapités alors qu'elle était enfant. Il faut lire ce livre pour comprendre comment elle a pu survivre sans sombrer dans la folie.

Au moins aura-t-elle vécu assez longtemps pour partager la vie d'un homme qui l'aura aimé avec une certaine modernité pendant quarante-cinq années. Je ne sais pas si Sylvie Yvert a l'intention de poursuivre dans ce type de recherche. Ce travail a du être colossal. Elle a en tout cas de grandes qualités d'écriture et il ne faut pas qu'elle ne reste là.

Pour aller plus loin et se plonger dans l'atmosphère de l'époque, avant qu'elle ne fut tragique, vous pouvez aller visiter le musée Cognacq-Jay, dans le quartier parisien du Marais, qui présente une sélection d'oeuvres du XVIII° siècle collectionnées par les fondateurs de la Samaritaine, Ernest Cognacq (1839-1928) et son épouse, Marie-Louise Jay (1838-1925).
On y voit par exemple le Portrait de Louis Antoine de Bourbon, duc d'Angoulême, 1776-1777 par Michel-Honoré Bounieu (1740-1814).
Un lit dit "à la polonaise" comme celui dans lequel a dormi Marie-Antoinette.
Une tasse comme il était alors d'usage. Et bien d'autres choses encore ...

Mousseline la Sérieuse de Sylvie Yvert, chez ÉHO, en librairie depuis le 11 février 2016
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